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Les Églises catholiques orientales (ou parfois, le terme utilisé des Églises uniates) sont la composante de rite oriental de l'Église catholique. Elles se caractérisent par le fait d'être en communion avec l'évêque de Rome (le pape), dont elles reconnaissent la primauté, et d'utiliser les rites liturgiques orientaux (copte, syriaque occidental, maronite, syriaque oriental, byzantin, arménien, guèze). Elles sont définies dans la terminologie catholique comme étant des Églises autonomes ou « Églises de droit propre », au sens juridique sui iuris, et sont considérées comme étant pleinement l'Église catholique, au même titre que l'Église latine de rite latin.
Selon les chiffres de l'Annuaire pontifical, elles comptent 18 millions de fidèles en tout, soit 1,5 % des catholiques, qui sont plus de 1,2 milliard.
Parfois appelées « uniates », les Églises catholiques orientales sont diverses par leurs origines et par leurs dates de ralliement à Rome. L'Église maronite, qui remonte à l'époque patristique, a, comme les Églises copte, arménienne ou indienne, vécu longtemps de façon autonome pour des raisons principalement géographiques. Les relations entre l'Église maronite et les latins se sont intensifiées dès le XIIe siècle. Comme il n'y a jamais eu de situation de rupture avant l'établissement et le renforcement de ces liens, l'Église maronite peut faire valoir qu'elle a « toujours été catholique ». Cependant, la plupart des autres Églises catholiques orientales ont rejoint l'Église catholique entre le XVIIe et le XXe siècle, parfois par détachement de la communion dans laquelle elles se trouvaient, et même par la fondation de patriarcats ou d'Églises catholiques avec une partie du clergé et des fidèles des Églises locales. Cette méthode qualifiée d'« uniatisme »[1], fut pratiquée dans un contexte global d'activité missionnaire et d'influence diplomatique de l'Église catholique. La distinction entre ces Églises catholiques maintenant unies à Rome et les Églises orthodoxes locales reste ténue : liturgie, discipline sont presque identiques et seul le rattachement juridique à Rome et à son patriarche (le pape catholique) fait parfois la différence. Les Églises catholiques orientales conservent leurs rites orientaux et leurs traditions ecclésiales propres (par exemple, l'ordination sacerdotale d'hommes mariés), mais sont dans l'Église catholique dont elles acceptent la théologie (purgatoire ; filioque ; dogmes proclamés depuis le XIXe siècle) et où elles sont nommées « Églises orientales catholiques ». Aujourd'hui, avec la diaspora de leurs pays d'origine, elles sont également implantées en Europe occidentale, en Amérique et en Océanie.
Pour les Églises qui ont déclaré l'unité avec Rome depuis le XIXe siècle, se placer dans la juridiction de l'Église de Rome avait l'avantage, pour les fidèles concernés, soit d'en faire des sujets à part entière dans les États catholiques tels que la Pologne ou l'empire d'Autriche où les orthodoxes étaient parfois considérés comme des sujets de second ordre, soit de les placer sous une protection européenne dans les États musulmans déclinants tels l'Empire ottoman. C'est pourquoi les Églises grecques-catholiques font l'objet de débats et de critiques depuis leur origine de la part des Églises orthodoxes, qui les considèrent comme des dissidences, responsables de leur propre affaiblissement. Ces critiques portent sur leur identité, en particulier sur leur niveau d’autonomie, sur les conditions de leur formation et de développement, ainsi que sur la légitimité de leur allégeance, à une période où la politique officielle du Vatican est le dialogue œcuménique et le respect des Églises orientales, notamment après le concile Vatican II. L'uniatisme est aujourd'hui considéré, tant par des catholiques que par les orthodoxes, comme une méthode du passé[1]. Tout de même, la dernière Église catholique orientale à être érigée est l'Église catholique érythréenne le par le détachement de l'Église catholique éthiopienne[2].
Au nombre de 23, mais de tailles extrêmement diverses, les Églises orientales catholiques sont reconnues comme membres à part entière de l'Église catholique romaine sous l'autorité du pape. À ce titre, plusieurs patriarches orientaux sont cardinaux, et, s'ils ont moins de 80 ans, ces patriarches orientaux prennent part à l'élection du « pontife romain » (désignation canonique du pape de Rome, cf. canon 331 du Code de ). En 2013, ces patriarches cardinaux sont Antonios Naguib, patriarche de l'Église catholique copte d'Alexandrie (patriarche émérite) ; Nasrallah Boutros Sfeir, cardinal-patriarche d'Antioche des maronites (patriarche émérite) ; Bechara Boutros El Raii, cardinal-patriarche d'Antioche des maronites.
Ces Églises orientales sont régies par le Code des canons des Églises orientales rédigé en latin et promulgué par le pape Jean-Paul II en 1990.
Elles jouissent d'une autonomie incontestable, qui varie cependant selon leurs statuts propres (en fonction de leur taille). Ainsi, les patriarches sont élus par le synode patriarcal et prennent possession de leur charge immédiatement, avant même que le pape soit informé ; la désignation des chefs des Églises archiépiscopales majeures est très proche. Les évêques sont nommés par les patriarcats, lors d'un synode de l'Église, mais un évêque ne peut pas prendre ses fonctions sans l'accord du Vatican.
Ces Églises sont également connues sous d'autres noms :
Le mot « uniate » a longtemps servi à désigner les Églises catholiques orientales. Au sens strict, il sert à désigner les fractions de ces Églises orientales qui ont quité l'Église « mère » orthodoxe et sont entrées en communion avec l’Église catholique. Il est attesté pour la première fois au moment du synode de Brest-Litovsk de 1596, qui donne naissance à l’Église gréco-catholique ukrainienne[3].
Aujourd'hui surtout utilisé par les orthodoxes, il a le plus souvent une connotation péjorative[4]. En rigueur de termes, « Églises unies » et « Églises catholiques orientales » ne sont pas synonymes : unis à Rome dans leur totalité au XIIIe siècle, les chrétiens maronites libanais appartiennent à la deuxième catégorie mais non pas à la première. Il en va de même pour l'Église grecque-catholique italo-albanaise.
Ces Églises ont souvent été latinisées. Gardant des apparences orientales (liturgie, paramentique, langue liturgique, discipline en matière de célibat ecclésiastique, musique), elles ont adopté la théologie et l’ecclésiologie catholiques. Elles se pensent souvent elles-mêmes comme étant un pont entre le catholicisme et l’orthodoxie[5], comme ont pu le montrer les interventions de Maximos IV, patriarche de l’Église grecque-catholique melkite de 1947 à 1967, lors du concile Vatican II[6].
L'uniatisme est considéré par les Églises orthodoxes comme incorrect sur le plan ecclésiologique[7] et comme une forme de prosélytisme en contradiction avec la tradition canonique et le discours officiel de l'Église de Rome sur les relations interecclésiales et le dialogue œcuménique.
En 1993, à l'occasion de la VIIe rencontre du Dialogue entre l'Église catholique romaine et l'Église orthodoxe, a été signée la déclaration de Balamand, qui affirme que l'uniatisme ne saurait être un modèle actuel de l'unité[1].
À la suite du Concile d'Éphèse de 431, qui condamna les thèses de Nestorius, l'Église de l'Orient, absente des débats, se sépara de l'Église impériale. Les Églises d'Arménie, de Syrie et d'Égypte, les Églises des trois conciles, prirent la même décision à la suite des positions christologiques du concile de Chalcédoine et de la déposition du patriarche d'Alexandrie en 451.
Lors du schisme de 1054, la séparation entre l'Église de Rome et l'Église de Byzance, fut symbolisée par les spectaculaires excommunications mutuelles du patriarche Michel Ier Cérulaire et du légat du pape Humbert de Moyenmoûtier. Cette séparation deviendra définitive dans les esprits en Orient après les Croisades et le sac de Constantinople par les Latins en 1204. Les tentatives de réunion lors du deuxième concile de Lyon en 1274, puis lors du concile de Ferrare-Florence en 1438-1442, n'aboutirent pas.
L'Église de Rome développa ensuite une ecclésiologie qui insistait sur l'autorité et la compétence directe du pape sur toutes les Églises locales. Par conséquent, les Églises qui n’étaient pas sous la juridiction papale pouvaient être sujettes de l'activité missionnaire dans le but de les mettre en communion avec Rome.
Cette activité missionnaire fut entreprise en direction de toutes les Églises orientales, souvent avec l'appui des puissances catholiques (en particulier de la France qui se fera reconnaître une sorte de protectorat religieux sur les chrétiens orientaux de l'Empire ottoman). Le résultat fut, d'une part, l'établissement de hiérarchies et le développement de communautés latines (patriarcat latin de Jérusalem, patriarcat latin d'Antioche, puis un peu plus tard, patriarcat latin de Constantinople), d'autre part, la constitution d'Églises orientales « unies » à Rome, par ralliement d'une partie du clergé et des fidèles des Églises « séparées ». Ainsi, au fil du temps, un « pendant catholique, uni à Rome » a été constitué à côté de chacune des Églises orientales[8].
Par l'encyclique « Demandatam coelitus humilitati nostrae » du , le pape Benoît XIV interdit la latinisation des rites byzantins de l'Église grecque-catholique melkite. Le pape Léon XIII par la lettre apostolique Orientalium dignitas du [9], en reprenant les termes de l'encyclique de Benoît XIV, reconnaîtra et garantira, pour toutes les Églises catholiques orientales, le respect des rites propres.
Le christianisme s'est implanté très tôt en Inde, particulièrement dans le Sud-Ouest de l'Inde (actuel État du Kerala). La tradition locale fait remonter l'origine de l'Église de Malabar à l'apôtre Thomas. Cette Église fut placée assez tôt sous la juridiction de l'Église de l'Orient, dont elle adopta le rite syriaque oriental et les usages, et qui lui envoyait ses évêques.
Les premiers contacts avec les Portugais au début du XVIe siècle se passèrent sans heurts. Cependant, en 1599, Aleixo de Meneses (pt), l'archevêque portugais de Goa (de rite latin), réunit un synode local à Diamper. Les Chrétiens de saint Thomas furent placés de force sous la juridiction de l'Église de Rome. Un jésuite, Francisco Roz, fut nommé évêque, qui latinisa fortement le rite. En réaction, une très grande partie des Chrétiens locaux suivirent le prêtre Thomas Palakomatta qui en 1653 se fit consacrer évêque et métropolite, se plaçant quelques années plus tard sous la juridiction de l'Église syriaque orthodoxe (de rite syriaque occidental).
L'Église catholique syro-malabare désigne la branche qui resta dans la juridiction romaine après le synode de Diamper. Il faudra attendre la fin de XIXe siècle pour voir la création de juridictions spécifiques et la nomination d'évêques d'origine et de rite locaux.
En 1930, l'archevêque Mar Ivanios de Bethany et son évêque suffragant Mar Théophile de Tiruvalla quittèrent l'Église syro-malankare orthodoxe (Église syriaque orthodoxe en Inde) pour se placer sous la juridiction de Rome. En 1932, Rome créa une métropole syro-malankare, consacrant l'existence d'une seconde Église catholique orientale en Inde, l'Église catholique syro-malankare (de rite syriaque occidental).
Au nombre de 23, fixé par le Code des canons des Églises orientales, elles se répartissent en quatre groupes :
Les Églises patriarcales ont le droit de choisir leur propre patriarche. Il est élu par le synode des évêques de l’Église et il est immédiatement proclamé et intronisé. Il demande ensuite la communion ecclésiastique avec le pape.
Elles sont au nombre de six :
L'archevêque majeur est élu de la même manière qu'un patriarche. Cependant, son élection doit être confirmée par le pape pour qu'il puisse être intronisé.
Elles sont au nombre de quatre :
Leurs dirigeants portent le titre d’archéparque ou de métropolite (synonymes d’archevêque pour les chrétiens de rite oriental) ; ils sont nommés par le pape à partir d'une liste d'au moins trois candidats soumise par le conseil des hiérarques.
Elles sont au nombre de six :
L'ordinaire peut être un prélat local (évêque, éparque) si l’Église est suffisamment nombreuse, ou un envoyé du Saint-Siège (administrateur apostolique ou exarque apostolique) si ce n’est pas le cas. Dans les deux situations, l’ordinaire est désigné par le pape.
On compte cinq Églises de ce type :
On compte trois Églises de ce type :
L’ordinariat pour les catholiques orientaux, est une juridiction donnée à un évêque latin par laquelle ce dernier doit gérer l’ensemble des cultes catholiques orientaux dans son pays. Cette fonction est généralement donnée à l’évêque de la capitale du pays en question.
Ce système permet d’éviter la multiplication des Églises orientales, chacune de rite et de nationalité propre, au sein d’un seul pays, ce qui est le cas pour les diasporas orthodoxes en Europe occidentale et aux États-Unis (cf. phylétisme).
Les rites cités à l'article 28, § 2, du Code des canons des Églises orientales, sont issus, sauf exception, des traditions alexandrine, antiochienne, arménienne, chaldéenne et constantinopolitaine (ou byzantine).
Il existe d'autres communautés catholiques orientales, qui ne sont pas organisées sous la forme d'une église sui iuris, dont :
La Congrégation pour les Églises orientales a été créée en 1862 comme partie de la Congrégation pour la propagation de la foi Propaganda Fide (qui supervisait les activités missionnaires de l’Église catholique). Elle devint autonome en 1917 pendant le pontificat de Benoît XV.
C'est par ce dicastère que passent les relations entre les Églises catholiques orientales et la Curie romaine au Saint-Siège.
L'Institut pontifical oriental de Rome a été créé le par Benoît XV par le motu proprio Orientis Catholici. Il forme par des cycles de cours de deux ans des élèves dans toutes les langues ecclésiastiques de l'Orient. Il est dirigé par les Jésuites depuis 1922.
Plusieurs collèges pontificaux[11] ont été créés à Rome pour assurer la formation du clergé des différentes Églises catholiques orientales :
Le décret conciliaire Orientalium Ecclesiarum de 1964 indique dans ses premières phrases :
« L’Église catholique tient en grande estime les institutions, les rites liturgiques, les traditions ecclésiales et la discipline de vie chrétienne des Églises orientales. En effet, à cause de l’ancienneté vénérable dont ces Églises s’honorent, resplendit en elles la tradition qui vient des Apôtres par les Pères et qui fait partie du patrimoine indivis de toute l’Église et révélé par Dieu. Dans sa sollicitude pour les Églises orientales, qui sont des témoins vivants de cette tradition, le Concile œcuménique désire qu’elles soient florissantes et accomplissent avec une vigueur apostolique renouvelée la mission qui leur incombe. »
Il ressort de ces textes que les Églises orientales catholiques sont considérées avec respect, comme une richesse, et dans une perspective d'égalité. On note aussi l'importance attribuée au « pontife romain », c'est-à-dire le pape, évêque de Rome. Les membres de ces Églises orientales sont donc eux aussi, et à part entière, des « catholiques romains », cette expression étant un pléonasme aux yeux des catholiques.
Le Code des canons des Églises orientales, ou CCEO, est promulgué par le pape Jean-Paul II en 1990.
Depuis 1994, les Églises de tradition syriaque participent à une série de discussions œcuméniques, à l'initiative de la Fondation Pro Oriente. Ces discussions rassemblent des représentants d'Églises de tradition syriaque occidentale (Église syriaque orthodoxe, Église catholique syriaque, Église malankare orthodoxe, Église catholique syro-malankare, Église maronite) et de tradition syriaque orientale (Église apostolique assyrienne de l'Orient, Ancienne Église de l'Orient, Église catholique chaldéenne, Église catholique syro-malabare).
En , la Commission mixte de l'Église catholique et de l’Église syro-malankare orthodoxe[15] a signé un accord sur les mariages inter-religieux[16], connu sous le nom d'« Accord Kerala ».
La Commission mixte de l'Église catholique et l'Église malankare orthodoxe syrienne[17] qui se réunit chaque année depuis 1989, a publié :
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