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abbaye située dans l'Orne, en France De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L’abbaye de Saint-Évroult (également citée sous le nom d'abbaye d'Ouche) est une ancienne abbaye bénédictine construite sur l'actuel territoire de la commune de Saint-Évroult-Notre-Dame-du-Bois (Orne). Elle est en ruines et fait l'objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [1]. Des bénévoles de l'association Chantiers Histoire et Architecture Médiévales ont participé à son entretien au cours de l'année 2016[2].
Abbaye de Saint-Évroult | |
Vue des ruines de l'abbaye. | |
Présentation | |
---|---|
Culte | Catholique romain |
Type | Abbaye |
Protection | Classé MH (1967) |
Géographie | |
Pays | France |
Région | Normandie |
Département | Orne |
Ville | Saint-Évroult-Notre-Dame-du-Bois |
Coordonnées | 48° 47′ 26″ nord, 0° 27′ 50″ est |
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L'abbaye de Saint-Évroult[note 1] ou abbaye d'Ouche apparaît dans les textes rédigés en latin médiéval sous les formes Sanctus Ebrulfus Uticensis, c'est-à-dire abbaye Saint-Evroult d'Ouche ou tout simplement plus tard Sanctus Ebrulfus. Elle appartient au diocèse de Lisieux puis, après la Révolution, au diocèse de Sées. Elle est réputée pour avoir été fondée au VIe siècle[3] par saint Évroult sous le nom d’« abbaye d’Ouche », dont on trouve mention pour la première fois dans un diplôme de Charles le Simple en l'an 900 : monasterio que vocatur Uticus[4], c'est-à-dire d’Utica, du pays d'Ouche. Il y a cependant débat quant au siècle où vécut Évroult, dont les hagiographes optent plutôt pour le VIIe siècle[5].
Selon la version du VIe siècle, il jette les fondations de sa retraite dans la forêt d'Ouche en 567 et devient le chef de quinze monastères et de 1 500 religieux. Il place son couvent sous l'invocation de saint Pierre et sous la règle de saint Benoît[6].
Lorsque la tourmente des raids scandinaves s’abat sur la partie de la Neustrie amenée à devenir la Normandie, du milieu du IXe jusqu'au début du Xe siècle, le monastère d’Ouche semble avoir, selon toute vraisemblance, échappé à la fureur des Hommes du Nord, contrairement à la plupart des abbayes de l’actuelle Normandie[7]. En effet, Saint Evroult avait désiré fonder une communauté isolée du monde ; à l’écart des principaux axes de circulation et préservée par l’abri des profondes frondaisons de la forêt alentour, l'abbaye d'Ouche a ainsi été soustraite au pillage. Fait extraordinaire, elle conserve les reliques de son saint fondateur et de ses disciples, tandis que tous les autres monastères du diocèse de Sées, à l’image de la plupart de ceux de la province ecclésiastique de Rouen, comme Jumièges, se voient contraints de translater leurs trésors sacrés vers des régions épargnées par les incursions scandinaves. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce n'est pas des Vikings païens qu'est venu le coup fatal qui a abattu l'abbaye d'Ouche et signé la disparition de la communauté religieuse établie par saint Evroult pour une durée d'un siècle, mais des soldats chrétiens d'Hugues le Grand, duc des Francs.
Le monastère pré-normand est restaurée à partir de 1050 sous le vocable de saint Évroult par Guillaume Giroie et ses neveux Robert et Hugues de Grandmesnil, appartenant à deux importantes familles normandes : les Giroie, et les Grandmesnil. Ils reçoivent le soutien d’abbayes telles que l'abbaye Notre-Dame du Bec et l’abbaye de Jumièges. L'église est construite en 1050 et dédiée à la Vierge Marie, puis à saint Pierre et à saint Évroult, le .
Guillaume Giroie se retire à l'abbaye du Bec, confie à l'abbé Herluin la direction de Saint-Évroult, qui envoie Lanfranc comme prieur. Les dons se multiplient.
Pendant l'abbatiat de l'abbé Meinier qui reçoit en 1081, la deuxième et dernière reine normande Mathilde qui dote l'abbaye, l'édifice grandit et l'abbé voit avant de mourir en 1089, le cloître, la salle capitulaire, le réfectoire, le dortoir, les offices, la cuisine et les bâtiments communs protégés par des fossés et ouvrages de défense. En 1091, l'abbé Serlon d'Orgères devient évêque de Sées. Sous Roger du Sap, le nombre de moines passe de 80 à 115 et l'abbaye fonde une succursale, le prieuré Saint-Martin de Noyon-sur-Andelle en 1107, mais sur les 115 religieux, beaucoup prennent le chemin du diable, et des dissensions internes et externes avec les évêques et les seigneurs laïcs sont nombreuses. Saint-Évroult est au faîte de sa grandeur[8].
La richesse de l'abbaye suscite des convoitises, et, déjà, en 1392, un abbé commendataire, Guillaume II de Vergé, archevêque de Besançon et cardinal, a obtenu la commende, mais elle est révoquée par le pape Benoît XIII en 1395. En 1484, Jacques de l'Espinasse est le dernier abbé régulier, et après lui vont se succéder cardinaux, princes, archevêques, évêques, aumônier du roi qui ne s'occupent que d'accroître leurs profits. Cette mise en commende dépouille le monastère de ses plus importants privilèges, entraîne la perte d'émulation, du zèle pour l'étude et un relâchement de la discipline[11].
Les bénédictins de Saint-Évroult adhèrent à la réforme de la congrégation de Saint-Maur en 1628. Les prieurs mauristes nommés de 1675 à 1778 construisent et réparent l'abbaye. 1675 : construction de la bibliothèque, 1681 : réparation du dortoir, 1684 : beaucoup d'augmentations et de réparations, 1693 : décoration du réfectoire, 1708 : infirmerie, 1711 : décoration de l'hospice, 1723 : couverture des clochers en ardoises, 1729 : réparations, 1749 , l'hospice est terminé, 1755 : décoration de la sacristie, 1776 : jardin devant le grand dortoir, 1778 : sculptures dans le cloître[13].
Le , l'Assemblée nationale déclare les biens donnés à l'Église comme biens nationaux. Le prieur, le sous-prieur, dix profès et un frère convers quittent l'abbaye, l'abbé commendataire étant François Bareau de Girac, évêque de Rennes. En 1790, la municipalité de Notre-Dame-du-Bois obtient l'église abbatiale pour en faire son église paroissiale. Le , la tour du transept s'écroule et entraîne avec elle les voûtes et les arcades supérieures. L'abbaye est ruinée et ses pierres alimentent un four à chaux[14].
Si Orderic Vital, Serlon et Lanfranc ont marqué l'histoire de l'abbaye, elle est aussi connue pour ses copistes, Bérenger, Goscelin, Rodolphe, Bernard, Turquetil et Richard. Rodolphe Malcouronne, frère de Guillaume Giroye est instruit en grammaire, logique, astronomie et musique, Goisbert est un savant médecin. La bibliothèque de Saint-Évroult possède plusieurs manuscrits précieux des pères de l'Église qui sont consultés par les bénédictins pour leurs belles éditions[15].
L'abbaye de Saint-Évroult est une abbaye riche avec environ 30 000 livres de rente. Elle a le titre de baronnie, le droit de chasse et l'exemption du droit de Tiers-et-Danger dans la forêt de Saint-Évroult.
Deux châsses du XIIIe siècle de l'abbaye de Saint-Évroult sont classées Monuments historiques à titre d'objets[27].
Une châsse en forme de maison de 30 cm de longueur, 15 cm de largeur et 25 cm de hauteur est revêtue de plaques de cuivre doré sur lesquelles se trouvent, sur les deux faces, des feuilles d'argent avec des figures repoussées des douze apôtres. Sur le toit, un saint personnage est entouré de quatre évangélistes. L'ensemble est décoré de pierres rouges et bleues.
Une autre châsse, plus grande, de 45 cm de longueur, 18 cm de largeur et 30 cm de hauteur, est recouverte de plaques de cuivre et d'argent[28].
Un reliquaire du XIIIe siècle composé d'une ampoule en cristal de roche, recouvert d'une chape en vermeil où sont enchâssées des perles fines. L'ensemble mesure 13,4 cm de hauteur pour un diamètre d'ouverture de 4,7 cm et une largeur maximale de 6,4 cm[29].
Armoiries : burelé d'or et d'azur de 10 pièces, à l'escarboucle à huit rays, fleurdelysée, d'or, brochant sur le tout[30].
Sceaux :
2861 : Reginaldi, 1214, sceau ovale, 64 mm, l'abbé debout, crossé, tenant un livre, SIGILEM REGINALDI, ABBATIS SANCTI EBRULFO.
2862 : Nicolas, 1245, sceau ogival, 50 mm, l'abbé debout, tête nue, crossé, tenant un livre ouvert, accosté à gauche d'un buste monacal de profil, champ fretté, SIGILUM NICOLAI ABBATIS DE SANCTO EBRULFO, contre-sceau: l'abbé de la face à mi corps.
2863 : R…, 1444, ogival, 60 mm, dans une niche gothique, saint Évroult crossé, tenant un livre, au-dessous : l'abbé crossé.
2159 : Antoine Barberini, cardinal, évêque de Turculum, abbé commendataire de Saint-Évroult, 1657, ovale, 53 mm, un écu portant trois abeilles, une croix surmontée d'un chapeau de cardinal, devant: une croix de Malte, le tout, supporté par six anges[31].
Selon une liste fournie par le Gallia christiana[32] et le Normannia monastica[33].
Abbés réguliers :
Abbés commendataires :
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