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médecin et psychanalyste américaine d'origine autrichienne De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Annie Reich née Pink, le à Vienne et morte le , à Pittsburgh, est un médecin et une psychanalyste américaine, d'origine autrichienne. Elle est l'une des premiers analystes de l'après-guerre à New York.
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Née en 1902, Annie Reich est élevée à Vienne. Son père, Alfred Pink, est commerçant. Sa mère, Theresa Singer, institutrice et suffragiste, meurt de la grippe de 1918, son frère aîné meurt pendant la Première Guerre mondiale[1]. Annie Reich commence ses études à la faculté de médecine de l'université de Vienne, en 1921 et obtient son diplôme de médecin en 1926[2]. Elle s'intéresse à la psychanalyse et commence une analyse avec Wilhelm Reich interrompue au bout de quelques mois par leur mariage (1922). Elle poursuit son analyse avec Herman Nunberg, puis se forme à l'analyse avec Anna Freud[1], elle est membre de la Société psychanalytique de Vienne de 1928 à 1930, et travaille dans des centres de conseils sexuels pour les prolétaires, dans la consultation créée par Wilhelm Reich et Marie Frischauf[2]. La famille Reich s'installe à Berlin en 1930, et elle est membre de la Société allemande de psychanalyse de 1930 à 1933 et participe au cercle psychanalytique réuni autour d'Otto Fenichel, le « Kinderseminar »[2].
Elle a deux filles, Eva Reich et Lore Reich Rubin (de)[3] avec Wilhem Reich, puis ils se séparent en 1933. Annie Reich s'installe avec ses enfants à Prague où elle rejoint le groupe psychanalytique pragois, qui a obtenu le statut de groupe d'étude accordé par l'Association psychanalytique internationale au congrès de Lucerne en 1934[4]. À Prague, elle retrouve un petit groupe d'analystes allemands, exilés après l'accès au pouvoir d'Hitler et les lois de Nuremberg. Elle participe à l'établissement du groupe, aux côtés d'Otto Fenichel et de la psychanalyste autrichienne Frances Deri (en)[5]. Elle forme ainsi à la psychanalyse Yela Löwenfeld, médecin allemande, réfugiée avec son époux Heinrich Löwenfeld à Prague, et qu'elle retrouvera comme collègue à l'institut psychanalytique de New York[6]. Elle est didacticienne et à nouveau membre de la Société psychanalytique de Vienne, jusqu'en 1938.
Elle épouse en 1938 le militant communiste Jakob Reich[7], ensuite connu sous plusieurs pseudonymes, notamment Thomas ou Arnold Rubinstein[8],[9], et émigre avec lui et ses deux filles la même année, aux États-Unis, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Elle s'installe à New York en [4] et se joint à la New York Psychoanalytic Society, dont elle est présidente en 1960-1962. Elle est analyste didacticienne à l'institut de formation psychanalytique et participe aux activités de l'Association psychanalytique internationale[8].
Après une première publication sur le traitement réussi d'un patient paranoïaque (1936), Annie Reich a publié une étude de la soumission sexuelle féminine qu'elle envisage en termes d'identification avec la supériorité du corps du partenaire masculin (1940)[10]. Elle approfondit ce thème après-guerre, avec une étude sur le choix narcissique de l'objet par la femme, qu'elle appelle « volonté narcissique », et qu'elle relie aux blessures narcissiques de l'enfance[11] : ainsi, le manque d'estime de soi de la femme serait compensé par l'identification à un partenaire masculin fantasmé comme imposant.
Annie Reich a exploré une autre voie pour traiter les problèmes d'estime de soi dans une étude de l'humour grotesque. En caricaturant ses propres défauts, le sujet, selon elle, attaque par là-même ceux qui l'entourent[12]. De cette façon, le sujet peut repousser temporairement la condamnation de son surmoi, dans une lutte qui doit, en revanche, être sans cesse renouvelée, et dont l'échec occasionnel conduit à un état de profonde dépression[13]. L'intérêt manifesté par Annie Reich envers les dommages précoces ainsi subis par l'estime de soi du sujet établit un pont entre l'ego psychology et la self psychology[14].
Elle a également apporté des contributions à la technique psychanalytique, plus précisément à la notion de contre-transfert et à la fin de l'analyse. Elle réaffirme le point de vue classique du contre-transfert envisagé comme la projection des attitudes et des sentiments de l'analyste sur le patient[15], plutôt que comme révélant quelque chose sur le patient lui-même : le défi méthodologique et la distinction qu'elle propose entre les deux restent convaincantes[16]. Elle estime également que, même après l'analyse du transfert, l'analyste apparaît toujours, dans les représentations du patient, « comme une personne dotée d'un pouvoir spécial, de l'intelligence et de la sagesse […] comme participant à la toute-puissance que l'enfant attribue à ses parents »[17], et indique que, selon elle, il s'agit d'un sentiment que seul un certain laps de temps après la fin de l'analyse permet d'éliminer.
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