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écrivain algérien De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Mohammed Moulessehoul (en arabe : محمّد مولسهول), dit Yasmina Khadra (en arabe : ياسمينة خضراء), né le à Kenadsa dans l'actuelle wilaya de Béchar (Sahara algérien), est un écrivain algérien.
Naissance | |
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Nom de naissance |
Mohammed Moulessehoul |
Surnom |
Yasmina Khadra |
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Distinctions | Liste détaillée Prix des libraires () Literaturpreis der Jury der jungen Leser (d) () Prix Roman France Télévisions () Grand prix littéraire de Provence en français (d) () Doctorat honoris causa de l'université polytechnique Hauts-de-France () Officier des Arts et des Lettres Chevalier de la Légion d'honneur |
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Mohammed Moulessehoul est né à Kenadsa (actuelle wilaya de Béchar) le . Son père, officier de l'ALN, est blessé en 1958. En 1964, il envoie Mohammed (alors âgé de neuf ans) à l'école des cadets de la Révolution d'El Mechouar à Tlemcen afin de le former au grade d'officier. À 23 ans, il sort sous-lieutenant de l'Académie militaire de Cherchell, avant de servir comme officier dans l'armée algérienne pendant vingt-cinq ans. Durant la guerre civile algérienne, dans les années 1990, il est l'un des principaux responsables de la lutte contre l'AIS puis le GIA, en particulier en Oranie. Il atteint le grade de commandant[1],[2].
Il fait valoir ses droits à la retraite et quitte l'armée algérienne en 2000 pour se consacrer à l'écriture.
À 18 ans, Mohammed Moulessehoul finit son premier recueil de nouvelles qui est publié onze ans après, en 1984[1]. Il publie trois recueils de nouvelles et trois romans sous son propre nom de 1984 à 1989 et obtient plusieurs prix littéraires, parmi lesquels celui du Fonds international pour la promotion de la culture (de l'UNESCO) en 1993. Pour échapper au Comité de censure militaire, institué en 1988, il opte pour la clandestinité et publie son roman Le Dingue au bistouri (éditions Laphomic-Alger 1989), le premier dans la série des « Commissaire Llob ». Il écrit pendant onze ans sous différents pseudonymes et collabore à plusieurs journaux algériens et étrangers pour défendre les écrivains algériens. En 1997 paraît en France, chez l'éditeur parisien Baleine, Morituri qui le révèle au grand public, sous le pseudonyme Yasmina Khadra[1].
Il opte définitivement pour ce pseudonyme, qui sont les deux prénoms de son épouse[3], laquelle en porte un troisième, Amel en hommage à Amel Eldjazaïri, petite-fille de l'émir Abdelkader. En réalité, sa femme s'appelle Yamina et c'est son éditeur qui a rajouté un « s », pensant corriger une erreur[4]. Mohammed Moulessehoul explique ce choix :
« Mon épouse m'a soutenu et m'a permis de surmonter toutes les épreuves qui ont jalonné ma vie. En portant ses prénoms comme des lauriers, c'est ma façon de lui rester redevable. Sans elle, j'aurais abandonné. C'est elle qui m'a donné le courage de transgresser les interdits. Lorsque je lui ai parlé de la censure militaire, elle s'est portée volontaire pour signer à ma place mes contrats d'édition et m'a dit cette phrase qui restera biblique pour moi : “Tu m'as donné ton nom pour la vie. Je te donne le mien pour la postérité”[5]. »
Dans un monde aussi conservateur que le monde arabo-musulman, porter un pseudonyme féminin, pour un homme, est une véritable révolution. Yasmina Khadra n'est pas seulement un nom de romancier, il est aussi un engagement indéfectible pour l'émancipation de la femme musulmane. Il dit à ce propos :
« Le malheur déploie sa patrie là où la femme est bafouée[6]. »
En 2000, il part au Mexique avec sa femme et leurs enfants pour s'installer par la suite en France en 2001[7]. Cette même année il révèle sa véritable identité avec la parution de son roman autobiographique L'Écrivain[8]. À cette époque ses romans ont déjà touché un grand nombre de lecteurs et de critiques.
Il acquiert sa renommée internationale avec les romans noirs du commissaire Brahim Llob : Morituri, adapté au cinéma en 2007 par Okacha Touita, Double Blanc et L'Automne des chimères. Llob est un incorruptible, dans un Alger dévoré par le fanatisme et les luttes de pouvoir. Son Algérie saigne à plaies ouvertes et cela révolte le commissaire. Llob n'hésite donc pas à prendre le risque de fouiner dans les hautes sphères de la société, ce qui lui vaut bien vite la sympathie du lecteur[9]. Cette série s'enrichit en 2004 d'un autre roman, La Part du mort.
Yasmina Khadra illustre également « le dialogue de sourds qui oppose l'Orient et l'Occident » avec les trois romans[10]: Les Hirondelles de Kaboul[11], qui raconte l'histoire de deux couples afghans sous le régime des Talibans ; L'Attentat, roman dans lequel un médecin arabe, Amin, intégré en Israël, recherche la vérité sur sa femme kamikaze ; Les Sirènes de Bagdad relate le désarroi d'un jeune bédouin irakien poussé à bout par l'accumulation de bavures commises par les troupes américaines.
Yasmina Khadra a touché plusieurs millions de lecteurs dans le monde. Adaptés au cinéma, au théâtre, en bande dessinée, en chorégraphie, ses romans sont traduits en 53 langues et édités dans 56 pays dont l'Albanie, l'Algérie, l'Allemagne, l'Autriche, l'Arménie, le Bangladesh, le Brésil, la Bulgarie, la Chine continentale, la Corée du sud, la Croatie, le Danemark, les Émirats arabes unis, l'Estonie, les États-Unis, la Finlande, la Grande-Bretagne, la Grèce, l'Espagne (castillan et catalan), la Hongrie, l'Inde, l'Indonésie, l'Iran, l'Islande, l'Italie, Israël, le Japon, le Kirghizistan, le Liban, la Lituanie, la Macédoine du Nord, le Mexique, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, le Pakistan (en ourdou), la Roumanie, la Russie, la Serbie, la Slovénie, la Suède, la Suisse, Taïwan, la République tchèque, la Turquie et le Vietnam.
En 2010, Yasmina Khadra dirige une collection sur le Maghreb chez l’éditeur de polars Après la lune[12].
En 2013, il fait son entrée dans le dictionnaire (Le Petit Robert des noms propres)[13],[14].
En 2015, il publie La Dernière Nuit du Raïs, où le narrateur est l'ancien dictateur libyen Kadhafi[15],[16],[17].
En 2016, il co-scénarise le film du cinéaste Rachid Bouchareb, La Route d'Istanbul, sélectionné au festival du film africain de Khouribga[18] et publie Dieu n'habite pas La Havane[19]. La qualité littéraire de ce roman est lourdement critiquée par l'écrivain et critique Éric Chevillard[20]. Astrid de Larminat, critique du Figaro littéraire le qualifie de « moins ambitieux que le précédent », mais lui trouve « un charme mélancolique » et lui attribue quatre « cœurs » sur cinq[21].
À la demande du président Abdelaziz Bouteflika, il est nommé directeur du Centre culturel algérien de Paris[22] en 2008, fonction à laquelle il a mis fin le , après qu'il eut parlé d'« absurdité » et de « fuite en avant suicidaire » à propos du quatrième mandat de Bouteflika[23].
Le , il annonce être candidat à la prochaine élection présidentielle algérienne[24]. Il a exclu tout éventuel parrainage d'un parti politique, et affirmé qu'il allait récolter les signatures (nécessaires pour officialiser sa candidature)[25]. Selon son décompte, il ne recueille que 43 000 signatures sur les 60 000 nécessaires et échoue à déposer sa candidature auprès du Conseil constitutionnel avant la clôture[26],[22].
Lors du Festival du cinéma américain de Deauville 2022, il est membre du jury.
Ceci est une liste non exhaustive de ses prix, en particulier français, pour lesquels l'œuvre de Yasmina Khadra a été récompensée. Pour l'ensemble de son œuvre, l'Académie française lui a décerné le Grand prix de littérature Henri-Gal, Prix de l'Institut de France 2011.
Son roman Le Privilège du phénix (1989) a été retiré des librairies lorsqu’il a été accusé de plagiat par son compatriote l'écrivain arabophone Tahar Ouettar[28] à cause de la présence d'un personnage nommé Llaz, qui se trouve être le même personnage dans le roman Al Llaz (1974). Ce sont plusieurs années après, et seulement après l’avoir expurgé des passages incriminés et du personnage Llaz, que ce roman a été finalement publié. À ce propos, Yasmina Khadra a déclaré :
« Le Privilège du phénix est un roman modeste, passablement géré et partiellement abouti. […] Parallèlement, le roman avait été bloqué (interdit d'édition) pendant six ou sept ans par un gourou-écrivain qui s'est estimé plagié à cause du personnage de Llaz. De toute évidence, le manuscrit était destiné au pilon. Notre écrivain offensé était, semblait-il, très en colère contre moi. J’avais beau essayer d’assagir le malentendu, à l’ENAL, on affichait la même mine obtuse. De guerre lasse, et pour sauver mon projet, j’ai dû revoir ma copie avec une paire de ciseaux à l’appui[29]. »
À nouveau, en 2009, pour son roman Ce que le jour doit à la nuit (2008), il est accusé d’avoir pillé le récit de son compatriote Youcef Dris, sans citer ce dernier et en maquillant le pillage quasi intégral du récit par la substitution et l’ajout de certains mots, lieux et événements[30]. Ces accusations sont réfutées par Rachid Mokhtari :
« Qu’entre Amélie et Emilie, il y a ce soupçon phonétique qui fonde ce plagiat, cela prête à rire. Faut-il également relever la différence des genres des deux livres. Le récit Les Amants du Padovani de Youcef Dris est court et d’aucuns y verraient une histoire d’amour isolée de la grande histoire tragique tandis que Ce que le jour doit à la nuit est une saga historique où la fiction prend tous ses reliefs dans une énergie narrative qui caractérise les romans de Yasmina Khadra. Les deux écrits ont chacun leur vérité, leur beauté, leur style et leur histoire. Ils sont ainsi divergents dans leur esthétique. Yasmina Khadra a-t-il donc plagié Youcef Dris ? Que n’a-t-on pas dit sur cette même accusation de Rachid Boudjedra, du marocain Tahar Ben Jelloun ! Il appartient à une recherche universitaire sérieuse, s’appuyant sur l’analyse lexico-sémantique, intertextuelle des deux textes de relever des traces avérées ou non de plagiat[31]. »
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