Abbaye Sainte-Geneviève de Paris
abbaye située à Paris, en France De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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L'abbaye Sainte-Geneviève de Paris est une ancienne abbaye augustinienne, à Paris, dont plusieurs bâtiments sont conservés pour constituer l'actuel lycée Henri-IV.
Abbaye Sainte-Geneviève de Paris | ||||
Nicolas Ransonnette, L'abbaye de Sainte-Geneviève, Paris, Bibliothèque nationale de France. | ||||
Présentation | ||||
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Culte | catholique romain | |||
Type | abbaye | |||
Rattachement | archidiocèse de Paris | |||
Début de la construction | VIe siècle | |||
Style dominant | roman et gothique | |||
Date de désacralisation | 1790 | |||
Géographie | ||||
Pays | France | |||
Région | Île-de-France | |||
Département | Paris | |||
Ville | Paris | |||
Coordonnées | 48° 50′ 45,2″ nord, 2° 20′ 52,2″ est | |||
Géolocalisation sur la carte : 5e arrondissement de Paris
Géolocalisation sur la carte : Paris
Géolocalisation sur la carte : France
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Après avoir reçu de l'empereur Anastase, en 507, des lettres de patrice et de consul, Clovis décide de faire de Paris la capitale de son royaume. Il choisit pour sa résidence l'ancien palais des Thermes, habité jadis par les Césars romains. Ce fut alors que, cédant aux prières de la reine Clotilde et aux conseils de sainte Geneviève, il résolut de faire bâtir une église en l'honneur des saints Apôtres (car dédié aux apôtres Pierre et Paul), désireux sans doute de donner ainsi un témoignage éclatant de son attachement à la foi catholique[1].
L'emplacement qu'il choisit, peu éloigné de son palais, occupait le sommet du mons Lucotitius et dominait toute la rive gauche de la Seine, après avoir servi de cimetière aux païens, il avait conservé pour les Gallo-Romains convertis la même destination et, selon toute vraisemblance, d'anciennes ruines y rappelaient encore l'existence d'un monument romain.
En 508, au retour de sa campagne contre les Wisigoths, le roi franc fit entreprendre la construction de la basilique des Saints-Apôtres.
Lorsque Clovis mourut en 511, avant que l'édifice fut complètement achevé, il reçut la sépulture à titre de fondateur dans le sanctuaire, et sainte Geneviève qui lui survécut quelques mois fut inhumée dans la crypte de l'église. Clotilde poursuivit l'œuvre de Clovis. La basilique paraît avoir été terminée vers l'an 520, et l'évêque de Reims, saint Rémi, en célébra la dédicace le 24 décembre sous le titre des Saints Apôtres Pierre et Paul[1].
La reine Clotilde y fit déposer peu après les restes des enfants de Clodomir, Théodebald et Gontran[2], ses deux petits-fils, assassinés par leurs oncles (Clotaire et Childebert), et ceux de sa fille, également prénommée Clotilde, veuve du roi des Wisigoths, Amalaric.
Après sa mort, survenue à Tours le , son corps fut transporté solennellement à Paris et inhumé, suivant sa volonté, auprès de la tombe de sainte Geneviève.
Probablement conçue selon un plan basilical, cette église mérovingienne possédait, selon le témoignage de Grégoire de Tours et des Vies de sainte Geneviève, un sacrarium (lieu de sépulture de Clovis et de Clotilde) qui était selon toute vraisemblance une annexe de l'édifice[3].
Située à proximité de l'église Saint-Étienne-du-Mont et du Panthéon, ses bâtiments et jardins s'étendaient entre la rue de l'Estrapade, la place du Panthéon et la place Sainte-Geneviève.
Par suite de son éloignement de la Cité et de son isolement dans un faubourg qui était encore presque complètement inhabité, la basilique et ses dépendances se trouvèrent naturellement sans défense contre les invasions vikings, qui se produisirent au cours du IXe siècle. À deux reprises, en 856-857 et 861, les religieux furent contraints de fuir devant l'invasion et de chercher un asile dans leurs domaines voisins, emportant avec eux les précieuses reliques de sainte Geneviève, qui furent ainsi mises en sûreté à Athis et à Draveil et enfin à Marizy-sur-Ourcq.
Lors de leur première incursion, les Normands brûlèrent en partie la basilique et les constructions adjacentes, et les religieux ne purent s'établir de nouveau à Paris que vers 863, après avoir réparé hâtivement les dommages causés par l'incendie.
Au cours de leurs pérégrinations, les reliques de sainte Geneviève avaient partout signalé leur passage par de nombreux miracles, qui avaient singulièrement grandi et fortifié la renommée dont la sainte jouissait déjà. Aussi, lorsque l'approche des Normands fut de nouveau signalée, au milieu de l'année 885, les Parisiens, désireux de s'assurer sa protection surnaturelle contre les redoutables envahisseurs, proposèrent aux religieux de se réfugier dans la Cité en apportant sa châsse, tout comme ils en usèrent avec les moines de Saint-Vincent pour les restes de saint Germain. La déroute des Normands, que l'on n'hésita pas à attribuer à l'intervention toute-puissante de ces deux saints, consacra définitivement leur popularité.
Durant le siège, les reliques de sainte Geneviève restèrent déposées dans un modeste oratoire de la Cité, dépendant de la cathédrale et desservi jusqu'alors par un de ses chanoines. L'évêque, pour témoigner sa reconnaissance aux religieux, leur en abandonna la propriété, ce qui valut, par la suite, à leur communauté la prébende de Notre-Dame, dont le desservant de l'oratoire était investi.
Sainte Geneviève commença dès lors à être considérée comme la patronne de Paris, et, pour l'honorer comme elle le méritait, son nom fut ajouté à celui des Saints-Apôtres pour désigner l'église qui conservait sa châsse. Les deux vocables furent employés simultanément jusque vers le milieu du XIIe siècle, mais, durant la seconde moitié, le titre des Saints-Apôtres disparut graduellement, et, à dater du XIIIe siècle, il ne subsiste plus que celui de Sainte-Geneviève.
Ravagée par les invasions vikings, elle ne fut reconstruite qu'au début du XIIe siècle par Étienne de Tournai. Elle appartenait alors à l'ordre de Cluny[4].
Plusieurs conciles y furent tenus aux VIe et VIIe siècles, notamment celui de 577 contre Prétextat, évêque de Rouen[5]. Lors du procès des Templiers, une commission pontificale siège dans l'abbaye du au : plus de 589 templiers vont venir y défendre leur ordre[6].
À chaque période de danger (invasions, guerres...), des processions avaient lieu en sortant la châsse de Sainte Geneviève qui parcourait alors des rues de la ville. Cette châsse fut fondue à la Monnaie de Paris en 1793 et les ossements de la sainte brûlés en place de Grève. La châsse faisait partie d'une œuvre de Germain Pilon pour le statuaire et de l'orfèvre Bonard qui, en 1242, pesait 193 marcs d'argent et sept marcs et demi d'or.
Comme siège de la Congrégation de France (ou « association ») des abbayes augustiniennes dites des génovéfains, l'abbaye eut une grande influence en Europe à partir du XVIIe siècle. La fédération des abbayes augustiniennes initiée par le cardinal de la Rochefoucauld, abbé commendataire de l'abbaye, avait pour but d'introduire dans les abbayes augustiniennes les réformes demandées par le concile de Trente.
En 1619, le cardinal de La Rochefoucauld devint abbé commendataire de Sainte-Geneviève-du-Mont. En 1622, le pape Grégoire XV promulgua un bref instituant le cardinal comme son commissaire apostolique pour la réformation des ordres de Saint-Benoît, de Cîteaux et des chanoines réguliers, à la demande du roi Louis XIII. En 1631, la Congrégation de France de chanoines réguliers était née, Charles Faure en devint le supérieur général.
À la fin du XVIIIe siècle, la congrégation regroupait en France 67 abbayes, 28 prieurés conventuels, 2 prévôtés et 3 hôpitaux. On comptait environ, 1 300 « chanoines génovéfains ».
Avant la Révolution française, un projet de reconstruction de l'abbaye fut mis en œuvre : une nouvelle abbatiale monumentale fut construite sur une crypte. Cette église, due à l'architecte Jacques-Germain Soufflot, était l'église Sainte-Geneviève, devenue aujourd'hui le Panthéon de Paris.
Cette ancienne abbatiale tomba en ruines au fil des siècles et ce qui restait fut démoli de 1801 à 1807 pour percer la rue Clovis. De l'église initiale, il ne subsiste plus que le clocher, connu actuellement sous le nom de « tour Clovis », située dans l'enceinte du lycée Henri-IV, lui-même constitué par les anciens bâtiments conventuels de l'abbaye, datant des XIIIe et XVIIe siècles.
Le , le cercueil en cuivre de Descartes y fut déposé sous un monument de marbre[7].
Parmi les richesses de l'abbaye, une importante bibliothèque qui est devenue la bibliothèque Sainte-Geneviève. L'astronome Pingré en fut le bibliothécaire.
En 1723, Marin Marais écrivit la Sonnerie de Sainte-Geneviève du Mont de Paris, une pièce de La Gamme et autres morceaux de symphonie pour le violon, la viole et le clavecin.
De l'église du XIe siècle, il ne subsiste que la base du clocher, l'actuelle tour Clovis, intégrée au lycée Henri-IV. Plusieurs chapiteaux de la nef sont présentés au musée de Cluny[8].
Le portail de la façade de l'église remaniée aux XIIe et XIIIe siècles était orné de statues. Celle de sainte Geneviève, conservée à Paris au musée du Louvre, était entourée de celles de saint Pierre et de saint Paul.
Elle a abrité plusieurs tombeaux. Plusieurs sous-sols fermés au public sont localisés sous le cloître, plus particulièrement sous les bâtiments conventuels : en particulier, sous le cellier monastique entresolé - situé juste sous la chapelle actuelle, ancien réfectoire - des boyaux creusés dans le tuf abritaient sans doute des sépultures mérovingiennes.
La prestigieuse abbaye reçut les dépouilles mortelles de nombreux éminents personnages au fil des siècles, parmi lesquels :
La liste des abbés est difficile à établir, dans la mesure où les ouvrages en faisant mention se contredisent généralement entre eux. On se fondera ici sur le Calendrier historique et chronologique de l'Église de Paris d'Antoine-Martial Le Fèvre (1747) - mentionnons toutefois L'Histoire de Saincte Geneviefve du chanoine Pierre Le Juge (1586) et La France pontificale, tome 2, d'Honoré Fisquet (1864).
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