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titre porté par le roi du royaume mossi de Ouagadougou ou de l’Oubritenga, au Burkina Faso De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Mogho Naaba (variantes Mogho Naba, Moro Naba, Morho Naba, Mogh-Naaba ou Moogo Naaba), littéralement « chef » (naaba) du « monde » (mogho), est un titre porté par le roi du royaume mossi de Ouagadougou ou de l’Oubritenga, au Burkina Faso. Par le passé, le Mogho Naaba, considéré comme le représentant du soleil, était tenu en grande vénération. Il est choisi par les hauts dignitaires de la cour dans la descendance du premier Mogho Naaba, Oubri.
Oubri était le petit-fils de Ouedraogo, fondateur du royaume Mossi au XIIe siècle, lui-même fils de la légendaire Yennenga et du chasseur Rialé. Oubri, premier Moro Naba, a fondé la ville de Ouagadougou.
La coutume veut que la liste des Mogho Naaba de Ouagadougou, ainsi que la durée de leur règne, soit récitée chaque matin à l'arrivée de ce dernier. Selon cette liste dont la mémoire est conservée par le Bend Naba et les griots de la cour, les souverains suivants ont régné[1] :
Le Mogho Naaba règne à vie. À son décès, son successeur est choisi par les membres du conseil parmi ses descendants mâles[3], en principe son fils aîné (le Nabikieenga) s’il en est digne[4]. Il lui est interdit de le rencontrer de son vivant.
Le successeur serait un de ses fils âgé d'une quarantaine d'années qui aurait fait ses études au Maroc. Conformément à la tradition, il ne l'aurait jamais rencontré.[réf. nécessaire]
Dans la tradition, le Mogho Naaba tout puissant avait droit de vie et de mort sur les habitants de Ouagadougou et de l'Oubritenga. Dans la pratique, son pouvoir a toujours été soumis à la coutume et à la loi des pères. De plus, s'il incarnait l'empire et son unité, le pouvoir était en réalité entre les mains des dignitaires de la cour de Mogho Naaba, qui gouvernaient le pays[5]. Cette organisation complexe des pouvoirs est en partie exprimée chaque vendredi lors de la « cérémonie du faux départ du roi ».
Le Mogho Naaba n'a en outre pas d'autorité sur les quatre autres royaumes de Tenkodogo, de Fada N'Gourma, de Boussouma et de Ouahigouya dont les souverains seraient comme lui descendants de Yennenga. Traditionnellement, les souverains de ces royaumes et le Mogho Naaba s'évitent, mais il leur arrive de se rencontrer comme en 1946 pour se concerter sur la reconstitution de la Haute-Volta[6].
Maurice Yaméogo, le premier président de République de Haute-Volta, supprime la loi qui organisait les chefferies des cinq royaumes du pays, en réaction à une tentative de coup d’Etat du Mogho Naba Kougri en 1958[7].
L’autorité de Mogho Naaba a été considérablement réduite au cours de la présidence de Thomas Sankara, un révolutionnaire anti-impérialiste mort assassiné en [8]. Il a ainsi supprimé le reste du texte législatif sur la chefferie coutumière, au motif qu’elle incarnait le passéisme et la bourgeoisie[7]. Désormais, les chefs traditionnels gardent un rôle symbolique mais n’ont plus aucun pouvoir légal.
Aujourd'hui, le roi des Mossi incarne une autorité morale, un sage que l’on vient consulter pour toutes décisions importantes liées à la vie de la Nation, un médiateur voire un arbitre en cas de conflit aigu.
Ce rôle n'a fait que se confirmer voire s'accentuer depuis les événements d', qui a vu un régiment resté favorable à l'ancien régime de Blaise Compaoré faire une tentative de putsch[4]. L'intervention du Mogho Naaba a joué un rôle déterminant pour convaincre leur chef de file, Gilbert Diendéré, d'abandonner ce projet.
De même, le , le chef de la transition, le lieutenant-colonel Isaac Zida, est violemment pris à partie par ses anciens camarades du Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) qui remettent en cause leurs nouvelles affectations et certaines nominations[9]. Zida s'engage à ne pas toucher au RSP mais finit, le , par se réfugier chez le Mogho Naaba (il n'en sortira que grâce à la médiation du président Michel Kafando, du général Gilbert Diendéré et de l’ancien chef de l’État Jean-Baptiste Ouédraogo)[9].
La liste des Mogho Naaba successifs de Ouagadougou, ainsi que leur temps de règne, sont récités chaque matin à l'arrivée de ce dernier[4].
Depuis plusieurs siècles, tous les vendredis matin vers 7h, devant le palais du Mogho Naaba à Ouagadougou, se déroule la « cérémonie du faux départ de l'empereur pour la guerre[10] » (Nabayious Gou) : le Mogho Naaba sort du palais en tenue de guerre (rouge), prêt à partir à cheval ; les ministres et ses femmes touchent alors la selle pour l'empêcher de partir ; il rentre se changer et réapparaît en blanc, couleur de la paix pendant que son cheval est rentré et dessellé ; le canon sonne pour célébrer la paix. Cette cérémonie ferait référence à une légende datant de la création du royaume du Yatenga[11].
Le véritable nom à l’état civil du Mogho Naaba n’est en principe jamais révélé au grand public et il est d’ailleurs formellement interdit de le prononcer[4].
Lors des audiences, le roi est vêtu du pagne traditionnel, le faso-dafani[12], et entouré de quelques enfants serviteurs (les songda). Le Mogho Naaba ne s'exprime jamais dans une autre langue que le mooré, même s'il comprend et parle le français[4]. Il s'adresse toujours à ses hôtes via son porte-parole, Larlé Naba, ministre de la communication et gardien des traditions.
Le palais du roi, appelé Panghin, s’étend sur une superficie d’environ 15 hectares et est situé à Ouagadougou dans le quartier Bilbalogho[4].
Le Mogho Naaba, souverain très respecté par les Mossis, est le gardien des coutumes, le chef suprême de l'administration, de l'armée et de la justice. Il est assisté dans la gestion du pouvoir par un conseil de 16 ministres qui occupent des fonctions spécifiques dans le royaume et sont aussi des chefs des vieux quartiers de Ouagadougou. Les membres les plus importants sont[11] :
Larlé Naba Tigré, appelé aussi « Naba Tigré » (« le chef de l’abondance »), a un palais royal, le palais « Lagl Naab Yiri », au quartier Larlé[13]. Il s'agit actuellement de Victor Tiendrébéogo, Ancien député de 1992 à 2014 et ex-membre du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), ministre du Mogha Naaba depuis 1990[14].
L'actuel est député de l'Union pour le progrès et le changement (UPC)
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