Symposium International de Sculpture Environnementale de Chicoutimi
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Le Symposium International de Sculpture Environnementale de Chicoutimi (1980) est un événement artistique et culturel qui a pour thème La Sculpture: lieu autonome ou intégration à un lieu. Il interpelle l'éclatement des frontières traditionnelles de la sculpture où le contenu n'est plus dans l'objet lui-même mais dans sa relation avec l'espace environnant et/ou avec le spectateur. Cette manifestation déborde sur une foule d'activités et de réflexions à caractère culturel, social et pédagogique: festival de performance, stages et ateliers expérimentaux, programme d'animation culturelle ouvert au public et un colloque interrogeant les problématiques de la sculpture environnementale avec la participation d’invités internationaux composés d’artistes, de critiques, d’historiens et de sociologues de l’art[1].
Symposium International de Sculpture Environnementale de Chicoutimi | |
Le SISEC s'est tenu à la Pulperie de Chicoutimi. | |
Type | Événement artistique et culturel |
---|---|
Pays | Canada |
Localisation | Chicoutimi (Saguenay) |
Coordonnées | 48° 25′ 22″ nord, 71° 04′ 50″ ouest |
Date | au |
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Le Symposium International de Sculpture Environnementale de Chicoutimi (SISEC) se déroule sur le site de la Vieille Pulperie à Chicoutimi (Québec, Canada) en 1980. Le comité organisateur du SISEC est composé de Guy Dion (Président), Lucien Martel (Vice-président), Jean-Pierre Vidal (Vice-président), Robert Bergeron (Trésorier), Denys Tremblay (Secrétaire et Directeur), Guy Parent (Officier), Jean-Paul Régis (Officier) et Pierre Houle (Officier). Le SISEC comprend cinq volets majeurs : la création de dix sculptures environnementales, la tenue d’un colloque, l’animation de stages et d’ateliers expérimentaux, la réalisation d’un festival de performance, l’élaboration d’une signalétique et d’un circuit régional d’exposition. Le symposium est financé par différents organismes publics et privés dont la Ville de Chicoutimi, le ministère de l’Industrie, du Commerce et du Tourisme du Québec, le ministère des Affaires culturelles du Québec, le programme Ose-Art, Canada-Travail, le Conseil des Arts du Canada et six universités du Québec[2].
C’est autour de la thématique La sculpture, lieu autonome ou intégration à un lieu que sont réunis les dix sculpteurs participants soit: Serge Beaumont, Pierre Bourgault, Michel Goulet, Pierre Granche, Miroslav Maler, Brigitte Radecki, Dominique Rolland, Ronald Thibert, Armand Vaillancourt et Bill Vazan. Il faut noter que le sculpteur André Geoffroy a été retenu comme participant cependant son état de santé dû à un accident d'automobile l'a obligé à renoncer à sa participation au SISEC[note 1]. Le comité de sélection des artistes est composé de Huber Durocher, Georges Dyens, Richard Martel, Yves Robillard et Denys Tremblay, appuyé par un comité d’évaluation technique et une firme chargée d’estimer les coûts des projets. Plus de 140 projets sont évalués pour cet événement. À la suite du symposium, les œuvres créées sur le site de la Vieille Pulperie sont installées en permanence dans différentes villes de la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean soit: Chicoutimi, La Baie, Jonquière, Alma, et Métabetchouan[3].
Le colloque international est réparti sur trois jours pendant le symposium. Il porte sur trois thèmes:
Plusieurs théoriciens et praticiens de l’art participent à ces journées, soit : Pierre Théberge, René Payant, Henri Van Lier, Tony Long, Ulysse Comtois, Denis Chevalier, Didier Gillon, Denys Tremblay, Joe Fafard, Pierre Restany, Georges Trakas, Jean-Marc Poinsot, Piotr Kowalski, Marcelle Ferron, Jacques Levesque, Melvin Charney, Hervé Fischer, Colette, Rose-Marie Arbour, Francine Larivée, Pierre Restany Ninon Gauthier, François-Xavier Cloutier, Francine Couture et Guy Sioui-Durand.
Les stages d’ateliers expérimentaux sont offerts aux étudiants et étudiantes universitaires. Hervé Fischer et Alain Snyers donnent l’atelier Citoyens/Sculpteurs, un projet d’art sociologique, les autres sont animés par des artistes dont la démarche remet en question le rapport avec l’environnement et le monde extérieur, soit : Piotr Kowalski, Klaus Rinke, Tony Long et Zofia Butrymowicz.
Parmi les activités parallèles au symposium, plusieurs artistes provenant de disciplines variées réalisent une performance, notamment le groupe Carnivore, Marie Chouinard, Claude-Paul Gauthier, Raymond Gervais, Pierre Gosselin, Daniel Guimond, Istvan Kantor (Monty Cantsin), Holly King, Claude Lamarche, Jocelyn Maltais, Carol Proulx, Rober Racine, Cyril Read, Michael Snow et Jean Tourangeau.
Pendant les six semaines du Symposium, plusieurs expositions traitant de la sculpture ont lieu dans tous les centres de diffusion culturelle du Saguenay—Lac-St-Jean. Il s'agit de la Société des arts de Chicoutimi, la Société historique de Chicoutimi, la Banque nationale, la Galerie de L’Arche, la Bibliothèque central de prêt du Saguenay—Lac-Saint-Jean, le Centre national d’exposition et le Musée du Saguenay[4]. Il y a aussi la présentation d'un programme d'animation très diversifié: un théâtre d'été, Fête de la chanson et des concerts de musique improvisée.
Né à Saguenay en 1951, Serge Beaumont est un artiste qui travaille différents matériaux comme l’acier, l’aluminium, le bois, le bronze, le granit et le béton. Il propose au SISEC un projet qu’il présente comme un lieu de repos au flanc du Mont Jacob à Jonquière (Saguenay)[5]. Son but est de situer l’œuvre dans un rapport d’appartenance physique qui tient compte à la fois de l’environnement, ici une montagne et du granit brut à sculpter. Visuellement, il s’agit d’une pierre travaillée et polie, assise sur une plaque de béton sculptée en forme de lèvres[6].
Localisation de la sculpture au Centre national d'exposition de Jonquière: 48° 24′ 38″ N, 71° 16′ 07″ O
Né à Saint-Jean-Port-Joli en 1942, Pierre Bourgault est un artiste qui privilégie des matériaux comme l’acier et l’aluminium souvent utilisés dans ses sculptures et ses installations[7]. Pendant le SISEC, Pierre Bourgault réalise une sculpture habitable se présentant comme un immense cheval de bois de 22 pieds (6,7 mètres) de haut[8]. Ce petit environnement offre la possibilité d’être vue et vécue; il situe en ce sens le rôle de l’art comme proposition ludique. Le cheval de bois est installé au Parc de La Baie (Saguenay)[6].
Né à Asbestos en 1944, Michel Goulet en plus d'une carrière de professeur, poursuit une démarche artistique à partir d'objets du quotidien. Il réalise une sorte d'inventaire culturel, qu'il organise, compare et additionne, créant un processus de collection hétéroclite et déroutant qui amène le spectateur à remettre en question sa perception de la réalité[9]. L'œuvre de Michel Goulet au SISEC se situe à mi-chemin entre un vestige archéologique et des fondations de bâtiments industriels jouant dans les espaces accidentés de la nature. L'œuvre du sculpteur est installé sur le site de la Pulperie[6].
Né à Montréal en 1948, Pierre Granche a une carrière d’enseignant à l'Université de Montréal, et travaille comme expert dans les comités d’études sur l’intégration des arts à l’architecture[10]. L’apport du sculpteur à l’intégration de l’art à l’architecture au Québec est fondamental. Pierre Granche a choisi l’installation comme pratique sculpturale que ce soit pour l’art public ou pour les lieux d’exposition. L’artiste renouvelle les codes de la pratique artistique au Québec en élargissant la notion d’artiste, d’œuvre d’art et de lieu d’exposition[11]. A Chicoutimi, Granche définie son intervention par une organisation d’un site existant, site possédant déjà des caractéristiques plastiques évidentes. L'œuvre intitulée Lieu in-fini est installé à la Pulperie[6].
Né à Toronto en 1933, Bill (William) Vazan est une figure marquante de l’art conceptuel, du land art et du montage photographique au Canada. Il poursuit une carrière comme artiste et enseignant à l’École des arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal[12]. Le langage conceptuel de Bill Vazan est dominé par la ligne, qu’elle soit virtuelle, configurée par les déplacements, tracée sur la neige (land art), la ligne rend visibles les liens qui unissent les choses entre elles, que ce soit à une échelle locale ou dans un système de communication mondiale[13]. Pour le SISEC, Vazan réalise une œuvre dont le titre est Outlikan Meskina. Ce projet est en fait un idéogramme basé sur les pétroglyphes et sur les omoplates divinatoires trouvés chez les Innus au Saguenay—Lac-Saint-Jean. L'œuvre se trouve au Parc de la Rivière-du-Moulin à Saguenay[14].
Localisation du Parc de la Rivière-du-Moulin: 48° 23′ 57″ N, 71° 02′ 46″ O
Né en République Tchèque, en 1946, Miroslav Frederik Maler est un sculpteur de pierre. Pour le SISEC, l'artiste réalise une œuvre à caractère archéologique et pour ce faire, il utilise plusieurs sortes de pierres taillées qu'il empile de façon à créer une sorte de ruine. Certaines pierres sont polies, frottées, d’autres légèrement travaillées ou naturelles. L'œuvre Northern Way se trouve au Parc de la Colline à Chicoutimi-Nord[6],[15]
Localisation du Parc de la Colline: 48° 26′ 54″ N, 71° 04′ 19″ O
Née en Allemagne en 1940, Brigitte Radecki est une artiste reconnue pour ses sculptures monumentales et ses installations environnementales[16]. Inspirée par l’archéologie, elle réalise des œuvres en lien avec la nature et les origines humaines soutenues par une dimension féministe et politique[17]. Seule femme sculptrice parmi les finalistes, elle propose pour le SISEC un environnement qui est un lieu intégré. Ce lieu d’une dimension de 22 pieds (1371 cm) de long par 6 pieds (274 cm) de large par 8 pieds (335 cm) de haut est constitué de troncs d’épinette plantés à la verticale dans des blocs de ciment. Ce lieu est fait pour être pénétré et expérimenté plastiquement. L'œuvre Maison longue est installée sur la mezzanine de la bâtisse des sculpteurs sur le site de la Pulperie[6].
Né à Montréal en 1954, Dominique Rolland est sculpteur et administrateur du Centre des arts contemporains du Québec à Montréal qu'il fonde en 1983[18]. Dominique Roland décrit la sculpture qu'il réalise au SISEC comme une grosse pierre polie placée au centre d’un quadrilatère d'environ 40 pieds (1219 cm) par 40 pieds (1219 cm). Cette pierre s'enfonce dans le sol et est retenue par des câbles en métal. L'artiste veut démontrer l’effet produit par un choc terrible sur la pierre centrale; le dispositif reproduit l'effort qui a occasionné son enfoncement[19]. La démarche artistique de Dominique Rolland, expliquée par l’historien de l’art Yves Robillard, donne un éclairage au projet proposé au SISEC « Rolland travaille à suggérer l'action d'autres forces extérieures, comme l'idée du garrot qui étrangle ou de la main qui tire ou pousse et laisse sa trace sur la sculpture ». L'œuvre est située au Parc de l'ile Sainte-Anne à Alma[20].
Localisation du Parc de l'île Sainte-Anne: 48° 33′ 10″ N, 71° 39′ 23″ O
Né à Saint-Édouard-de-Napierreville en 1942, Ronald Thibert est à la fois sculpteur et enseignant à l'Université du Québec à Chicoutimi[21]. Le projet présenté pour le SISEC comprend cinq pièces de béton. Ces cinq éléments sont placés à peu près à 50 pieds (15 mètres) de distance, à la périphérie d'un cercle qui a environ 100 pieds (30 mètres) de diamètre, l'œuvre est située à la municipalité de Métabetchouan, sur les rives du lac Saint-Jean[6]. Tel que prévu, Ophélia, est disparue dans les eaux du lac Saint-Jean[22].
Localisation de Métabetchouan: 48° 26′ 04″ N, 71° 51′ 56″ O
Né à Black Lake en 1929, Armand Vaillancourt étudie à l'École des beaux-arts de Montréal. Il est surtout connu pour ses œuvres monumentales, bien que son approche artistique se compose de plusieurs facettes : peinture, sculpture et estampe[23]. Le sculpteur poursuit une quête sociale en dénonçant l'injustice, la violence et le racisme dans le monde[24]. Dans le cadre du SISEC, Vaillancourt réalise un amalgame de gabions. Ces gabions sont des cages faites de treillis métalliques galvanisés et plastifiés d’un volume de 6 pieds (2 mètres) par 3 pieds (1 mètre) par 3 pieds (1 mètre). 200 gabions sont ainsi remplies de roches et placées sur le plateau près de l’aréna Johnny-Gagnon et de la Pulperie[6].
Le Colloque international de la sculpture environnementale se déroule du 3 au 6 juillet 1980 à l'Université du Québec à Chicoutimi. Ce Colloque, organisé par le SISEC, est de calibre international et contribue à faire avancer le débat sur l'art contemporain[6]. Le thème de la première journée porte sur la sculpture comme objet autonome, celui de la deuxième journée vise précisément le thème de l'environnement et la troisième journée est réservée aux problèmes de la sculpture au Québec[25].
Les stages et ateliers expérimentaux du SISEC réunissent cinq artistes de renommée mondiale. Ces cours, crédités par l’Université du Québec à Chicoutimi, s’adressent aux étudiants universitaires de premier cycle ou à toute personne qui fait la preuve d’une connaissance suffisante en sculpture, en art ou histoire de l’art[26]. Chacun des artistes invités privilégie le rapport de l'art à l'environnement selon des problématiques différentes. Klaus Rinke prépare ses installations à partir d'éléments naturels, Tony Long déconstruit le rapport de l'objet formaliste à l'espace architectural, Hervé Fischer propose une approche urbaine et sociale, Piotr Kowalski interroge l'art dans son rapport à la technologie et Zofia Butrymowicz introduit l'art textile dans l'espace environnementale[27].
Le festival de performance du SISEC présente 19 performances faisant appel à diverses disciplines comme la musique, la danse, la vidéo et la sculpture. Ces performances reflètent des esthétiques touchant la psychologie, les technologies et le social et remettent en question la fonction de l'artiste, son pouvoir et son rapport avec le public. Cet événement dans le contexte d'un symposium de sculptures met en lumière deux approches artistiques soit: l'artiste-performeur qui fait de l'action une œuvre et l'artiste-sculpteur qui fait d'un objet une œuvre[35]. Les artistes participants sont:
La signalisation est sous la responsabilité de six personnes. Il s’agit de l’artiste/ coordonnateur Jean-Jules Soucy accompagné des artistes/participants Yves Tremblay, Collette Houde, Pierre Bouchard, Anne St-Gelais, Julien Côté et Jean-Robert Guimond. Ils doivent réaliser une soixantaine de sculptures qui vont jouer le rôle d'agents de signalisation pendant toute la durée du symposium. Les figures représentées, posées sur des socles aux couleurs phosphorescentes, reprennent avec humour des personnages désormais célèbres dans l'histoire de la sculpture: Napoléon, Champlain, le bourgeois de Calais, la statue de la liberté, une vierge éplorée tenant sur ses genoux... un joueur de hockey. Conçus comme un environnement dans la ville, ces monuments, imitant les bronzes de la sculpture traditionnelle, sont entièrement fabriqués à partir de matériaux de récupération: bois, vieux vêtements, draps, broches[36]. Le procédé de fabrication de cette signalétique est créé par les artistes. Il s'agit de mélanger un gallon (4,5 litres) de colle avec un gallon d’eau et de tremper les linges récupérées dans cette préparation, par la suite il faut définir une posture imitant une œuvre sculpturale célèbre et peindre le tout avec un latex vert. Le jeu demeure important dans ce travail. La présence d'objets hétéroclites dans un environnement urbain et des sculptures qui appellent à la participation permettent de distraire les visiteurs tout en étant utile comme signalisation de l'événement[37].
Plusieurs documents( photographies, vidéos, films, livres et articles) ont porté sur le Symposium International de Sculpture Environnementale de Chicoutimi, dont le film La parole aux sculpteurs (58 min, 1980), réalisé par Alain Corneau (coproduit par la Maison de l’Arche Inc. et Radio-Québec), le film La sculpture environnementale (54 min 56 s, 1981) de Guy-Jude Côté (productions Tournesol), et le livre Citoyens-Sculpteurs : Une expérience d’art sociologique au Québec (1980), écrit par Philippe Fertray, Hervé Fischer et Alain Snyers (Éditions SEGEDO). Une étude portant sur la critique médiatique du SISEC réalisée par le journaliste Denis Lessard regroupe un ensemble de 90 textes et reportages photographiques parus dans les journaux hebdomadaires et quotidiens du Saguenay/—Lac Saint-Jean, de Québec et de Montréal, dans les revues Cahiers, Focus, Intervention, Vie des arts ou dans des publications institutionnelles: le Bulletin du Conseil de la sculpture du Québec et Réseau, organe de liaison des constituantes de l'Université du Québec[38].
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