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Bentvueghels

société artistiques à Rome De Wikipédia, l'encyclopédie libre

Bentvueghels
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Les Bentvueghels[1],[2] litt., les « Oiseaux de bande » (bende gevleugelde) ou « Ailes colorés »(bonte vleugels), ou Schildersbent (le «Syndicat des peintres »), est le nom d’une sorte de confrérie constituée essentiellement d’artistes, active à Rome, et dont les membres venaient principalement des Pays-Bas du Nord et du Sud. Le nom frappant de ce groupe provient de la façon dont ses membres se voyaient, à savoir un groupe d'oiseaux colorés. Avec leurs rituels et leurs coutumes, ils parodiaient les deux "maisons saintes" officielles de l'Italie : l'Église catholique romaine et l'Accademia di San Luca. On y faisait la fête entre compatriotes, mais ils étaient unis par la peinture.

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Les Bentvueghels, dessin anonyme réalisé aux environs de 1620 et conservé au musée Boijmans Van Beuningen de Rotterdam : sont représentés, de gauche à droite, Joost de La Haye dit « Schotsen trommel » (« Tambour écossais »), Cornelis (Van Poelenburgh) d'Utrecht dit « Satier » (« Satyre »), Wouter (Crabeth) de Gouda dit « Almanack » (« Almanach »), Tyman (Cracht) d'Emster dit « Botterkul » (« Le Gas au Beurre ») et Peter de Leyde dit « Ram » (« Bélier »).
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Naissance

La confrérie a existé de 1620 à 1720 environ. Les Bentvueghels comptaient environ 480 membres au cours des 100 ans d'existence de la société. Parmi la première génération de membres du Bent, la plupart sont originaires d'Utrecht. À cette époque, Abraham Bloemaert avait créé son école de dessin d'Utrecht, dont la formation était complétée par un voyage en Italie.

Activités

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Les Bentvueghels comprenaient principalement des peintres, des dessinateurs et des graveurs, mais aussi quelques sculpteurs, quelques orfèvres, au moins un poète, et même des individus qui n'avaient aucun lien avec la création artistique : ainsi trouve-t-on parmi eux deux pharmaciens, un chirurgien et un général, sans doute des amateurs ou connaisseurs[3]. La plupart venaient des Pays-Bas du Nord et du Sud, mais des membres originaires d'autres pays, notamment d'Allemagne et de France, purent également à un moment ou à un autre se joindre à eux, de même que quelques Italiens.

En ce qui concerne les artistes du nord, c'est une fois achevé leur apprentissage dans leur pays natal qu'ils effectuaient le long voyage vers Rome, afin d’y parfaire leurs études par l’observation des chefs-d’œuvre dont la cité regorgeait. Leur séjour durait le plus souvent quelques années. Ils résidaient un peu partout dans la ville, mais beaucoup s'installèrent dans le nord de celle-ci, aux environs de paroisses comme Santa Maria del Popolo et San Lorenzo in Lucina. Le groupe des Bentvueghels, auquel ils avaient alors la possibilité d'appartenir, jouait un rôle purement social, un lien réunissant des étrangers partageant des intérêts communs, qui pouvaient échanger des idées dans leur langue maternelle. On ne peut en aucun cas considérer la confrérie comme une école artistique : les peintres, dessinateurs, graveurs (pour ne parler que de ceux-ci) membres des Bentvueghels ont donné dans des genres variés, et l'influence de leur voyage d'étude en Italie sur leurs œuvres fut également diverse et plus ou moins marquée. Il a pu cependant exister une certaine émulation entre des artistes qui ont fait partie de ce « club » au cours de la même période.

Ils comprenaient beaucoup de Bamboccianti, un nouveau genre de dessins et de peintures illustrant la vie populaire romaine. Au grand dam de l'exaltée Accademia di San Luca, ces œuvres étaient très populaires à Rome. Parmi les artistes néerlandais connus du Bambocciate figurent Pieter van Laer et Jan Miel.

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Rituel d'initiation

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Pour faire partie des Bentvueghels, il fallait se soumettre à un rituel d’initiation, qui pouvait durer une journée entière. S'il est clair qu'au cours des cent ans d'existence de la confrérie, des changements[4] ont pu intervenir dans le déroulement du « cérémonial », voici ce à quoi celui-ci a pu ressembler.

Dans l’auberge où le groupe se réunissait, on représentait tout d’abord un tableau vivant allégorique et parodique, dans lequel Bacchus, le dieu du vin, et le « saint patron » de la bande, jouait un rôle de premier plan. Au cours de la cérémonie, les règles de l'art sont communiquées au nouveau membre par le "prêtre de campagne" qui baptisait le nouveau membre, qui était appelé le « vert » (groene) ou le novice, avec du vin. Cette parodie de baptême leur a valu quelques difficultés avec l'église catholique.

L'impétrant était soumis à une épreuve initiatique. Dans un coin sombre, des membres de la bande, vêtus de draps telles des apparitions fantomatiques, et se servant de feux d’artifice, tâchaient de l'effrayer autant que possible. Après avoir traversé cette épreuve, le novice, agenouillé, et aussi souvent nu, était alors arrosé de vin en même temps qu'étaient prononcées des imprécations mystérieuses. Il recevait un surnom : un « bentnaam » ; il s’agissait du nom d’un dieu ou d’un héros classique, comme Bacchus, Cupidon, Hector, Orphée, etc., mais il pouvait aussi faire référence à un élément du travail du nouveau membre ou, de façon humoristique ou semi-obscène, à une particularité physique ou à un trait de caractère frappant de ce dernier. L'utilisation d'un nom couché était une parodie des surnoms sérieux donnés aux membres de l'académie des arts. Mais à l'académie, le surnom était souvent dérivé du lieu de naissance.

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Sarcofago di Costantina - Museo Pio-Clementino - Vatican

La cérémonie s’achevait par un long repas en commun, aux frais du nouvel initié. Pendant ces repas festifs, le vin coulait à flots, et il arrivait que la réunion joyeuse dégénérât en des disputes violentes ou en rixe, au point que certains membres purent avoir à comparaître devant la justice. Au cas où tout se passait sans esclandre, ils se rendaient tous ensemble à travers la ville jusqu’à l'église Santa Costanza, qui était alors populairement désignée sous le nom de « temple de Bacchus ». Là, devant le sarcophage de porphyre de Constantina[5],[6], qui était assimilé, à cause de ses motifs bacchiques, à la tombe du dieu romain du vin, ils offraient des libations en l’honneur de celui-ci. Dans l’une des chapelles latérales de Santa Costanza, on peut voir aujourd’hui encore les noms que des membres des Bentvueghels y ont gravés[7].

Malgré le côté fruste de ces initiations, un aspect intellectuel n’en était pas moins conservé. Joachim von Sandrart, par exemple, écrivit dans son livre de 1675-1679, Teutsche Academie der edlen Bau-, Bild und Malereikünste (Académie allemande des nobles arts de l’architecture, de la sculpture et de la peinture), qu’avaient été inclus dans son « baptême » : « des discours raisonnés, entrepris par le Français et des Italiens, aussi bien que par des Allemands et des Néerlandais, chacun s’exprimant dans sa propre langue. »[8] Cornelis de Bruijn écrivit lui aussi au sujet du rituel qu’il avait dû subir en 1674, et réalisa quelques gravures, qu’il publia en 1698[9].

La pratique fut finalement interdite par le pape Clément XI en 1720.

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Les Bentvueghels et l’Accademia di San Luca

Les Bentvueghels furent fréquemment en désaccord avec l’Accademia di San Luca Académie de saint Luc ») de Rome, laquelle avait pour but d’élever le travail d’« artiste » au-dessus de celui d’artisan. Les aspects frustes des activités de la société ont habituellement été mis à l’avant-plan au détriment de ses visées intellectuelles et artistiques. David A. Levine, pour sa part, suggère que la « pédagogie artistique académique, avec l’accent mis sur la copie répétitive, a très bien pu être éprouvée par les membres de la Bent [les Bentvueghels] comme un procédé mécanique, et sans élévation, en comparaison avec leur approche véritablement humaniste. »[10] Des artistes comme Pieter van Laer, cependant, faisaient partie des deux organisations[11].

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Membres connus

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Certains Bentvueghels, parmi les premiers connus de la confrérie, sont représentés sur un dessin anonyme réalisé aux environs de 1620 et conservé au musée Boijmans Van Beuningen de Rotterdam avec, en dessous, l’indication du nom et du surnom de chacun. Sur le dessin sont représentés notamment Cornelis Van Poelenburgh, Wouter Crabeth II et Tyman Arentsz. Cracht ; la coutume de partager des conversations bien arrosées y est clairement mise en évidence. Jan Baptist Weenix était même surnommé « ratel » (crecelle) parce-qu’il parlait vite et beaucoup.

Membres des Bentvueghels (membres supposés signalés par un « ? » dans la dernière colonne — pour les abréviations et la précision des sources, cf. bas du tableau) :

Davantage d’informations Nom, Prénom & var. ...
  • Abréviations utilisées dans le tableau :
    • - (dates) : à
    • / (dates) : ou
    • De : Dessinateur
    • Gr : Graveur
    • Or : Orfèvre
    • PBMer : Pays-Bas méridionaux
    • PBNd : Pays-Bas du Nord
    • Pe : Peintre
    • Pt : Poète
    • Sc : Sculpteur
  • Sources pour le tableau :
    • AH : Arnold Houbraken, trad. en allemand, p. 340-341.
    • AHn : Arnold Houbraken, trad. en allemand, note p. 297-298.
    • Descamps : Jean-Baptiste Descamps, La Vie des Peintres Flamands, Allemands et Hollandois, [...], Desaint & Saillant - Pissot - Durant, Paris, 1753-1763. – Se sert de Houbraken ; contient un nombre incalculable d'erreurs concernant les dates.
    • JDF: Johann Dominik Fiorilo, Geschichte der zeichnenden Künste in Deutschland und den Vereinigten Niederlanden, t. 2, Hanovre, 1820, p. 178-189. – Se sert de Houbraken.
    • RKD : Rijksbureau voor Kunsthistorische Documentatie : pour l'ajout de quelques noms, l'actualisation de l'ensemble des noms et pour toutes les dates ; interrogez le site du RKD pour la justification de celles-ci.
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Notes et références

Annexes

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