Ancienne «rue des Vaches» ou «chemin des Vachers», ces deux derniers noms datant de l’époque où le secteur était encore rural, elle prend le nom de «rue Rousselet» en 1721.
La vie dans cette rue silencieuse est rythmée par le son aigu des cloches de la clinique Oudinot et de celles plus puissantes de l'église Saint-François-Xavier, celles de Saint-Sulpice étant plus sourdes et lointaines.
Il y avait dans cette rue la caserne de Rousselet qui était à loyer pour les sous-officiers sédentaires. Beaucoup d'hommes d'épée y vécurent[1].
No3: le poète Serge Venturini y vécut les premières années de sa vie jusqu'à son adolescence, de 1955 à 1979, (deux fenêtres à droite de la porte au rez-de-chaussée), avant son départ pour le Liban.
No12: François Coppée, qui vivait au bout de la rue Rousselet, en face, rue Oudinot, parla de cette rue[3]. Une plaque commémorative a été posée.
No17: Paul Léautaud y vécut quelques années, déjà avec de nombreux chats en 1905, avec Blanche Blanc, à laquelle il s’était lié en 1898.
No18: le cinéaste Maurice Pialat y passa les dernières années de sa vie, avec son épouse, jusqu'à sa mort le . L'actrice Isabelle Huppert a habité un appartement à la même adresse dans l'unique immeuble de la rue de style moderne.
No24: Charles Lafont, auteur des Légendes de la charité et de L'Orphelin de la Chine, y vécut[4].
No25: l'écrivain Barbey d'Aurevilly y vécut[5] de 1859 à 1898: «Il occupait une seule chambre, une chambre garnie, logis d’étudiant ou d’officier de cavalerie: pour déménager on emporte sa valise»[6]. Léon Bloy, qui habitait en face, fit sa connaissance à 21 ans. Au no25, il réunissait chaque dimanche quelques auteurs débutants dont François Coppée, Paul Bourget, Joris-Karl Huysmans, Joséphin Peladan et Jean Richepin. Ce fut la dernière demeure de l'écrivain, qu'il appelait son «tourne-bride de sous-lieutenant». Il y écrivit Les Œuvres et les Hommes. Une plaque aujourd'hui restaurée en témoigne. Le , Paul Bourget en présida l'inauguration à la gloire de celui qui fut l'un de ses maîtres.
Le 25, rue Rousselet
Plaque au no19.
Le no25.
Plaque au no25.
Plaque au no37.
No26: le général russe blancAlexandre Koutiepov y était domicilié. Le dimanche , il est enlevé, à l'angle de la rue Oudinot, par deux agents de la Guépéou (supposément), les services soviétiques, et transporté secrètement de Paris en Russie soviétique[7],[8].
No37: une plaque rend hommage au député et résistant Albert Aubry.
Le sculpteur russe Ossip Zadkine (1890-1967), avait dans cette rue un atelier en 1920. Ce fut le lieu de sa première exposition où il révéla quarante-neuf sculptures, des aquarelles et des dessins. Il fit la connaissance de Valentine Prax (1897-1981), sa voisine dans la même rue, qui devint sa femme[9]. Valentine Prax est l'une des rares femmes peintres à s'imposer sur la scène artistique. Elle expose aux côtés de Pablo Picasso, réalise pour l'Exposition de 1937 une grande verrière pour le Musée d'art moderne de la ville de Paris et participe aux heures glorieuses de Montparnasse. Ils furent parmi d'autres les amis d'Amedeo Modigliani.
André Salmon et son épouse, amis d'André Breton. Les jeunes époux habitèrent cette rue quelques années. Guillaume Apollinaire fut le témoin d'André Salmon lors de leur mariage, et il prit la place de Salmon à l'Intran, le fameux journal. Le troisième recueil lyrique de Salmon, Le Calumet (1910), écrit rue Rousselet, mélange plusieurs esthétiques: le poète fumeur pratique l'écriture moderne de la simultanéité sous une forme d'apparence toute classique.
Personnage haut en couleur, le sarcastique peintre contemporain Michel Bron[10] venait souvent au bougnat et marchand de charbon célèbre, Bois et Charbon, dans cette rue du quartier. C'était un habitué de la rue jusqu'aux années 1980, date de son déménagement.
Les Éditions du Vieux Colombier sont créées au 5, rue Rousselet. Les Cahiers d'Hermès sous la direction d'André Rolland de Renéville, l'auteur de L'Expérience poétique (1948), membre du Grand Jeu, y sont publiés en 1947[11].
Patrick Besson a écrit «Sur la rue Rousselet, le vent s'est tu. Mon amour est endormi[12].»
Les Cahiers d'Hermès, André Rolland de Renéville (dir.), l'auteur de L'Expérience poétique (1948), membre du Grand Jeu, sont publiés en 1947 aux Éditions du Vieux Colombier, no5, rue Rousselet. Contenu du no2 (La Colombe): «Les textes pseudo-hiéroglyphiques de Byblos», Édouard Dhorme; «Naissance de l'écriture dans les anciennes civilisations», Guy Bernard; «Quelques aspects particuliers du bouddhisme tibétain», Alexandra David-Neel; «Sariputta, disciple du Bouddha», M. La Fuente; «Le mythe de Psyché dans le folklore», Émile Dermenghem»; Pic de la Mirandole et l'Heptaplus», André Chastel; «Fin du monde et prophètes modernes», Paul Vulliaud; «Un communisme religieux: l'anabaptisme», Gabriel d'Aubarède; «Théologie et préciosité dans les sonnets de Laurent Drelincourt», Albert-Marie Schmidt; «Quelques sonnets chrétiens», Laurent Drelincourt; «La réalisation théomorphique chez Martinez de Pasqually», Robert Kanters; «Traité de la réintégration des ütres (extraits)», Martinez de Pasqually; «William Blake, peintre ésotérique», Henri Lemaître; «Surréalisme et occultisme», Michel Carrouges.