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Adrianus Valerius, latinisation d’Adriaen Valéry, aussi Adriaen Valerius, né entre 1570 et 1575 à Middelbourg et mort le à Veere, est un poète et compositeur de la république des Sept Pays-Bas. De nos jours, Valerius est surtout connu pour ses poèmes traitant de la vie bourgeoise et du patriotisme, et ses chansons de gueux sur la guerre de Quatre-Vingts Ans.
Alias |
Adriaen Valéry Adriaen Valerius |
---|---|
Naissance |
entre 1570 et 1575 Middelbourg Pays-Bas espagnols |
Décès |
Veere Provinces-Unies |
Activité principale |
Langue d’écriture | néerlandais |
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Mouvement | Renaissance |
Genres |
Valerius est le fils de François Valéry, un notaire, fonctionnaire des douanes et huguenot d'origine française, qui obtint un poste de commis judiciaire en 1592 chez Pieter van Reigersbergh, bourgmestre de Veere en Zélande. Six ans plus tard, Adriaen Valerius sera nommé douanier et péagiste à Veere, début d'une brillante carrière en tant que citoyen et patricien de cette ville. Après son mariage avec la fille du bourgmestre en 1605, il fut promu percepteur d'impôts. Plus tard, il devint membre du conseil communal et bourgmestre de Veere[1].
Valerius fit preuve de ses mérites de poète par sa participation à un important recueil, le Zeeusche Nachtegael (Le Rossignol de Zélande), publié en 1623, en collaboration avec d'autres.
Cependant, son œuvre principale est la collection de chansons de gueux avec airs notés dans son Nederlandtsche gedenck-clanck (Hymne commémoratif des Pays-Bas) traitant de la guerre de Quatre-Vingts Ans. Cette guerre ayant duré de 1568 à 1648, Valerius en donne l'état des choses jusqu'à peu avant sa mort, car le recueil fut publié à Haarlem un an plus tard, en 1626, par les bons soins de son fils François. Imprégné de la morale calviniste et d'une croyance chiliastique, l'ouvrage devait devenir un pamphlet militant anticatholique et anti-espagnol par excellence. Le livre raconte l'histoire de l'insurrection, hormis par quelques chansons de gueux adaptées, essentiellement complétée par des chansons dont il écrivait lui-même les paroles. Les chansons, toutes sur des airs préexistants mais adaptés et pourvus d'une tablature de luth et de cistre par Valerius lui-même, connurent un succès limité, mais tombèrent ensuite dans l'oubli. Elles gagnèrent en popularité à partir de la fin du XIXe siècle comme chansons patriotiques. La chanson la plus connue du recueil est le Wilhelmus, une chanson de gueux plus ancienne, dont l'origine remonte jusqu'au début de la révolte. La chanson de gueux devint l'hymne national des Pays-Bas ainsi que le plus ancien chant officiel et officieux d'un État représenté au sein des Nations unies. En outre, les chansons Merck toch hoe sterck (Voyez combien il œuvre avec puissance) et Waer dat men sich al keerd of wend (Où que l'on aille) sont encore bien connues aujourd'hui. Valerius cherchait ses mélodies dans le répertoire populaire de chansons néerlandaises à la mode et de chansons et de danses d'origines anglaise, française, italienne, allemande et même espagnole[2].
Déjà peu après sa publication posthume, le Gedenck-clanck de Valerius tomba dans l'oubli jusqu'à ce que le réveil nationaliste du XIXe siècle l'en retire. La signification historique d'un Valerius ne résulte ni de ses qualités poétiques, désormais considérées comme artificielles, ni du caractère original d'une œuvre censée dériver d'un canon stylistique, mais du fait que son recueil est le miroir de son époque et des coutumes et des mœurs de son temps. Le recueil est imprégné d'un sentiment identitaire patriotique néerlandais, qui lui confère le statut de symbole privilégié dans des temps troublés, comme sous l'occupation allemande des Pays-Bas, ce qui lui valut de se faire adopter par la résistance.
En dehors de chansons profanes, Valerius écrivait plusieurs hymnes chrétiens, toujours chantés dans certaines Églises des Pays-Bas. Dans le Recueil de psaumes et cantiques à l'usage des Églises (Liedboek voor de Kerken), ce sont :
Les hymnes marqués d'un astérisque (*) sont écrits par Valerius lui-même.
La popularité du recueil de Valerius en Allemagne mérite que l'on s'y attarde. Wilt heden nu treden voor God, den Here (Veuillez maintenant paraître devant Dieu, le Seigneur) avait du succès, surtout grâce à l'engagement personnel de l'empereur Guillaume II, dans la traduction allemande de Josef Weyl (1821-1895) et l'arrangement du compositeur viennois Eduard Kremser (1838-1914) comme Wir treten zum Beten vor Gott, den Gerechten (Nous avançons en implorant la bénédiction de Dieu). Cette dernière chanson (devenue, dans l'adaptation anglaise, We Gather Together) ou l’Altniederländisches Dankgebet (Vieille Prière d'action de grâces des Pays-Bas) devinrent de puissants symboles de l'alliance entre le trône et l'autel dans l'expérience civile religieuse allemande (la « Thron–und–Altar–Zivilreligion », la religion civile de l'Empire jusqu'en 1918). La chanson fut insérée dans le répertoire du Großer Zapfenstreich, le grand tattoo allemand, et était souvent jouée à l'occasion de manifestations à caractère exceptionnel[4].
Sous le régime national-socialiste, la chanson était sciemment intégrée dans les spectacles de masse afin de créer une atmosphère sacrée et d'exprimer la continuité, voulue par Dieu, du Troisième Reich comme prolongation de l'Empire allemand. Ce fut, entre autres, le cas le , après le discours d'Adolphe Hitler à Vienne, comme l'indique le programme :
« Gott, der Gerechte » (le Dieu de justice) devint métaphorique pour désigner la « Vorsehung » (la prévoyance), et la chanson servait d'encouragement. En tant que tel, elle figure dans des films comme Fridericus Rex ou Kolberg (1944) – ce dernier du réalisateur allemand Veit Harlan[6] – ainsi que dans Stalingrad (1993) de Joseph Vilsmaier.
Depuis sa redécouverte au XIXe siècle, Wilt heden nu treden trouva rapidement des adeptes en Angleterre et aux États-Unis. We Gather Together (Nous nous réunissons), la traduction de Theodore Baker (1894), devint incontournable dans le répertoire de chansons du jour de Thanksgiving[7]. En 1902, Julia Bulkley Cady Cory en fit une nouvelle traduction : We Praise Thee, O God, our Redeemer (Nous te louons, ô Dieu, notre Rédempteur)[8].
Si, en raison de la récupération par le national-socialisme, la chanson est aujourd'hui devenue suspecte en Allemagne et y est à peine connue en dehors de son usage traditionnel dans l'armée lors des vœux (tout comme dans le passé), on peut tout de même encore l'écouter de nos jours aux États-Unis dans de nombreuses harmonisations, entre autres le 4 juillet, à l'occasion du jour de Thanksgiving, dans l'interprétation des Boston Pops.
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