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ancienne société d'Hergé De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Les Studios Hergé de 1950 à 1986 est la société d'Hergé dont les collaborateurs ont pour mission d'élaborer et de créer l'œuvre d'Hergé, notamment Les Aventures de Tintin ainsi que ses produits dérivés.
Studios Hergé | |
En-tête du papier à lettres des Studios Hergé, dans sa première époque. | |
Situation | |
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Création | Studio Hergé : 1950 à 1986 Fondation Hergé : 1986 - 2006 Studios Hergé : depuis 2006 |
Siège | Avenue Louise 162 1050 Bruxelles |
Langue | Français |
Organisation | |
PDG et PDG exécutif | Nick Rodwell & Fanny Rodwell |
Personnes clés | Hergé - fondateur. |
Site web | Tintin.com |
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De 1986 à 2006, les Studios Hergé deviennent la Fondation Hergé (ASBL).
À partir de 2006, la Fondation retrouve un statut de société, elle prend le nom de Studios Hergé.
Les Studios Hergé sont fondés par Hergé en 1950 pour l'assister dans l'élaboration de son œuvre : Les Aventures de Tintin, Quick et Flupke et Jo, Zette et Jocko.
Les studios comptent au fil des ans d'une dizaine à une cinquantaine de collaborateurs qui aident Hergé dans sa tâche. Parmi eux de prestigieux dessinateurs comme Jacques Martin, Bob De Moor ou encore Roger Leloup.
Les Studios permettent à Hergé de développer les albums des Aventures de Tintin de manière plus élaborée, en déléguant certains aspects, en particulier le dessin d'éléments du décor ou la mise en couleur, un domaine qu'Hergé n'a jamais bien maîtrisé et qu'il avait d'ailleurs délégué à Edgar P. Jacobs dans les années 1940. Les éléments techniques notamment, nécessitant un grand travail de documentation et une technique de dessin particulière, rendaient cette assistance précieuse. Les Studios furent d'ailleurs créés alors qu'Hergé travaillait sur Objectif Lune, aventure où la technologie est omniprésente. L'influence de certains membres sur le scénario est également sensible. Jacques Martin, par exemple, revendique beaucoup d'éléments du scénario, principalement de nombreux gags burlesques (le sparadrap dans L'Affaire Tournesol, Tournesol déboulant dans la voiture du médecin dans Les Bijoux de la Castafiore, etc.), qui, d'après Martin, ne correspondent pas au style d'humour d'Hergé.
L'entrée des bureaux est décorée d'objets issus des aventures de Tintin, offerts par des admirateurs ou ayant servi de modèle lors de la création des albums[1]
Dans les années 1960, alors que Tintin devient une icône internationale[2], Hergé semble se désintéresser de plus en plus de son héros[3]. Par ailleurs, il vit avec sa jeune coloriste Fanny Vlamynck depuis qu'il a quitté son épouse Germaine après quatre années de liaison[4], et de nombreuses occupations le détournent de son travail, en particulier sa nouvelle passion pour la peinture et l'art contemporain[3],[5]. L'auteur aime à s'offrir des vacances de plus en plus longues[3] et semble profiter auprès de sa nouvelle compagne d'une forme de retraite anticipée[6]. En 1962, au retour de ses vacances, les membres de son équipe lui font une blague qui révèle selon Philippe Goddin un malaise plus ou moins déguisé :
« Après une quarantaine de jours d'absence, Hergé est enfin de retour aux Studios. Le , lorsqu'il débouche, tout bronzé, dans le grand atelier où travaillent habituellement ses collaborateurs, il y découvre le grand Bob de Moor, en short, allongé de tout son long sur un fauteuil de plage, ronflant comme un bienheureux. Plus loin, France Ferrari l'imite sur un lit de camp. Une corde à linge traverse la pièce, sur laquelle sèchent essuies, pantalons ou chaussettes. Une table de ping-pong a été dressée, Jacques Martin y dispute une folle partie avec ses acolytes Roger Leloup et Michel Demarets. Les coloristes font du tricot, sous le regard de Josette Baujot, en tablier, fichu sur la tête. Partout, des ventilateurs ronronnent. Des papiers de toutes sortes, journaux, livres et revues, jonchent le sol, tandis que la vaisselle traîne sur tous les bureaux, à côté de bouteilles vides de champagne ou de whisky. […] Hergé considère la scène d'un air perplexe. Derrière la plaisanterie, il perçoit le flottement qui a gagné sa troupe pendant ses longues vacances. Dessinateurs, documentalistes et décoristes semblent n'attendre qu'un signal pour se remettre au travail, sur un nouvel album. Mais Hergé […] sait qu'il n'en est nulle part »
— Philippe Goddin, Hergé, lignes de vie, 2007[7].
Le reproche lui est adressé plus franchement pendant l'été 1965 : Jacques Martin et Bob de Moor profitent de l'absence du dessinateur pour effectuer le crayonné et l'encrage de l'un des découpages les plus aboutis du dossier préparatoire de Tintin et les Bigotudos, projet qui servira de base pour la réalisation de Tintin et les Picaros dans les années 1970. Ils déposent cette planche sans un mot de commentaire sur le bureau de l'auteur qui la découvre à son retour[8]. Par ce « geste d'humeur », comme le qualifie Philippe Goddin, les deux dessinateurs cherchent avant tout à montrer au créateur de Tintin que la naissance d'une nouvelle aventure ne repose pas uniquement sur ses propres épaules et que son rôle peut bien être plus limité que ce qu'il laisse entendre[9]. Quelques jours après son retour, Hergé laisse paraître la planche en question dans l'hebdomadaire suisse L'Illustré, tout en livrant un entretien dans lequel il confie manquer d'inspiration et réclame son droit de ne pas soutenir une cadence forcée de production, comme peuvent le faire de nombreux écrivains[10].
De fait, le manque d'inspiration de l'auteur entraîne les Studios Hergé dans une période d'activité professionnelle largement réduite. Dans une interview accordée en 2001, Roger Leloup, membre de l'équipe, revient sur cette période d'inertie : « La pire chose dans la vie est d'être payé à ne rien faire. Et personnellement, je trouve qu'on ne foutait rien. Les coloristes mettaient une semaine pour réaliser leur ouvrage. Chez Dupuis, le même travail se faisait en un jour »[6]. François Rivière et Benoît Mouchart, qui consacrent une biographie à Hergé, rapportent qu'à cette époque, le dessinateur se rendait parfois aux Studios pour y « faire salon », entouré de lecteurs de son œuvre et aimant « à s'entretenir longuement dans sa tour d'ivoire avec ces représentants du monde extérieur »[11], ce que confirme Numa Sadoul, auteur de nombreux entretiens avec le dessinateur et qui ajoute : « C'est pour ça qu'il était content que j'arrive, c'était pour l'empêcher de travailler »[6]. Pour Benoît Peeters, le travail de refonte de L'Île Noire entre 1963 et 1965 tient surtout de la nécessité « de donner du travail à une équipe désœuvrée », en l'absence de nouveau projet depuis la parution des Bijoux de la Castafiore[12].
Après la mort d'Hergé en , son bureau aux Studios est laissé intact quelque temps après sa mort[13],[14].
C'est à la seconde femme d'Hergé Fanny Remi, entrée comme coloriste aux Studios en 1956, qu'échoit la gérance des droits de l'œuvre du dessinateur et à Alain Baran l'homme de confiance d'Hergé qu'échoient les droits dérivés.
En , les Studios Hergé sont donc séparés en deux entités. La première entité, « Tintin Licensing » est une société créée par Alain Baran qu'il revend rapidement au groupe Canal+. Cette société est chargée de l'exploitation commerciale de l'œuvre d'Hergé, elle gère les droits d'auteur liés à l'œuvre d'Hergé ainsi que les produits dérivés. En 1996, « Tintin Licensing » devient Moulinsart S.A. à la suite du rachat de ce dernier au groupe Canal+ par Nick et Fanny Rodwell de la Fondation Hergé.
La seconde entité dirigée par Fanny Remi, devenue Fanny Rodwell, devient à partir de 1986 la Fondation Hergé qui est une association sans but lucratif (ASBL) dont l'objectif est de gérer l'œuvre de Hergé et de veiller au respect des droits d'auteur. Les deux organismes aujourd'hui restent très liés depuis que la gérance est faite par Nick et Fanny Rodwell.
Fanny Rodwell fait appliquer la volonté d'Hergé, qui ne souhaitait pas que Les Aventures de Tintin se poursuivent après sa mort. Une hésitation se pose cependant au sujet de Tintin et l'Alph-Art, album laissé à l'état d'ébauche par Hergé et dans un premier temps confié aux Studios pour être achevé sous la direction de Bob De Moor. Fanny Remi change ensuite d'avis et décidera finalement de publier uniquement les croquis d'Hergé, au grand dam de Bob De Moor.
Une autre hésitation concerne la série Quick et Flupke. Moins populaire que Tintin, celle-ci n'a jamais fait l'objet d'instructions claires d'Hergé concernant une éventuelle reprise. Probablement plus pour pallier le manque d'activité des studios quelque peu désœuvrés depuis la disparition du maître que par réelle volonté artistique. Fanny accepte le projet de Johan De Moor, le fils de Bob et récemment arrivé aux studios, de reprendre la série. Johan De Moor réalise un album composé de nouveaux gags tandis que les studios modernisent d'anciens gags qui n'avaient jamais été adaptés en couleurs.
Trois albums sortent donc en 1985, il s'agit des seules œuvres pour lesquelles les studios Hergé aient été crédités « officiellement » sur la couverture et la page de garde. Ces albums sortent dans une ambiance quelque peu morose puisque Fanny profite de la sortie pour annoncer que non seulement la reprise de la série est avortée et s'arrêtera là, mais qu'en plus les Studios Hergé vont devoir fermer leurs portes.
Les Studios sont donc condamnés à court terme et, le temps d'achever quelques projets (produits dérivés et publicités principalement), leur activité s'arrête rapidement.
Le , les Studios Hergé de « l'après Hergé » sont remplacés par la « Fondation Hergé », son rôle est de gérer les droits de l'auteur de l'œuvre d'Hergé. Différents événements ou publications eurent lieu en lien avec la « Fondation Hergé » depuis cette date.
Remariée à l'anglais Nick Rodwell, Fanny Remi, devenue Fanny Rodwell, lui délègue une grande partie de la gestion de l'œuvre de son précédent époux. Le couple Rodwell parvient notamment à racheter la licence des droits dérivés Tintin Licensing au groupe Canal+ en 1996 pour la somme de 132 millions de Francs belges. Ils rebaptisent Tintin Licensing et créent la société Moulinsart S.A. pour gérer les droits dérivés[15], passer de nouveaux partenariats commerciaux et ouvrir des boutiques Tintin en Europe de l'Ouest, au Japon, au Liban, à La Réunion ou encore en Turquie.
En 2006, pour des raisons légales (intéressement des administrateurs des ASBL), la « Fondation Hergé » devient une société, propriété des époux Rodwell et prend le nom de « Studios Hergé ». Les Studios financent notamment les 15 millions d'euros nécessaires à la construction du Musée Hergé, à Louvain-la-Neuve en Belgique[16]. En , les studios Hergé lancent, sous l'impulsion du responsable de la communication, la Revue Hergé disponible par abonnement au club Tintin.com aux membres annuels.
Cette liste non exhaustive reprend les membres les plus emblématiques des Studios Hergé.
Entre parenthèses sont indiquées les dates d'exercice dans les « studios Hergé ».
On peut considérer tous les travaux réalisés sous le nom de plume d'Hergé depuis 1950 comme des travaux des « Studios Hergé ». Ci-dessous est établie une liste, à nouveau non exhaustive, des principales réalisations dans lesquelles le Studio a joué un rôle majeur, tantôt dans la colorisation et le dessin des décors, tantôt en remplaçant carrément la main d'Hergé au dessin. Il est cependant difficile d'évaluer sur certains albums le rôle des collaborateurs d'Hergé puisque ce rôle a très probablement été minimisé par Hergé puis par ses ayants droit, et ce jusqu'à aujourd'hui. Certains albums font donc débat, tels que Tintin et les Picaros et la troisième version de L'Île Noire (dont Bob De Moor est soupçonné par certains d'avoir dessiné entièrement les planches) ou encore La Vallée des Cobras (ici, c'est Jacques Martin qui est parfois supposé avoir dessiné l'intégralité de l'album).
(en aparté : parodie avec Blake, Mortimer et E.P. Jacobs dans Il était moins cinq par B. de Moor dans Tintin l'Hebdoptimiste n°73, 1974 - 2pl., pastiche de S.O.S. Météores par B. de Moor dans Journal de Tintin - Le théâtre du Mystère, avril 1978 - 1pl., et enfin Quand Rastapopoulos rencontre Alix et Énak par Jacques Martin, dans (À suivre) Hors Série Spécial Hergé -album Casterman- en 1983 - 2pl.)
Toute création qui sortait des studios était attribuée au nom de Hergé uniquement. Seuls trois albums de la série Quick et Flupke, réalisés après le décès d'Hergé, sont attribués « officiellement » aux studios, puisque c'est le nom des studios qui figure sur la couverture.
Cette anecdote très connue des tintinophiles est assez révélatrice de l'ambiance à une certaine époque dans les Studios. Durant les vacances d'Hergé en décembre 1965, les deux principaux collaborateurs du maître, Bob De Moor et Jacques Martin, ont réalisé une planche factice de Tintin, parfait pastiche du style du maître, qu'ils ont envoyé à l'hebdomadaire suisse L'Illustré qui l'a présentée comme une planche extraite de la future aventure de Tintin.
Jacques Martin : « j'ai d'abord inventé un petit scénario, composé la planche puis placé les personnages. À la suite de cela, j'ai passé la planche à Bob de Moor qui a exécuté les décors que j'avais esquissés. Et nous avons mis à l'encre, lui les décors et moi les personnages. »[19],[20]
Hergé, apparemment, n'a pas réagi immédiatement après avoir découvert ce canular. Il a probablement préféré laisser à l'état de blague ce qui, de l'avis de certains[21], était un vrai mouvement d'humeur de collaborateurs qui désiraient être plus impliqués dans le processus de création des Aventures de Tintin.
La planche, qui décrit une scène d'aéroport proche de certaines séquences de Objectif Lune et de L'Affaire Tournesol, ressemble en effet à s'y méprendre à une planche d'Hergé, seuls quelques tintinophiles avertis pourront y découvrir les quelques « tics » propres à De Moor et à Martin. Cette planche est notamment visible sur Tintin est Vivant !.
La « planche bidon », conservée par Jacques Martin, est vendue aux enchères en 2011, après sa mort, pour 31 250 € (37 955 € en 2023)[22].
-non exhaustif-
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En 1988, une peinture murale est inaugurée ; elle est réalisée à partir des travaux du studio, sur des esquisses d'Hergé peu avant sa mort pour le métro de Bruxelles à la station Stockel.
Le Comité Hergé a pour but d'expertiser tout document graphique potentiellement de la main d’Hergé et/ou des Studios Hergé, sous la direction d’Hergé ou de Bob De Moor pour la période après le décès d’Hergé, il se réunit deux fois par an.
Le comité d'authentification est composé de six membres dont cinq spécialistes d’Hergé (Bernard Tordeur, Marcel Wilmet, Philippe Goddin et Ann Marchal) et il est présidé par la conservatrice du Musée Hergé, Sophie Tchang.
Le but principal du comité est donc de donner des avis sur l'authenticité d'œuvres multi-supports attribuées à Hergé.
Le premier numéro de la revue Hergé est paru en . Lancée par Marcel Wilmet et éditée par les Studios Hergé, elle est exclusivement distribuée par abonnement aux membres annuels du club Tintin et aux amis et relations des Studios Hergé et de Moulinsart.
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