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ensemble de pratique sur des milieux dégradés avec l'objectif d'y restaurer la biodiversité De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La restauration écologique est un ensemble de pratiques sur des milieux dégradés (naturels, semi-naturels, industriels ou urbains) avec l'objectif d'y restaurer la biodiversité, le bon état écologique, un paysage de qualité ou un état disparu (milieu ouvert ou boisé, humide, ou naturellement acide par exemple, etc.). L'écologie de la restauration est la science qui sert de base théorique aux pratiques de restauration ou de réhabilitation des écosystèmes.
Il peut aussi s'agir de restaurer non pas un milieu, mais une perturbation (imitation d'un chablis ou d'un petit incendie pour créer une clairière[1]) une ressource, avec à titre d'exemple : une ressource halieutique, la ressource en eau, ou le paysage en tant que source d'aménités et de qualité de vie….
Dans le domaine environnemental, l'objectif premier est la renaturation, que le gestionnaire cherche à faciliter et accélérer en utilisant des techniques de génie écologique. Il s'agit donc d'un mode de gestion intentionnelle (« gestion pro-active », qui doit faire l'objet d'une réévaluation constante au vu des résultats, analysés via des indicateurs environnementaux). En France[2], la gestion intentionnelle est définie comme « l’ensemble des « initiatives qu’un acteur spécialisé entreprend, dans le contexte d’une situation de gestion effective, pour faire évoluer l’état du milieu dans un certain sens », la gestion effective étant « le mode de conduite du milieu telle qu’il résulte de l’ensemble des actions humaines qui l’affectent »[3].
Si après la phase de restauration, le milieu ne peut être auto-entretenu, ce mode de gestion est habituellement suivi d'une phase de gestion conservatoire, s'appuyant sur un plan de gestion (de la ressource qu'on veut protéger, du paysage, des habitats…) et sur un dispositif de suivi et d'évaluation et parfois de protection (protection foncière, réserve naturelle, etc.).
Quand il s'agit de sauver une espèce qui doit aussi rapidement évoluer pour faire face à d'importants et rapides changements environnementaux, tels que le changement climatique, le recul des pollinisateurs, la fragmentation écopaysagère, on parle aussi de « sauvetage évolutif » (Evolutionary rescue[4],[5]).
La restauration écologique est définie, par la Society for ecological restoration international (SER), comme étant
« Une action intentionnelle qui initie ou accélère l'autoréparation d'un écosystème [...] qui a été dégradé, endommagé ou détruit [...], en respectant sa santé, son intégrité et sa gestion durable[6]. »
L'écologie de la restauration définit l'état de référence vers lequel l'ingénierie doit faire retourner l'écosystème, elle étudie également les effets positifs ou parfois les conséquences négatives des méthodes de gestion restauratoire par rapport au but visé. Les écosystèmes, comme les espèces sont en constante évolution, il s'agit donc pour l'écologie de la restauration de comprendre les successions écologiques pour ramener les écosystèmes dans leur trajectoire historique.
On notera que face à des changements à l'échelle planétaire, par exemple le réchauffement climatique, l'extinction de certaines espèces, l'érosion anthropogénique ou les invasions biologiques, il est aujourd'hui généralement impossible de revenir à un état antérieur de l'écosystème que l'on cherche à restaurer. En conséquence, il existe trois réponses, soit s'orienter vers des écosystèmes modèles préhistoriques, soit accepter de choisir des écosystèmes déjà largement modifiés par l'Homme comme modèle, soit mettre en place des projets de restauration écologique menant à la création de nouveaux écosystèmes[7].
Higgs et ses collègues remettent en cause la définition actuelle de la restauration écologique, ils argumentent que celle-ci pourrait mener à une focalisation sur des travaux de reboisement de grande envergure et la réhabilitation orientée vers la satisfaction de demandes humaines au détriment du fonctionnement des écosystèmes[8].
À ces critiques, James Aronson répond que la distinction entre restauration, la réhabilitation ou le génie écologique a été claire dès le départ, pour la SER comme pour les institutions. Dans certains cas le projet se concentre sur la réparation d'une perturbation, on parle alors de réhabilitation. Si l'objectif du projet est de créer un écosystème différent de celui d'origine on parle de réaffectation[9]. On peut faire le parallèle avec la distinction entre restauration et rénovation dans le bâtiment. La SER précise, lors de la publication de ses standards en 2016, que la restauration vise à rétablir la composition spécifique et la structure de l'écosystème et son fonctionnement, tandis que la réhabilitation se focalise sur la production de ressources et services écosystémiques[10]. Créer ou réparer des systèmes (par exemple des agrosystèmes) dans le but exclusif de profiter aux intérêts humains appartient au domaine du génie écologique ou de l'aménagement du territoire[11].
L'objectif de la restauration est de revenir à un état de référence, qu'il convient donc de définir.
Les écologues parlent de restauration stricto-sensu si l'écosystème de référence était présent sur le site à une époque antérieure à la dégradation par les activités humaines. Là encore, il faut savoir jusqu'à quand remonter dans le passé pour trouver la référence. Pour illustrer cette difficulté, on peut prendre deux exemples :
Ainsi l'écosystème de référence peut être naturel ou dépendant de pratiques culturelles anciennes[12], telles que la culture ou le pastoralisme.
La construction de l'image de l'écosystème historique, modèle de référence à atteindre, se fait sur la base d'informations écologiques et culturelles. Des éléments de mémoire écologique peuvent être toujours présents sur place : processus écologiques, banque de graines du sol, espèces toujours présentes... La référence se construit également en étudiant des écosystèmes proches de la cible sur d'autres sites. Les sites peuvent être comparés en termes de variation génétique et phénotypique, de taux d'endémisme, de services écosystémiques et d'activités humaines pour définir des critères pour l'état de référence[13]. L’écosystème de référence doit également inclure la description du processus de succession et des facteurs écologiques influençant son évolution[10].
Absence de menaces |
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Condition physique de l'environnement |
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Composition spécifique | |
Structure (diversité au sein de l'écosystème) |
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Fonctions écosystémiques |
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Liens avec les écosystèmes environnants |
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À mesure que le projet de restauration écologique avance, l'état cible de l'écosystème peut être adapté.
Des transformations négatives peuvent frapper les écosystèmes, ils sont classés en trois niveaux, par la SER :
Le niveau de dégradation est mesuré en comparant un état actuel de l'écosystème avec l'état de référence, en termes de composition spécifique, de services écosystémiques...
La perturbation dépend donc de la perception de l'observateur, de l'état de référence qu'il se fixe[14].
L'ampleur et la nature (naturelle ou anthropique, volontaire ou non) des dégâts subis par l'environnement vont contraindre les objectifs de restauration. Avant d'envisager quelque opération de restauration que ce soit, il convient d'identifier toutes les menaces qui pèsent sur un écosystème donné et d'y répondre si elles sont d'origine anthropique.
La gestion restauratoire cherche à imiter les processus naturels de résilience écologique, par exemple en restaurant en premier lieu un stade espèces pionnières (par ensemencement, expression de la banque de graines du sol, construction d'ouvrages de génie écologique, voire éventuellement avec la réintroduction d'espèce localement disparue) pour faire évoluer le milieu vers un stade d'auto-entretien plus naturel. Pour s'adapter aux milieux et à leur évolution, c'est nécessairement une gestion différentiée.
Paradoxalement, le gestionnaire peut aussi chercher ponctuellement, dans l'espace et dans le temps, à restaurer des processus évoquant pour le public une dégradation du milieu : érosion favorisant les cailloutis, coupe forestière ou incendie contrôlé visant à localement restaurer les clairières, étrépage visant à déseutrophiser le milieu et/ou à remettre à jour les graines enfouies depuis plusieurs décennies, tuer des arbres pour restaurer la ressource en bois mort nécessaire aux communautés saproxylophages, etc.
Quand les grands herbivores ont disparu, le gestionnaire utilise des moyens mécaniques (pour la fauche avec exportation par exemple) et peut utiliser des auxiliaires vivants tels que moutons, bovins, chèvres, chevaux, ânes, etc. qui entretiennent le milieu en y dispersant des graines et propagules de nombreux organismes d'une manière proche de celle d'animaux sauvages. Lièvres et lapins peuvent contribuer à entretenir des zones de landes ou pelouses rases, etc.
La gestion restauratoire peut concerner :
Ce mode de gestion peut - après évaluation scientifique - s'appuyer sur la réintroduction d'espèces fonctionnellement importantes (le castor par exemple, pour sa capacité à restaurer et entretenir des zones humides, des insectes pollinisateurs, les symbiotes d'espèces que l'on voudrait restaurer, etc.
Des scientifiques et des gestionnaires songent à remplacer certaines espèces « récemment » disparues (grands herbivores, grands carnivores) qui jouaient des rôles fonctionnels et écopaysagers essentiels quand leurs fonctions écologiques ne peuvent être remplacés par une gestion restauratoire par l'homme.
C'est ainsi le cas des aurochs et tarpans reconstitués dans certains espaces naturels européens[18] et ils envisagent aussi d'expérimenter (en milieu confiné) des introductions telles que celle du lion ou de l'éléphant africain en Amérique du Nord pour respectivement « remplacer » le lion des cavernes et les espèces de mammouths qui n'ont pas survécu à la chasse préhistorique[19].
La renaturation est l'un des thèmes importants de la mise en œuvre d'une restauration écologique de cours d'eau, par exemple dans le cadre de la trame bleue. Elle vise à retrouver ou approcher le bon état écologique du cours d'eau dans son ensemble.
Néanmoins supprimer les obstacles artificiels (barrages, seuils importants) ou détruire des berges de béton ou palplanche pour recréer un profil plus naturel ne suffit pas à recréer les larges zones alluviales de bras morts et tresses qui existaient quelques décennies ou siècles plus tôt, ni à retrouver les services écosystémiques qui y étaient associés. Une opération mal conduite peut même parfois conduire à un surcreusement du cours d'eau, avec augmentation de la turbidité et à une baisse des nappes et donc des niveaux de sources adjacents et du proche bassin versant. L'Agence de l'eau Seine-Normandie recommandait en 2007 dans son Manuel de restauration hydromorphologique des cours d'eau[20] avant toute opération de renaturation de bien étudier, et au cas par cas :
Aujourd'hui, des modèles de prédiction sont développés par des scientifiques afin de connaître au mieux les conséquences des actions de restauration des cours d'eau[21].
Ce sont au niveau international l'ONU via le PNUE et la FAO par exemple, et dans le cadre de la convention mondiale pour la biodiversité, mais avec une tendance à rapprocher les actions de lutte contre la désertification et de protection du climat à ce thème (projet présenté à la convention de l'ONU pour la biodiversité à Nagoya en 2010, dans le pavillon de la biodiversité).
Des échelles émergentes existent, avec des sous-ensembles plus ou moins proche de certaines échelles biogéographiques, avec notamment l'Union européenne, le réseau AEWA, le réseau écologique paneuropéen, le G 77, la zone du corridor écologique méso-américain, qui développent leurs propres stratégies de gestion, protection et restauration de la biodiversité, en lien avec l'ONU.
Les gouvernements et de nombreuses agences y contribuent aux échelles nationales, ainsi que les régions et communautés locales où doivent concrètement s'appliquer les stratégies d'aires protégées et de restauration de réseaux écologiques
Les gestionnaires d'aires protégées s'appuient sur des réseaux scientifiques, des conseils scientifiques et les retours d'expérience pour améliorer leurs savoirs et savoir-faire. Enfin le tissu associatif local d'ONG est à l'origine de la plupart des projets et réalisation d'aires protégées.
L'évaluation écologique des actions de restauration écologique se développe au fur et à mesure des retours d'expérience. Elle montre une efficacité au moins partielle de nombreuses mesures de restauration, mais parfois médiocre et souvent contraintes par certaines limites.
Par exemple, une récente méta-analyse[22] de 89 opérations de restauration écologiques faites dans un large éventail d'écosystèmes à travers le monde a montré une efficacité certaine : En moyenne, la biodiversité a progressé de 44 % et les services écosystémiques de 25 %. Cependant, les valeurs pour ces deux critères restaient faibles si on les compare aux écosystèmes intacts de référence. Les auteurs ont conclu que la restauration de la biodiversité peut effectivement concourir à améliorer le niveau de services écologiques, notamment dans les écosystèmes tropicaux terrestres, avec les limites qu'ils précisent.
Pour le cas des zones humides Moreno-Mateos et al. (2012) ont analysé les résultats de travaux de génie écologique pour 401 zones humides restaurées et 220 créées (sur la base notamment des structures biologiques). Au moment de l'évaluation, les communautés végétales et le fonctionnement biogéochimique (stockage du carbone dans les sols...) étaient respectivement à 26 % et 23 % sous des valeurs observées pour les sites de référence.
Pour le domaine marin, d'autres auteurs[23] estiment qu'il est urgent d'au moins tenter une restauration globale des pêcheries, à échelle mondiale. Il faut pour cela restaurer les écosystèmes marins. Or, dans 5 des 10 écosystèmes bien connus en 2009, la productivité de la pêche était en déclin[23]. Dans sept de ces écosystèmes, le niveau de surexploitation des ressources était atteint ou dépassé. 63 % des stocks de poissons ayant fait l'objet d'une évaluation dans le monde nécessitaient un plan de restauration, et des taux d'exploitation encore plus bas étaient nécessaires pour enrayer l'effondrement des espèces vulnérables. L'activité de pêche peut être combinée à des objectifs de conservation via le regroupement d'actions diversifiées de gestion restauratoire, incluant des interdictions et restrictions de capture et une adaptation des engins de pêche, en fonction du contexte local (qu'il faut donc suivre)[23]. L'impact des flottes internationales de pêche et l'absence de réelles alternatives à la pêche compliquent les perspectives pour la reconstruction des pêcheries dans beaucoup de régions pauvres, en soulignant la nécessité d'une perspective mondiale sur la reconstruction des ressources marines[23].
On en a décrit plusieurs :
Des travaux scientifiques sont en cours dans divers pays pour évaluer la possibilité d'en quelque sorte remplacer certaines espèces disparues par d'autres introduites à partir d'une autre région (le mammouth en Amérique du Nord, par l'éléphant d'Afrique par exemple).
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