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affaire criminelle française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'affaire Dunand ou affaire du tortionnaire d'Appoigny[1] est une affaire criminelle française qui s'est déroulée à Appoigny dans l'Yonne. Dans les années 1980, Claude Dunand, avec son épouse Monique, organisent un réseau sadomasochiste où ils proposent à des clients de torturer des personnes contre rémunération[2] dans la cave de leur pavillon[1].
Claude Dunand et son épouse Monique (née Michaud) se sont rencontrés à Paris. Ils vont vivre quatre ans au Sénégal où Claude Dunand officie comme cadre commercial. Le couple retourne à Paris où il fréquente des clubs échangistes, avant de tenir un bar à proximité de Seurre (Côte-d'Or) rapidement fréquenté par des prostituées rabattues par Monique Dunand selon son mari. Le couple s'installe en Normandie où Claude Dunand travaille chez un concessionnaire de camions[3].
C'est en 1979 que le couple s'installe dans l'Yonne, tout d'abord rue Joubert à Auxerre, puis à Migennes un an plus tard, pour ensuite acquérir en 1982 le pavillon à Appoigny, sis au 12 allée des Violettes. Le pavillon est situé au fond de l'allée, à moins d'une centaine de mètres de la départementale 606, ce qui permettait aux clients de venir facilement en étant déposé en voiture ou en taxi le long de la route avant de rejoindre le pavillon des Dunand à pied[4].
Monique Dunand se prostitue sous la protection du gérant, un certain René Brossard – un ancien proxénète – du restaurant « Le Saint-Fiacre », situé à deux pas de leur pavillon[5].
Claude, quant à lui, commence comme chauffeur de car, tout comme un certain Émile Louis, puis travaille pour une entreprise de surgelés (VRP ou chauffeur-livreur selon les sources).
Le couple Dunand, « sans histoire »[6], organise au début des années 1980 des séances de « divertissements […] sadiques »[6] sur des jeunes femmes issues de la Direction départementale des Affaires sanitaires et sociales (DDASS)[1] dont la disparition inquiète peu. La cave du pavillon est transformée en salle de torture[6].
Une première, Huguette, est piégée et séquestrée à partir du , en répondant à une annonce publiée deux jours plus tôt dans l'Yonne Républicaine. Une deuxième victime, Mickaëlla, est piégée début janvier 1984. Les deux jeunes femmes subissent de la part des clients du couple diverses tortures et violences sexuelles extrêmes. Une troisième victime, Isabelle, une prostituée, est piégée avant Huguette et Mickaëlla, puis est libérée des Dunand grâce à l'intervention d'un de leurs clients, Christian Grima, qui les menace d'alerter la police. Lors du procès, un autre client évoque une quatrième victime, dont Claude Dunand se serait débarrassée.
Une des victimes, Huguette, séquestrée depuis plusieurs mois[2], parvient à s'enfuir le du pavillon des Dunand et elle donne l'alerte[1]. Dans sa fuite, elle récupère des photographies et des carnets d'adresses des clients[1].
Alors que le médecin qui examine Huguette prévient le 20 janvier le procureur René Meyer, étrangement, ce dernier ne demande l'intervention de la police que le [7]. C'est une équipe du SRPJ de Versailles, qui arrête les Dunand, et non pas la police locale ou encore la Gendarmerie.
Aux policiers, Huguette précise le type de tortures pratiquées : brûlures de cigarettes, brûlures au chalumeau, viols[1] ou encore éventrations[2].
Mickaëlla est sauvée du pavillon par les policiers lors de l'intervention qui suit[2]. Le nombre de victimes n'est pas connu mais on peut supposer que plusieurs d'entre elles sont mortes dans l'anonymat[2].
Les carnets saisis révèlent une cinquantaine de clients, dont seulement quatre sont identifiés.
L'un d'eux, Paul Lefort, décède quelques mois plus tard en juin 1984 d'une crise cardiaque. Un autre, Georges Ethievant, meurt également d'une crise cardiaque en février 1990. Le troisième client, Christian Grima, qui avait permis la libération d'Isabelle, est arrêté.
Le dernier client identifié, pseudonyme "Monsieur Joseph", n'est pas inquiété, ses amis ayant donné des alibis aux enquêteurs. Il bénéficie d'un non lieu du juge d'instruction Jacques Bourguignon.
Si la recherche d'un réseau n'est jamais étudiée, le profil de Claude Dunand et son épouse montre qu'ils déménageaient souvent à la recherche de pavillons isolés[2]. Les Dunand auraient ainsi déménagé quinze fois.
Plusieurs carnets et documents sous scellé disparaissent lors de l'enquête[7],[8].
Claude Dunand explique également aux policiers qu'il pratiquait ses activités criminelles depuis quinze ans[9].
Après six ans de détention préventive, Claude Dunand recouvre la liberté grâce à un vice de procédure ainsi qu'à l'aide d'un certain Georges Fritsch, visiteur de prison et membre de la Fraternité Notre-Dame, une association de réinsertion des détenus. En décembre 1989, ce dernier écrit au garde des Sceaux Pierre Arpaillange par l'intermédiaire de Jean-Pierre Soisson, alors ministre et maire d'Auxerre, qui transmet sa lettre[10] et Dunand est libéré dans les semaines qui suivent, le 6 janvier 1990[3].
Selon le substitut du procureur de la République d'Auxerre, Daniel Stilinovic, l'affaire « a été sabotée »[8].
Claude et Monique Dunand sont condamnés le pour « commerce, proxénétisme, sadomasochisme et actes de barbaries »[1].
Le premier à la réclusion criminelle à perpétuité[2] mais sans période de sûreté ce qui permet sa remise en semi-liberté dix ans plus tard ; la seconde à cinq ans de prison[1].
L'un des clients identifiés, Christian Grima, est condamné à six mois de prison ferme[1]. Les autres clients du réseau ne seront pas inquiétés, les Dunand ne révélant jamais leurs noms et les carnets d'adresses ayant « étrangement » disparu[1],[2],[11].
Plusieurs décès vont frapper les accusés et les victimes.
Tout d'abord, Monique Dunand décède accidentellement en faisant une chute dans les escaliers en 1997.
Ensuite, la troisième victime, Isabelle, décède en octobre 1998, apparemment empoisonnée. Elle n'avait pu se rendre au procès d'octobre 1991 à la suite d'un étrange accident de voiture[4].
Christian Grima tue sa femme Brigitte Charot, fille d'un industriel local, à la carabine de chasse avant de retourner l'arme contre lui le 9 juin 1999. Il décède à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre le 23 juin 1999 [9]. La presse locale mentionne alors son implication dans l'affaire Dunand[12].
Claude Dunand est finalement relâché en juin 2001.
Les différentes sources indiquent que Dunand aurait été l'homme de main d'un réseau criminel qu'il appelait l'Organisation dont certains membres et clients appartenaient à un milieu social aisé. Dans l'interview qu'il donne le 30 avril 2002[3] , Dunand évoque des chefs d'entreprise, et même un « homme politique nationalement connu » parmi ses clients.
Il meurt à Mulhouse le à l'âge de 87 ans sans jamais avoir indemnisé ses victimes, ayant pris soin d'organiser son insolvabilité[6].
À la même période, le département de l'Yonne est marqué par d'autres disparitions inquiétantes de femmes issues de la Direction départementale des Affaires sanitaires et sociales (DDASS)[2]. L'affaire se révélera être les crimes du tueur en série Émile Louis. Le gendarme Christian Jambert travailla sur les deux affaires.
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