The Ambassador Hotel
ancien hôtel à Los Angeles De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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L'hôtel Ambassador (anglais : The Ambassador Hotel) est un ancien établissement hôtelier de luxe, aujourd'hui disparu, de Los Angeles, en Californie. Il se situait au 3400 Wilshire Boulevard, entre Catalina Street et Mariposa Avenue, dans l'actuel quartier de Koreatown. Haut lieu des mondanités hollywoodiennes entre les années 1920 et les années 1960, il est connu pour être en 1968 le lieu de l'assassinat de Robert F. Kennedy, frère de John Fitzgerald Kennedy, 35e président des États-Unis.
Conçu par l'architecte Myron Hunt suivant un style néo-méditerranéen[a], cet hôtel de 500 chambres ayant coûté 5 millions dollars de l'époque[1] ouvre officiellement ses portes au public le . Il fait alors partie de la chaîne Ambassador Hotels System, qui comprend l’Alexandria à Los Angeles, l’Ambassador Santa Barbara, l’Ambassador Atlantic City et l’Ambassador New York. L'édifice de Santa Barbara disparaît dans un incendie le et l’Alexandria quitte la chaîne en 1925, remplacé par l’Ambassador Palm Beach en 1929.
L'hôtel Amabssador appartient à la famille Schine de 1921 à 1971. Il occupe une parcelle de plus de 9,5 hectares[2]. Certaines vedettes, comme Pola Negri[3] y élisent résidence.
Le , lors d'un banquet réunissant 36 convives dans l'hôtel, Louis B. Mayer, directeur des studios de la Metro-Goldwyn-Mayer, lance l'idée de la création d'une organisation professionnelle vouée à la promotion du cinéma. Ce sera l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences, qui remet chaque année depuis 1929 les Oscars du cinéma[4]. Entre 1930 et 1943, six cérémonies des Oscars sont organisées en les murs de l'hôtel[b], qui servira également de décor à de nombreux films. L'hôtel devient un lieu de rendez-vous des personnalités du monde du spectacle, telles que Marilyn Monroe[5], Judy Garland[6], Bing Crosby, Nat King Cole ou John Wayne. Il accueille ainsi des clients pendant plus de six décennies, parmi lesquels tous les présidents des États-Unis de Eisenhower à Nixon. Il subit une importante rénovation en 1949 sous la direction de l'architecte Paul Revere Williams.
La boîte de nuit de l'hôtel, le Cocoanut Grove, ouvre le et devient un des hauts lieux de la vie nocturne de Los Angeles. L'alcool y coule à flots lors de fêtes mémorables, même pendant la Prohibition (1920 - 1933). Les palmiers artificiels qui ornent son intérieur sont les restes d'un décor du film muet Le Cheik, avec Rudolph Valentino, sorti le 20 octobre 1921.
Le nom de Cocoanut Grove est vite associé au faste des soirées hollywoodiennes. De futures actrices telles que Joan Crawford, Carole Lombard ou Loretta Young y sont « découvertes » sur la piste de danse. Sa réputation ne tarde pas à dépasser les frontières de la ville et de nombreux night-clubs sont baptisés du même nom partout à travers les États-Unis.
Dans les années 1920, il devient le lieu de rendez-vous de Charlie Chaplin, Gloria Swanson, Rudolph Valentino, parmi d'autres vedettes du cinéma muet. Joan Crawford y danse le Charleston toutes les semaines et de nombreuses formations de jazz s'y produisent. Dans les années 1930, il est le terrain de jeu d'Errol Flynn, Clark Gable, Katharine Hepburn, Cary Grant, Lana Turner. Il donne son nom à un film musical (Noix-de-Coco Bar en version française) sorti en 1938. Dans les années 1940, le Cocoanut Grove participe à l'effort de guerre en accueillant des galas destinés à lever des fonds et devient un lieu de détente pour les militaires en permission. Dans les années 1950 et 1960, de jeunes chanteurs y font leurs premières armes, tels que Frank Sinatra, Barbra Streisand, Liza Minnelli, ou Les Supremes. Au début des années 1970, Sammy Davis Jr rachète le Cocoanut Grove et le transforme en discothèque, mais le vent a tourné et le succès n'est pas au rendez-vous.
Le Cocoanut Grove accueille le musicien Roy Orbison et différents artistes le 30 septembre 1987 pour l'émission spéciale Roy Orbison and Friends : A Black and White Night, diffusée sur la chaîne Cinemax le 3 janvier 1988. Le lieu est sauvé de la destruction en 2005 : il est transformé en gymnase qui s'intègre dans l'ensemble scolaire ayant remplacé l'hôtel Ambassador.
Le décor du Cocoanut Grove est recréé pour les besoins du film Aviator, de Martin Scorsese, sorti en 2004 avec Leonardo DiCaprio et dont l'action se situe au début des années 1930.
L'hôtel entre dans l'histoire le avec l'assassinat de Robert F. Kennedy en ses murs. La tragédie se joue deux mois à peine après le meurtre de Martin Luther King à Memphis, alors que le pays se divise sur la question des droits civiques et s'enlise dans une interminable guerre au Viet Nam. Robert Kennedy, alors candidat démocrate à l'élection présidentielle américaine de 1968, incarne les espoirs de ceux qui aspirent à retrouver l'unité du pays. À la fin de son discours, il se dirige vers les cuisines de l'hôtel pour serrer des mains et reçoit trois balles de calibre 22 tirées par Sirhan Sirhan. Transporté à l'hôpital du Bon Samaritain, il y décède 26 heures plus tard, veillé par sa femme Ethel Kennedy, alors enceinte de Rory Kennedy, leur onzième enfant. Cinq autres personnes sont également blessées dans l'attentat : William Weisel d'ABC News, Paul Schrade du syndicat United Auto Workers, la militante du Parti démocrate Elizabeth Evans, Ira Goldstein du Continental News Service et un bénévole de la campagne de Kennedy, Irwin Stroll[7].
La mort de Robert Kennedy marque le début de la fin de l'hôtel. En 1970, le Cocoanut Grove devient le Now Grove sous la direction de Sammy Davis, Jr. qui en fait une discothèque afin d'attirer une clientèle plus jeune[8], mais le lieu est passé de mode et le déclin de l'hôtel est accéléré par la dégradation du quartier tout au long des années 1970, frappé par l'explosion du trafic de drogues, des gangs et de l'insécurité. En 1989, l'hôtel finit par fermer au public mais continue d'accueillir des événements privés et le tournage de films.
En 1991, Donald Trump, rachète l'hôtel avec le projet de le démolir pour construire à sa place un gratte-ciel de 125 étages. Il vend la vaisselle d'argent, les lits et les tables de chevet[9].
Le 10 septembre 2005, les dernières reliques de l'hôtel sont vendues aux enchères dans le parking[10], peu avant le début des travaux de démolition. Les derniers pans tombent le 16 janvier 2006. Seuls sont préservés l'entrée, l'ancienne galerie marchande, un café et la salle du Cocoanut Grove, destinés à s'intégrer dans le nouvel ensemble scolaire construit entre 2006 et 2010 qui occupe de nos jours le site et nommé (en) Robert F. Kennedy Community Schools.
À partir de 1933, l'hôtel Ambassador sert de lieu de tournage ou de toile de fond à différents films et séries (Arabesque, Beverly Hills 90210)[11]. À partir des années 1990, l'absence de client et son style rétro en font un décor parfait pour des films dont l'action se situe dans les années 1950 et 1960[12].
Le dernier film utilisant l'hôtel comme décor est Bobby (2006), relatant l'assassinat de Robert Kennedy. Le réalisateur Emilio Estévez voulait tourner le film dans les lieux réels de l'assassinat. Mais en 2005, en raison de la vétusté des lieux, le bâtiment doit être totalement détruit. La production du film parvient cependant à obtenir une semaine pour faire des prises de vue du bâtiment avant sa destruction et pour faire des croquis détaillés. La production achète ensuite aux enchères du mobiliers et des accessoires de l'hôtel pour le tournage en studio. La décoratrice Patti Podesta s'inspire également du film Le Lauréat, tourné à l'Ambassador et sorti en 1967, un an avant le meurtre de Robert Kennedy[13].
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