Lorsque l'on parle des lois de Raoult[2] (au pluriel), on fait généralement allusion aux trois lois évoquées ci-dessus qu'il ne faut pas confondre avec la loi de Raoult (au singulier) concernant les équilibres liquide-vapeur idéaux.
Cas général
Lorsque l'on considère un solvant contenant un soluté, la température d'ébullition du solvant avec le soluté est plus haute que la température d'ébullition du solvant seul. La loi de l'ébulliométrie s'énonce ainsi:
«L'élévation de la température d'ébullition est proportionnelle à la fraction molaire du soluté.»
Soit (en remarquant que pour un corps pur la température d'ébullition est égale à la température de vaporisation):
Sous cette forme, la constante ébullioscopique a la dimension d'une température, elle s'exprime en kelvins (K).
Autrement dit, à pression constante, la température d'ébullition du solvant pur passe à en présence d'un soluté. L'enthalpie de vaporisation étant une grandeur positive, la constante ébullioscopique est positive. Ainsi l'ajout d'un soluté fait-il augmenter la température d'ébullition du solvant à pression constante (, soit ).
La loi de l'ébulliométrie a été établie expérimentalement, mais elle peut se démontrer théoriquement. Cette loi n'est valable que sous les hypothèses suivantes:
la quantité de soluté est négligeable devant celle du solvant dans la solution liquide;
la phase gaz peut être considérée comme constituée de solvant pur, le soluté étant très peu volatil.
En fonction de la molalité
La loi de l'ébulliométrie est souvent exprimée en fonction de la molalité du soluté, qui représente la quantité de soluté pour 1 kg de solvant (en mol/kg):
Loi de l'ébulliométrie:
La constante ébullioscopique vaut alors:
Constante ébullioscopique molale:
avec la masse molaire du solvant (en g/mol). Sous cette forme, la constante ébullioscopique s'exprime en K·kg/mol, elle ne dépend toujours que des propriétés du solvant pur.
On a, par définition de la fraction molaire, pour le soluté:
Si la quantité de soluté est négligeable devant celle du solvant:
La masse de solvant est donnée par:
La molalité du soluté est donnée par définition par:
On a par conséquent le rapport:
La masse molaire étant exprimée le plus souvent en g/mol et la molalité en mol/kg, il est nécessaire d'introduire un facteur de conversion:
Pour un soluté dissociatif
Si le soluté se dissocie dans la solution liquide, comme par exemple un sel se dissociant en ions, l'expression de la loi est modifiée par le facteur de van 't Hoff:
On introduit, à pression constante, un soluté dans le solvant liquide. La température d'ébullition du solvant est modifiée et devient . Le potentiel chimique du solvant en phase liquide idéale s'écrit, avec la fraction molaire du solvant dans cette phase:
On considère qu'en phase gazeuse le solvant est le seul constituant. Au nouvel équilibre de phases on a toujours l'égalité des potentiels chimiques:
on a donc:
(2)
En soustrayant les termes de la relation (1) dans la relation (2) on a:
(3)
La relation de Gibbs-Duhem donne la variation du potentiel chimique du solvant pur à pression constante:
avec l'entropiemolaire du solvant pur. On peut donc intégrer, en considérant une faible variation de température sur laquelle l'entropie molaire peut être considérée comme constante:
La température d'évaporation du solvant augmente de:
On peut en conséquence calculer la masse molaire du soluté selon:
La constante étant exprimée en K·kg/mol, on obtient ainsi une masse molaire en kg/mol, il est nécessaire d'introduire un facteur de conversion pour l'exprimer en g/mol.
La masse molaire du soluté, en g/mol, est obtenue selon:
Masse molaire du soluté:
Pour rappel, cette formule n'est valable que si la quantité de soluté est négligeable devant celle du solvant ().
11,7 g de sucre sont dissouts dans 325 g d'éthanol. La température d'ébullition de l'éthanol passe de 78,5°C à 78,74°C. La constante ébullioscopique molale de l'éthanol vaut 1,22 °C·kg/mol. L'élévation de la température d'ébullition de l'éthanol vaut:
La masse molaire du sucre est de:
Le sucre pourrait être le glucose ou le fructose, de masse molaire 180 g/mol.
Constante ébullioscopique
Le tableau suivant donne les constantes ébullioscopiques de quelques solvants d'usage courant.
Note: un écart de température de 1K étant égal à un écart de 1°C, la constante ébullioscopique peut indifféremment s'exprimer en K·kg/mol ou en °C·kg/mol.
Davantage d’informations ...
Constante ébullioscopique de quelques solvants[5],[6]
(en) Richard L. Earle et M. D. Earle, «Evaporation», Unit Operations in Food Processing, The New Zealand Institute of Food Science & Technology (Inc.), (consulté le ).
Bibliographie
Détermination des poids moléculaires: mémoires de MM. Avogadro, Ampère, Raoult, van 't Hoff, D. Berthelot, Gauthier-Villars, (lire en ligne), sur Gallica.
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