Bataille de Schellenberg
bataille de la guerre de Succession d'Espagne De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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La bataille de Schellenberg ou bataille de Donauwörth eut lieu le , au cours de la guerre de Succession d'Espagne.
Date | |
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Lieu | Donauwörth (Bavière) |
Issue | Victoire de la Grande Alliance |
Royaume de France Électorat de Bavière |
Royaume d'Angleterre Archiduché d'Autriche Provinces-Unies |
• Jean-Baptiste d'Arco • Francesco Scipione de Maffei |
• John Churchill Marlborough • Louis-Guillaume Ier de Bade |
12 000 hommes 16 canons |
20 000 hommes |
~ 5 000 morts, 3 000 prisonniers | 5 000 morts ou blessés |
Guerre de la Ligue d'Augsbourg
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Coordonnées | 48° 42′ nord, 10° 48′ est |
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En 1703, le maréchal de Villars avait conseillé à Maximilien-Emmanuel de Bavière, électeur de Bavière de fortifier ses villes « et surtout le Schellenberg, ce fort au-dessus de Donauwörth, dont le grand Gustave nous a enseigné l'importance. ». En dépit de ce conseil, l'électeur de Bavière, dont les rapports avec Villars s'étaient dégradés, négligea de réparer et de renforcer les défenses sur les hauteurs du Schellenberg.
Lorsque Maximilien-Emmanuel se rend compte que Donauwörth allait être attaqué, il charge un officier Piémontais, Jean-Baptiste d'Arco, de renforcer les défenses de la ville et de tenir le Schellenberg.
La nuit du 1er au , les alliés campent à Amerdingen, à vingt-deux kilomètres de Donauwörth, quand Marlborough reçoit un message pressant du prince Eugène de Savoie l'informant que le maréchal de Tallard marche avec trente cinq mille hommes à travers la Forêt-Noire pour renforcer le maréchal de Marsin et l'électeur de Bavière sur le Danube. Ces nouvelles persuadent Marlborough qu'il est inutile d'envisager un siège prolongé et en dépit des protestations du margrave de Bade, arguant qu'un assaut direct ferait beaucoup de victimes, le duc planifie immédiatement l'assaut de la position.
Sachant l'ennemi à Amerdingen, le général d'Arco est conscient qu'il ne lui reste qu'un jour plein et une nuit pour préparer ses défenses. Aux premières heures du 2 juillet, l'armée alliée commence à lever le camp pour marcher sur Donauwörth.
Marlborough surveille personnellement la constitution d'une première force d'assaut de cinq mille huit cent cinquante grenadiers, prélevant environ cent trente soldats dans chaque bataillon placé sous son commandement. Cette force, avec trente deux escadrons d'appui, est commandée par le général hollandais Johan Wigand van Goor. Une deuxième vague d'attaque est composée de huit bataillons britanniques, hollandais, hanovriens et hessois, commandé par Henry Lumley et des trente cinq escadrons de cavalerie et de dragons britanniques et hollandais du comte Reynard van Hompesch. Le margrave de Bade marche à un rythme moins soutenu derrière l'avant-garde de Marlborough, avec son unité.
D'Arco et son second Francesco Scipione, marquis de Maffei, se sont vu confier douze mille hommes du camp Franco-Bavarois de Dillingen. La plupart provenant des meilleurs unités bavaroises, dont la garde et le régiment du prince électeur, menés par des officiers vétérans. Au total, la garnison défendant le Schellenberg comprenait seize bataillons bavarois et sept bataillons français d'infanterie, six escadrons français et trois escadrons de dragons bavarois, soutenus par seize canons. En outre, Donauwörth était tenue par un bataillon français et deux bataillons de milice bavaroise.
Les hauteurs du Schellenberg dominent l'horizon au nord-est de Donauwörth. La ville est située au confluent du Wörnitz et du Danube. Avec le flanc de la colline protégé par les bois denses et impénétrables de Boschberg, le fleuve Wörnitz et les marais qui protègent les contreforts méridionaux et occidentaux, son sommet plat formant un ovale d'un demi mille de diamètre, le Schellenberg offre une situation privilégiée pour n'importe quel défenseur. Mais ses défenses vielles de soixante-dix ans, comprenant un fort construit par Gustave Adolphe de Suède pendant la Guerre de Trente Ans, ont été négligées et sont dans un état de décrépitude. Les murs de Donauwörth ne sont pas en meilleur état et manquent de la sophistication souvent attribuée au génie militaire de Vauban.
Pendant que les alliés sont en marche, le travail sur les défenses de Schellenberg et de Donauwörth avancent sérieusement. Les canons ont été montés, des palissades ont été construites autour du périmètre de la position, et des fossés creusés devant les palissades pour les rendre doublement plus efficaces. À neuf heures le , d'Arco est informé de l'avance alliée et commande à son infanterie d'aider promptement aux préparatifs de défense. Un chroniqueur français de l'époque, le colonel Jean Martin de la Colonie, écrira plus tard « nous manquions de temps pour accomplir tout cela d'une manière satisfaisante ».
Bien que ralentis par les routes boueuses, les Alliés traversent le fleuve Wörnitz à Ebermorgen, au milieu de l'après-midi. Marlborough a commandé à son chef d'état-major, le général William Cadogan, de construire un camp dès qu'il sera arrivé aux abords de Donauwörth, à la vue du Schellenberg, de manière à laisser croire à l'ennemi, qu'il s'apprête à mener un siège.
Pendant que les colonnes alliées avancent avec l'intention de lancer immédiatement l'assaut, elles sont repérées par les avant-postes bavarois, qui après avoir mis le feu au hameau de Berg, se précipitent pour déclencher l'alarme. Le général d'Arco, interrompt son déjeuner, et se précipite vers le sommet du Schellenberg. Persuadé d'avoir encore un jour et une nuit pour finir les défenses, il constata avec stupéfaction que Cadogan s'était déjà bien installé pendant qu'il déjeune confortablement avec le colonel Dubordet, le commandant français de Donauwörth.
Marlborough savait bien qu'une attaque frontale sur le Schellenberg serait coûteuse en vies humaines, mais il savait aussi que c'était la clef de la défense de Donauwörth et la seule manière de prendre rapidement la ville. Le duc donna l'ordre au général hollandais Goor d'attaquer dès que possible. Comme préliminaire à l'attaque, l'artillerie de Marlborough, commandée par le colonel Holcroft Blood, martela l'ennemi d'une position près de Berg. Les canons de d'Arco situés au fort de Gustave Adolphe ripostèrent à chacune de leurs salves.
Le colonel Blood observa que ses canons faisaient des ravages sur le plateau du Schellenberg, qui s'il offrait une position idéale pour l'artillerie, n'offrait qu'une protection limitée à l'infanterie qui attendait derrière les défenses le moment opportun pour tenter une sortie.
De la Colonie qui commandait cette infanterie, notera plus tard « Ils ont concentré leur feu sur nous, et leur première salve a emporté le comte de la Bastide, de sorte que mon manteau en a été couvert de cervelle et de sang. » Malgré ce tir de barrage et en dépit de la perte de cinq officiers et de quatre-vingts grenadiers, De la Colonie jugea nécessaire de maintenir la position.
Parmi le gros des troupes alliées, se trouve un petit groupe d'assaut formé de quatre-vingts grenadiers anglais, du 1er English Foot Guards (régiment de gardes à pied conduit par le capitaine John Mordaunt et le colonel Richard Munden) désignés pour signaler au commandement les points forts et les points faibles et diriger le tir. Bien que Mordaunt et Munden survécurent, bien peu parmi eux, ont l'espoir d'en revenir.
À dix-huit heures, derrière le groupe d'assaut, le corps principal de l'infanterie, essentiellement des grenadiers anglais et hollandais, montent à l'assaut. La marche disciplinée des attaquants vers le haut de la colline se transforme au fur et à mesure en une charge furieuse. « La rapidité de leurs mouvements, ainsi que leurs hurlements, étaient vraiment effrayants ». rapporte De la Colonie, qui afin de noyer le tumulte, commande de battre la charge.
Les Alliés deviennent des cibles faciles pour les mousquets et les grenades à main jetées vers le bas de la pente par les Franco-Bavarois. Chaque soldat allié emporte avec lui des fascines (plus tôt coupées au bois de Boschberg), pour jeter un pont sur les fossés défensifs. Cependant les fascines sont jetées par erreur dans un fossé constitué par les récentes pluies d'été, au lieu des défenses bavaroises.
Malgré cette erreur, les Alliés continuent leur attaque et rejoignent les rangs bavarois qu'ils affrontent dans un sauvage corps à corps. Derrière les défenses des gardes de l'électeur de Bavière, les hommes de De la Colonie soutiennent le choc de l'attaque, de sorte que « le petit parapet qui sépare les deux forces soit devenu la scène de la lutte la plus sanglante qui puissent être imaginée ». Les forces anglo-hollandaises ne parviennent pas à pénétrer les défenses et sont forcées de regagner leurs lignes. Le général Van Goor, qui avait mené l'attaque, compte parmi les victimes de l'assaut.
Le second assaut ne remporte pas plus de succès. Les commandants alliés sont obligés de mener personnellement leurs hommes, qu'ils ont beaucoup de difficultés à convaincre d'avancer sous un second déluge de mousqueterie et de grenades.
Les Anglo-Hollandais laissent encore beaucoup de morts et de blessés à la palissade ennemie. Parmi eux, le comte von Styrum qui menait la charge. Ils finissent par rompre les rangs, et dans la confusion la plus totale, sont une fois de plus repoussés en bas de la colline. Les grenadiers bavarois exultent et franchissent les défenses afin de poursuivre les attaquants à la baïonnette. La cavalerie anglaise intervient à temps pour empêcher une déroute totale et contraint les Bavarois à regagner leurs lignes.
Les assauts répétés ont poussé d'Arco à renforcer le sommet de la colline, délaissant les défenses qui relient celle-ci aux murs de la ville, et laissant son flanc gauche presque sans défense et très vulnérable, ce que constate immédiatement Marlborough.
L'autre commandant allié, le margrave de Bade (qui entre dans la bataille, une demi-heure après Marlborough), s'est également aperçu de la bonne occasion et se dépêche du hameau de Berg avec ses grenadiers pour attaquer là où la défense est la plus faible.
À ce moment critique, le commandant de la garnison de Donauwörth a retiré ses hommes à l'intérieur de la ville et fermé les portes. Il ne peut dès lors que tirer depuis ses murs. Les troupes du margrave de Bade, maintenant soutenues par huit bataillons de Marlborough s'engouffrent alors dans la brèche et viennent facilement à bout des deux bataillons d'infanterie et de la poignée de cavaliers qui défendant encore le secteur entre le Schellenberg et la ville.
Comprenant le danger, le comte d'Arco se dépêche de rallier ses dragons français, tenus en réserve en arrière de la colline, pour refouler les assaillants. Cependant, trois compagnies des grenadiers de Bade concentrent sur eux leurs attaques et les forcent à se retirer. Cette action coupe d'Arco de sa force principale résistant toujours violemment au sommet de la colline. Il se dirige alors vers la ville, où selon De la Colonie « il a eu une certaine difficulté à entrer due à l'hésitation du commandant pour ouvrir les portes. »
La prise de Schellenberg représenta une victoire importante pour la Grande Alliance. Elle leur assura en effet un point de passage sur le Danube et une base de ravitaillement pour l'armée de Marlborough. Elle permit de fait aux Alliés de poursuivre leurs opérations en Bavière au cours de l'année 1704. La bataille dura deux heures et fit environ treize mille victimes.
De la Colonie fut l'un des rares rescapés qui réussit à s'échapper. Maximilien-Emmanuel de Bavière y perdit la plupart de ses meilleurs éléments. La destruction du corps de d'Arco sema un doute profond quant à la capacité des forces franco-bavaroises à s'opposer à l'avance des Alliés. Très peu des hommes qui défendaient le Schellenberg rejoignirent l'armée de l'électeur de Bavière et du maréchal de Marsin. Parmi eux cependant, on retrouve le comte d'Arco et son adjoint le marquis de Maffei. Tous les deux défendront le hameau de Lutzingen pendant la bataille de Blenheim.
Des vingt-deux mille hommes engagés parmi les alliés, quelque cinq mille furent blessés et encombrèrent les hôpitaux que Marlborough avait fait établir à Nördlingen. Parmi les morts, on comptait six lieutenants-généraux, quatre généraux et vingt-huit généraux de brigade, colonels et lieutenants-colonels, y compris le comte von Styrum, ce qui témoigne de l'engagement des officiers à conduire eux-mêmes leurs hommes dans les assauts. Aucune autre action de la guerre de Succession d'Espagne ne fit autant de victimes parmi les officiers.
La victoire permit aux alliées de capturer, outre les drapeaux des régiments de De la Colonie, tous les canons de Schellenberg, les munitions, bagages et un riche butin. Cependant, le nombre élevé de victimes causa la consternation dans toute la Grande Alliance. À La Haye ont frappa une médaille, montrant sur une face le margrave de Bade, et sur laquelle il ne fut aucunement mention du duc de Marlborough. L'empereur Leopold cependant, écrivit personnellement à Marlborough : « Rien ne peut être plus glorieux que la célérité et la vigueur avec lesquelles vous avez forcé le camp de l'ennemi à Donauwörth. »
Le colonel du Bordet abandonna Donauwörth la nuit même. L'électeur de la Bavière, qui était arrivé avec des renforts, en vue de la bataille, ne put que constater le massacre de ses meilleures troupes, replia ses garnisons derrière le Lech, près d'Augsbourg.
Marlborough ne sut tirer parti de la prise de Donauwörth pour s'attaquer à Augsbourg ou Munich, car il manquait de canons de siège. Après Schellenberg, aucun commandant allié n'attaqua frontalement une ville. Rain am Lech, à onze kilomètres de Donauwörth, ne tomba le qu'après un siège en bonne et due forme.
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