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Les Écoles d'art de Genève ont connu de nombreuses évolutions et transformations, depuis la création officielle de l'« École de Dessein » en 1748. Parmi les étapes majeures figurent la centralisation des enseignements dans un nouveau bâtiment en 1903, le transfert au sein de l'École des arts et métiers en 1933, la sortie de cette structure en 1952, une réforme profonde au courant des années 1970, qui aboutit à la formation de l'École supérieure d'art visuel (ESAV) en 1977, une séparation des beaux-arts et des arts appliqués en 1986. En 2008, ces deux écoles sont réunifiées pour former l'actuelle Haute école d'art et de design (HEAD).
Fondée comme « École de Dessein » [sic] en 1748 par le Conseil des Deux-Cents[1], l'école est dirigée pendant de nombreuses années par le graveur Pierre Soubeyran (1709 – 1775). L'école obtient le nom d'École municipale des beaux-arts en 1851[2]. Les cours sont donnés en partie à l’école du Grütli, au Palais Eynard, ou encore dans le sous-sol du Musée Rath, l'école ne possédant pas de bâtiment dédié.
À la suite de la décision du Conseil d'État de créer l'École des arts industriels, celle-ci ouvre en 1877, dans des locaux à Saint-Jean. En 1878 est inauguré le bâtiment au boulevard James-Fazy qui abrite l'école, œuvre des architectes Henri Bourrit et Jacques Simmler. L'enseignement comprend notamment le modelage, la sculpture, l'orfèvrerie, la bijouterie et la céramique.
Le est inauguré un nouveau bâtiment au 25 boulevard Helvétique, œuvre des architectes Frédéric de Morsier et Charles Weibel, où tous les enseignements de l'École des beaux-arts sont désormais réunis. À cette époque, l'école compte selon ses registres 332 élèves[3]. À cette occasion, une exposition d’œuvres des professeurs ayant enseigné depuis la fondation de l’école a été organisée. Celle-ci comprenait notamment Pierre Soubeyran, Georges Vanière, Gabriel-Constant Vaucher, Jean Jaquet, Jaques Dériaz, Henri Silvestre, François-Gédéon Reverdin, Pierre-Louis Bouvier, Jean-Léonard Lugardon, Jules Hébert et Barthélemy Menn[4].
En 1908, l’écrivain Daniel Baud-Bovy est nommé directeur de l'école des beaux-arts. Il est remplacé en 1919 par Waldemar Deonna, puis en 1922 par Adrien Bovy, qui reste à la tête de l'établissement durant 20 ans.
En 1933, l'école des beaux-arts et l’école des arts industriels deviennent une section de l'École des arts et métiers, dans le cadre d'un processus de fusion voulu par la Ville de Genève. Adrien Bovy conserve la direction pédagogique des deux sections d’art, jusqu'à sa démission en 1942.
La fin des années 1940 représente une période de crise pour l'école. En 1948, l’année du deuxième centenaire, l’école des beaux-arts et l’école normale de dessin ne comptent plus, ensemble, que 36 étudiants. Étudiant durant cette période, le futur directeur Michel Rappo constatera que "l'accent mis sur le métier plutôt que la création n'était pas étranger à cette défection"[5]. L'école compte alors moins d'une dizaine de maîtres d'atelier, ce qui restreint le choix des orientations possibles et "limite le champ d'expérimentation de l'école"[6].
En 1951, le président du département de l'Instruction publique décide de rendre les écoles d'art indépendantes des arts et métiers, et de les regrouper sous une direction spécialisée. À cette occasion, l’École des Arts industriels prend le nom d’École des arts décoratifs (EAD). Marcel Feuillat devient directeur des écoles d’art.
En 1962, Charles Palfi est nommé directeur pour succéder à Marcel Feuillat. Il occupera ce poste durant huit ans, jusqu'à sa démission en 1970.
Dans le sillage de Mai 68, les Écoles d'Art voient leurs modes de fonctionnement mis en cause par les étudiants. À la suite de la démission de Charles Palfi, Michel Rappo prend la direction des Écoles d’Art en 1971, et entame une période de profondes réformes. L'école instaure un système de formation à option, afin de répondre "à la diversité et à la multiplicité des orientations"[7]. Cette époque voit la transition vers les jurys publics, en lieu des évaluations à huis clos. Demandés lors de la réforme par les étudiants, ils constituaient selon Rappo "le plus grand changement, et aussi le plus difficile"[8].
Entre 1970 et 1980, l'effectif connaît une forte augmentation, passant de 70 étudiants à 280[9]. En 1977, un nouveau règlement entre en vigueur, et l'École des beaux-arts se transforme en École supérieure d'art visuel (ESAV).
À partir de 1974, le couple Silvie et Chérif Defraoui débute son enseignement[10]. En 1978, leurs ateliers deviennent la section "médias mixtes", s'ouvrant sur la photo et la vidéo comme moyens de recherche et d'expression[11]. Cet enseignement sera important pour plusieurs générations d’artistes[12]. Silvie et Chérif Defraoui initient des rencontres entre leurs élèves de l'ESAV et des artistes internationaux, notamment Sarkis et Luciano Fabro (1975), Dan Graham, Tina Girouard, Stuart Sherman, Lawrence Weiner (1977), Jochen Gerz (1979), et Ingeborg Lüscher (1980)[13].
En 1977, Michel Rappo confie à François Albera et Francis Reusser la responsabilité d'un atelier "cinéma-vidéo", qui deviendra un domaine de formation à part entière, le "Secteur d'Expression Audio-Visuelle" ou SEAV. Ils feront intervenir dans l'école des réalisateurs dont Alain Tanner (rencontre-discussion, en 1976), Jean-Marie Straub et Danièle Huillet (stage d'une semaine, en 1979), Johan van der Keuken (en 1980), Stephen Dwoskin (stage, en 1981), Jean-Luc Godard (tournage de quelques séquences, en 1984), Werner Nekes (séminaire et stage pratique, 1984), Anne-Marie Miéville, ainsi que des techniciens comme Renato Berta ou l'ingénieur du son Luc Yersin.
À partir de 1981, l'EAD se déplace progressivement au bâtiment situé à la Rue Necker et crée en son sein l'École supérieure des Arts appliquées (ESAA) offrant des diplômes supérieurs en bijouterie, communication visuelles et stylisme[2]. Dans les années 1980, les futurs auteurs de bande-dessinée Zep[14] et Wazem[15] font leur apprentissage à l'EAD.
En 1994, l'École des arts décoratifs prend possession d'un nouveau bâtiment à la rue de l'Encyclopédie. En 1997, l’ESAA devient une HES sous l’appellation de Haute École d’Arts appliqués (HEAA). Les formations menant au CFC sont séparées et regroupées sous l'appellation d'École des Arts appliqués.
Le , les écoles d'art fêtent leur 250e anniversaire[1].
En 2002, à l'initiative de la Direction générale HES de Genève, un processus de rapprochement est lancé entre l'École supérieure des beaux-arts (ESBA) et de la Haute école d'arts appliqués (HEAA). Dès 2002, des débats intenses se sont instaurés entre les étudiants de l'ESBA et les autorités quant à son intégration au système HES et par conséquent au processus de Bologne[16].
À la suite de l'entrée en fonction en 2004 du nouveau directeur Jean-Pierre Greff, historien d'art qui a dirigé l'école d'art de Strasbourg, les ateliers de l'ESBA sont réorganisés en six pôles d'enseignement et de recherche[17].
Entre 2006 et 2007, l'ESBA et la HEAA sont réunies en une entité, pour former l'actuelle Haute École d'art et de design (HEAD). Le projet consiste "à mettre en dialogue l’art et le design, pour qu’ils n’existent plus comme des territoires séparés"[18].
À la suite de cette fusion l’École des Arts décoratifs est définitivement séparée de la Haute École d’Arts appliqués. L’École des Arts décoratifs cesse d’exister pour devenir le Centre de Formation professionnelle d’Arts appliqués (CFPAA).
En est annoncé le déménagement de la HEAD dans un nouveau campus, situé au quartier des Charmilles, composé de trois bâtiments appartenant au patrimoine industriel genevois[19],[20]:
Les deux anciens bâtiments d'Elna sont investis à la rentrée d'automne 2017[23].
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