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Le C-160 Transall est un avion de transport militaire produit à partir de 1963 jusqu'en 1981 par un consortium franco-allemand. Le dernier Transall de la Luftwaffe allemande est retiré fin 2021[2]. En mai 2022 les derniers Transall de l'Armée de l'air française sont retirés. Le Transall reste en service en Turquie et en Australie.
Un C-160 Transall allemand en 2000. | ||
Constructeur | Transport Allianz | |
---|---|---|
Rôle | Avion de transport militaire | |
Statut | En service | |
Premier vol | ||
Mise en service | ||
Date de retrait | en Allemagne, 2022 en France. | |
Nombre construits | 214[1] | |
Équipage | ||
5 : pilote, copilote, navigateur, mécanicien navigant, chef de soute. | ||
Motorisation | ||
Moteur | Rolls-Royce Tyne 22 | |
Nombre | 2 | |
Type | Turbopropulseurs, hélices quadripales Ratier | |
Puissance unitaire | 5 665 ch | |
Dimensions | ||
Envergure | 40 m | |
Longueur | 32,4 m | |
Hauteur | 11,78 m | |
Surface alaire | 160 m2 | |
Masses | ||
À vide | 30 000 kg | |
Avec armement | 44 500 kg | |
Maximale | 51 000 kg | |
Performances | ||
Vitesse maximale | 510 km/h | |
Plafond | 8 500 m | |
Vitesse ascensionnelle | 400 m/min | |
Rayon d'action | 5 500 km | |
Charge alaire | 294 kg/m2 | |
Armement | ||
Externe | Aucun | |
Avionique | ||
Aucun | ||
modifier |
En janvier 1957, l'Allemagne de l'Ouest, l'Italie et la France sont intéressées par un appareil de transport militaire à moyen rayon d'action, sur la base d'un projet présenté par Nord-Aviation comme appareil de patrouille aéro-maritime. La firme française Nord-Aviation n'ayant pas les moyens de produire seul un projet d'une telle ampleur, il fut décidé en de créer le consortium Transport Allianz, dans le cadre d'une collaboration franco-germano-italienne, pour remplacer les avions de transport alors en service, dont la conception remontait à la Seconde Guerre mondiale dont le Douglas C-47 Skytrain, ou de l'immédiate après-guerre tel le Breguet Deux-Ponts.
L'Italie s'étant retirée du projet, la conception du Transall fut assurée par des entreprises françaises et ouest-allemandes seules, avec l'aide de la firme Rolls-Royce pour les groupes motopropulseurs. Pour la France, la firme Nord-Aviation s'impliqua à Bourges, alors que pour l'Allemagne de l'Ouest la firme Weser Flugzeugbau (WFB) construisit à Brême et Hamburger Flugzeugbau (HFB) s'investit à Hambourg.
Aux mains du chef-pilote de Nord-Aviation Jean Lanvario[3], cet appareil de transport militaire vole pour la première fois le à Melun-Villaroche. Construit à 50 exemplaires pour la France et à 110 pour l'Allemagne de l'Ouest, cet avion totalisera 169 exemplaires, car les Allemands en exporteront 20 en Turquie et 9 en Afrique du Sud. L'Armée de l'air française a perçu ses appareils entre juin 1965 et novembre 1984[4].
Le premier C-160 Transall « F1 » de série entre en service dans l'armée française le au sein de l'escadron de transport 1/61 Touraine où il remplace le Noratlas[5].
Une seconde série fut lancée à la fin des années 1970 : le C-160 NG (Nouvelle Génération), doté d'une avionique modernisée, de deux réservoirs de carburant supplémentaires et d'un système de ravitaillement en vol. La fabrication était cette fois assurée par Aérospatiale pour la France, Messerschmitt-Bölkow-Blohm et Vereinigte Flugtechnische Werke pour l'Allemagne. L'assemblage final s'est alors fait sur les chaînes d'Aérospatiale à Toulouse, et le C-160 NG a volé pour la première fois le . 29 exemplaires furent fabriqués uniquement pour la France, dont quatre C-160H destinés à servir de relais de transmission et deux C-160G d'écoute électronique.
A l'instar de ce qui avait été réalisé en novembre 1963 sur le porte-avions USS Forrestal (CV-59) avec une campagne d'éssais d'appontages et de décollages du C-130 "Hercules", le gouvernement français et l'OTAN étudiérent la possibilité de poser et de faire redécoller le C-160 depuis des porte-avions de l'US Navy dont les ponts d'envol étaient plus adaptés en dimensions que ceux des porte-avions de la Marine Nationale. Ces éssais, programmés pour avril 1979 en Mediterranée, devaient engager deux C-160 non modifiés et le porte-avions américain USS America (CV-66) sur une durée de trois jours avec des touch and go, des posés courts et des redécollages. Une équipe française, composées d'ingénieurs et de militaires devant se trouver à bord du porte-avions de l'US Navy pour la durée des éssais. Essais qui, malheureusement, furent reportés, puis annulés quelques semaines avant leurs débuts en raison de la mobilisation de l'USS America et de son groupe aéronavale au large du Liban.
De 1994 à 1999, tous les C-160 français ont été rénovés via une amélioration de leur avionique et l'addition d'un système de contre-mesures antimissiles. Les C-160F ainsi rénovés ont été renommés C-160R (« rénové »). Les appareils de la Luftwaffe ont suivi un programme similaire d'extension de vie chez BAE Systems, mais tous les appareils français et allemands ont commencé à atteindre leur limite de fin de vie en 2005. En 2013, alors que les vingt derniers Transall français devaient tenir jusqu'en 2018, il est désormais prévu de ne mettre ces derniers à la retraite qu'en 2023 au plus tôt[6]. Leur nombre est en baisse rapide, passant de 38 C-160NG fin 2012 à 33 fin 2013. Ils ont alors un âge moyen de 36 ans et leur entretien aura coûté 163 millions d'euros.
L'Armée de l'air française décide la transformation de 7 C-160NG (version ravitailleur-ravitaillable) pour les équiper d'une carène servant aux missions ISR (intelligence surveillance & reconnaissance). En juin 2015, commencent les essais du premier appareil. Le premier appareil concerné, est, comme les cinq suivants, un Transall. Cette carène était destinée à l'origine à accueillir la tuyauterie se déroulant vers l'aéronef ravitaillé, qui sera remplacée par une boule optronique MX20 et une vis sans fin servant à la sortir. Une carène spécifique devra être produite sur mesure pour chaque appareil.
L'intérêt de cette transformation consiste à effectuer les missions ISR en vol pressurisé, alors que jusqu'à présent les forces spéciales de l'escadron de transport d'opérations spéciales (ETOS) 3/61 Poitou devaient les effectuer portière ouverte[7].
En 2016, l'ensemble des C-160 français est basé sur la base aérienne 105 Évreux-Fauville. Au , 18 appareils de transport et 2 Gabriel de recueil de renseignement électromagnétique sont en ligne[8].
Le dernier Transall de la Luftwaffe est retiré fin 2021[2]. Le retrait officiel du Transall dans l'Armée de l'air française est célébré le 20 mai 2022 à Évreux, après une tournée de vols d'adieu (cf "Fin de service"). Tous les appareils de la force aérienne sud-africaine ont déjà été retirés du service en 1998, tandis que l'Armée de l'air turque maintient en service 2 appareils obtenus d'Allemagne (C-160T).
Prototypes :
Série initiale :
Seconde série (version améliorée) :
Les versions suivantes ont été réalisées par conversion d'appareils existants par la France :
Les versions suivantes ont été étudiées par la France, mais non réalisées :
Les versions suivantes ont été étudiées par la Turquie, mais non réalisées :
Le Transall est équipé de deux portes latérales arrières, escamotables, pour le largage de parachutistes équipés de SOA (Sangles d'Ouverture Automatique) et d'un ensemble porte et rampe axiale à l'arrière, permettant le chargement du fret et le largage de matériel. Les chuteurs libres peuvent aussi utiliser cette ouverture pour sauter.
La soute du Transall peut être configurée de plusieurs manières, mixables entre elles :
Le profil en ogive du plafond de soute a été déterminé pour répondre à une exigence des armées lors de la conception de l'avion : le gabarit de chargement en soute devait être similaire au gabarit de chargement ferroviaire UIC, afin de standardiser les contraintes dimensionnelles sur l'ensemble des véhicules et des conteneurs utilisés par les armées et voués à être transportés par air ou par rail.
Le Transall a des capacités de décollage et d'atterrissage courts (1 000 m et 600 m), à partir de terrains sommaires (herbe, latérite). Ses moteurs sont équipés d'un système de synchronisation de régime et de synchrophasage d'hélice (pale d'hélices au même endroit sur chaque moteur), efficace une fois atteinte la vitesse de croisière, permettant de diminuer le bruit et les vibrations.
Pour le décollage, un système d'injection d'eau additionnée de méthanol permet, en augmentant la masse volumique de l'air et en apportant du carburant supplémentaire (le méthanol), de récupérer la puissance maximum des moteurs. Il permet de suralimenter le moteur pendant quelques minutes, afin d'augmenter la masse au décollage dans des cas difficiles (piste courte ou température élevée).
Pour l'atterrissage, il est équipé de volets hypersustentateurs, d'aérofreins et de « reverse » (inversion du pas hélice) qui permettent des atterrissages très courts. Les approches dites « grande pente » (10-15°) limitent les risques d'être touché par des missiles sol-air portables ou des armes légères tirant depuis le sol (caractéristique que n'a pas son concurrent le C-130). Par exemple à Sarajevo, où un G-222 italien avait été abattu à l'atterrissage par un SAM portable[16], les C-160 descendaient à un rythme de 4 000 pieds/minute. Les atterrissages de type « poser d'assaut » permettent un déchargement rapide de personnel ou de matériel sur la piste, suivi d'un redécollage immédiat. Cela limite au minimum le temps d'exposition aux tirs ennemis.
Le Transall est équipé d'un système permettant des largages à très faible hauteur (3 mètres entre la rampe arrière et le sol) de colis et véhicules légers. Ils sont alors arrimés sur des palettes, qui roulent sur des galets fixés au plancher et sont freinées par des parachutes. De plus, l'impact est amorti par un système de palettes en carton, qui s'écrasent et absorbent une partie du choc à la place du colis. Bien que nécessitant une vérification préalable au sol de l'état du terrain, ce système a surtout l'avantage de permettre de livrer armes, matériel, vivres et véhicules à des unités parachutées, dans des endroits où l'atterrissage est impossible ou dangereux.
Les hélices, fabriquées sous licence par la société Ratier à Figeac, ont le record du plus grand diamètre : 5,486 m. D'abord en alliage d'aluminium, elles sont aujourd'hui aussi construites en matériaux composites. Elles ont été conçues par Hawker Siddeley Dynamics et Ratier Figeac. Elles se composent d'une coque en fibre de verre remplie de mousse type « mousse expansée », ensuite, 8 couches de fibre de carbone en couches croisées, 2 couches de fibres carbone/kevlar en couche croisées. Par-dessus le tout est appliqué un mastic, puis de la peinture anti-érosion résistante aux U.V.
La dérive est la plus grande ayant existé pour un avion à hélices. Elle culmine à 12 mètres au-dessus du sol environ.
Le prototype du Transall dispose de deux turbopropulseurs Rolls-Royce Snecma Tyne-22 de 5 665 ch. Ce moteur, d'une masse de 975 kg pour un encombrement relativement réduit (2,76 m de long), comprend d'une part un compresseur basse pression constitué de 6 étages, et d'autre part un compresseur à haute pression constitué de 9 étages, le premier étant entraîné par une turbine basse pression à 3 étages fournissant également sa puissance au réducteur de l'arbre porte-hélice. Le compresseur haute pression est quant à lui entraîné par l'unique étage de la turbine haute pression, dont les aubes, creuses, sont refroidies par de l'air prélevé à la sortie du compresseur haute pression. Après compression, l'air est amené dans une chambre de combustion annulaire à 9 tubes à flamme individuels munis de brûleurs Duplex. La tuyère d'échappement est munie d'une buse propulsive qui assure une poussée additionnelle de 510 kg au décollage[3]. À noter qu'une variante très proche équipe l'appareil de patrouille maritime Breguet Atlantic.
Le principal défaut du Transall provient de sa sous-motorisation. Bien qu'ayant des moteurs déjà très puissants (5 665 chevaux chacun), il n'en possède que deux, l'amenant à un total de 11 330 ch.
En comparaison, son grand concurrent, le C-130, avait des moteurs de seulement 3 750 ch lors de la sortie de la série A en 1956. Mais il en possédait quatre, ce qui le portait à un total de 15 000 ch. En versions H et J, plus récentes, il possède des moteurs de 4 910 ch, le portant à un total de 19 640 chevaux, soit quasiment deux tiers de puissance en plus par rapport au Transall.
La sous-motorisation du Transall fait que sa soute, assez volumineuse, est souvent sous-employée : si la charge transportée est dense (palettisée, véhicules blindés), la masse maximum au décollage peut être atteinte avant que la soute soit entièrement remplie, un défaut plutôt inversé chez le C-130.
Les Transall français ont été engagés dans toutes les opérations humanitaires et tous les déploiements extérieurs réalisés par la France depuis les années 1970. Ils servent encore au Sahara-Sahel, dans les opérations de maintien de la paix Serval puis Barkhane.
Depuis le mois d'août 2012, le Musée de l'Air et de l'Espace possède dans ses collections le Transall R18[43] immatriculé 61-MM et F-RAMM, et baptisé « Ville de Kolwezi ».
Le 19 août 2021, le R223 64-GW restauré est placé en exposition statique à l'entrée de la base aérienne d'Evreux-Fauville.
La base aérienne de Châteaudun a reçu le 31 janvier 2022 le F221/GS Gabriel[44].
Le Musée européen de l'aviation de chasse de Montélimar a reçu le 26 mars 2022 le R217[45].
Morbihan Aero Musée à Vannes a reçu le 1er juin 2022 le R202 64-GB qui est exposé à côté de son prédécesseur le NORD 2501 N° 160[46].
Le Musée de l'Air et de l'Espace du Bourget a reçu le 20 juin 2022 le F216/GT Gabriel.
Le Musée Canopée de Châteaudun a reçu le R203 64-GC.
L'association Ailes Anciennes Toulouse a reçu le 27 juin 2022 le R212 après convoyage en vol depuis la base d'Evreux-Fauville. Il est décoré d'une peinture célébrant la fin du Transall au sein de l'Armée de l'air et de l'Espace[47]. Par manque de place dans le parc des Ailes Anciennes, l'appareil est stocké en face de celui-ci dans l'usine J.L.Lagardère d'Airbus puis transféré au parking sud du musée Aéroscopia, en lieu et place de l'A400M.
L'association Générations Transall située sur la base de Toulouse-Francazal a reçu deux appareils, avec pour objectif de les maintenir en état de vol. Il s'agit du R204 64-GD et du R226 64-GZ[48].
À titre d'anecdote, lors de l'exercice militaire Orion 23 à la base de Toulouse-Francazal le 25 février 2023, les régiments parachutistes ont préparé leurs équipements pour embarquer dans les A400M à proximité de deux Transall stationnés sur l'herbe à la lisère du parking, laissant croire à plusieurs médias que les Transall étaient opérationnels pour cet exercice[49].
Plusieurs exemplaires de C-160D sont préservés dans différents sites en Allemagne.
Un C-160D turc est préservé au Turkish Air Force Museum à Ankara[50].
En 2002, la moitié de la flotte avait atteint 30 ans, soit déjà cinq de plus que la durée initiale prévue. En France et en Allemagne, le retrait a déjà commencé et devait se terminer en 2018, date à laquelle ils auraient dû être complètement remplacés par l'Airbus A400M, dont les études ont commencé en 1993 sous le nom d'ATF (Avion de Transport Futur), un quadrimoteur de transport tactique et logistique à hélices rapides, d'une capacité supérieure en charge à un C-130 mais inférieure à celle d'un C-17. Pour pallier le « trou capacitaire » annoncé avec le retard du programme d'A400M, la France a décidé l'achat de 8 CN-235, livrés entre 2011 et 2013, et la rénovation de 10 de ses Transall[51],[52]. Elle a également utilisé comme réserve à pièces détachées, plusieurs de ses Transall avant la livraison de son nouvel appareil de transport tactique et stratégique mi-2013.
En attendant les livraisons d'A400M, il est nécessaire d'économiser la flotte restante, afin de retarder son obsolescence. Cette flotte est complétée en France entre décembre 1987 et septembre 1988 par 14 C-130H ayant des capacités plus importantes[53]; une commande de quatre Lockheed C-130J Super Hercules est faite le pour une livraison fin 2017 au plus tôt[54]. Le Casa CN-235, entré en service à partir de février 1991 a, en 2016, 27 unités, le complète sur des missions ne requérant pas un appareil aussi gros et coûteux, en particulier en Outre-Mer[55] ; il a d'ailleurs été surnommé Transalito en référence à sa ressemblance à son aîné, en plus petit et d'origine espagnole.
En 2016, le retrait définitif des Transall allemands est prévu pour 2021[56].
En 2018, il restait 18 C-160 en service pour la France[57].
En décembre 2021, l'Allemagne procède au retrait complet de ses effectifs. Les derniers vols opérationnels sont effectués en octobre.
En 2022 les derniers appareils français sont retirés du service, après une "tournée d'adieux" qui met à l'honneur plusieurs bases aériennes, et une cérémonie officielle à Évreux le 20 mai[58]. Toutefois, le dernier C-160G Gabriel (F216/GT) effectue les ultimes missions opérationnelles fin mai en Mer Noire, dans le contexte de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Il est repéré à plusieurs reprises sur les sites de suivi radar[59]. En juin, plusieurs appareils sont convoyés vers leur lieu de préservation, dont le Gabriel qui atterrit le 20 juin au Bourget[60].
Début 2023 seuls 2 appareils restent en service dans l'Armée de l'Air turque[17].
Une société privée australienne (Wieland Aviation Group) a racheté 3 C-160D à l'Allemagne en septembre 2022, et les a fait convoyer en Australie dans le but de les convertir en avions de lutte anti-incendies. Les 3 appareils ont été inscrits au registre australien de l'aviation civile[61].
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