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école secondaire religieuse dépendant du séminaire d'Orléans De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'ancien petit séminaire de La Chapelle-Saint-Mesmin, ancienne maison de retraite Paul-Gauguin jusqu'en 2018, propriété de l'hôpital d'Orléans, est situé à La Chapelle-Saint-Mesmin dans le département du Loiret en région Centre-Val de Loire. Il a constitué, de 1846 à 1906, le petit séminaire, école secondaire ecclésiastique dépendant du séminaire d'Orléans, dont les études se déroulaient sur neuf années (de la classe de huitième à celle de philosophie). De 1922 à 1940, il abrite un sanatorium. Entre 1951 et 1967, il accueille le 34th general hospital, hôpital militaire américain.
Devise | Virtute et Scientia (Force d'âme et connaissance) |
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Fondation | 1846 |
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Dissolution | 1906 |
Type | Petit séminaire (en) |
Formation | Huitième - Rhétorique |
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Langue(s) des cours | Latin, grec |
Ville | La Chapelle-Saint-Mesmin |
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Pays | France |
Coordonnées | 47° 53′ 09″ nord, 1° 50′ 20″ est |
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Au XIXe siècle, le petit séminaire est constitué d'un grand bâtiment carré, avec cour intérieure (l'atrium), entourée de cloîtres. Il abrite les dortoirs[1], le réfectoire, les salles de cours, les cuisines mais également un gymnase[2]. La chapelle de style roman se prolonge sur l'un des côtés, le côté opposé à l'entrée. A droite et à gauche, existent deux grandes ailes (ajoutées en 1850 par Mgr Dupanloup), terminées chacune par une chapelle. Les cours formées à chaque extrémité par le bâtiment et par ces deux ailes, sont munies chacune d'un hangar (ajoutés en 1853[note 1]) pour abriter les élèves[3]. L'ensemble des bâtiments est entièrement protégé par un mur d'enceinte[4]. Le Château des Hauts voisin faisait partie de la propriété.
Le vitrail situé dans le bas-côté nord de l'Église Saint-Mesmin, représentant une Vierge d'Argent signé Henri-Marcel Magne et réalisé par Charles Lorin, est à l'origine offert par la famille Talleyrand à Mgr Félix Dupanloup qui la légua ensuite au petit séminaire de La Chapelle Saint-Mesmin. Les anciens du petit séminaire en firent don plus tard à l'église.
Compte-tenu de la taille de la chapelle construite en 1846, Henri Rapine, ancien élève du petit séminaire, architecte en chef des Monuments historiques et architecte diocésain, est chargé de la remplacer en 1899 par une nouvelle et imposante chapelle de style gothique au nord du bâtiment. Celle-ci mesure 35 mètres sur 12 mètres.
L'ancien petit séminaire est inscrit comme élément de paysage remarquable dans le plan local d'urbanisme, approuvé à l’unanimité par le conseil d'Orléans Métropole le .
Créé en 1844[5] par Mgr Jean-Jacques Fayet, évêque d'Orléans, pour remplacer le petit séminaire d'Orléans[6], le petit séminaire de La Chapelle-Saint-Mesmin est édifié dans le parc du Château des Hauts acquis quelques mois auparavant par l'évêque et qui constituait sa résidence[7]. La première pierre est posée par Mgr Fayet le .
L'architecte en chef est Monsieur Breton, de Paris[8]. Après deux années de travaux[note 2], il ouvre en [9] et continue de se développer sous l'épiscopat de Mgr Félix Dupanloup. Toutefois, à l'époque de Mgr Dupanloup, dans l'ancien couvent des minimes, rue d'Illiers à Orléans, il existait une division du petit séminaire réservée aux plus jeunes enfants dont la santé exigeait la proximité des familles[10].
Faisant suite au vote de la loi Falloux de 1850 favorable à l’enseignement confessionnel, le petit séminaire prend de l’ampleur en se transformant en collège de plein exercice. Il forme dorénavant non seulement les futurs prêtres mais dispense également une éducation générale chrétienne aux enfants des familles catholiques. Il a compté jusqu'à 300 élèves[11]. Toutefois environ un tiers des élèves seulement consacrent leur carrière à la prêtrise[8]. Outre l'équipe d'enseignants composée essentiellement de prêtres, l'infirmerie du petit séminaire était dirigée par des bonnes sœurs. Les élèves devaient revêtir un uniforme[12].
Paul Gauguin, un de ses élèves les plus illustres y suit ses études de 1859 à 1862. Ces trois années de scolarité religieuse, comme il l'a plus tard lui-même reconnu, marqueront profondément son évolution artistique[13].
Considéré à l'époque comme un établissement d'un très haut niveau et jouissant d'une réputation internationale dans lequel de nombreux personnages célèbres ont suivi leurs études[14], il est surnommé par Alfred de Falloux le « Palais de l'Éducation ».
Outre les cours de théologie propres aux séminaires, les enseignements littéraire et scientifique qui y étaient dispensés étaient assez semblables à ceux des collèges laïcs. L'établissement abritait une bibliothèque de 15 000 volumes (dont 2 000 légués par Mgr Dupanloup), un herbier de 6 630 spécimens et une collection de géologie de 1 400 échantillons catalogués. Les élèves les plus jeunes, auxquels étaient confiés bêche, pioche et râteau, bénéficiaient également de cours d'horticulture et disposaient chacun, dans le parc, à partir du printemps, d'une petite plate-bande qu'ils devaient apprendre à cultiver en fleurs ou légumes[15].
En outre, un cours d'enseignement supérieur institué, était destiné à faire connaître plus parfaitement les œuvres classiques[16] et les ouvrages des plus célèbres écrivains.
On y traitait aussi des grandes questions d'histoire, de littérature, de morale et de philosophie[18]. Dans cette perspective, chaque année, à partir de 1855, Félix Dupanloup fait réaliser en fin d'année scolaire, dans la langue d'origine, par les élèves du Petit Séminaire, plusieurs tragédies grecques[19]: de Sophocle: Philoctète (1855 à l’Évêché d'Orléans et 1877 à La Chapelle Saint-Mesmin[20]), Œdipe à Colone (1857 à l’Évêché d'Orléans, 1873 et 1890 à La Chapelle Saint-Mesmin), Antigone[21] (1869 et 1905 à La Chapelle Saint-Mesmin[22]), Électre (1881 à La Chapelle Saint-Mesmin); et d'Eschyle: Les Perses (1862 et 1863[23] salle de l'Institut à Orléans) et Prométhée (1867 salle de l'Institut à Orléans). Toutes ces pièces étaient entrecoupées de chœurs tirés d'Antigone et d'Œdipe à Colone de Felix Mendelssohn traduits pour l'occasion et chantés en grec ancien par les élèves[24],[25],[26]. Des opérettes sont également interprétées par les élèves du petit séminaire, pendant cette période, notamment Monsieur Deschalumeaux de Frédéric Barbier en 1861, Le Royal Dindon de Luigi Bordèse en 1867, A Clichy d'Adolphe Adam, Pattes blanches de Laurent de Rillé, Lischen et Fritzchen et Les Deux Aveugles de Jacques Offenbach et enfin A qui le Neveu de Théodore Botrel[26]. Des extraits de l'opéra Charles VI de Fromental Halévy sont donnés en 1880, 1887 et 1895 et des opéra-comiques tels que Lambert Simnel d'Hippolyte Monpou (1883 et 1897), Haydée et Fra Diavolo d'Esprit Auber (respectivement en 1885, 1901 et 1900), et enfin Le Chalet d'Adolphe Adam (1899). En 1894, les élèves du petit séminaire donnent deux représentations du Mistère du siège d'Orléans d'un auteur anonyme, entrecoupées, notamment de chœurs extraits de Jeanne d'Arc de Charles Gounod. L'intégrale des quatre actes de ce dernier opéra avait été donnée précédemment par les élèves en 1888[26]. Le , La tragédie de Saint-Aignan de l'abbé Gustave Vié, accompagnée par des œuvres pour chœur et orchestre de Felix Mendelssohn, déjà donnée vingt ans plus tôt, le , est présentée par les élèves en présence du cardinal Pierre-Hector Coullié[27].
À la suite du vote de la loi de séparation des Églises et de l'État en 1905, les derniers élèves quitent le petit séminaire vers la fin de l'année 1906 pour le collège de Pontlevoy lui-même dépendant de l'abbaye de Pontlevoy. Des scellés sont posés sur les portes de l'école début 1907[28]. L'orgue[29] de type romantique qui se trouvait à la tribune de la chapelle du petit séminaire et datant de 1860 avait auparavant appartenu au collège de Pontlevoy. Œuvre du facteur Charles Beaurain, il fut acquis en 1875 par le petit séminaire, puis acheté en 1910 par l'Abbé Thénot, démonté, transporté et remonté vers l'église Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-de-la-Ruelle qui venait tout juste d'être édifiée[30].
En 1911, l’allée des Tilleuls, propriété de l’ancien petit séminaire, menant de la route d'Orléans vers le « château de l'évêque », est attribuée à la commune et fait l’objet d’un classement dans le domaine communal[31].
La même année, la salle des fêtes (ancienne lingerie du petit séminaire), les logements de l’asile Sainte Anne, le presbytère (revendu par la commune en 1928) et la chapelle Saint Anne[note 3] (démolie en 1958 et dont il ne subsiste aujourd'hui que le mur pignon, remplacé par un bûcher puis par l'actuelle caserne des pompiers[32]), propriétés depuis 1866 de l'ancien petit séminaire situé juste en face, sont attribués également à la commune[note 4]. À l'origine, ces bâtiments étaient en partie utilisés comme logements pour les parents des élèves en visite au petit séminaire et gérés par les bonnes sœurs hospitalières. Puis, ils devinrent une annexe de la maison d'éducation réservée aux élèves les plus jeunes[33].
Le petit séminaire reste inoccupé jusqu'en octobre 1910[34], date à laquelle sa gestion est confiée au Ministère de la Guerre et s'y installe le 45 e régiment d’artillerie. Pendant la Première Guerre mondiale, il devient l'hôpital militaire 48[35],[36].
En mai 1921[37], le conseil général du Loiret propose de créer un sanatorium départemental d'une capacité de 200 lits[38]. Cette décision est votée en septembre 1921 puis avril 1922[39]. Par décret en date du , le petit séminaire et ses dépendances sont attribués au conseil général du Loiret et l'architecte attaché au département, Constant Coursimault, est chargé de rédiger l'avant-projet[38]. En 1923, le coût total d'aménagement du sanatorium est estimé à la somme de 3 500 000 francs financé à parité par l'Etat et le Département[40]. Le , le ministre de l'hygiène, de l'assistance et de la prévoyance sociale Paul Strauss prend connaissance des plans du futur sanatorium, salle de l'Institut d'Orléans[41]. En septembre 1924, le coût du remaniement et d'agrandissement des locaux s'élève à la somme de 2 000 000 francs[42],[43]. La réception des travaux a lieu le [44]. Celui-ci ouvre ses portes fin 1926[45] avec comme 1er directeur : le docteur Victor Le Page[46].
En janvier 1927[47], le château des Hauts voisin devient un sanatorium pour femmes et enfants à la suite de travaux d'aménagement d'un coût s'élevant à la somme de 871 000 francs[48]. En septembre 1927, le projet de budget 1928 du sanatorium s'élève à près de 1 400 000 francs (session du conseil général du Loiret du [49]). Le , le ministre du travail Louis Loucheur visite les locaux du sanatorium[50]. En 1936, à l'occasion du recensement, l'établissement compte 62 employés, dont 44 femmes[51]. Sur une capacité totale de 250 lits, 201 sont alors occupés[52]. Le , le sanatorium bénéficie d'une subvention de la part du ministère de la santé d'un montant de 98 000 francs afin d'aménager les galeries de cure pour un montant total de 177 000 francs[53],[54]. En 1938, 45 agents, dont une institutrice chargée d'école[55], composent le personnel de l'établissement. Le 1er septembre 1939, le sanatorium est réquisitionné par les autorités militaires et est classé comme hôpital auxiliaire. Une partie du personnel est mobilisée, l'autre est licenciée. Près de 200 malades doivent être évacués de l'établissement en l'espace de trois jours[56]. Début 1940, le sanatorium est réservé aux soldats nord-africains atteints de tuberculose[57]. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il redevient hôpital militaire successivement pour les Français puis les Allemands.
En 1951, Le conseil général du Loiret, toujours propriétaire du bâtiment, le loue à l'armée américaine dans le cadre de la mise en oeuvre du pacte de l'OTAN et du contexte de la guerre froide, qui prévoit l'implantation de bases militaires américaines en France[58]. Le conseil général l'autorise à procéder au réaménagement des locaux pour en faire un hôpital militaire. Comme tous les autres hôpitaux américains installés en France, celui-ci était conçu à l’origine pour soigner les militaires blessés venus d’Allemagne dans l’hypothèse d’une attaque soviétique. D'abord dénommé 302nd Field Hospital (302e hôpital de campagne) à son ouverture en 1951, il est réhabilité pour la somme de 125 000 $[59]. Il devient The 34th General Hospital en 1953. Cette année-là, le commandant du site est le colonel William A. D. Woolgar. La même année, l’hôpital parraine l’orphelinat Jeanne d’Arc d’Orléans en visitant les enfants[60]. En 1955, le commandant est le colonel Hobart D. Belknap[61]. Il emploie 21 médecins, 33 infirmières et peut accueillir 75 patients. Les Américains modernisent les installations pour un coût total de 3,01 millions $[62] portant la capacité d'accueil des malades jusqu'à 250 patients. En 1960, ils aménagent une maternité dans le bâtiment qu'on dénommera plus tard le pavillon les Tilleuls. Entre 1951 et 1967, 5 495 bébés (dont environ 5 000 citoyens américains) naissent dans l'hôpital militaire The 34th General Hospital[63]. Il est le plus important hôpital militaire américain de France ; de nombreuses spécialités médicales y sont exercées : blocs opératoires, consultations ophtalmologiques, dermatologiques, dentaires et vétérinaires. Il y a aussi une pharmacie et des équipements radiologiques ultra-modernes. Jusqu'à 500 soldats U.S.[64] y effectuaient régulièrement leur service militaire[65] et environ 120 civils y ont été employés. Véritable centre de vie, l'hôpital abrite aussi le mess militaire (qui pouvait fournir 500 repas en un seul service), un snack-bar, un club de jazz[66], une salle de cinéma[67], une école, une bibliothèque, un petit libre-service (PX : Post Exchange[68]), un bureau de poste, un kiosque à journaux, une boutique d’artisanat, un salon de coiffure-barbier, une chapelle, des terrains de sport, un court de tennis, un laboratoire de langue, un bureau de la Red Cross[69], mais aussi la cantine scolaire de la commune. Chaque année, comme toutes les autres structures militaires américaines situées en Europe, l’hôpital organise une journée portes ouvertes, généralement au mois de mai[60]. Au cours des années 1960, l’école réservée aux jeunes enfants des militaires (American school) est aménagée dans des bâtiments en préfabriqué sur le site de la propriété des Mouettes, villa située en bord de Loire, non loin de là[70]. Cette école fermera ses portes en juin 1966. Toutefois, au mois de septembre suivant, ses jeunes élèves rejoignent leurs ainés dans le groupe scolaire installé en forêt d’Orléans, dans la commune de Chanteau vers laquelle les fameux school bus font la navette chaque jour[60]. En 1962, une section de Women's Army Corps (WAC) est affectée au site. Le , des médecins français sont invités à venir participer à un colloque médical franco-américain[60]. En mars 1966[71], faisant suite à la décision de la France de cesser de participer aux commandements intégrés de l'OTAN, les bases et hôpitaux militaires américains sont démantelés[72]. L'hôpital américain de La Chapelle-Saint-Mesmin, au terme du bail consenti par le conseil général du Loiret en 1951, ferme ses portes et est restitué le 31 août 1967[73].
En 1969, le centre hospitalier régional d'Orléans (CHRO) loue le bâtiment pour en faire une résidence pour personnes âgées[8] qui ouvre ses portes en octobre 1970. En 1980, le conseil général du Loiret cède l'ancien petit séminaire au CHRO. En 1982, un nouveau bâtiment d’une capacité de 80 lits est édifié. De 1990 à 1992, la maison de retraite, qui sera dénommée résidence Paul-Gauguin en 2000, fait l'objet d'une réhabilitation complète et est inaugurée en 1993. Afin d'ouvrir le bâtiment sur l'extérieur, le mur d'enceinte de la propriété que longe la rue des Hauts est entièrement démoli à cette période. Une partie de l'ancienne cour intérieure est alors classée dans le domaine public communal afin de pouvoir y aménager des places de parking. Le pavillon les Tilleuls ferme en 1999 et sera finalement démoli en 2012[74].
Le bâtiment ferme définitivement ses portes le [75] et est mis en vente par le CHRO.
En 2020, un promoteur immobilier se positionne pour acquérir et faire procéder à la réhabilitation de l'ensemble des bâtiments en vue d'en faire une résidence services seniors[76].
Ce projet ne connaitra pas de suite car fin 2023, un nouveau promoteur se positionne à son tour pour acquérir les bâtiments en vue de les réhabiliter afin de les convertir également en résidence services seniors[77].
Sous les épiscopats de Mgrs Fayet et Dupanloup, de nombreuses personnalités furent invitées au petit séminaire de La Chapelle[78] :
Parmi les plus illustres élèves ayant fréquenté le petit séminaire, figurent:
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