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film de Charlie Chaplin, sorti en 1940 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le Dictateur (titre en anglais : The Great Dictator) est un film américain satirique réalisé par Charlie Chaplin, sorti en 1940. Il s'agit du premier film parlant du réalisateur britannique[1].
Titre québécois | Le Dictateur |
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Titre original | The Great Dictator |
Réalisation | Charlie Chaplin |
Scénario | Charlie Chaplin |
Acteurs principaux |
Charlie Chaplin |
Sociétés de production | Charles Chaplin Productions |
Pays de production | États-Unis |
Genre |
Comédie burlesque Drame social |
Durée | 124 minutes |
Sortie | 1940 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
Conçu avant la Seconde Guerre mondiale[1] et sorti (fin 1940 au Royaume-Uni) avant l'entrée en guerre des États-Unis, ce film fut le plus grand succès commercial de Chaplin[2] et contribua à mobiliser l'opinion publique nord-américaine ( aux États-Unis) en faveur des démocraties européennes, à une époque où seul le Royaume-Uni résistait à l'Allemagne nazie. Il est ouvertement inspiré par le régime nazi progressivement installé à partir de début 1933 par le chancelier Hitler. Le gouvernement allemand protesta officiellement avant-guerre contre sa réalisation et demanda l'abandon du projet, que Chaplin tint à terminer malgré ces pressions[3][source insuffisante].
Dans le film, le dictateur Adenoïd Hynkel incarné par Chaplin est largement inspiré de Hitler, et le personnage de Benzino Napoleoni[alpha 1] (interprété par Jack Oakie) est inspiré du dictateur italien Benito Mussolini. Réalisé juste avant le début de la Seconde Guerre mondiale, ce film anticipe la possibilité d'une nouvelle guerre en Europe, en même temps qu'il rappelle la brutalité du régime nazi.
Le Dictateur présente le nazisme comme un danger mortel pour les communautés juives d'Europe, l'humanité entière et la démocratie. Cette première satire a marqué la satire anti-hitlérienne postérieure, laquelle se réfère toujours, plus ou moins directement, au film de Chaplin, de To be or not to be d'Ernst Lubitsch en 1942 à La vie est belle de Roberto Benigni en 1997[4].
Lors de la Première Guerre mondiale, dans un pays imaginaire nommé Tomainia[alpha 2] et ressemblant beaucoup à l'Allemagne, un soldat maladroit sauve la vie d'un pilote de chasse nommé Schultz. Tous deux réussissent à s'enfuir en avion, mais l'appareil s'écrase et le soldat est blessé. Devenu amnésique, le soldat passe de longues années à l'hôpital, coupé du monde. Entre-temps, la Tomainia est devenue un régime dictatorial et fasciste dirigé par Adenoïd Hynkel (une caricature d'Adolf Hitler), où les Juifs sont persécutés comme sous le régime nazi.
Vingt ans plus tard, le soldat amnésique s'enfuit de l'hôpital et reprend son métier de barbier dans sa boutique, qui fait désormais partie du ghetto juif. Le barbier est lui-même Juif et peu au courant de l'évolution politique et sociale de son pays, ni du fait qu'il est le parfait sosie du dictateur Hynkel. Mais, à peine arrivé chez lui, il voit des militaires du régime peindre le mot « Juif » sur la fenêtre de sa boutique. Quand le barbier commence à effacer l'inscription, l'un des soldats s'apprête à le punir brutalement. L'homme se défend, mais ne doit son salut qu'à sa voisine, Hanna, dont il tombe amoureux. Ensemble, ils essaient de résister à la persécution des forces militaires fascistes. Celles-ci finissent par capturer le barbier et s'apprêtent à le pendre. Mais le commandant Schultz, l'ayant reconnu, les en empêche. En lui rappelant la Première Guerre mondiale, Schultz aide le barbier à retrouver la mémoire.
Pendant ce temps, Hynkel le dictateur ordonne de laisser les Juifs tranquilles, le temps de prouver sa bonne foi à une grande banque juive et, ainsi, d'en obtenir des crédits. Le ministre de l'Intérieur de son gouvernement lui fait part de son rêve de le voir devenir dictateur du monde. Une fois seul, le dictateur joue avec un ballon en forme de globe terrestre, mais celui-ci explose. Lorsqu’il apprend que la banque lui refuse son crédit et que le commandant Schultz l'a trahi par amitié pour le barbier, le dictateur le fait arrêter et ordonne à nouveau la persécution des Juifs dans les ghettos, au moment où le barbier est sur le point de sortir avec Hanna. Les militaires, ayant appris l'arrestation de Schultz, décident de faire sauter la boutique du barbier, pendant que celui-ci s'est réfugié sur le toit avec Hanna. Cette dernière lui dit qu'elle va partir en Österlich avec les autres habitants, pour fuir le ghetto. Mais Schultz réussit à s'évader et se réfugie dans la maison du barbier, planifiant un éventuel attentat contre le dictateur (qui n'aura pas lieu, grâce à une astuce d'Hanna).
Le lendemain, le barbier et Schultz sont arrêtés lors d'une rafle pour complot contre le régime d'Hynkel, et se retrouvent en camp de concentration tandis que Hanna et les autres habitants du ghetto rejoignent l'Österlich, où ils trouvent la paix. Pendant ce temps, Hynkel prévoit d'envahir l'Österlich, mais la Bacteria, le pays dirigé par un autre dictateur, Napoleoni, s'apprête à faire de même. Fou de rage, Hynkel invite son homologue pour négocier un traité pour que celui-ci renonce à l'invasion. Mais Hynkel à fort à faire car Napoleoni tient à lui montrer sa supériorité. Finalement le soir, après beaucoup de tensions entre les deux dictateurs, Hynkel, sur les conseils de son ministre de l'Intérieur, signe le pacte de non-agression proposé par son homologue, qui n'est finalement qu'un bout de papier lui permettant ainsi d'envahir l'Österlich en toute tranquillité.
Au matin de l'invasion de l'Österlich, le barbier et Schultz réussissent à s'évader et dérobent des uniformes de gradés. Le plan de Schultz est de faire passer le barbier pour Hynkel, mais celui-ci semble l'ignorer. C'est ainsi que les soldats confondent les deux personnages : Hynkel est arrêté en tant que fugitif alors qu'il chassait le canard tandis que le barbier, pris pour le dictateur, est contraint de prendre sa place et assiste à l'invasion éclair de l'Österlich. Une fois l'invasion terminée, le faux dictateur est invité à prononcer un discours officiel sur un podium devant le peuple, celui-ci étant retransmis à la radio.
Dans son discours[alpha 3], le barbier défend la liberté de tous les humains et prône la tolérance, la démocratie et la paix. À la fin, il adresse un message d'espoir à Hannah, au cas où elle l'entendrait.
Hannah entend la voix du barbier à la radio. Elle tourne son visage, rayonnant de joie et d'espoir, vers la lumière du soleil et dit à ses semblables : « Écoutez ».
Note : Le film est sorti en France en 1945, accompagné d'un premier doublage, avec André Rigaud à l'adaptation des textes[9]. Cependant, cette première version ayant disparu, un second doublage a été réalisé en 1968. C'est à cette seconde version que se réfère la distribution des comédiens indiquée ci-dessous.
Et, parmi les acteurs non crédités :
Le tournage du film débute le , soit huit jours après l'invasion de la Pologne par l'Allemagne le et six jours après la déclaration de guerre du Royaume-Uni et de la France à l'Allemagne le [10].
Mis à part à la fin du film, Le Dictateur présente une satire comique composée de situations burlesques, notamment les scènes où le dictateur Hynkel joue avec un globe terrestre gonflable ou lorsque, avec son homologue de Bacteria, les deux dictateurs rivalisent sur la hauteur de leurs sièges respectifs.
Lors de ses discours, le dictateur Hynkel s'exprime en anglais mais aussi dans une langue peu compréhensible et très agressive, qui rappelle le ton sur lequel Adolf Hitler prononçait ses discours en allemand. On reconnaît d'ailleurs quelques mots similaires, comme Blitzkrieg, freesprachen (pour « liberté d'expression » ; ce terme en fait ne veut rien dire, mais littéralement il signifie « libre parler »), beltn (proche de l'anglais belt, pour ceinture) ou « in der Welt » (dans le monde), ou encore mit den Juden (avec les Juifs). D'autres noms n'ont aucun rapport avec le sujet comme Wienerschnitzel qui signifie littéralement « escalope viennoise ».
À l'issue de son premier discours, Hynkel quitte les lieux en voiture aux côtés de son fidèle Garbitsch. Le cortège passe devant deux sculptures détournées, saluant Hynkel, qu'on reconnaît comme étant, dans l'ordre d'apparition, la Vénus de Milo et Le Penseur d'Auguste Rodin.
Dans son discours final[11],[alpha 3], le barbier (Charlie Chaplin), sous l’apparence d'Hynkel adopte un ton radicalement différent du reste du film (l'essentiel étant une suite de gags visuels) pour une séquence véritablement sérieuse et porteuse d'un message politique profond[12]. Apparaissant en plan fixe pendant un temps exceptionnellement long (plus de six minutes), Chaplin s'adresse directement au spectateur[12], le personnage du barbier laissant la place à Charles Chaplin lui-même[12]. Extrêmement puissante, cette scène pleine de courage et de lucidité montre un véritable acte politique engagé de la part de Chaplin[12].
Un passage de ce discours fait référence à la Bible :
« Dans le 17e chapitre de saint Luc, il est écrit : "le Royaume de Dieu est dans l'homme" — pas un seul homme ni un groupe d'hommes, mais en tous les hommes[alpha 8] ! (...) »
C'est une référence à l'évangile de Luc, chapitre 17 :
« 20 Les pharisiens demandèrent à Jésus quand viendrait le royaume de Dieu. Il leur répondit : Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards.
21 On ne dira point : Il est ici, ou : Il est là. Car voici, le royaume de Dieu est au milieu de vous[13]. »
Avec cette séquence, Chaplin a pu dans ce film se surpasser dans la satire burlesque et signer une œuvre d'une rare intelligence et d'une réelle audace, un « véritable témoignage d'amour pour l'homme et la liberté [en même temps] qu'un pamphlet exemplaire contre toute forme de fascisme »[12],[14].
Depuis la sortie de ce film, la ressemblance entre Hitler et Chaplin fait l'objet de considérations astrologiques[réf. souhaitée] (ils sont nés à quatre jours d'écart).
La croix gammée nazie n'apparaît à aucun moment dans le film ; elle est remplacée (notamment sur les drapeaux et les brassards) par une double croix parodique (en anglais, double cross) qui renvoie aux notions de trahison ou traîtrise[15].
Cette double croix présente par ailleurs une certaine ressemblance avec les armoiries de la ville d'Amsterdam, bien qu'aucune information ne permette d'indiquer que le drapeau de la Tomanie en est inspiré.
Les affichages visibles dans le ghetto juif sont en anglais (langue de la production du film) mais aussi en espéranto, afin de ne pas faire clairement allusion à l'Allemagne nazie, et parce que cette langue a été conçue par Louis-Lazare Zamenhof, un Juif, pour indiquer que le ghetto est bien habité par des Juifs.
La Gestapo est identifiée par une autre police aux services de Hitler : les milices. Des extraits couleurs du tournage, filmés par Sydney Chaplin (le demi-frère aîné de Charlie Chaplin) et retrouvés ultérieurement, montrent que les pantalons des miliciens de Hynkel sont rouges.
Dans son autobiographie publiée en 1964, Chaplin déclare que s’il avait connu l’horreur des camps nazis et l’extermination des Juifs, il n’aurait pas pu réaliser ce film et faire de cette horreur une comédie[16],[17].
Charlie Chaplin subit des pressions de la United Artists à propos de ce film, politiquement sensible pour les États-Unis qui ne sont pas encore engagés dans le conflit mondial à cette époque. Le film sort néanmoins six mois après la fin du tournage[réf. souhaitée].
La première mondiale du Dictateur se déroule à New York le [18].
Le film reçoit des critiques mitigées, et même mauvaises aux États-Unis, du fait de la réticence de l'opinion publique à une entrée en guerre.[réf. souhaitée] Il est pourtant nommé dans cinq catégories aux Oscars, dont celles du meilleur film, du meilleur acteur et du meilleur scénario.
Ce film, à la base comique, a contribué à mobiliser l’opinion publique nord-américaine pour réagir au conflit européen, à une époque où seul le Royaume-Uni résistait à l’Allemagne nazie. Le film fut un grand succès commercial, néanmoins il y a eu plusieurs critiques mitigées. En effet, ce qui est reproché à Chaplin est le fait de contribuer à l'anti-propagande Nazie en faisant d’un sujet tragique une comédie. De plus, Le Dictateur est un film célèbre, car il a courageusement tourné en dérision le dictateur Adolf Hitler de l'Allemagne nazie, à une époque où les États-Unis étaient isolationnistes et antisémites, déterminés à rester en dehors de la Seconde Guerre mondiale. "Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le sauvetage des Juifs et des autres victimes des nazis ne fut pas une priorité pour le gouvernement américain. En partie à cause de l'antisémitisme (préjugé contre les Juifs ou haine des Juifs), de l'isolationnisme, de la dépression économique et de la xénophobie (préjugé contre ou peur des étrangers) [...]" (Encyclopédie Media de la Shoah, 2022)[19]. En effet, les États-Unis sont entrés tardivement dans la Seconde Guerre mondiale. Ce n'est que le 7 décembre 1941 que ces derniers se rangent du côté des Alliés. De plus, Chaplin est soupçonné d'encourager les Américains à intervenir dans le conflit et d'envenimer les relations entre les États-Unis, l'Allemagne et l'Italie. En outre, l’ensemble des critiques reprochées à Chaplin à cette époque, sont dus à son discours jugé trop engagé, humaniste sur le fond et communiste sur la forme. Au-delà des instances politiques, son engagement fut très mal perçu par une partie du public. En outre, Chaplin était soupçonné d'être juif. En effet, les décors qu’il utilise pour la production de ses films, son humour et les personnages qu’il incarne rappellent les ghettos. Ainsi, dans les années 1930, la propagande de l’Allemagne nazie de Hitler utilise ces rumeurs pour blâmer l’artiste et révéler la domination juive dans l’industrie du cinéma[20].
En Allemagne, Adolf Hitler fait interdire le film, mais s’en serait procuré une copie qu’il se serait fait projeter en privé à deux reprises[21].
Quand il apprend la nouvelle, Chaplin dit qu'il donnerait n'importe quoi pour savoir ce qu'en a pensé Hitler[22]. Cependant, Albert Speer, l'architecte de Hitler, nie que celui-ci ait vu le film[23].
Censuré jusqu'en 1945, le film ne sort qu'en 1958[24].
Au Royaume-Uni, Le Dictateur est projeté à Londres pendant la bataille d'Angleterre[réf. souhaitée]. Dans le même temps, l'Irlande — pays voulant rester neutre durant le conflit européen — interdit toute mention de la guerre sous quelque forme que ce soit ; dès lors, le film de Chaplin est censuré, au motif qu'il pourrait provoquer des émeutes[25].
Pendant la guerre, la diffusion du film en dehors des États-Unis fut compliquée. En effet, alors qu’il était sorti en 1940 en Amérique du Nord, il ne sort qu’en 1945, soit à la fin de la guerre, en France car sa diffusion fut interdite dans l’Hexagone jusqu'à la Libération de la France. De même, pour plusieurs autres pays impliqués dans le conflit, il faudra attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour voir le film. En France, Le Dictateur sort en salles en 1945 ; il demeure le film de Chaplin ayant le plus de succès dans ce pays, avec 8 269 894 entrées[26].
En Espagne, le film est censuré jusqu'en 1976[réf. souhaitée].
Pendant la guerre, dans une salle de cinéma de Belgrade en Serbie, pays alors occupé par les Allemands, le projectionniste Nikola Radošević trouve une copie grecque du Dictateur, et le projette à la place d'un autre film, prévu pour cette séance. Pendant 40 minutes, le public regarde le film avec intérêt jusqu'à ce qu'un SS se trouvant dans la salle tire au revolver en direction de l'écran, entraînant une évacuation du cinéma[27].
Le caractère politique du film contribue à valoir à Charlie Chaplin l’accusation de « sympathie pour le communisme » dans les États-Unis maccarthystes des années d’après-guerre[28].
Aussi, son engagement politique est mal perçu par le public. Certains vont même jusqu'à croire que Charlie Chaplin est communiste ou encore juif. Chaplin répondra dans son autobiographie Histoire de ma vie : « On n’a pas besoin d’être juif pour être anti-nazi. Il suffit d’être un être humain normal et décent »[18].
En 1950, pendant la guerre froide, les craintes d'une subversion communiste généralisée s'élèvent aux États-Unis. Le Maccarthysme (Peur Rouge) survient aux États-Unis. Il désigne une période où les américains faisaient paraître leur fort sentiment anti-communiste. "Parsons affirme que les communistes représentent aux yeux du peuple américain à la fois l'intrus et le conspirateur. Par ailleurs, il rappelle que les anticommunistes américains ont eu tôt fait de dénoncer les tactiques totalitaires de ces derniers, en insistant sur leur aspect non américain (un-American)" (Christophe Cloutier-Roy, 2012)[29]. Dans le film, Chaplin vise les États-Unis en leur faisant comprendre qu’il est nécessaire de se battre contre le fascisme. En visant ces derniers, il considère également les pays européens, en voulant les entraîner à faire de même. Cependant, le message que ce dernier essaie de faire passer n’a pas été bien reçu par les américains. Ainsi, le film n’a pas été apprécié pendant longtemps et a été considéré comme irrespectueux et déplacé aux États-Unis après sa sortie.
« On ne lui pardonnait pas d’avoir d’abord lancé son film à New York. La conférence de presse qu’il donna prit un tour politique. On ne lui posait pas de questions sur le film. On lui demandait plutôt s’il était communiste ». (La presse, Cinéma)[30].
En outre, pendant la guerre, la diffusion du film en dehors des États-Unis fut compliquée. En effet, alors qu’il était sorti en 1940 en Amérique du Nord, il ne sort qu’en 1945, soit à la fin de la guerre, en France car sa diffusion fut interdite dans l’Hexagone jusqu'à la Libération de la France. De même, pour plusieurs autres pays impliqués dans le conflit, il faudra attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour voir le film. De plus, après la guerre, en France bien que le film soit sorti en 1958, il n’a pas été rediffusé entre 1960 et 1972. Cependant, il a été continuellement programmé depuis 1972.
Dès la sortie de son film, Chaplin doit faire face à plusieurs problèmes de 1938 à 1940. Il est tout d’abord menacé par des organisations pro-hitlériennes en Amérique. Il fait face aux isolationnistes et à l'opinion publique qui ne veulent pas d'intervention américaine en Europe. De plus, il subit la pression des conservateurs qui l'attaquent furieusement, car au même moment, Chaplin montre de l'intérêt pour la politique à la lumière de la théorie socialiste. À l'automne 1939, il est d'ailleurs convoqué au Comité des activités anti-américaines. De plus, sa vie personnelle est exposée dans tous les journaux étant donné que c'est un personnage public très connu. De même, en 1941, deux sénateurs, Nye et Clark, mettent en place une règle sur le contrôle des films hollywoodiens. En outre, la Commission Nye enquête alors sur la "propagande antigermanique ouverte" dans des films comme Le Dictateur ou encore Sergent York, etc. (Mougenet, Patrick, Le Dictateur Charlie Chaplin, 1940)[31].
En outre, le fameux discours que Chaplin donne à la fin du film est une stratégie de communication pour attirer l’attention des autorités américaines, et pour faire comprendre aux populations qu’il y a des réalités qui ne sont pas exposées sur la sphère publique. De plus, le ton de la communication utilisée par l’acteur est informatif, émotionnel et didactique.
Ainsi, le film n’a pas été reçu de la même manière pour tous. En effet, l’opinion publique aux États-Unis ayant des valeurs bien spécifiques, a eu du mal à digérer l’apparition du film. Cependant, le film a quand même été diffusé devant un public de masse après quelques années. En effet, le film intrigue beaucoup les populations, notamment américaine et britannique, qui se rendaient en masse dans les salles de cinémas par semaine pendant les années de guerre aux États-Unis seulement pour être amusés, captivés, émus ou indignés. De même, certaines productions d’Hollywood ont compris l’intention de Chaplin de pousser les États-Unis à se battre contre le fascisme.
Ainsi, le film Le Dictateur a été mal reçu par l’opinion publique américaine. Cependant, il y a eu une culture de masse, dans le sens où le public était attiré et intrigué par le film, et cherchaient à le voir pour mieux comprendre les idées véhiculées par Chaplin concernant la guerre et les idéologies américaines et qui n'étaient pas forcément exposées sur la sphère publique. Mais également pour comprendre pourquoi Chaplin était considéré comme communiste et anti-américain. De même, on parle aussi de culture de masse car des industries cinématographiques ont suivi l’exemple de Chaplin en produisant des films similaires, comme Escape, qui intriguaient aussi l’opinion publique à cette époque.
En 1952, alors qu'il séjourne à Londres, son visa américain est révoqué « sous réserve de passer un test sur ses opinions politiques et sa moralité pour pouvoir revenir dans le pays ». Chaplin choisit alors de s'installer en Suisse[18].
Par la suite, Le Dictateur sera un succès populaire et le plus grand succès de Chaplin, internationalement reconnu comme un chef-d’œuvre.[réf. souhaitée]
Sur le site agrégateur de critiques Rotten Tomatoes, le film obtient un score de 93 % d'avis favorables, sur la base de 44 critiques collectées et une note moyenne de 8,90/10 ; le consensus du site indique : « Charlie Chaplin démontre que sa voix comique n'est pas diminuée par le dialogue dans cette satire excitante de la tyrannie, qui se distingue peut-être plus par son humanisme exaltant que par ses gags »[32].
Lors de la 13e cérémonie des Oscars en 1941, Le Dictateur est nommé dans cinq catégories, dont celles du meilleur film, meilleur acteur et meilleur scénario original. Il ne remporte cependant aucune récompense[33].
En 1997, Le Dictateur est sélectionné pour conservation par le National Film Registry de la Bibliothèque du Congrès en raison de son intérêt « culturel, historique ou esthétique important »[34].
En 2000, l'American Film Institute classe le film à la 37e place de sa liste des AFI's 100 Years... 100 Laughs[35].
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