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philosophe féministe, femme de lettres, chercheuse et professeure de science politique française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Camille Froidevaux-Metterie (née le 18 novembre 1968 à Paris) est une philosophe, chercheuse et professeure de science politique française.
Naissance | |
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Nationalité | |
Formation |
Institut d'études politiques de Paris (diplôme d'études approfondies) (jusqu'en ) École des hautes études en sciences sociales (doctorat) (jusqu'en ) |
Activités | |
Conjoint |
Laurent Metterie |
A travaillé pour | |
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Membre de | |
Directeur de thèse | |
Distinction |
La Révolution du féminin (2015) Le Corps des femmes : la bataille de l'intime (2018) Seins : en quête d'une libération (2020) Un corps à soi (2021) |
Ses travaux portent sur les transformations de la condition féminine à l'époque contemporaine, dans une perspective phénoménologique qui place la question du corps au centre de la réflexion. Celle-ci est axée sur la réappropriation par les femmes de leur corps telle qu'elle s'exprime dans les mouvements récents de la lutte féministe portant sur des enjeux liés à l'intime et à la génitalité féminine (affaire Weinstein et mouvement MeToo notamment).
Camille Froidevaux-Metterrie est née en 1968 à Paris[1].
Elle est maîtresse de conférences en science politique à l'université Panthéon-Assas[2] de 2002 à 2011. Elle est membre de l'Institut universitaire de France de 2010 à 2015[3].
Depuis 2011, elle est professeure à l'université de Reims Champagne-Ardenne, où elle est aussi chargée de mission Égalité et Diversité[4].
Elle a d'abord consacré sa carrière de chercheuse à l'étude des relations entre politique et religion dans la sphère occidentale, de sa thèse sur le sociologue allemand Ernst Troeltsch[5] à ses travaux sur la question théologico-politique aux États-Unis[6].
En 2010, elle opère une conversion thématique pour se consacrer aux mutations contemporaines qui affectent la condition féminine. Elle étudie les conséquences qu'ont eues les conquêtes féministes sur la réorganisation du partage des sphères privée-féminine et publique-masculine, mettant en évidence un phénomène de « désexualisation du monde »[7]. Sur cette base, elle réfléchit au sens que revêt le corps des femmes dans une perspective phénoménologique[8].
Sous l'angle sociologique, ses recherches ont abouti à une grande enquête auprès des femmes politiques françaises, qui a notamment donné lieu à un docufiction intitulé Dans la jungle[9]. Dans une approche philosophique, ses recherches ont mené à une série d'articles[10] et à un ouvrage intitulé La révolution du féminin, paru en 2015 chez Gallimard. De 2012 à 2018, elle a vulgarisé ses travaux sur le blog Féminin singulier du site Philosophie magazine[11]. Son expertise sur les questions d'inégalités entre les genres et sur les mouvements féministes est régulièrement sollicitée par les médias français[12],[13],[14] ,[15].
En septembre 2021, elle publie Un corps à soi. Elle inscrit son essai dans la continuité de la philosophie féministe : Simone de Beauvoir et Iris Marion Young[16].
Elle travaille sur les sujets de sexe et genre avec son mari, le réalisateur Laurent Metterie[17], notamment en tant que conseillère du film documentaire Les Petits Mâles[18].
Dans Politique et religion aux États-Unis, Camille Froidevaux-Metterie revient sur l'interprétation qui fait des États-Unis une théo-démocratie[20] pour montrer que, tout au long de l'histoire de ce pays, deux forces contradictoires ont alterné : « l'esprit de religion », dont les tenants cherchent à placer le gouvernement civil sous la tutelle des lois chrétiennes, et « l'esprit de laïcité » dont les représentants défendent fermement la neutralité de l'État sur les questions religieuses[21]. La spécificité du cas américain résiderait dans l'existence d'une « religion civile », soit un ensemble de mythes, de références et de symboles reliés à la religion qui constituent autant d'outils à disposition du personnel politique[22]. Ces outils remplissent deux fonctions : nourrir le sentiment de l'unité nationale en mobilisant des éléments du passé fondateur et susciter un mouvement d'adhésion, à un homme ou à une politique, le plus souvent dans un contexte de crise. L'énigme est ainsi résolue : les États-Unis sont un pays constitutionnellement laïque mais empreint de religiosité.
Dans La Révolution du féminin, Camille Froidevaux-Metterie montre comment la division entre un domaine féminin de la vie conjugale et familiale et un domaine masculin de la vie civile et politique a traversé l'histoire par-delà la rupture de la pensée démocratique ; dans la première partie, elle analyse les fondements antiques et modernes de cette hiérarchisation sexuée du monde[23]. Ce n'est qu'après le tournant féministe des années 1970 que ce schéma patriarcal commencera à être remis en cause ; la deuxième vague féministe enclenche une dynamique d'égalisation des conditions féminine et masculine synonyme de désexualisation des rôles familiaux et des fonctions sociales[24]. Dans la deuxième partie, Camille Froidevaux-Metterie entreprend de faire la généalogie des trois principales interprétations qui ont été données du féminin, par l'anthropologie, la psychanalyse et la pensée féministe, pour en déduire que les femmes sont toujours définies de l'extérieur d'elles-mêmes, que ce soit par la nature ou par la culture[23]. Ce constat l'amène à proposer, dans la troisième partie, une phénoménologie du féminin. Elle y examine une série de sujets corporels (les règles, la maternité, le souci esthétique) au prisme de l'« expérience vécue ».
Des auteurs ont formulé des critiques de l'ouvrage, comme la sociologue Marie Duru-Bellat, pour laquelle le livre verserait dans une vision normative du « féminin », en ce qu'il tenterait de réhabiliter l'expérience corporelle comme fondement d'une identité féminine[25], ou l'historienne Anne Verjus qui y voit une réhabilitation de la condition domestique des femmes contradictoire avec les avancées du féminisme[26]. Camille Froidevaux-Metterie a répondu à ces critiques en précisant qu'il s'agissait pour elle de réfléchir à l'émancipation des femmes au prisme de la corporéité, non pas pour les réduire à leur corps mais pour penser celui-ci à travers le double prisme de l'aliénation et de la liberté[27].
Dans Le Corps des femmes : la bataille de l'intime[28], Camille Froidevaux-Metterie revient sur le mouvement #metoo pour montrer qu'il s'inscrit dans un mouvement de réappropriation par les femmes de leur corps dans ses dimensions les plus intimes. Pris au tournant des années 2010, ce « tournant génital du féminisme » marquerait un retour aux fondamentaux féministes et un approfondissement de la dynamique d'émancipation[29].
Dans l'introduction, elle revient sur les six grands combats qui ont rythmé l'histoire du féminisme tout en se surajoutant les uns aux autres : les batailles du vote, de la procréation, du travail, de la famille, du genre et enfin de l'intime[30]. « Pendant toutes ces décennies de lutte féministe, le domaine sexuel était resté en dehors du mouvement d'émancipation. Le tournant génital ou sexuel du féminisme consiste à rapatrier les thématiques corporelles, intimes, dans le champ des droits à revendiquer[31]. »
L'ouvrage déroule ensuite une série de chapitres dédiés à des thèmes corporels appréhendés à travers le prisme de l'« expérience vécue » des femmes : le rapport à l'espace et au mouvement, les règles[32][source insuffisante], la « première fois », le souci esthétique, la non-maternité[33][source insuffisante], la ménopause[34][source insuffisante], les seins, les organes génitaux[35] et la question de l'égalité procréative (PMA-GPA).
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