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grande duchesse De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Anastasia Nikolaïevna Romanova de Russie (en russe : Анастасия Николаевна Романова), née le ( du calendrier julien) à Peterhof et morte assassinée avec sa famille le à Ekaterinbourg, dans la villa Ipatiev, est une grande-duchesse de Russie, membre de la famille impériale russe en tant que quatrième fille du tsar Nicolas II de Russie et de sa femme l'impératrice Alexandra Fiodorovna, née princesse Alix de Hesse-Darmstadt. Sa mort fit l'objet d'une énigme pendant la première moitié du XXe siècle.
Titulature | Grande-duchesse de Russie |
---|---|
Dynastie | Maison Romanov |
Nom de naissance | Anastasia Nikolaïevna Romanovna |
Naissance |
Peterhof (Russie) |
Décès |
(à 17 ans) Iekaterinbourg (RSFSR) |
Sépulture | Cathédrale Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg |
Père | Nicolas II de Russie |
Mère | Alix de Hesse-Darmstadt |
Religion | Christianisme Orthodoxe |
Signature
La grande-duchesse Anastasia naît le au palais de Peterhof (le « château de Versailles russe »), à 6 km au sud de Saint-Pétersbourg. Elle est la quatrième et dernière fille de l'empereur Nicolas II de Russie[1] et de l'impératrice Alexandra Feodorovna, née Alix de Hesse et du Rhin. Par sa mère, elle est une arrière-petite-fille de la reine Victoria. Elle a pour titre complet Son Altesse Impériale la grande-duchesse Anastasia Nikolaïevna.
Anastasia est surnommée Nastya, Nastas ou Nastanka, par ses proches, et Shvibzik par son père. Elle est éduquée par un précepteur suisse, Pierre Gilliard, tout comme ses trois sœurs aînées, les grandes-duchesses Olga, Tatiana et Maria, et avec son frère cadet le tsarévitch Alexis, et apprend le russe. Elle et sa sœur Maria se font appeler La Petite Paire par la famille, car elles sont très souvent ensemble et partagent la même chambre (comme leurs deux sœurs aînées d'ailleurs). Elle s'entend aussi très bien avec Olga, qui forme La Grande Paire avec Tatiana. Les quatre sœurs sont également connues sous l'acronyme OTMA, assemblage de leurs initiales respectives.
Anastasia est connue comme une enfant puis une adolescente espiègle, taquine, bruyante, active, fougueuse et souriante. Son comportement, au contraire de celui de ses sœurs, n'est guère « princier ». Afin de se faire des amies, elle a d'ailleurs supplié sa mère, sans succès, de la scolariser dans un institut, et a même, au grand désespoir de celle-ci, envisagé une carrière d'actrice de théâtre.
Intelligente mais peu intéressée par l'école, elle est dotée d'un certain sens de l'humour, de l'imitation plus ou moins moqueuse et aime les plaisanteries sarcastiques. Refusant de pratiquer la langue allemande de sa mère, elle aime cependant discuter en français avec son précepteur Gilliard. Elle adore également s'occuper de ses deux chiens, Shvybzik et Jimmy. Elle passe son temps libre à écouter son phonographe, à écrire des lettres, à regarder des films, à faire des photographies, à jouer de la balalaïka avec son frère et à s'étendre au soleil. Il lui arrive aussi d'aller fumer secrètement dans le jardin, parfois accompagnée de sa sœur Olga.
La Première Guerre mondiale et la révolution russe de 1917 sonnent le glas du régime impérial et le gouvernement perd le soutien du peuple russe. Nicolas II abdique d'abord en faveur de son fils (malade, incapable de régner) le tsarévitch Alexis, puis en faveur de son frère le grand-duc Michel de Russie le . Le couple impérial et ses enfants sont alors assignés à résidence au palais Alexandre.
Le ministre de la Justice Kerensky essaie alors d'organiser l'exil de la famille impériale, puisque le roi George V est cousin germain de Nicolas II par sa mère et cousin germain d'Alexandra par son père. Mais le souverain britannique refuse, car il a peur de devenir impopulaire. Après cela, la guerre civile russe, opposant les révolutionnaires bolcheviks de l’Armée rouge et les Armées blanches des monarchistes partisans du retour à l'ancien régime tsariste, s’intensifie et les Romanov, emprisonnés à Tsarskoïe Selo, sont transférés au palais Alexandre, puis à Tobolsk et enfin à la villa Ipatiev à Iekaterinbourg.
À Iekaterinbourg, où seuls ont pu les suivre le médecin, la femme de chambre, le laquais, le cuisinier et son marmiton, ils sont surveillés par la Tchéka. La maison Ipatiev, dans laquelle ils sont gardés, est appelée La Maison à Destination Spéciale. Les fenêtres sont cadenassées, et certaines d'entre elles sont même cachées par des volets extérieurs. Des palissades dissimulent la demeure.
Probablement à cause de l'arrivée imminente des Armées blanches, le sort des membres de la famille impériale et de leur suite est scellé. Après l'évacuation du petit marmiton, les Romanov sont réveillés dans la nuit du 16 au . Les onze personnes sont assassinées vers deux heures du matin, en moins de trois minutes, dans une pièce du sous-sol de La Maison à Destination Spéciale : les hommes chargés de l'exécution visent le cœur ; on achève les survivants, dont Anastasia et sa sœur Maria, d'une balle dans la tête et de coups de baïonnette. Le massacre est commis par un groupe de bolcheviks commandé par Iakov Sverdlov et Iakov Iourovski, probablement sur l'ordre de Lénine. Anastasia est la dernière à mourir, car elle reprend conscience lors du déplacement des corps vers le camion menant à la mine des Quatre-Frere[Quoi ?]. Ermakov lui assène plusieurs coups de crosse. Plus tard, cela alimente la rumeur de la survie d'Anastasia selon laquelle Ermakov n'aurait pas vérifié la mort de la grande-duchesse.
Les corps des membres de la famille impériale sont chargés dans un camion, puis transférés dans une forêt proche de Iekaterinbourg. Déshabillées, arrosées d'essence, brûlées et défigurées à l'acide sulfurique, les victimes sont jetées dans un puits de mine d'où elles sont, quelques jours plus tard, retirées pour être ensevelies sous un chemin forestier.
À cause des déclarations contradictoires des journaux et de la confusion pendant les opérations de dissimulation des corps, un trouble profond s'installe chez les Russes blancs qui investissent Iekaterinbourg le .
Le sort de la famille impériale est donc resté pendant longtemps sujet à controverses : si le juge Sokolov, dépêché par l'amiral Koltchak, conclut immédiatement au massacre collectif et à l'incinération des corps, divers historiens — s'appuyant en cela sur des rumeurs répandues dans la région d'Iekaterinbourg — contestèrent ses conclusions. Ainsi l'historienne Marina Grey[2], fille du général Denikine, tenta de démontrer la survie d'une partie de la famille impériale ; le prénom d'Anastasia est cité fréquemment, mais elle considère, contrairement à la plupart des partisans de la thèse de la survie tels que Marc Ferro[3] et Michel Wartelle[4] notamment que la famille impériale est morte vers 1919 ou 1920 pendant la guerre civile russe et qu'à ce titre la fameuse Anna Anderson était une fabulatrice.
Pourtant elle a été reconnue comme la fille du tsar par Tatiana Botkine, la fille du médecin du tsar (assassiné avec la famille impériale), dont parut, un an après sa mort, un ouvrage sur elle[5]. Elle a été également identifiée par deux cousins germains allemands des cinq enfants de Nicolas II et de l'impératrice, qui défendirent Anna Anderson pendant les procédures des années 1950 et 1960 : les princes Frédéric Ernst de Saxe-Altenbourg (1905-1985) et Sigismund de Prusse (1896-1978). Il faut aussi citer le capitaine Felix Dassel qui, en 1916, prit en charge les filles et, en 1927, sceptique relativement à sa possible survie, tenta plusieurs fois de la piéger en lui communiquant de fausses informations, qu'elle corrigea aussitôt. En 1958, peu avant sa mort, il refit un témoignage sous serment en disant l'avoir reconnue. Par ailleurs, les campagnes contre elles commencèrent lorsqu'elle affirma avoir vu Ernst de Hesse (« l'oncle Ernie ») en à Saint-Pétersbourg à l'occasion d'un voyage secret de celui-ci pour négocier une paix séparée avec la Russie.
Ces faits, recoupés avec la thèse du massacre collectif, ont amené à dire qu'Anastasia aurait survécu au massacre grâce aux bijoux et aux diamants cousus dans sa robe, qui auraient fait ricocher les balles. Lors d'un interrogatoire, un soldat aurait certifié qu'il manquait un corps avant de les enterrer et que, pendant le chemin, il aurait entendu des gémissements. De plus, Anastasia aurait survécu aux coups de feu et aux coups des soldats léninistes dans la maison. Les soldats l'auraient frappée de nouveau, mais n'auraient pas vérifié si elle était morte. Le mystère commence donc à cet instant, c'est-à-dire au moment de la non-vérification de la mort d'Anastasia et de l'empressement des soldats à enterrer tous les corps. Par ailleurs, si Anna Anderson ne gagna pas ses recours, elle ne les perdit pas non plus. En 1967, puis en cassation en 1970, les tribunaux allemands estimèrent qu'Anna Anderson n'avait pas prouvé son identité impériale, mais ne purent non plus exclure qu'Anastasia ait survécu au massacre. On lit dans le rapport de 1967 : « la mort de la grande-duchesse Anastasia à Ekaterinbourg ne saurait être tenue pour un fait historique irréfutable »[6]. Quelques chercheurs s'interrogèrent sur ces impasses : « Combien d’imposteurs auraient-ils pu se conduire si longtemps comme le fit cette femme sans être démasqués ? »[7].
D'autres femmes ont prétendu, tout au long du XXe siècle, être la grande-duchesse Anastasia. Eugenia Smith est la plus célèbre ; mais celle-ci apparut seulement en 1963, soit quarante-trois ans après Anna Anderson. Elle ne fut cautionnée que par son éditeur. Des tests d'ADN ont prouvé que les deux prétendantes étaient l'une et l'autre des fabulatrices. Mais ils prennent le contrepied des recherches graphologiques, des examens anatomiques du corps d'Anna Anderson — sur demande même de ses ennemis — qui authentifieraient la version de ses nombreux et persistants partisans[8]. On trouve chez les défenseurs, Gleb Botkine, Dominique Auclères, Peter Kurth, Tatiana Bokine, James Blair Lovell, Marc Ferro, Michel Wartelle, les romanciers Jacqueline Monsigny et Franck Ferrand, le journaliste espagnol Miguel Azian de El Pais ; plus prudemment Anthony Summers et Tom Mangold lui consacrent un chapitre, après avoir récusé dans un autre tous les autres prétendants, dont Eugenia Smith. Chez ses adversaires on trouve Pierre Gilliard, Alain Decaux, Marina Grey, les romanciers Elie Durel et Steve Berry. Alain Decaux et Elie Durel mettaient en relief des incohérences, des invraisemblances ou des mensonges sur les narrations de sa vie entre 1918 et 1920.
En 1990, les corps de la famille impériale ont été retrouvés et exhumés, puis identifiés par une analyse ADN. Deux corps manquent, celui du tsarévitch Alexis et celui de l'une de ses sœurs, Maria ou Anastasia. D'après le rapport de Yourovski, qui dirigea l'exécution, ces deux corps furent brûlés dans les bois voisins.
Le , Nicolas II a été inhumé avec les membres de sa famille (moins les deux corps non retrouvés), en présence des descendants de la famille Romanov, notamment du prince Nicolas Romanov, chef de la maison impériale de Russie. Le , Nicolas II et sa famille ont été canonisés par l'Église orthodoxe de Russie, qui les considère comme morts en martyrs.
Lors de fouilles, réalisées en , sur le lieu probable où les corps du tsarévitch et de l'une de ses sœurs auraient été enterrés, ont été retrouvés des ossements de deux corps. D'après les premières conclusions, il s'agirait d'un jeune garçon âgé de treize-quatorze ans et d'une jeune femme âgée de dix-neuf ou vingt ans, soit l'âge du tsarévitch Alexis et de la grande-duchesse Maria au moment de leur mort.
Le , à l'occasion du dépôt des conclusions préliminaires de l'expertise génétique, Nikolaï Nevoline, chef du bureau régional de l'expertise médico-légale de Sverdlovsk, a confié à RIA Novosti :
« Les ossements découverts le aux abords d'Ekaterinbourg appartiennent à des enfants du dernier empereur russe. Les analyses ADN effectuées à Iekaterinbourg et à Moscou ont confirmé notre hypothèse. Une fois ces expertises terminées, leurs résultats seront comparés à ceux de nos collègues étrangers[9]. »
Le , les analyses génétiques effectuées par un laboratoire américain ont établi que les restes provenaient bien du tsarévitch Alexis et de sa sœur, la grande-duchesse Maria[10]. Ceci a été confirmé en 2019 par le Laboratoire d'identification de l'ADN des forces armées américaines de Rockville-Maryland.
Le , jour anniversaire de la naissance de la grande-duchesse Olga Nikolaïevna de Russie, un monument d'une hauteur de 2,9 mètres et d'un poids de deux tonnes a été inauguré dans le monastère de Ganina yama près d'Iekaterinbourg en Oural. Le métropolite Vikenti de Tachkent a présidé la cérémonie, précédée d'une liturgie. Consacré à la mémoire des enfants du dernier tsar de Russie, il est une œuvre du sculpteur russe Igor Akimov. Il représente les cinq enfants impériaux (Olga, Tatiana, Maria, Anastasia et Alexeï) descendant du paradis. Un monument dédié au tsar Nicolas II de Russie et à son épouse avait été inauguré dans le monastère Ganina Iama quelque temps auparavant[11].
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