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mouvement antifasciste aux États-Unis De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Antifa (/ænˈtiːfə/ ou /ˈæntiˌfɑː/)[1] est le nom collectif utilisé par différents groupes autonomes et souvent informels se prévalant de l'antifascisme[2],[3],[4],[5]. La plupart de ces groupes s'affirment comme antiautoritaires voire anticapitalistes[6], et appartiennent à des mouvances d'extrême gauche[7], principalement anarchistes[8], mais pouvant également être issues de rangs communistes ou socialistes[9],[10],[11],[12].
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Les groupes Antifa sont connus pour leur recours à l'action directe afin de s'opposer frontalement à l'extrême droite et aux mouvements prônant la suprématie de la race blanche, pouvant aller jusqu'à la destruction de biens matériels et la confrontation physique lorsqu'ils le jugent nécessaire[13],[14],[15],[16].
Le terme «Antifa» tirerait son origine de l'Action antifasciste, nom employé par des mouvements politiques de la gauche européenne des années 1920 et 1930 opposés au fascisme en Italie, Allemagne et Espagne[17],[18]. En réponse à l'essor du néonazisme après la chute du Mur de Berlin et la ruine de l'idéologie soviétique, des militants antifascistes ont réapparu en Allemagne. Peter Beinart, un journaliste américain, écrit que «à la fin des années 1980 aux États-Unis, des fans de punk appartenant à des mouvances de gauche leur ont emboîté le pas mais sous le nom d'Anti-Racist Action (« Action antiraciste »), pensant que la lutte contre le racisme semblerait plus familière aux Américains que la lutte contre le fascisme.»[19].
Le militantisme antifasciste remonte aux années 1920, années durant lesquelles les anti-fascistes ont été impliqués dans des batailles de rue contre les Chemises noires de Benito Mussolini ou les S.A. d'Adolf Hitler, l'Union britannique des fascistes d'Oswald Mosley et des organisations américaines pro-nazies telles que les Amis de la Nouvelle-Allemagne[20]. Bien qu'il n'existe pas de réelle connexion entre les organisations antifascistes, il est possible de remonter la généalogie de l'Antifa américaine jusqu'à l'Allemagne de Weimar[21], où fut créé en 1932 le premier groupe décrit comme « antifa », Antifaschistische Aktion, avec la participation du Parti communiste d'Allemagne[22]. Le logo aux deux drapeaux d'Antifaschistische Aktion est le symbole le plus couramment utilisé par l'Antifa américaine, avec le cercle antifasciste aux trois flèches du mouvement social-démocrate Front de fer (créé en 1931 puis dirigé par les sociaux-démocrates).
L'Anti-Racist Action, née des mouvements punk et d'une partie du mouvement skinhead de la fin des années 1980[23], est le précurseur direct de beaucoup, sinon de la plupart des mouvements antifa américains actuels. D'autres groupes antifa ont cependant d'autres ascendances, comme les Baldies de Minneapolis, dans le Minnesota, un groupe formé en 1987, avec l'intention de combattre le néonazisme.
Le mouvement Antifa est constitué de groupes autonomes, et n'a donc pas d'organisation formelle. Ces groupes forment des réseaux de soutien, comme le NYC Antifa, qui fonctionnent de façon indépendante[24]. L'organisation de manifestations se fait généralement via les médias sociaux, des sites web et des listes de diffusion.
Bien que le nombre d'affiliés aux mouvements Antifa ne puisse être estimé avec précision, le mouvement a pris plus d'ampleur depuis l'élection à la présidence de Donald Trump : environ 200 groupes, de taille et niveau d'engagement variables, existent actuellement aux États-Unis. Dans une interview accordée à la chaîne de télévision CNN en , un membre de Rose City Antifa (un groupe de Portland, dans l'Oregon), explique « les membres de notre groupe viennent de toute la gauche : nous avons des anarchistes, nous avons des socialistes, nous avons même des libéraux et des sociaux-démocrates »[25].
Bien que les militants Antifa puissent pratiquer l'aide aux sinistrés, comme ils le firent après l'ouragan Harvey[26],[27], ils ont surtout été associés aux démonstrations de violence à l'encontre de la police[28] et des personnes qu'ils jugent "d’extrême droite"[29],[30]. Ils sont généralement perçus comme recourant à des démonstrations de force et promouvant la violence. Un manuel publié sur It's Going Down, un site anarchiste, met pourtant en garde contre « ceux dont la seule envie est de se battre ». Il note en outre que « se confronter physiquement aux fascistes est un aspect nécessaire de la lutte anti-fasciste, mais ce n'est pas le seul ni même nécessairement le plus important »[31].
Selon Peter Beinart, les militants Antifa « luttent contre le suprémacisme blanc, non en essayant de changer la politique du gouvernement, mais par l'action directe. Ils essaient d'identifier publiquement les suprémacistes pour les faire licencier ou leur faire perdre leur logement », en plus de « perturber leurs rassemblements, y compris par la force »[32].
Les groupes Antifa ont participé activement aux protestations et manifestations contre l'élection de Donald Trump en 2016[33]. Ils ont également participé aux manifestations de à Berkeley contre le porte-parole [réf. nécessaire] de l'alt-right Milo Yiannopoulos. Ces manifestations ont attiré l'attention du public[34], les médias ayant rapporté que les Antifa ont « lancé des cocktails Molotov et brisé des fenêtres » et causé au moins 100 000 $ de dommages.
Le , des membres d'Antifa se sont joints aux manifestants de l'Evergreen State College, qui s'opposaient à un événement organisé par le Patriot Prayer, un mouvement de droite libérale suspecté de liens avec le suprémacisme blanc.
Lors des contre-manifestations au rassemblement "Unir la droite" de Charlottesville en , les Antifa ont « certainement utilisé des battes et des pistolets à paintball contre les manifestants suprémacistes »[35].
Selon un Antifa interrogé par la journaliste Adele Stan, les battes utilisées par les manifestants antifascistes sont justifiées par la présence de « goon squads » (sortes de groupes mercenaires) dans l'autre camp[36]. Lors de cet événement, des Antifa ont protégé Cornel West et divers membres du clergé de l'attaque de suprémacistes. Cornel West a plus tard déclaré qu'il estimait que les Antifa lui avaient « sauvé la vie »[37],[38].
Selon un militant d'extrême droite, les manifestants Antifa n'étaient pas cantonnés au périmètre qui leur avait été alloué par la ville, mais arpentaient les rues et ont bloqué le passage aux manifestants d'extrême-droite avant de lancer une attaque sur eux avec des masses, des bombes au poivre, des briques, des bâtons et des liquides puants.
À Berkeley, le , une centaine de manifestants Antifa auraient rejoint les 2 000 à 4 000 contre-manifestants présents pour s'opposer à ce qui a été décrit comme une « poignée » de manifestants de l'alt-right et de supporters du président Trump, réunis pour un rallye « Say No to Marxism » (« Non au marxisme ») lequel avait été annulé pour des raisons de sécurité. On affirme que certains militants Antifa s'en sont pris à coups de pied à des manifestants désarmés et ont menacé de casser les caméras des journalistes[39],[40]. Le maire de Berkeley Jesse Arreguin a suggéré de classer les Antifa de la ville comme « gang »[41].
Lors de nouvelles contre-manifestations en opposition au rassemblement « Unir la droite » à Charlottesville en , des Antifas ont invectivé et attaqué des journalistes et des policiers, leur lançant notamment des œufs et des bouteilles d'eau, et tirant des feux d'artifice dans leur direction. Des journalistes d'NPR et de NBC News rapportent aussi que des Antifa les ont harcelés pour les empêcher de filmer[42],[43].
Selon la National Public Radio, « ceux qui parlent au nom du mouvement Antifa reconnaissent qu'ils ont parfois des battes et des massues » et que leur « méthode repose sur la confrontation »[44]. CNN affirme que les Antifa sont « connus pour causer des dégradations matérielles lors des manifestations ». Scott Crow, un membre de longue date d'un groupe Antifa et impliqué dans l'organisation du mouvement selon CNN, fait valoir que la destruction de la propriété ne constitue pas une forme de violence.
Selon Brian Levin, directeur du Centre pour l'Étude de la Haine et de l'Extrémisme à l'Université d'État de Californie de San Bernardino, les Antifa ont recours à la violence car « ils croient que les élites contrôlent le gouvernement et les médias. Ils ont donc besoin de s'opposer frontalement à ceux qu'ils considèrent comme racistes ». Selon Mark Bray, maître de conférences à l'Institut de recherche sur le genre de Dartmouth et auteur d’Antifa: The Anti-Fascist Handbook (Antifa: Le Manuel des antifascistes), les adhérents au mouvement se réclament pour la plupart du socialisme, de l'anarchisme ou du communisme et « refusent de faire appel à la police ou à l’État pour freiner l'avancée du suprémacisme blanc. Ils préconisent à la place l'opposition populaire au fascisme telle que nous avons pu le voir à Charlottesville »[45]. En rapport avec cet ouvrage, Carlos Lozada a déclaré que les groupes Antifa ne respectent pas la liberté d'expression. De fait, selon Bray, l'atteinte à la liberté d'expression « est justifiée par son rôle dans la lutte politique contre le fascisme »[46].
Selon Scott Crow, cette justification se fonde sur le principe de l'action directe : « L'incitation à la haine ne relève pas de la liberté d'expression. Si vous mettez en danger des personnes avec ce que vous dites et les actes que vos paroles impliquent, alors vous n'avez pas le droit de le dire. C'est pour cela que nous allons au conflit, pour les faire taire, parce que nous croyons que les nazis et les fascistes de tout poil ne devraient pas avoir droit à la parole ».
En , la mouvance Antifa a été rattachée à l'anarchisme par le département de la Sécurité intérieure du New Jersey[8], qui, de même que le FBI, a classé leurs activités comme terrorisme intérieur. Le FBI et le DSI ont tous deux reconnu être incapables d'infiltrer « l'organisation diffuse et décentralisée » de ces groupes[47].
À la suite des violences de Berkeley le , les actions des Antifa ont fait l'objet de critiques de la part de Républicains, de Démocrates et de divers commentateurs politiques des médias américains[48],[49],[50] :
En , une pétition appelant à ce que les Antifa soient classés par le Pentagone comme une organisation terroriste a été lancée via la plate-forme de la Maison-Blanche We The People. Elle a recueilli plus de 100 000 signatures en trois jours, et par conséquent - en vertu de la politique définie par l'administration Obama - aurait dû recevoir un examen officiel et une réponse par la Maison-Blanche. Avec plus de 300 000 signatures à la fin du mois d'août, cela a été la troisième pétition la plus signée de la plate-forme[54]. Toutefois, cette politique n'a pas été poursuivie par l'administration Trump, qui n'a répondu favorablement à aucune des pétitions de la plate-forme[55]. L'auteur de la pétition, connu sous le pseudonyme de Microchip, a expliqué à Politico que le but de celle-ci n'était pas en fait de provoquer une action concrète du gouvernement, mais plus simplement de pousser les conservateurs à la partager et à en débattre[56].
En , en réaction aux manifestations faisant suite à la mort de George Floyd, Donald Trump annonce sur Twitter que les États-Unis « désigneront Antifa comme une organisation terroriste »[57].
Les anti-antifas sont les opposants à l'Action Antifasciste. Il s'agit d'une mouvance et non d'une quelconque organisation. Dans les rangs des anti-antifas, on trouve des militants d'extrême droite radicaux, notamment des néofascistes, néonazis, skinhead d'extrême droite, ainsi que des suprémacistes blancs et noirs.
En , dans une tentative de discréditer les Antifa[58], une campagne de canulars photographiques a été lancée via le Hashtag #PunchWhiteWomen par des membres de l'alt-right.
Parmi eux, une image de l'actrice britannique Anna Friel la montrant sous les traits d'une femme battue lors de la campagne de 2007 contre les violences conjugales de la Women's Aid Federation of England a été détournée par de faux comptes Twitter attribués aux Antifa. La supercherie, organisée via le site internet 4chan, a été dévoilée à la suite d'une enquête du chercheur du réseau Bellingcat Eliot Higgins. L'image, sous-titrée « 53 % de femmes blanches ont voté pour Trump, 53 % des femmes blanches devraient ressembler à ceci », porte un drapeau Antifa.
Une autre image montrant une femme blessée est, quant à elle, sous-titrée « Elle a choisi d'être une nazie. Les choix ont des conséquences ». Elle est accompagnée du mot-dièse #PunchANazi.
Eliot Higgins a fait remarquer à la BBC que « c'était un canular pathétique et assez évident, mais [qu'il ne serait] pas surpris si les groupes nationalistes blancs essayaient à l'avenir de monter des attaques plus sophistiquées »[59].
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