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rituels ou actions employés pour manipuler des êtres et des forces naturels ou surnaturels De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La magie est une pratique fondée sur la croyance en l'existence d'êtres, de pouvoirs et de forces occultes et surnaturels, permettant d'agir sur le monde matériel par le biais de rituels spécifiques.
Les évolutions des connaissances scientifiques dans le monde occidental chrétien depuis la période médiévale, en donnant des explications aux phénomènes naturels se sont progressivement opposées à la croyance en la magie[1]. Cependant, selon des anthropologues comme Evans-Pritchard[2], qui décrit la magie chez les Azandé comme une philosophie naturelle associée à une réponse socialement appropriée et culturellement significative au problème de l'inconnu négatif[3], la croyance en la magie ou sorcellerie n'est pas incompatible avec une appréciation rationnelle de la nature[4]. On peut aussi la décrire comme un ensemble d'activités et de technologies destinées à manipuler des agents et des énergies invisibles ou immatériels, non reconnus par la science[3].
La distinction entre les pratiques magiques non orthodoxes et les pratiques religieuses légitimes est problématique dans le cas des traditions religieuses comme le bouddhisme ou l'islam[5] qui ne sont pas fondées sur des doctrines et des liturgies hautement codifiées, et n'encouragent donc pas les distinctions entre la prière, l'incantation ou les sortilèges dans la même mesure que le christianisme[3].
Le domaine de la magie en est venu à incorporer des éléments qui, ailleurs, relèveraient de la catégorie de la religion, comme la kabbale (une tradition de la mystique juive considérée comme ésotérique et secrète), le yoga (un ensemble de doctrines spirituelles issu des religions indiennes dharmiques)[3] ou encore le Yi-Jing (ouvrage de divination issu de la cosmologie taoïste)[6] ; de ce fait, les approches ethnologiques contemporaines tendent à utiliser le terme de pensée magico-religieuse[7].
Le mot français « magie » vient du latin magia, lui-même issu du grec μαγεία / mageía, « religion des mages perses », « sorcellerie[8] ».
Pour remonter plus haut, il faut aller jusqu'en Perse. Le mot maguš[9], « mage » en vieux-perse, est visible pour la première fois sur une inscription gravée en 515 av. J.-C. à Béhistoun (Perse antique, Iran actuel), sur les exploits de Darius Ier, roi de Perse, qui a renversé en 522 av. J.-C. Gaumâta, un mage mède qui s'est proclamé roi de l'empire perse. « Darius le Roi dit : « Ensuite, il y avait un homme, un Mage, du nom de Gaumâta[10]. » En perse, mag signifie « science, sagesse ». Héraclite (vers 500 av. J.-C.) est le premier à utiliser le mot, en énumérant « les somnambules, les mages (μάγοι), les bacchants [initiés à Dionysos], les ménades [initiées à Dionysos], et les initiés »[11]. Hérodote, vers 420 av. J.-C., précise le sens : « Les tribus mèdes sont : les Bouses, les Parétacènes, les Strouchates, les Arizantes, les Boudiens, les Mages (μάγοι) »[12]. En fait, les Mages forment la caste sacerdotale des Mèdes[13], comme les Brahmanes sont la caste sacerdotale des Hindous. Certains Mages sont prêtres. Ils ont diverses fonctions : interpréter les songes, pratiquer la divination, sacrifier au Soleil, à la Lune, à la Terre, au Feu, à l'Eau et aux Vents, chanter la théogonie, participer au pouvoir politique, faire des sacrifices royaux, procéder à des rites funéraires. Comme le montre une sculpture de Kizkapan, ils portent un bonnet qui couvre la bouche, ils officient sur un autel du feu. Le mot « mage » existe donc en Occident depuis le Ve siècle av. J.-C.
Vers le milieu du IVe siècle av. J.-C. le mot Mageia (en latin magia) est employé par les Grecs en tant que doctrine issue de la Perse, notamment avec Zoroastre (vers 590 av. J.-C. ?)[14]. Parmi les Mages perses (et non plus mèdes), ou prêtres de Zoroastre, les plus célèbres sont : Ostanès le Mage[15] et Hystaspe, qui seraient venus en Occident dès 480 av. J.-C. Ils auraient accompagné Xerxès Ier, roi de Perse, en pleines « guerres médiques », jusqu'à Abdère[16].
Le latin magus paraît dès 506 au concile d'Agde[17].
Le mot de « magie » a longtemps évoqué des connotations négatives, associées aux coutumes religieuses exotiques d'un Autre menaçant. Dans un sens ancien, le mot était associé à des pratiques qui étaient étranges parce qu'elles étaient étrangères. Avec le temps, cependant, et en partie à cause de l'influence du christianisme, l'idée de magie s'est attachée à des pratiques spirituelles ou curatives qui, bien qu'issues des sociétés occidentales, étaient classées comme excentriques, illégitimes ou douteuses en raison de leur statut externe ou marginal vis-à-vis de l'orthodoxie religieuse et scientifique. Au début de l'Europe moderne, des connaissances et des pratiques obscures étaient également associées à des groupes marginaux comme les Juifs ou les paysans. Malgré ce changement d'orientation, le concept de magie a conservé son association avec les notions de bizarrerie, de mystère et d'inorthodoxie[3].
Le mot « magie » désigne tantôt une technique (les arts magiques), tantôt des procédés, des opérations, tantôt une action, un effet, mais cela n'est pas si gênant. Par exemple, la magie de Merlin concerne soit l'art magique (art occulte : Merlin connaît et pratique des procédés occultes pour produire des effets merveilleux), soit des procédés magiques (techniques occultes : Merlin utilise des formules secrètes), soit des effets magiques (puissances mystérieuses : Merlin rend invisible).
Apulée : « La magie est la science de la piété et du divin […]. Mes adversaires, toutefois, peuvent adopter le sens du vulgaire, selon lequel le mage, étant en communauté avec les dieux immortels, a le pouvoir de tout faire par la vertu mystérieuse des incantations[18]. »
Helena Blavatsky : « La magie, considérée comme science, est la connaissance des principes et de la voie par laquelle l’omniscience et l’omnipotence de l’Esprit et son contrôle sur les forces de la nature peuvent être acquis par l’individu tandis qu’il est encore dans le corps. Considérée comme art, la magie est l’application de ces connaissances à la pratique[19]. » « La magie est la science de la communication avec les Puissances supra-mondaines éternelles et de leur direction, ainsi que du commandement de celles de ces puissances appartenant aux sphères inférieures ; connaissance pratique des mystères cachés de la nature connus seulement du petit nombre parce qu'il est très difficile de les acquérir sans tomber dans les péchés contre nature[20]. »
Aleister Crowley : « La Magie est la Science et l'Art d'occasionner des Changements en accord avec la Volonté[21]. »
Papus : « La Magie est l'étude et la pratique du maniement des forces secrètes de la nature[22]. »
Pierre A. Riffard : « La magie est l'action efficace sur un objet réel ou mental, par la parole, le geste, l'image ou la pensée, indépendamment des catégories de l'être (espace, temps, causalité), mais conformément à des correspondances soit analogiques [par exemple, rouge = le fer, le mardi] soit mécaniques [rouge → excitation, mûrissement][23]. »
Définition du dictionnaire Hachette : « Science occulte qui permet d'obtenir des effets merveilleux à l'aide de moyens surnaturels. » L'idée de magie requiert d'admettre l'existence de forces surnaturelles et secrètes, contraindre les puissances du ciel ou de la nature, recourir à des moyens d'action qui ne sont ni religieux ni techniques mais occultes.
Mage, magicien, magiste y sont distingués.
D'autres personnes font des « miracles », mais autrement. Le prestidigitateur et le fakir utilisent l'illusion ; le médium et le prodige ont un don ; le saint et le mystique comptent sur Dieu.
La magie orientale — mésopotamienne, iranienne, égyptienne — explique ses effets par l'archétype, le modèle divin ou cosmogonique. À ses yeux, pour agir magiquement, il faut faire comme font les dieux ou faire comme ce fut à l'origine. Les dieux sont des exemples, des créateurs, des tout-puissants, les origines sont des moments forts, ils concentrent des puissances idéales, des possibilités. C'est donc magique, par identification, analogie. On lit souvent sur les papyrus égyptiens ou gréco-égyptiens[26] : « Je suis Isis », « Je suis Osiris ».
Bôlos de Mendès, le premier des occultistes, explique la magie par les « sympathies et antipathies » et par les « vertus occultes »[27]. D'après lui, la salamandre et le feu sont en sympathie, le coq et le lion en antipathie, en inimitié ; la dépouille d'un serpent a la propriété merveilleuse de favoriser les menstrues.
Pic de la Mirandole, en néoplatonicien, explique la magie par l'amour. « Les merveilles de l'art magique ne s'accomplissent que par l'union et l'actualisation des choses qui sont latentes ou séparées dans la nature. […] Faire de la magie n'est pas autre chose que marier le monde (Magicam operari non est aliud quam maritare mundum) ». Tout comme le vigneron fait une greffe de la vigne, le magicien lie l'inférieur au supérieur, le matériel au divin, sur le plan du caché, du latent, du séminal. Pour faire un talisman, il faut lier le signe gravé ou inscrit à un esprit planétaire, à un des sefirot de l'arbre des kabbalistes[28].
Paracelse explique la magie par l'astral, aussi bien l'Esprit sidéral que le corps astral (corpus sidereum), d'autre part il explique par la volonté et l'imagination du mage. « L'Esprit sidéral » est la lumière répandue dans notre esprit autant que la Raison universelle. « Même les choses insensibles, les plantes, les graines, les fruits, les pierres, etc., tout a un corps astral », celui-ci est un « aimant » qui attire « les influx sidéraux », un « moteur » qui donne vie et esprit au corps élémentaire[29]. Le mage sait capter et diriger « les forces célestes », « les puissances astrales » dans les objets terrestres, mais aussi utiliser les images, les lettres, les chiffres, les mots, les sons. La pensée de Paracelse reste toutefois difficile à appréhender.
Agrippa de Nettesheim, Giambattista Della Porta, Swedenborg, la majorité des auteurs expliquent la magie par les analogies et correspondances[30] pour le côté abstrait, par les liens ou les déliements pour le côté concret. C'est la fameuse notion de « ligature » (serrer un lien, faire un nœud). On a là une idée magique de tous temps et pour tous lieux. Exemple : il y a, selon le magicien, analogie, ressemblance, métaphore, apparentement entre l'amour et un lien, un nœud, un enchaînement, donc, pour créer un amour de façon magique, le magicien fera un nœud. L'analogie créera le lien. Recette du IVe siècle : « Charme étonnant pour lier une femme aimée. Fais 365 nœuds. » Recette de 1997 : « Pour attirer l'amour. Dans un ruban rouge, vous aurez écrit vos deux noms avec le sang de l'un des deux. Liez le ruban de manière à faire joindre les noms »[31]. L'action magique transfère à deux personnes le pouvoir qu'a le nœud sur deux cordes, celui d'unir, de rapprocher. Un mage d'une part scrute, connaît, d'autre part manipule, transfère les équivalences symboliques.
Franz Anton Mesmer (1766) et tout le mouvement du magnétisme animal expliquent par un « fluide magnétique universel », ou plus prosaïquement par l'électromagnétisme.
Éliphas Lévi explique par la volonté[32]. « Savoir, oser, vouloir, se taire, voilà les quatre verbes du mage […]. Vouloir, vouloir longtemps, vouloir toujours, mais ne jamais rien convoiter, tel est le secret de la force ; et c'est cet arcane magique que le Tasse met en action dans la personne des deux chevaliers qui viennent délivrer Renaud et détruire les enchantements d'Armide. […] Ce qui rendait Jeanne d'Arc toujours victorieuse, c'était le prestige de sa foi. »
Frazer, ethnologue anglais, explique par les associations d'idées[33]. « Les hommes confondent l'ordre de leurs idées avec l'ordre de la nature, et, dès lors, imaginent que le contrôle qu'ils exercent ou semblent exercer sur leurs pensées les autorise à pratiquer un contrôle correspondant sur les choses. » Frazer distingue, dans son analyse de la magie, trois lois, qui marchent par associations (similitude, contiguïté, contrariété). Première loi, la similitude, la sympathie par imitation : « Tout semblable appelle le semblable, ou un effet est similaire à sa cause » ; par exemple, la technique d'envoûtement consiste à percer d'une aiguille une poupée imitant la personne que l'on veut blesser. Deuxième loi, la contiguïté, la sympathie par contact, la contagion : « Les choses qui ont été une fois en contact continuent d'agir l'une sur l'autre, alors même que ce contact a cessé » ; par exemple, un magicien peut blesser une personne en piquant les empreintes de pas laissées par cette personne. Troisième loi : « le contraire agit sur le contraire » ; par exemple, pour contrecarrer une blessure, on peut susciter son contraire sous forme d'une image de cicatrisation.
Mikhaël Aïvanhov, un maître spirituel bulgare, explique par l'aura[34]. « Être un mage, c'est créer. Le mage véritable est entouré d'un cercle de lumière, son aura, ce halo de lumière invisible qui émane de lui et qu'il a formé grâce à son travail spirituel et à la pratique des vertus. Pour créer, le mage utilise les mêmes moyens que Dieu Lui-même : il projette une image ou prononce un mot qui traverse son aura, et c'est l'aura qui fournit la matière pour la manifestation. » Il existe « trois grandes lois magiques : 1) la loi d'enregistrement, 2) la loi d'affinité, 3) la loi du choc en retour »[35].
Alexandra David-Neel fournit un compte rendu des croyances mystiques tibétaines, et son livre Magic and Mystery in Tibet considéré comme une enquête ethnographique sur le paranormal. Dans la préface de l'édition 1965 du livre, David-Neel a attiré l'attention sur les difficultés liées à la classification de phénomènes extraordinaires dans différents contextes culturels lorsqu'elle a écrit que : « [...] les Tibétains ne croient pas aux miracles, c'est-à-dire aux événements surnaturels. Ils considèrent les faits extraordinaires qui nous étonnent comme le travail d'énergies naturelles qui entrent en action dans des circonstances exceptionnelles, ou par l'habileté de quelqu'un qui sait les libérer, ou, parfois, par l'intermédiaire d'un individu qui, sans le savoir, contient en son sein. lui-même les éléments susceptibles de déplacer certains mécanismes matériels ou mentaux qui produisent des phénomènes extraordinaires[4]. »
Chaque tradition ou culture possède ses propres définitions des catégories magiques.
Déjà saint Augustin distingue dans la magie une forme « plus détestable », la goétie (sorcellerie), et une forme « plus honorable », la théurgie[36]. Depuis la fin du Moyen Âge, vers 1450[37], les savants posent la distinction entre deux sortes de pratiques, en fonction de leurs buts moraux : la magie noire (« nigromancie ») et la magie blanche (« mageia »). Auparavant, on voyait dans chaque magie du mal et du bien. Les statuts de Narbonne (1638) exposent la séquence suivante, décroissante en valeur : magiciens, devins, enchanteurs, sorciers.
La distinction magie noire/magie blanche recoupe presque la distinction entre magie du mal et magie du bien, entre magie illicite (ars prohibita) et magie licite, mais aussi la distinction entre magie diabolique (qui repose sur l'aide de mauvais démons) et magie naturelle (reposant sur un agencement adéquat des causes physiques). J. Pic de la Mirandole dit sur cette dernière distinction : « Il y a une double magie. L'une relève tout entière de l'activité et de l'autorité des démons […]. L'autre n'est rien d'autre que l'achèvement absolu de la philosophie de la nature (exacta et absoluta cognitio omnium rerum naturalium) »[39].
Selon la Bible satanique, il n'existe pas deux formes de magies : la magie n'est pas manichéenne avec une bonne et l'autre non. Selon Anton Szandor LaVey il n'existe qu'une seule magie mais plusieurs manières de s'en servir : ainsi, certains s'en serviront pour punir et d'autres pour guérir.
L'Église Catholique ne fait pas de distinction entre différentes magies, elles sont toutes associées aux démons plus ou moins explicitement.
Au Tibet, la religion Bön et ses adeptes Bön-po, étaient versés dans la magie noire et la magie blanche. La magie noire est un des thèmes du film Milarépa : La Voie du bonheur (Milarepa). Actuellement, les Bön-po ne pratiqueraient plus que la magie blanche.
Une deuxième opposition met face à face deux magies, l'une rituelle, l'autre physique : la magie opératoire et la magie naturelle. Agrippa insiste sur cette distinction[41].
Il existe différentes sortes de magie :
Un texte magique grec pointe déjà le sujet : « Ce sont dans les plantes, les formules et les pierres que résident tout l'art et la faveur et le pouvoir magique de l'effet cherché »[49]. Marsile Ficin fait une liste des sept choses qui peuvent attirer les influences célestes, d'après les planètes, en commençant par les supports extérieurs, physiques : Lune (pierres, métaux, etc.), Mercure (plantes, fruits, animaux), Vénus (poudres, vapeurs, odeurs), Soleil (mots, chants, sons), Mars (émotion, imagination), Jupiter (raison), enfin Saturne (contemplation intellectuelle, intuition divine)[50]. Il recommande « les émotions, le chant, l'odeur et la lumière » pour capter les divinités planétaires.
Jean Pic de la Mirandole mentionne « les paroles et les mots », « les nombres », « les lettres », « les caractères, les figures », la musique[56]. Les magiciens puisent souvent dans des « images sacrées », des « images divines ». Il s'agit de symboles graphiques (comme le pentagramme), de « charactères » (lettres ou hiéroglyphes, « sceaux planétaires »), de symboles, de « carrés magiques », de talismans ou amulettes ; pour les magiciens, agir sur ces figurations de forces équivaut à agir sur les forces figurées elles-mêmes. Le magicien mésopotamien ou égyptien, par exemple, fait couler de l'eau sur une statue couverte d'inscriptions magiques : l'eau entraîne les caractères, et sera utilisée, en boisson, comme médicament ou potion. L'usage de figures, dessins est bien connu. Toute représentation d'un magicien le montre avec la figure d'un pentagramme ou d'un sceau de Salomon. Un sommet de la magie des images est « l'art notoire », développé aux XIIe et XIIIe siècles : le sujet, en général un moine ignorant, « en jeûne et oraison », contemplait longuement des figures géométriques (« notes ») représentant une science, et il comptait ainsi pouvoir l'acquérir, par magie de contagion[57].
Le magicien ou la magicienne peut puiser intérieurement une force magique de différentes manières :
Lorsque le magicien n'a pas assez de puissance ou si les objets magiques ne sont pas suffisamment puissants, il peut faire appel à des esprits pour l'aider dans sa tâche, bénéfique ou malfaisante. Ainsi, il peut invoquer les démons, les incubes et succubes (démons sexuels), les esprits de la nature, les âmes des morts, les fées, les anges ou même les dieux.
Les magiciens ont parfois recours à un assistant magique, appelé « parèdre », qui est un démon, un dieu, un génie, un esprit, l'âme d'un mort. « On acquiert un démon comme assistant : il te dira tout, il vivra, mangera et dormira avec toi »[61].
La magie qui invoque des diables ou démons malfaisants est appelée goétie, celle qui invoque des anges bienfaisants ou dieux est de la théurgie ; les deux forment la « magie cérémonielle »[70].
Souvent, tous les supports interviennent. Soit le « rituel d'appel de forces ». « Il faut d'abord se procurer une feuille de parchemin animal [symbole] sur laquelle on écrira sa demande. Le rituel s'effectuera en lune ascendante [astre], soit dans l'oratoire, soit en plein air [condition de lieu], la nuit [condition de temps]. Sur l'autel sont disposés : le parchemin enveloppé de soie, deux cierges liturgiques [Élément Feu], de l'eau lustrale [Élément Eau], un bol de terre ou un crâne [Élément Terre], de l'encens dans un brûle-parfum [Élément Air]. On tracera [expression par geste] le cercle de protection. On prend son couteau rituélique à manche noir [instrument] et on dit [expression par parole] : Introïbo ad altare Demiurgi, puis on lit les psaumes 2, 6, 101, 129 et 142. On visualise [expression par imagination] alors sa demande : si on souhaite de l'argent, on voit des piles de beaux billets. On appelle le génie que l'on a choisi [démonisme]. On attend jusqu'à ce que l'on sente la présence de l'entité appelée [expression par volonté], et, croyez-moi, on la sent. On lit à nouveau le texte du parchemin, puis on récite la formule suivante : Demiurgus Caeli[71]… »
Plotin, dans son traité 28, explique la magie par les antipathies et sympathies (comme Bolos de Mendès), par l'Amour et la Haine cosmiques (comme Empédocle), par la sympathie cosmique (comme les stoïciens), par les démons (comme Pythagore et Xénocrate)[72]. « Pour les actes de sorcellerie (goetéia), comment les expliquer ? par la sympathie, par le fait qu'il existe par nature une harmonie entre les semblables et une opposition entre les contraires, par la variété des nombreuses puissances qui se mettent en œuvre pour réaliser l'unité de l'être vivant. D'ailleurs, sans que personne n'intervienne, beaucoup d'attractions et de sortilèges se produisent ; car la vraie magie, c'est l'amour qu'il y a dans l'univers et inversement la haine. » « Ces sages antiques, qui cherchaient à s'assurer de la présence des êtres divins en érigeant des sanctuaires et des statues (…) comprirent que cette Âme [du monde], bien qu'elle soit partout présente, peut être captée d'autant plus facilement qu'un réceptacle adéquat aura été prévu à cet effet, un lieu particulièrement approprié pour en recueillir quelque portion ou phase, quelque chose qui puisse la reproduire ou capter son image à la manière d'un miroir »[73].
Les humanistes de la Renaissance, dont Marsile Ficin, Henri-Corneille Agrippa de Nettesheim, Pic de la Mirandole ont des connaissances livresques du sujet.
Marsile Ficin opère une révolution dans l'histoire de la magie en en donnant une version subjective, complètement spirituelle. Il limite le pouvoir de la magie au seul esprit du mage[74]. Comme les stoïciens et Plotin, il pense qu'un Esprit cosmique (spiritus mundi), intermédiaire entre l'Âme du monde (Anima mundi) et le Corps du monde (Corpus mundi), de la nature de l'éther, qui « vivifie tout », qui est « la cause immédiate de toute génération et de tout mouvement », traverse le Tout ; la mage peut attirer cet Esprit qui peut canaliser l'influence des astres, « attirer la vie céleste ».
Selon Pic de la Mirandole, alors âgé de 24 ans, « nulle science ne confirme davantage la divinité du Christ que la magie et la Cabbale ». Mais il fait l'effort de séparer la magie naturelle qui est en fait le mot traditionnel pour la science ou la philosophie, de la magie démoniaque qui est rigoureusement à condamner. « Je dis et je répète que ce nom de « magie » est un terme équivoque et signifie aussi bien la nécromancie, où l'on procède par pacte et accords étroits avec les démons, que la partie pratique de la science de la nature, qui n'enseigne rien d'autre qu'à accomplir des œuvres merveilleuses grâce aux forces naturelles »[76]. Dans ce sens-là et sous cette restriction fondamentale, « Faire de la magie n'est autre que marier le monde ». Pour lui, la connaissance n'est pas que spéculative : elle conduit à l'action sur le monde. Il croit en quelques principes : l'animisme (tout est vivant et providentiel), la latence (le magicien peut « actualiser ou réunir » à une autre toute force cachée), Dieu (toute œuvre doit être rapportée au Créateur), les analogies. Pour Pic, la magie consiste à s'appuyer sur l'astrologie pour lire le Livre de la nature et sur la kabbale pour interpréter la Bible.
Pour Agrippa, les plantes, les planètes ont chacun une âme rationnelle. Les influences vont du supérieur à l'inférieur, verticalement, comme chez Platon : Dieu, Idées, Âme du monde, Figures et Nombres, rayons des étoiles, esprits et âmes humaines, choses matérielles[77].
Depuis la fin du XIXe siècle, la magie est pensée par des spécialistes de sciences humaines[78], notamment avec des approches évolutionnistes et positivistes. Edward Burnett Tylor fait une différence radicale entre magie et approche. La magie repose sur « l'erreur consistant à prendre une analogie idéale pour une connexion réelle »[79], par exemple le raisonnement du magicien infère du fait que le coq chante quand le Soleil se lève l'idée que si l'on fait chanter le coq le Soleil se lèvera. En tout cas, la magie donne une explication du monde. Dans son ouvrage Le Rameau d'or[80], James George Frazer théorise l'hypothétique passage de l'humanité par trois stades intellectuels : magie, religion, science, et par là s'approprie la simplification « progrès = rationalisation ». Frazer distingue ces trois étapes et mentalités selon l'intention, la rationalité et l'autonomie de l'agent. La magie est le stade le plus ancien et bas. Magie et science veulent ensemble l'autonomie de l'agent et changer le monde, mais la magie, à la différence de la science, n'est pas rationnelle, elle a des principes tout autres. Magie et religion admettent ensemble l'existence de puissances surnaturelles, mais la magie a un but pratique et veut forcer les puissances surnaturelles, alors que la religion n'a pas de but pratique et cherche à se concilier les puissances surnaturelles (Dieu, anges, démons…).
Pour les sociologues Hubert et Mauss[81], la religion a pour extrême le sacrifice, tandis que la magie a pour extrême le maléfice ; la religion recherche le grand jour et le public, tandis que la magie les fuit ; la religion se montre comme un « culte organisé », tandis que la magie se montre souvent sous un aspect « irrégulier, anormal, et peu estimable ». Le magicien a une position sociale, on lui attribue des pouvoirs spéciaux, « c'est donc l'opinion qui crée le magicien et les influences qu'il dégage ». « Et le magicien se dupe lui-même. » Dans Les formes élémentaires de la religion, Émile Durkheim[82] sépare magie et religion : individualiste et anti-sociale, la magie ne se prête pas à des manifestations collectives, et elle est viscéralement anti-religieuse. Mauss, ensuite, centre son approche sur la notion de mana. « Le mana est d'abord l'action spirituelle à distance qui se produit entre des êtres sympathiques. C'est également une sorte d'éther, impondérable, communicable, et qui se répand de lui-même. Le mana, en outre, fonctionne dans un milieu qui est mana ». Pour Lucien Lévy-Bruhl, la magie relève d'une mentalité prélogique, car elle ignore les principes de non-contradiction et d'identité ; elle se centre sur la notion de participation mystique, qui veut que « les objets, êtres, phénomènes peuvent être à la fois eux-mêmes et autre chose qu'eux-mêmes », par exemple un primitif pense être lui-même et son totem.
Pour l'anthropologue fonctionnaliste Bronisław Malinowski[83], la magie est pragmatique, elle répond à des buts précis, surtout en cas de malheur et d'échec, et elle est individuelle. On recherche son efficacité et on trouve ses fins par les rites. La religion est plus abstraite, désintéressée que la magie, la magie intervient où la technique échoue. Magie comme religion ont pour dénominateur commun leur fonction apaisante pendant des périodes de troubles ou de doutes psychologiques ; cependant, si les progrès de la science vont réduire la magie, la religion continuera à rassurer.
Pour l'anthropologue structuraliste Claude Lévi-Strauss[84], la magie n'est pas une fausse science (comme le dit Frazer), une pensée prélogique (comme le soutient Lévy-Bruhl), mais une autre rationalité, une façon de donner du sens. Elle met en place un système de classification.
Certains « pouvoirs magiques » sont examinés par des parapsychologues, mais ils ne sont guère reproductibles, et on peut les interpréter différemment. Toujours est-il que la psychokinèse, l'influence à distance du magnétiseur, les guérisons paranormales, l'efficacité thérapeutique de la prière n'ont jamais été scientifiquement prouvées.
Dans son livre de 1989, Les Talismans, qui se concentre sur la tradition juive de la magie , l'ethnologue et médecin David Rouach[85] donne pour sa part des informations détaillées sur Les analogies qui existent entre le fonctionnement médical et le fonctionnement magique. Il identifie cinq caractères fondamentaux des rites magiques. L’action magique doit :
D'un point de vue épistémologique, la magie n'est jamais vérifiable et elle trouve toujours une justification. Si le rite échoue, le magicien dira que les conditions n'étaient pas remplies.
Le sociologue Mauss[86] croit en une « suggestion collective ». La société a une influence sur l'individu. La société ou un groupe croit en la magie, et l'effet se produit, par insinuation. Par exemple, une hantise de la mort, d'origine purement sociale, peut entraîner la mort. Certains aborigènes d'Australie pratiquent le sort de « l'os pointé », qui consiste à viser celui qui doit mourir avec un os d'une longueur de 15-22 cm, d'origine humaine ou animale[87].
L'Ancien Testament rejette les pratiques magiques : « Tu ne laisseras pas vivre la sorcière » Exode, 23:18). « Vous donc, n'écoutez ni vos prophètes, ni vos devins, ni vos songes, ni vos augures, ni vos magiciens » (Jérémie, XXVII, 9). La magie est assimilée aux sacrifices d'enfants par le feu, à la sorcellerie, à la nécromancie, et attribuée aux étrangers, Égyptiens, Mésopotamiens, Perses, Cananéens.
Dans le christianisme, la magie a mauvaise réputation. Les gouvernements, de 311 à 361, ont prohibé la magie, l'haruspicine (l'interrogation des entrailles des victimes sacrificielles en vue de la divination), les cultes syriens. Constantin, en 321, punit la simple connaissance de la magie, même sans pratique. Saint Justin (Dialogue contre Tryphon), Ambroise, saint Augustin (De la doctrine chrétienne), les théologiens condamnent, en ne distinguant pas la magie des autres sciences occultes et en y voyant un culte des démons ou une hérésie. L'Église aussi se montre sévère. Le Décret de Gratien, rédigé aux alentours de 1140 et qui rassemble plus de 3 800 textes, contient quantité de condamnations.
Selon l'Apocalypse, les magiciens sont excommuniés de facto ; ils n'ont pas accès à la vie éternelle, et vont directement en enfer.
En principe, la loi telle qu’elle est énoncée dans le texte biblique est formelle : la magie est interdite. Le judaïsme orthodoxe s’est toujours opposé, à cette pratique et à son usage. Il considérait que le fait d’invoquer des noms de Dieu déviait du strict monothéisme[88].
Malgré ces interdictions, scripturaires, des textes essentiellement du Talmud, attestent que déjà, à l’époque de la Michna (IIIe siècle), la magie était d’un usage courant.
Meïr de Rothenburg (1215-1293) pose un principe qui s’est confirmé à travers les siècles « pour tout sujet de la loi (halahique )la loi doit aller dans le sens des us et coutumes » (Minhag, plu.Minhaguim). Ces ces pratiques et coutumes se sont donc imposées comme source de droit, pouvant entrer en contradiction avec la loi divine.
Bien que l’objectif du judaïsme doit avoir consisté à éradiquer toutes ces pratiques magiques, celles-ci ont été maintenues chez les juifs à toutes les époques parce que les guides spirituels savaient que l’homme est réticent à changer ses habitudes. L’objectif était donc d’éloigner le peuple de toutes ses pratiques de manière pédagogique. Maïmonide s’explique à ce propos dans le guide des égarés (Moré Névouhim) : 3:29 « Il n’eut pas été convenable d’exiger de renoncer complètement aux sacrifices. Les faire eût semblé aussi impensable que si l’on exigeait aujourd’hui une religion de pure méditation, sans culte, sans prière, sans aucune pratique. Le culte sacrificiel est un pis-aller pour que le peuple ne sacrifie pas aux démons ou aux anges ». Cette ambiguïté manifeste s’avère extrêmement intéressante dans l’histoire de la philosophie juive. Maimonide par exemple, bien qu’il condamne ce type de pratique, explique cependant que certaines coutumes possèdent une signification qui reste contingente, et liée à des événements historiques précis. Il développe également que certaines pratiques représentent une sorte de concessions divine à la façon de penser d’une culture idolâtre, concession, ayant pour but, malgré cette base et à partir d’elle, de créer une culture monothéiste. Ainsi, lorsque Dieu voulu édifier une communauté monothéiste, il ne put changer en une nuit la mentalité polythéiste en mentalité monothéiste. Il a fallu la conduire par étape vers le monothéisme. Cette façon pour Dieu, de s’adapter, de se conformer et de se mêler au monde, sans porter atteinte aux lois de la nature, se nomme pour Maïmonide, « sa ruse et sa sagesse ».
À partir de ce principe, l’un des bons résultats du judaïsme fut d’avoir su canaliser avec sagesse une grande partie de la magie, évitant ainsi l’horreur de « cette folie des sorciers ». L’emploi généralisé des noms de Dieu, des anges, des versets et des psaumes reste une caractéristique de la magie juive, telle qu’elle s’est développée dans les communautés juives[89].
La magie noire est couramment utilisée dans le satanisme. Elle puise dans les émotions pour gagner en énergie et être employée de différentes manières. Le plus souvent par le biais de rituels considérés comme maléfiques. Pour effectuer ces rituels, les adeptes du satanisme utilisent cinq ingrédients :
D'autres types de magies noires existent, ils sont souvent issus d'un rituel, les messes noires, les envoûtements, le spiritisme, ou encore l'invocation de démons comme l'incube et le succube[90].
Il existe aussi une magie utilisée contre le satanisme : l'exorcisme. Cela consiste à extraire un démon d'un corps humain, après qu'il en a pris la possession.
« La magie est de tous les temps. Depuis le début de l'humanité, elle suit les pas des hommes sur tous les continents. A l'ombre des religions, en leur sein parfois, plus souvent en vive concurrence avec elles, elle transporte une part du sacré, du transcendant, de ce qui dépasse l'être mortel, pour lui parler du surnaturel et pour lui laisser la certitude, l'espoir ou l'illusion de pouvoir agir efficacement sur le monde invisible »[91].
La magie occidentale s'est inspirée d'autres cultures. Les Grecs en étaient conscients, en particulier quand ils disaient qu'Apollonios de Tyane avait « rendu visite aux Mages de Babylone, aux Brahmanes des Indes et aux Gymnosophistes d'Égypte »[94].
« Les magiciens (magi) sont ceux qu’on désigne vulgairement sous le nom de « malfaisants » (malefici) à cause de l'ampleur de leurs méfaits. Ils perturbent les éléments, troublent l’esprit des hommes, et, sans absorption d’aucune potion, seulement par la violence de leurs incantations, ils tuent. Ils osent tourmenter grâce aux démons qu’ils ont invoqués, pour que n’importe qui anéantisse ses ennemis par ces arts mauvais. Ils utilisent même du sang et des victimes et touchent souvent au corps des morts[98]. »
Le 4e concile de Tolède, présidé par Isidore de Séville en 633, distingue quand même les magiciens des devins (aruspices, arioli, augures, sortilegi)[99]. Il faudra attendre le XVIe siècle pour séparer la magie non seulement des autres arts occultes (comme la divination), mais encore de la sorcellerie, de l'hérésie, du paganisme, de la nécromancie.
La confusion des mots s'accompagne d'une terrible répression, de censure, d'Inquisition. En 343-381, le synode de Laodicée exige que « les membres du haut clergé et du bas clergé ne soient pas des magiciens, des enchanteurs ou des faiseurs d'horoscopes ou des astrologues et qu'ils ne fabriquent pas ce que l'on appelle des amulettes, qui sont des entraves à leur propre âme »[100]. Dès 438, le code théodosien interdit magie, divination. En 506, le concile d'Agde condamne les enchanteurs (les magiciens), mais il distingue la magie de la religion et il énumère ce qui relève de la magie : les incantations, les phylactères, les maléfices, les prodiges[101]. Le concile de Rome, en 721, interdit les incantations (incantationes).
La notion de magie, isolée, distincte du paganisme ou de la sorcellerie, n'apparaît qu'au début du XIIIe siècle En 1277, l'évêque Tempier condamne les traités de géomancie, de nécromancie, les recueils de sortilèges et d'invocations de démons[102]. Giovanni Balbi (Jean de Gênes) distingue le prestigium (prestidigitation), qui relève de l'illusion des sens, et le maleficium, qui implique une soumission des démons au pouvoir des magiciens (Catholicon, 1286).
Le rôle des traducteurs est important. Le roi de Castille et de Leon, Alphonse X le Sage, fait traduire en latin le Sefer Raziel, traité kabbalistique en hébreu, puis en 1256 le Picatrix, traité en arabe.
De nombreux contes et récits légendaires de créatures mythiques, comme les Dragons, ont encore plus popularisé les pouvoirs magiques, les faisant passer dans une autre dimension. Si les capacités surnaturelles étaient pour le moment destinées aux sorcier(e)s, les histoires racontées aux jeunes enfants mettant en scène des bêtes extraordinaires ont complètement changé la donne. Par exemple, voici les 5 pouvoirs de Dragon qui étaient les plus répandus à cette lointaine époque.
Les textes importants au Moyen Âge sont Le secret des secrets du pseudo-Aristote, le Picatrix de l'Arabe pseudo-al-Majrîtî, le Des rayons des étoiles de l'Arabe al-Kindî, Le Grand Albert (1245 ss.), le Livre des visions de Jean de Morigny (1323), La magie sacrée d'Abramelin de Mage (1450 ? ou faux du XVIIIe siècle ?). On parle surtout de vertus occultes, d'esprits, de talismans, d'astrologie. À partir de 1250, des livres de « magie salomonienne » circulent, dont la Clavicula Salomonis (Petite clé de Salomon, XVe siècle) , et le Lemegeton (plus tardif, XVIe siècle). Ils traitent de figures magiques, de noms d'esprits, anges ou démons à invoquer pour obtenir ce que l'on désire. Le Livre de l'ange Raziel fait le lien entre magie et kabbale car il recueille des fragments d'Éléazar de Worms avec divers tableaux et images. Kabbalistiques.
Hugues de Saint-Victor, dans son Didascalicon (vers 1135) distingue cinq types de magie : la mantique (divination), la mathématique, les maléfices, les sortilèges, les prestiges.
Une contribution très organisée et pensée à la magie vient d'une organisation initiatique, fondée en 1888 par deux Anglais : la Golden Dawn. Elle a élaboré de rituels, des symboles magiques de toutes sortes et attiré dans ses rangs de grands mages et magiciens, dont Samuel MacGregor Mathers, Arthur Edward Waite, Aleister Crowley, Israel Regardie. Crowley est « the most controversial and misunderstood personality to figure in the new era of modern day witchcraft (La personnalité la plus controversée et la plus incomprise à figurer dans la nouvelle ère de la sorcellerie moderne) ».
Deux mouvements émergent au XIXe siècle : la Société théosophique de Helena Blavatsky et le néo-occultisme d'Éliphas Lévi et Papus. Les théosophistes utilisent des notions orientales, les néo-occultistes veulent concilier la magie avec la science. Un des prolongements occultes de la théosophie au XXe siècle sera l'anthroposophie de Rudolf Steiner, qu'il déclinera en de nombreuses disciplines pseudo-scientifiques (agriculture, pédagogie, médecine...).
Franz Bardon est un autre grand nom de la magie du XXe siècle, style occultiste.
Membre de plusieurs organisations initiatiques, Gerald Gardner a fondé en 1939 une tradition de sorciers et sorcières qui devint la Wicca ; en Angleterre, la peine capitale infligée aux sorcières a été abolie deux fois (Witchcraft Act de 1735 et 1951). L'accent est mis sur la magie, une magie païenne, sous l'influence d'un livre de Margaret Murray consacré au sorcières[105],[106].
La « magie du chaos », inspirée par les idées d'Austin O. Spare et l'éthique punk du Do it yourself, est une forme post-moderne et pragmatique de magie apparue à Londres au cours des années 1980.
Le New Age, né en 1970 aux États-Unis, sans être magique, baigne dans une atmosphère surnaturelle (en partie influencée par l'irrationalisme allemand du début du siècle, entre lebensreform, anthroposophie et syncrétismes hindous). L'une des grandes idées du New Age est que l'on peut créer sa propre réalité grâce à des visualisations ou à des affirmations telles que « Je suis Dieu »[107]. La magie consiste à participer mystiquement à l'enchantement du monde et à augmenter spirituellement son pouvoir d'enchantement.
« On ne peut évoquer la sorcellerie de ces siècles sans parler de l'énorme succès littéraire et artistique que rencontre auprès de tous les publics ce thème toujours réinterrogé par l'imaginaire des romanciers, des musiciens, des peintres, voire des historiens et des juristes, sans parler des contes de fées. »[108] Ainsi, aujourd'hui dans la culture populaire, on trouve tout un monde fantastique lié à la magie, tel que des séries, des films, des livres, des émissions, des jeux et des spectacles. On trouve ainsi un grand répertoire de références culturelles qui reprennent le thème de la magie et le réinventent constamment.
(par ordre chronologique, liste non exhaustive)
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Beaucoup de jeux de rôle incluent de la magie, mais ceux qui suivent en ont fait le pivot de leur univers :
(par ordre alphabétique, liste non exhaustive)
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