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abbaye située en Seine-et-Marne, en France De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'abbaye du Pont-aux-Dames était un monastère cistercien fondé en 1226 et dissout en 1790. L'abbaye, qui est aujourd'hui détruite, était située à Couilly-Pont-aux-Dames, dans l'actuel département de Seine-et-Marne, en France.
Diocèse | Meaux |
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Fondation | 1226 |
Dissolution | 1790 |
Congrégation | Ordre cistercien |
Coordonnées | 48° 58′ 45″ N, 2° 51′ 52″ E |
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Pays | Royaume de France |
Province | Brie |
Région | Île-de-France |
Commune | Couilly-Pont-aux-Dames |
L'abbaye est fondée en 1226 par Hugues Ier de Châtillon (fin du XIIe siècle-1248) et par sa seconde épouse Marie d'Avesnes (1200-1241)[1]. Ce seigneur et son épouse dotèrent généreusement cette abbaye qui fut installée au début près du pont de Couilly-Pont-aux-Dames dans les bâtiments de la Maison-Dieu, puis trois ans plus tard fut transportée au hameau de Rus sur le fief de Crécy, dont le seigneur était gardien et avoué de l'abbaye. Une des chartes données par le seigneur précise qu'il leur donne les fours de Couilly et interdit aux habitants d'en posséder un, leur soumettant l'obligation de cuire dans les fours de l'abbaye[2]. Les premières religieuses qui peuplèrent l'abbaye venaient de l'abbaye Saint-Antoine-des-Champs, sous l'abbatiat d'Amicie Ire[3]
Un différend ne tarde pas à s'élever au sujet du droit paroissial et de la perception des dîmes que le curé prétendait exercer et percevoir. La difficulté fut tranchée par le jugement de Pierre de Cuisy, évêque de Meaux, que les deux parties prirent pour arbitre. Pour les dîmes, il fut décidé que les jardins qu'elles cultivaient elles-mêmes et les biens qu'elles viendraient à acquérir dans le dimage du curé seraient exemptés en vertu du privilège de la règle de leur ordre. Pour les enterrements de ceux souhaitant être inhumés dans l'enclos du cimetière de l'abbaye, leur corps devait préalablement être porté à l'église paroissiale où était dite une messe. Les legs par les défunts au curé de Couilly et à tous autres étaient respectés. Le curé renonçait au droit paroissial dans l'église des moniales et dans leur enclos, ainsi qu'à toutes oblations. Il ne se réservait que les baptêmes et les fiançailles[4].
Au début, la supérieure avait le droit de confesser ses filles, mais cela disparut en 1228. L'abbaye reçut la collaboration de trois religieux :
Ils étaient pris dans l'ordre et commissionnés par l'abbé général, et logeaient dans un bâtiment un peu à l'écart. Ils ne pouvaient être envoyés dans un couvent qu'après une année de noviciat et c'est l'abbesse elle-même qui leur donnait l'investiture. Ils devaient être de bonne vie et de mœurs irréprochables.
En 1231, Marie d'Avesnes approuve, confirme et ratifie les donations faites par son époux aux dames du Pont. Le droit féodal ne permettant pas au possesseur d'un fief de le diminuer sans l'agrément de son seigneur dominant, Hugues de Châtillon reçut en 1231 une charte de Thibault IV, comte de Champagne, approuvant et confirmant les donations faites à l'abbaye. En 1234 le pape Grégoire IX dispense les abbayes de l'ordre de Cîteaux de payer aucune redevance sous prétexte de patronage, advocatie, ou garde-gardienne, et défend aux évêques de se mêler des élections, installations, punitions, dépositions des abbés ou abbesses. Les monastères de l'ordre étaient déjà depuis 1132 exempts de la juridiction épiscopale et dispensés de payer les dîmes sur leurs terres par bulles d'Innocent II.
En 1239, les fondateurs constituèrent une rente annuelle et perpétuelle de 13 muids de grain au profit de l'abbaye Notre-Dame de Cercamp fondée par Hugues III de Campdavaine[5], ils stipulèrent comme condition expresse que les moines de leur côté enverraient à l'abbaye du Pont-aux-Dames 10 000 harengs et trois pots de beurre à l'abbaye du Pont. La redevance des trois pots de beurre fut rachetée, moyennant une rente de 6 muids de vin vermeil que les moines possédaient dans le vignoble de Crécy et qu'ils cédèrent à l'abbaye du Pont par une charte du . La redevance des harengs fut rachetée plus tard moyennant une rente de 140 livres qui fut payée régulièrement jusqu'en 1789.
Cette même année 1239, au mois de février, l'abbaye fut transférée de l'endroit qu'elle occupait dans les vieux bâtiments aux bord du Morin vers le hameau de Rus afin de ne plus souffrir de l'humidité, des crues du Morin et de bâtiments exigus et vétustes sur les conseils de l'évêque et de leurs fondateurs. L'enclos existe toujours, il mesurait 15 arpents environ, traversé par le ru de Champigny, limité au couchant par le chemin qui conduit de Saint-Germain à Villiers, et pour les autres côtés, au nord par la grande route nationale, au midi par le chemin des Voyeulx, au levant par le chemin qui de la grande route conduit au moulin de la Saulx, et au hameau de Martigny. Les religieuses firent l'acquisition de biens situés à l'intérieur de leur enclos par deux chartes de vente et une charte de donation passées devant l'official de Meaux en 1243 et 1247[6]. Les religieuses conservaient la propriété de leur ancienne demeure et par faveur spéciale restèrent administratrices de l'Hôtel-Dieu. Leur nouvel enclos était exempt du droit paroissial. Le pape Innocent IV déclare en 1245 que les monastères de l'ordre de Cîteaux ne pourront être visités que par des abbés ou des religieux de l'ordre.
Gaucher IV de Châtillon-Saint-Pol[7] confirme lors du partage de 1247 des terres et titres entre les enfants d'Hugues V et Marie d'Avesnes, les dons que son père a faits à l'abbaye du Pont-aux-Dames. En 1254, le pape Alexandre IV confirme et complète la bulle d'Innocent IV et dit que les monastères de l'ordre seront dispensés de payer aux évêques aucun droit de visite ou de procuration. L'année suivante, il autorise les religieux et religieuse de cet ordre à construire dans leurs granges et fermes des autels, et des chapelles pour y célébrer le service divin.
En 1478, le cardinal Jean Rolin (1408-1483) , évêque d'Autun, accorde cent jours d'indulgence à ceux qui contribueraient au rétablissement de l'église de Pont-aux-Dames. Les fidèles accourent et rapidement les sommes récoltées permirent même de réparer les bâtiments conventuels
Le s'ouvrit le Concile de Trente dont le but était de combattre l'hérésie, de rétablir la paix entre les princes chrétiens et de réformer la discipline ecclésiastique, ainsi que les mœurs. Il recommande donc la stricte observance des trois vœux à savoir : obéissance, pauvreté, chasteté et ordonne aux visiteurs d'y veiller. Renouvelant la Constitution Periculoso du pape Boniface VIII (1298), le concile enjoint tous les évêques, sous menace de malédiction éternelle de faire rétablir la clôture religieuse dans tous les endroits où elle n'était pas respectée. Il fait défense à quiconque de pénétrer dans l'enclos sans l'autorisation écrite de l'évêque sous peine d'excommunication. Nulle ne pouvant être élue abbesse ou officières à moins qu'elle n'ait 40 ans et 8 ans de profession ou en cas d'impossibilité avoir plus de 30 ans et 5 ans de profession avec une conduite sage et réglée.
Le concile décrète que tous les monastères soumis directement au Saint-Siège seront gouvernés par les évêques en qualité de délégué du pape. En plus du confesseur ordinaire, l'évêque ou le supérieur de l'ordre, se présentera deux ou trois fois l'an pour entendre les religieuses en confession. Il est précisé qu'il n'est pas possible de prononcé des vœux avant l'âge de 16 ans accomplis et une année de noviciat, et qu'elle ne pourra faire profession sans avoir été au préalable examiné sur sa volonté et savoir si elle sait ce qu'elle fait, si elle n'est pas contrainte. Elle a cinq ans pour demander la résiliation de ses vœux, si elle dit avoir été forcée. Les dispositions de ce concile autorisent les monastères à avoir des biens fonds, ce qui est contraire à l'autorité du roi lequel était souverain temporel en son royaume, tout comme le droit aux moniales d'élire leur abbesse, contraire au droit que Léon X avait donné au roi lors du Concordat de Bologne le 18 août 1516. Ces dispositions seront la source d'interminables conflits.
En 1623 l'ensemble des bâtiments de l'abbaye est considérablement agrandi.
Plusieurs réformes furent instituées au cours de la première moitié du XVIIIe siècle dont :
Celle du défendant aux gens de main-morte de passer leurs baux sous signatures privées, mais devant notaires, qu'ils soient contrôlés et payés sur le pied du tarif.
Puis la Déclaration de 1715 considérant que l'ordonnance de juin 1680 sur les Aides, et celle du mois de juillet 1681 sur la régie des fermes s'appliquent à toutes les communautés religieuses des deux sexes, dit qu'elles ne sauraient prétendre être exemptées du paiement des droits et dit que ces ordonnances seront exécutées selon leur forme et leur teneur, et qu'elles ne pourront prétendre jouir d'exemptions de droits que celles accordées par les ordonnances au clergé du royaume.
le paraît une Déclaration dispensant les communautés religieuses de payer un nouveau droit d'amortissement, quand, à l'expiration d'un bail emphytéotique, elle rentrent en possession de biens anciennement amortis. Puis le 21 novembre de la même année une autre Déclaration ordonnant qu'à l'avenir le droit d'amortissement des héritages que les gens de mainmorte acquerraient par vente, don ou autrement, soit dans la mouvance du roi soit dans celle des seigneurs particuliers serait payé, à raison du cinquième de la valeur des biens tenus en fiefs et du sixième de ceux tenus en roture
Enfin le un arrêt du conseil fait défense à toutes les communautés religieuses ou autres de défricher aucun de leurs bois, futaies, ou taillis sans la permission du roi à peine de 3000 livres d'amende pour chaque arpent de futaie, de 300 livres par arpent de taillis, et d'être tenus de rétablir les lieux en bois à leur frais et dépens.
L'abbaye devient bien national à la Révolution, où vendue en novembre 1792, elle subit des dégâts. L'armée prend possession des lieux et la saccage. Le , l'endroit est acheté par Pierre Roëser de Crécy-en-Brie[8]. Aujourd'hui, on trouve à son emplacement, la Maison de retraite des artistes de Pont-aux-Dames, achevée en 1905[9].
La Communauté des religieuses du Pont-aux-Dames porte :
« d'azur à un pont d'argent sur une rivière de même, et sur ce pont une Vierge aussi d'argent, ayant sur son bras senestre le petit Jésus, qui tient en sa main une palme de même »[10]
La nouvelle église avait un pignon simple auquel faisait suite un clocher semblable à celui de l'église paroissiale. La porte principale en direction du cloître, était surmontée d'une rosace, avec à droite une petite porte latérale. Sur la façade les religieuses avaient fait poser en lettres dorées le nom de leur fondateur dont les armoiries étaient représentées sur les vitraux.La voûte et les fenêtres étaient en ogives, et la toiture recouverte de tuiles. L'ensemble réalisé dans la plus stricte simplicité sans aucune ornementation. L'église avait 140 pieds de long et 58 de large, comprenant deux chœurs. À l'extrémité de la nef, le chœur d'en-bas, ou chœur des prêtres, était fermé par une grille. Au chevet de l'église et derrière ce chœur, le chœur d'en-haut, ou chœur des religieuses, était élevé de deux ou trois marches au-dessus du sol, et était sûrement fermé également par une grille. Sous ces deux chœurs existait une crypte dont l'entrée était dans le chœur d'en-bas[11]. Le chœur des nonnes était séparé de l'église par une grille et se trouvait dans un petit bâtiment contigu qui sera plus tard transformé en sacristie. Tel était l'aspect de l'église aux XVIIe siècle et XVIIIe siècle, et qui avaient dû subir des réparations et transformations au cours des XIVe siècle et XVe siècle.
Gui de Châtillon-Porcien, seigneur de Pontarcy, frère aîné de Hugues, fonda deux chapelles dans l'église de Notre-Dame du Pont[12]. Pour leur entretien, il assigna 10 muids de blé à percevoir sur le moulin de Claye et 10 livres provinoises sur les revenus de la terre de Montgé[13].
Il y avait à Pont-aux-Dames deux cimetières l'un pour les gens de service et les employés, qui était situé à l'extrémité de l'enclos du côté de Crécy, et celui des religieuses près de l'église du côté du midi. L'inhumation à l'intérieur de l'abbatiale étant réservée à la noblesse, aux donateurs et aux abbesses.
Il y avait à l'intérieur de l'église abbatiale un grand nombre de gisants datant des XIIIe siècle et XIVe siècle, ceux des fondateurs et de quelques membres de leur famille. Deux de ceux-ci sont conservés à Paris au musée du Louvre. Gaucher III [21], Marguerite de Dampierre[22](l’épouse de son arrière petit fils Gaucher VI). Le musée du Louvre conserve également des statues de gisants d'enfants provenant de l'abbaye, dont celle de Jeanne de France, dite Jeanne de La Marche. La tête de cette statue, détachée en 1843, fut retrouvée en 1875 dans les réserves du musée et réunie au corps[23].
Dans le second emplacement de 1239, le monastère comprenait deux grands corps de logis liés ensemble et réalisés en maçonnerie ordinaire, l'un de ces corps de logis bordait le chemin du moulin banal avec le cloître. Au-delà de celui-ci se trouvait la bergerie. L'autre corps de bâtiment bordant la grande route servait à l'exploitation rurale. Parallèlement à ce bâtiment se trouvait l'église conventuelle avec sa façade tournée vers le cloître et le chevet du côté de Crécy. L'espace séparant l'église du bâtiment formait une cour dite cour extérieure par opposition à la cour conventuelle.
Elle était à l'usage du personnel de service et était entourée de plusieurs constructions destinés aux travaux agricoles. Le point de jonction des deux grands bâtiments formait un pan coupé sur le carrefour existant à l'intersection de deux voies publiques. C'est là que se trouvait l'entrée du couvent. Un passage voûté en pierre de liais de forme ogivale avec des moulures extérieures en formait l'entrée principale et donnait accès à la cour conventuelle.
Son accès était fermé par un portail en chêne à deux battants, garni de grosses têtes de clous et de ferrures historiés. À droite de ce portail, une petite porte donnait accès à l'intérieur du cloître.
Cette maison servait de façon habituelle d'établissement pénitentiaire où le gouvernement sur lettres de cachet envoyait pour quelque cause que ce soit, les femmes qu'il voulait punir. Les dossiers de ces prisonnières étaient en dépôt aux archives de la préfecture du département mais furent détruits lors de l'incendie de la préfecture de police en 1871 Elle reçut en 1467 :
L'abbesse administrait le temporel de son monastère, et cette tâche lui imposait des déplacements, des voyages fréquents, que nécessitaient les procès assez nombreux qui obligeaient à des expertises d'arpentage, et autres enquêtes qu'elle ne pouvait mener elle même en raison des problèmes techniques, de son sexe et de ses obligations spirituelles. C'est pour ces raisons que le supérieur de l'ordre envoyait dans chaque monastère de femmes un religieux convers, qui sous les directives de l'abbesse gérait les affaires de la communauté et rendait compte de son administration à l'abbesse et au visiteur. Vers la fin du XVIe siècle ou au début du XVIIe siècle on cessa d'employer des religieux convers, pour faire appel à des régisseurs laïques à qui furent donné le nom d'intendants. Certains nous sont connus:
Note : Hugues de Châtillon n'octroie aucun droit de justice et ne retient pas la foi sur les biens aumônés, or la foi constituant le fief, les biens ainsi donnés ne sont possédés que roturièrement.
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