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aire protégée en milieu marin De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Une aire marine protégée (AMP) est un espace délimité en mer afin d’assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associés[2]. Il s'agit d'un exemple possible de stratégie de conservation utilisée dans la gestion des ressources naturelles[3].
Outre cet objectif premier de conservation de la nature, les AMP peuvent être créées pour répondre à différents objectifs :
Le concept a été généralisé par la Convention sur la diversité biologique (CDB). L’objectif C.11 d'Aichi (adopté à la Convention sur la diversité biologique en octobre 2010), était d'atteindre 10 % de la surface océanique avec un statut de protection :
« D’ici à 2020, au moins 17 % des zones terrestres et d’eaux intérieures et 10% des zones marines et côtières, y compris les zones particulièrement importantes pour la diversité biologique et les services fournis par les écosystèmes, sont conservées au moyen de réseaux écologiquement représentatifs et bien reliés d’aires protégées gérées efficacement et équitablement et d’autres mesures de conservation efficaces par zone (AMCEZ), et intégrées dans l’ensemble du paysage terrestre et marin. »
Le nombre et les surfaces couvertes par les AMP dans le monde a connu une augmentation importantes ces vingt dernières années. En 2000, on comptait 4600 AMP dans le monde couvraient 0,6 % de la surface des océans, (contre 9 % des surfaces terrestres)[4]. En novembre 2022, ce chiffre était de 18 448 aires marines protégées couvrant 8,16 % des mers du globe[5].
Les réglementations des activités maritimes et les niveaux de protection sont très variables selon les types d'AMP, les États et ou les zones géographiques[6]. L'UICN, a proposé six catégories d'aires protégées fonction du niveau de protection allant des niveaux les plus forts de protection qui peuvent règlementer voire interdire toute activité, jusqu'au statuts les moins protecteurs n'apportent aucune contrainte réglementaire[2]. Le guide AMP propose quant à lui quatre catégories basées sur les activités autorisées au sein de l'AMP[7].
Malgré une croissance très rapide du nombre et des surfaces en AMP, les zones « complètement protégées » restent peu nombreuses et de petite taille[6].
Pour illustrer la diversité des statuts, rien qu'en Méditerranée, il existe pas moins de 54 types d'AMP différentes, avec des niveaux de protection et des chaînes de responsabilité extrêmement variés[8].
Les réglementations qui régissent les activités maritimes sont établies par les autorités compétentes, nationales, régionales ou locales selon les cas. Elles sont évolutives et peuvent s'adapter à de nouveaux problèmes. Par exemple à Saint-Martin aux Antilles : les scooters de mer ont récemment été interdits par décret[9].
L'évaluation de l'efficacité des AMP repose sur des suivis scientifiques et le calcul d'indicateurs.
Les services s'occupant du littoral au sein de l'administration américaine des Océans et de l'atmosphère (NOAA) ont assemblé un inventaire d'outils d'aide à la décision pour AMP basé sur le SIG[11]. En France, l'Office français pour la biodiversité développe également un « catalogue des indicateurs » utilisé dans les parcs naturels marins notamment.
L'efficacité des AMP varient grandement en fonction de la taille et des niveaux de protection[12].
Les réserves marines(en) intégrales ont des effets positifs directs sur les écosystèmes et les populations protégées en entraînant notamment une augmentation de l'abondance des ressources qui sont présentes, leur biomasse, la taille moyenne des organismes et la richesse spécifique[13],[14]. Si les conditions biologiques sont favorables, elles peuvent également accroître la productivité des zones péchées aux alentours des réserves par le biais des mouvements des larves, des juvéniles et des individus adultes à l'extérieur de ces aires protégées. Cette exportation de biomasse vers les zones non protégées, appelée effet spillover (en)[15] ou effet de débordement[16], grâce à la dispersion des œufs et des larves par les courants marins, au déplacement des juvéniles et des adultes des espèces sédentaires ou migratrices, peut recouvrir une longue distance (supérieure à 40 km)[17].
Un examen scientifique exhaustif[18] des données disponibles sur l'efficacité des réserves créées sur la Grande Barrière de corail, publié en 2010 a montré que la mise en réserve naturelle était efficace pour la protection et restauration des espèces, mais plus pour les petites espèces peu mobiles, inféodées aux récifs que pour les espèces plus mobiles telles que les requins. Les réserves semblent aussi améliorer la santé globale de l'écosystème et sa résilience écologique, même dans ce cas face à l'étoile de mer invasive, qui semble moins fréquentes sur les récifs ou tout prélèvement est interdit. Les réserves nécessitent cependant d'être bien surveillées, car le braconnage peut y causer un effondrement de la population de poissons[18]. Quand elles jouent leur rôle, elles présentent donc un intérêt pour la pêche durable et la conservation de la biodiversité[18]. L'application des principes généraux (bonnes pratiques) de la conservation semblent donner de bons résultats, même là où on manquait de données (pour le dugong par exemple. L'augmentation du réseau des réserves marines en 2004 a eu un impact pour les pêcheurs, mais des études préliminaires d'analyse économique suggèrent des bénéfices nets considérables, sur le plan de la protection des valeurs environnementales et du tourisme. Relative aux recettes générées par le « tourisme de récif », les dépenses courantes en matière de protection sont mineures. « Compte tenu des menaces graves induites par le changement climatique, l'extension du réseau de réserves marines fournit une contribution essentielle et rentable à l'amélioration des capacités de résilience de la Grande Barrière de Corail selon les auteurs de cette étude[18]. »
En 2016, l'Union internationale pour la conservation de la nature a adopté un objectif de « créer un océan réellement durable dont au moins 30 % de la superficie n’accueillera aucune activité extractive ». Ce réseau d'espaces protégés devrait inclure des éléments de tous les écosystèmes, avec une répartition harmonieuse des aires protégées pour efficacement préserver les espèces et pour faire face au changement climatique[19]. La bonne gestion des aires marines protégées pourrait alors atténuer les effets de « l’acidification, la montée des eaux, l’intensification des tempêtes, les changements dans la distribution des espèces, la baisse de productivité et l’appauvrissement en oxygène[20]. »
Certains pays déclarent des aires protégées théoriques mais dans lesquelles aucune contrainte ne s’impose : on peut tout aussi bien y pratiquer de l’extraction minière que de la pêche intensive, ces AMP sont appelées « papers parks » (« Parcs de papier » en Anglais)[21]. Certaines aires sont volontairement implantées dans des zones où la pêche industrielle est quasi-inexistante, ou peu intéressantes en termes de biodiversité, ce qui permet aux gouvernements de grossir artificiellement leurs chiffres sans risquer de conflits d'usage[22]. Un autre problème majeur auquel font face certaines AMP est la difficulté de surveiller efficacement des zones maritimes parfois très vastes contre le braconnage ; ainsi, nombre d'entre elles subissent une exploitation illégale de leurs espèces protégées en dépit de protections réglementaires[23]. Dans les terres australes françaises, la lutte contre la pêche illégale dans les eaux de la réserve nationale mobilise des bateaux de la Marine nationale, un système de surveillance par satellite ainsi que des albatros équipés de GPS qui permettent de détecter les bateaux illégaux[24].
En France, les moyens attribués à la surveillance des aires marines protégées sont très insuffisants. Celles en zone de protection forte occupent une surface située entre 0,5 et 1,5 % des AMP. Ainsi, « aussi aberrant que cela puisse paraître, en Europe la pression de la pêche est plus forte sur les zones marines protégées que sur celles non protégées car elles sont situées dans des endroits stratégiques », favorables à la reproduction des espèces, souligne Frédéric Le Manach, directeur scientifique chez Bloom[25].
Une étude sur les 100 plus grandes AMP du monde en 2024 (soit 89,2 % de la surface totale des AMP et 7,3 % des océans du globe)[10] indique que seulement un tiers des AMP dans le monde (soit 2,6 % de la surface des océans mondiaux) font l'objet d'une protection haute ou intégrale. Dans près de 37 % d'entre elles, les activités industrielles comme l'extraction minière ou la pêche au chalut, sont autorisées[26].
Les impacts des AMP sur les activités maritimes peuvent être positifs (pêche, activités de loisirs, tourisme, activités liées à la plage et activités scientifiques) ou négatifs (mariculture, exploitation des granulats marins, extraction de minéraux, de pétrole, de gaz et d'énergie)[27],[28],[29].
D'après un chiffrage économique de la valeur des océans et de leurs activités, publié par le World Wildlife Fund (WWF) en 2015, les mers du globe totalisent 24 000 milliards de dollars d'actifs, composés notamment de la valeur de la biomasse (stocks de poissons, corail, etc.) accumulée, et de celle des activités commerciales et de transport qu'elles supportent. Leur « produit marin brut » (PMB), bâti sur les mêmes critères que le produit national brut (PNB), estimé à 2 500 milliards de dollars, en ferait la septième puissance économique mondiale. La protection de ce capital est jugée rentable dans une seconde étude du WWF, confiée aux chercheurs de l’Université libre d’Amsterdam: la sauvegarde des milieux marins pourrait générer jusqu’à 920 milliards de dollars de bénéfices d’ici à 2050 et créer 180 000 emplois. Pour obtenir ce résultat, les aires marines protégées devraient être étendues jusqu’à représenter 10 % de la surface des océans d’ici à 2020 et 30 % d’ici à 2030[30],[31].
Environ 1/3 des pays riverains concernés sont européens (Chypre, Espagne, France, Grèce, Italie, Malte, Slovénie) ont déjà des aires protégées dans leurs eaux territoriales, mais sans atteindre les seuils de la CBD. L'Europe tente d'encourager la protection des milieux marins et des espèces par la création du réseau Natura 2000 en mer, les États ayant jusque mi- pour proposer leurs sites.
Relèvent ainsi de cette agence les :
Cette liste est complétée par l'arrêté du portant identification des catégories d'aires marines protégées entrant dans le champ de compétence de l'Agence des aires marines protégées[33]:
En 2007 la France adopte sa 1re stratégie nationale de création d’AMP qui vise à étendre son réseau d’AMP (alors moins de 1 % des eaux marines françaises) via la création de 10 parcs naturels marins dont le premier est créé l'année même en mer d'Iroise[34] et en la France a proposé 76 sites marins (sur 24 000 km²) au titre du réseau Natura 2000 en mer, répartis sur les différentes façades maritimes. Ces sites ont été inclus dans le réseau Natura 2000 français.
La DCSMM et le « Grenelle de la mer », lancé en 2009 donnent une impulsion décisive au développement des aires marines protégées en France, en métropole et outre-mer. Les objectifs de la politique maritime française sont énoncés dans la stratégie nationale pour la mer et les océans[35], adoptée par le comité interministériel de la mer de sur la base des conclusions du Grenelle de la mer. En matière d'aires marines protégées, la France se fixe pour objectif de porter leur superficie à 10 % des zones sous juridiction française d’ici 2012, et 20 % d’ici 2020, dont la moitié en moyenne globale en réserves ou cantonnements de pêche.
Dans ce cadre le Gouvernement français a installé trois nouveaux parcs naturels marins, dont deux dans l’Océan Indien (Mayotte en 2010, îles Glorieuses en 2012) et un dans le Golfe du Lion en 2011 et mis à l'étude 4 autres parcs (Golfe normando-breton, Martinique, Estuaires picards et bassin d’Arcachon). Il a également créé le le parc national des Calanques, dont 80 % de la superficie est en mer.
Enfin, un Groupement d’Intérêt Scientifique « Fréquentation, Usages et Gouvernance des aires marines protégées » a été lancé les 8 et [36], après un bilan sur ces thèmes fait à échelle nationale[37]. Les sciences citoyennes sont invitées à participer, via notamment un réseau des observateurs en plongée[38] et une opération « 20 000 yeux sous les mers »[39].
Révision de la stratégie : .
La stratégie française pour les aires protégées 2030, adoptée en 2021, porte pour la première fois une approche intégrée terre-mer en s’appuyant sur des objectifs qualitatifs et quantitatifs.
La stratégie se fixe comme objectifs de :
• couvrir au moins 30 % du territoire national terre et mer sous juridiction, en aires protégées ;
• couvrir 10 % du territoire national en protection forte.
En Polynésie française, l'aire marine de Tai Nui Atea est qualifiée de « gérée ».Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
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