Le roman policier (familièrement appelé « polar » en France) est un roman relevant du genre policier. Le drame y est fondé sur l'attention d'un fait ou, plus précisément, d'une intrigue, et sur une recherche méthodique faite de preuves, le plus souvent par une enquête policière ou encore une enquête de détective privé. L'abréviation « policier[1] » (pour « roman policier ») est également utilisée. Le genre policier comporte six invariants : le crime ou délit, le mobile, le coupable, la victime, le mode opératoire et l'enquête. Le roman policier recouvre beaucoup de types de romans, notamment le roman noir et le roman à suspense ou thriller. Si l'action est transposée au minimum d'un siècle en arrière, on pourra le qualifier raisonnablement de roman policier historique. Il existe également des romans policiers de science-fiction.

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Manuscrit de Double Assassinat dans la rue Morgue (The Murders in the Rue Morgue), nouvelle de l’écrivain américain Edgar Allan Poe, parue en avril 1841 et considérée comme fondatrice du genre roman policier.

Définition

À partir d’un cours élaboré en 1985[1], Anne Pambrun a synthétisé[2][source insuffisante] des articles définissant le roman policier. Partant de la définition que donne en 1929 Régis Messac dans Le « Detective Novel » et l'influence de la pensée scientifique : « Un récit consacré avant tout à la découverte méthodique et graduelle, par des moyens rationnels, des circonstances exactes d’un événement mystérieux ». Passant par celles de François Fosca (1937), de Boileau-Narcejac (1965), et de Jacques Sadoul, Anne Pambrun propose : « Un récit rationnel dont le ressort dramatique est un crime, vrai ou supposé ». Il convient cependant de tenir compte de la définition affinée et méconnue que Messac livrait en [3] : « Un crime mystérieux, graduellement éclairci par les raisonnements et les recherches d’un policier. »

Il constitue l'essentiel de ce que l'on appelle aujourd'hui la « littérature noire »[4] (à ne pas confondre avec la littérature noire-américaine).

Catégories

Le terme français de roman policier est un terme générique qui, par extension, recouvre beaucoup de catégories de romans. Il est réducteur de la diversité du genre, et sur ce point, la langue anglaise est beaucoup plus expressive.

On peut distinguer :

Ces diverses catégories ne sont pas exclusives.

Histoire

L’élément thématique prédominant du roman policier est l’élucidation d’un crime au travers d'une enquête policière.

Chine ancienne

Le roman policier occidental a eu un précurseur dans la Chine impériale : le juge Ti, qui exista réellement au VIIe siècle et est utilisé au XVIIIe siècle comme héros d'un roman policier chinois, Dee Goong An Trois affaires criminelles résolues par le juge Ti »). Ce texte, redécouvert et traduit en anglais par le diplomate hollandais Robert van Gulik dans les années 1940, est publié en 1949.

Il n'y a pas eu d'influence de la littérature chinoise sur celle qui se développa en Europe[réf. souhaitée].

Occident

Lié d’une part à l’apparition d’une civilisation industrielle et d’autre part à l’émergence de la science positive, le récit policier change le mystère en problème. En effet, selon le sociologue Luc Boltanski, le roman policier se distingue du genre fantastique, qui met lui aussi en scène des énigmes, en s’appuyant sur l’existence d’une réalité naturelle régie par le « type d’enchaînements causaux » établi par les sciences naturelles[5]. De ce fait, il se présente rapidement comme un genre strictement codifié, orienté vers la résolution d’une énigme.

En décembre 1815, Jane Austen publie Emma. Le roman a souvent été défini, à la suite de R. W. Chapman, de Robert Liddell[6], et surtout, de P. D. James[7], comme « un roman policier sans policier », ou « un roman policier sans meurtre » (« a detective novel without a detective »[8], ou « a detective novel without a murder »[9]). Certains[réf. souhaitée] ont même vu en Emma le tout premier roman policier en Occident, car il est en effet antérieur à d'autres « ancêtres du roman policier » tels que The Murders in the Rue Morgue d'Edgar Poe (1841), Le Meurtre du constructeur de machines Roolfsen de Maurits Hansen (1839) ou même Das Fräulein von Scuderi, de Ernst Theodor Amadeus Hoffmann (1819). Quoi qu'il en soit, l'énigme que contient le roman est remarquable par le fait que la plupart de ceux qui lisent Emma pour la première fois ne se rendent compte du mystère qu'il contient que tout à la fin[7], malgré les indices extrêmement nombreux et précis dont Jane Austen l'a parsemé.

En 1829, Balzac publie Les Chouans, œuvre dont certains aspects préfigurent le roman policier. En effet, Corentin, fils naturel présumé de Fouché, débute dans le métier de la police, c'est aussi un agent secret. On le retrouvera dans Une ténébreuse affaire, puis Splendeurs et misères des courtisanes et Les Petits Bourgeois.

En 1841, Edgar Allan Poe écrit les premières nouvelles policières directement inspirées de faits divers. Émile Gaboriau a ensuite publié, en 1863, le premier roman policier dont le récit est encore largement imprégné du fond mélodramatique accumulé dans les feuilletons du XIXe siècle.

C’est seulement avec Conan Doyle qu’émerge la première figure de détective vraiment scientifique avec son personnage de Sherlock Holmes. À l’inverse du choix de Conan Doyle dont le personnage de pur enquêteur est sans émotion et sans vie de famille, ses contemporains français sont engagés dans le jeu des passions, des idéologies et des morales de leur époque. Ainsi, Gaston Leroux doit sa célébrité à un récit de chambre close où le détective Rouletabille conduit ses investigations jusqu’à la résolution de son destin œdipien. Quant à Arsène Lupin, le gentleman cambrioleur héros de Maurice Leblanc, il vole au secours des démunis au point de leur abandonner une partie de son butin.

Autrefois associé à la culture populaire, le roman policier a acquis ses lettres de noblesse et a élargi son lectorat en mordant notamment sur le public féminin et sur tout type de catégories sociales. C'est ainsi que Georges Simenon a reçu la consécration d'être édité par la bibliothèque de la Pléiade, à l'aube du XXIe siècle[10].

En 2018, en France, 17,2% des oeuvres de fiction vendues en librairie étaient du polar . Selon les statistiques du Syndicat national de l’édition pour l’année 2020, l’espionnage, le policier, le roman noir et le thriller représentent 5,3 % du chiffre d’affaires de l’édition avec près de 137 millions d’euros et 5,6 % des exemplaires vendus (23 406 millions) [11]. En 2010, selon une enquête du Ministère de la Culture, en nombre de livres lus, les romans policiers dépassent les romans des autres genres[12].

Les femmes dans le polar

Bien que les femmes aient toujours été présentes dans la littérature noire (Ellen Wood, East Lynne, 1860, adapté à de multiple reprises ; Mary Elizabeth Braddon, Le secret de Lady Audley, 1861; le premier roman d'Anna Katharine Green Le Crime de la 5e Avenue, paru en 1878, s'est vendu à plus d'un million d'exemplaires), ce n'est que dans les années 1920 et 1930 qu'elles ont réellement émergé, en particulier dans la création de romans d'énigme, désignés sous le terme whodunnits : Agatha Christie, bien sûr, mais aussi Dorothy Sayers, Margery Allingham, Ngaio Marsh, Joséphine Tey.

Une nouvelle génération d'auteures féminines fera son apparition à la suite des grandes luttes féministes de la fin des années 1960, coïncidant avec l'accès au genre du lectorat féminin [13]. La britannique P. D. James a commencé à publier dès 1962, Ruth Rendell en 1964, jusqu'à, sinon dominer le genre dans le monde anglo-saxon, du moins jouer à armes égales avec leurs confrères masculins : Patricia Cornwell, Sarah Dunant, Sue Grafton, Elizabeth George, Martha Grimes, Donna Leon, Val McDermid, Sara Paretsky, Dorothy Simpson, Minette Walters, etc. soutenue par Sisters in Crime (en), une association créée spécialement pour représenter les auteures de romans noirs [14].

Les auteures de romans noirs pointent cependant les disparités d'éclairage médiatique entre les genres [15].

En France, les auteures Brigitte Aubert, Chantal Pelletier, Sylvie Granotier, Pascale Fonteneau, Laurence Biberfeld, Fred Vargas, Andrea Japp, Maud Tabachnik, Dominique Sylvain, Dominique Manotti, Ingrid Astier ou Karine Giébel font figure de pionnières du genre.

Les collections

Prix littéraires

Prix de littérature policière en France

Prix de littérature policière à l’étranger

Notes et références

Annexes

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