Loading AI tools
politique d'isolement du Japon dans le shogunat Tokugawa De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le sakoku (鎖国 , littéralement « fermeture du pays »), initialement Kaikin (海禁 , littéralement « mer interdite »), est la politique commerciale japonaise instaurée lors de l'époque d'Edo (précisément entre 1650 et 1842) par Iemitsu Tokugawa, shogun de la dynastie des Tokugawa. Inspirée de la politique de Haijin adoptée plus tôt par la dynastie chinoise des Ming, elle vise à imposer des restrictions commerciales aux puissances étrangères.
1650–1842
Statut | Dictature militaire féodale |
---|
1853 | Arrivée de la flotte du commodore Matthew Perry |
---|
Entités précédentes :
Entités suivantes :
La politique commence avec l'expulsion des missionnaires chrétiens, puis la limitation des ports ouverts aux étrangers, l'interdiction d'entrer ou sortir du territoire pour tout Japonais sans autorisation sous peine de mort, l'expulsion de tous les étrangers illégaux et la destruction des navires militaires ou non capables de naviguer en haute mer. Le commodore Matthew Perry met un terme à cette politique en 1853.
Cette notion d'isolement total a été remise en question par les historiens japonais, considérant que cet isolement ne se pratiquait qu'envers l'Occident, et non le monde entier.
Le régime shogunal met en place une politique de contrôle des mer, qu'il nomme Kaikin (海禁 , littéralement « mer interdite ») en référence à la politique de Haijin adoptée par la dynastie chinoise des Ming duquel il s'inspire jusqu'à en adopter le nom[1]. C'est Engelbert Kaempfer, un voyageur allemand qui travaille à Nagasaki de 1690 à 1692, qui fabrique le terme Sakoku (鎖国 ) en donnant comme titre à l'un de ses ouvrages Sakokuron (littéralement Du pays fermé )[2].
Cette expression Sakoku est donc à l'origine le point de vue de marchands européens confrontés à la politique commerciale japonaise, et non la politique visée par les autorités japonaises. Le terme inconnu au Japon est popularisé au début du XIXe siècle par Shizuki Tadao (en) qui redécouvre alors les écrits de Engelbert Kaempfer[2].
Durant cette période, le commerce et les relations diplomatiques étaient permis avec les Néerlandais (par l'intermédiaire de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales) sur l'île artificielle de Dejima dans la baie de Nagasaki, avec la Chine, également à Nagasaki, avec la Corée sur la petite île de Tsushima, avec le royaume des Îles Ryûkyû (qui commerçaient aussi avec la Chine) via la province de Satsuma et avec le peuple Ainu via Matsumae[3]. Ces liens commerciaux et diplomatiques témoignent bien de l'importance du commerce durant cette période prétendument « isolationniste » et permettent aux chercheurs de s'interroger sur les véritables intentions de l'adoption de cette politique par le shogunat.
Outre leurs échanges commerciaux directs dans les provinces périphériques, tous ces pays envoyaient régulièrement des missions diplomatiques au siège du shogunat à Edo. Parcourant le pays, elles donnaient l'occasion aux habitants d'apercevoir des bribes de ces cultures étrangères et font l'objet de nombreuses représentations artistiques.
Tashiro Kazui a montré que les échanges entre le Japon et ces États se classaient en deux catégories. Il a classé dans un premier groupe les échanges avec la Chine et les Pays-Bas « dont les relations étaient sous la juridiction directe du bakufu de Nagasaki » et dans un second groupe, ceux avec le royaume de Corée et le royaume des Îles Ryûkyû « qui commerçaient respectivement avec les provinces de Tsushima (le clan Sō) et Satsuma (le clan Shimazu)[4] ».
Ces deux groupes correspondaient grossièrement à un schéma d'importation pour le premier et d'exportation pour le second. Les exportations nippones vers la Corée et les îles Ryûkyû pouvaient être réexpédiées ensuite depuis ces pays vers la Chine.
Cette politique était aussi bien un moyen de contrôler le commerce avec les autres nations qu'une façon d'affirmer la place du Japon dans une nouvelle hiérarchie en Asie orientale, s'affranchissant des relations tributaires[Interprétation personnelle ?] que le pays entretenait avec la Chine depuis des siècles. Plus tard, le sakoku fut le principal rempart contre l'exploitation par les nations étrangères des ressources minérales japonaises (telles que le cuivre et l'argent). Bien que l'exportation d'argent via Nagasaki fût stoppée par le bakufu, celle vers la Corée continua dans des proportions relativement élevées[4].
Pendant le sakoku, le Japon se tint au courant des avancées technologiques occidentales en étudiant les traités médicaux et les autres documents en néerlandais obtenus à Dejima. Cette méthode était appelée rangaku (études néerlandaises). Quand la politique d'isolement prit fin quelques années avant l'ère Meiji, en 1853, par la convention de Kanagawa sous les pressions du commodore Matthew Perry, le rangaku devint obsolète. Après la fin de la politique d'isolement, beaucoup d'étudiants (comme Kikuchi Dairoku) furent envoyés étudier à l'étranger, et beaucoup d'étrangers furent employés au Japon (voir oyatoi gaikokujin).
Beaucoup de nations coloniales tentèrent sporadiquement de rompre l'isolationnisme japonais aux XVIIIe et XIXe siècles. Des navires russes, américains, britanniques et français essayèrent, en vain, d'établir des relations avec le Japon.
Le , le commodore Matthew Perry de l'US Navy s'ancre en baie d'Edo (actuelle baie de Tokyo) avec quatre navires de guerre : le Mississippi, le Plymouth, le Saratoga, et le Susquehanna. Il fait la démonstration de la puissance dévastatrice des canons Paixhans dont sont équipés ses vaisseaux. Il demande que le Japon ouvre des relations commerciales avec les États-Unis. Ces vaisseaux sont connus sous le nom de kurofune, les « navires noirs »[réf. nécessaire].
L'année suivante, à la convention de Kanagawa (), le commodore Perry revient avec sept navires de guerre et force le shogun à signer le « traité de paix et d'amitié » établissant des relations diplomatiques officielles entre le Japon et les États-Unis. Durant les cinq années qui suivirent, le Japon signe d'autres traités similaires avec d'autres pays occidentaux. Ces traités furent reconnus par les Japonais comme parfaitement iniques, ayant été contraints par la « politique de la canonnière », et comme un signe de la volonté impérialiste occidentale d'inclure le Japon dans le plan de conquête que subissait le continent asiatique.
Ces traités donnaient aux nations étrangères, entre autres mesures, le contrôle des tarifs d'importations et le droit d'extraterritorialité sur tous leurs ressortissants visitant le Japon. Ces traités restèrent un point d'achoppement avec l'Occident jusque la fin du siècle.
Les historiens contemporains se sont interrogés sur l'état réel du Sakoku, puisque le pays ne s'est jamais entièrement coupé du reste du monde (le théoricien Arano Yasunori (ja) l'explique dans sa théorie des « quatre portes[6] »).
Le terme « sakoku » ne fut d'ailleurs créé qu'au XIXe siècle et entraîne de nombreux réexamens quant à son emploi, considéré comme abusif et trop catégorique par la plupart des chercheurs actuels[7]. Parler d'une réelle politique d'isolement japonaise serait alors simplement le fruit d'un point de vue euro-centriste de l'histoire japonaise.
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.