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Le mandat postal est un moyen de transfert de fonds par le biais des services postaux qui a remplacé le mouvement réel des valeurs. Il est né en 1817 en France sous sa forme moderne, connue jusqu'en 2018, pour des versements d'argent à faire en France.
Depuis le Moyen Âge, La Poste (puis La Banque postale) assume la charge du transfert des fonds et objets précieux[1].
Jusqu'au début du XVIIe siècle, les particuliers avaient l'habitude d'insérer dans leurs lettres ou paquets confiés aux courriers royaux, de l'argent, des bijoux et autres objets précieux. Mais, en se généralisant, ces agissements suscitèrent des actes de brigandage compromettant non seulement la sûreté des dépêches, mais aussi la vie des courriers.
Pour remédier à cette situation, le fermier général des postes Pierre d’Almeras, par un règlement du , auquel il est d'usage de faire remonter la première organisation d'une poste officielle à la disposition du public, décida d'interdire l'insertion « d'or, argent, pierreries ou autres chose précieuses », dans les lettres ou paquets confiés à la poste, et précisa les conditions auxquelles la poste acceptait désormais d’effectuer les transferts de fonds.
Pendant très longtemps l'organisation a fonctionné de la façon suivante : les envois de fonds confiés aux services postaux, présentés à découvert, étaient reconnus contradictoirement et enregistrés par l'agent des postes sur un carnet d'ordre, d'où il détachait une « déclaration de versement » qu'il remettait à l'expéditeur à titre de récépissé. Les fonds destinés à un même bureau étaient rassemblés en un « group » et décrits dans un bordereau appelé lettre d'avis. Le bureau d’arrivée procédait à la reconnaissance des espèces contenues dans le « group », s'assurait que leur montant correspondait aux indications portées sur la lettre d'avis, et prenait note des « articles d'argent » sur un registre d'arrivée. L'administration ne se souciait pas d'informer le destinataire ; c'est l'expéditeur qui devait seul se préoccuper de ce problème et le résoudre. Lorsque le bénéficiaire se présentait au bureau, les fonds lui étaient remis contre signature recueillie sur le registre d'arrivée, en regard des indications correspondantes.
Cette organisation, très simple, avait le mérite de n’exiger aucune comptabilité. Néanmoins, elle présentait deux inconvénients dont la gravité ne pouvait manquer de s'affirmer avec le développement du service :
Pour remédier aux inconvénients signalés, un règlement en date du 26 frimaire an III (ou en 1795) met en œuvre un système plus commode, emprunté aux usages de la banque, pour l'envoi des sommes d'argent à des militaires ou marins en campagne.
Le receveur des postes, chez qui étaient déposés les fonds, les conservait en caisse et tirait une lettre de change sur le payeur de la formation militaire à laquelle appartenait l'intéressé. Cette lettre de change était remise à l'expéditeur à charge pour lui de la transmettre par lettre au bénéficiaire, lequel la présentait au comptable assignataire et entrait en possession des fonds.
Réserve faite de l'assignation sur un comptable unique, cette lettre de change n'était rien d'autre que notre ancien mandat-lettre (référencé selon le numéro de nomenclature de l'imprimé: 1401). Il y avait suppression du transport matériel des fonds. Étendu en 1812 aux envois de fonds destinés aux militaires en garnison à l'intérieur, cette organisation prit fin le avec les circonstances de guerre qui l’avait provoquée.
Toutefois, ces essais ayant fait clairement apparaître les avantages du système, ce dernier fut repris par le règlement du qui organise pour la première fois le service des mandats sous une forme moderne, en « instituant la suppression du transport matériel des fonds et en créant les reconnaissances d'articles d'argent délivrées aux déposants pour être envoyé par eux aux destinataires ».
Le bureau émetteur remet à l' expéditeur, en plus de la « reconnaissance d'articles d'argent », un « bulletin de dépôt » destiné à lui servir en cas de réclamation, et transmet une « lettre d'avis » au bureau chargé du paiement, lequel l’inscrit sur un « registre d'arrivée ».
« Le bureau destinataire effectue le paiement sur ses fonds propres, sur présentation de la reconnaissance sur laquelle est recueilli l'acquis du bénéficiaire et à condition que le receveur soit également en possession de la lettre d'avis. »
C'est le système des mandats avec avis d'émission, encore actuellement en usage, à quelques différences près, dans les pays anglo-saxons, tels le Royaume Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord et les États-Unis notamment.
Un nouveau règlement du autorise le paiement à vue dans tous les bureaux de poste et sans avis préalable, des reconnaissances de 100 F (francs) et au-dessous, établies au profit des militaires. Cette mesure est étendue aux mandats délivrés au profit des particulières à dater du .
Le mandat-lettre était né, les dispositions postérieures à celle de 1832 ayant seulement trait, d'une part à l'élévation du maximum au-delà duquel la lettre d'avis (c'est-à-dire plus tard l’avis d'émission numéro nomenclature 1413) demeure obligatoire, et, aux précautions prises en vue d'assurer la sécurité des titres.
Si le mandat-lettre, sans doute inspiré d'une pratique bancaire, et celui des pays anglo-saxons où la banque a connu un développement précoce et privilégié, le mandat-carte est, en revanche, d'inspiration et de technique plus spécifiquement postale, puisque son support est une carte postale, et son origine est continentale.
Or il convient de remarquer qu'en France, la structure mise en place par le règlement du permettait tout aussi bien une évolution vers le mandat-carte que vers le mandat-lettre. Il suffisait d'imaginer de réunir sur le même support la « reconnaissance d'articles d'argent » et la « lettre d'envoi », la poste se chargeant de l'acheminement des deux éléments en même temps.
Ce fut la solution adoptée directement par plusieurs pays étrangers. S'il n’en a pas été ainsi en France, et l'étape de 1823 montre bien la préférence en faveur d'un mandat-lettre plutôt que du mandat-carte, c'est, vraisemblablement, parce que le premier répondait mieux aux exigences du public en matière de secret professionnel et que l'affranchissement de la lettre contenant la « reconnaissance » alimentait les caisses de l'État par l'intermédiaire de la régie fiscale qu'était alors l'administration.
En fait, c'est lorsque après la guerre de 1870, l'influence des puissances continentales s'est affermie, que le mandat-carte en usage dans leurs relations intérieures est étendu aux relations internationales par la voix des Conventions bilatérales qui ont longtemps régenté ces échanges.
Il fut donc introduit en France en 1876, pour les besoins du service international et, deux ans plus tard, pour ceux du régime intérieur. Sans coupon de correspondance, il était distribué au destinataire, lequel venait se faire payer au guichet.
Comme il n'avait pas été jugé utile de rétablir l'ancien registre d'arrivée, des fraudes ne manquèrent pas d'être constatées ; aussi, en 1881, l'administration décida-t-elle de conserver les mandats-carte dans les bureaux et d'aviser les destinataires au moyen d'un avis d’arrivée.
En 1891, le paiement à domicile était instauré dans les communes non pourvues d'un bureau de poste, et la loi du l’étendait à l'ensemble du territoire. Enfin, en 1898, le coupon de correspondance était adjoint au mandat carte, lui donnant sa forme moderne et assurant définitivement son succès. Depuis, ne sont intervenus que des changements de détails, tels que la limitation du montant du paiement à domicile pour des motifs de sécurité des agents payeurs, la réglementation spéciale pour le paiement des mandats adressés dans les hôtels ou lieux publics, etc., mais les principes fondamentaux n'ont pas varié[3].
Ainsi, coexistaient en France jusqu’en 1994, deux mandats de nature différente, l'un du type « lettre », remis à l'expéditeur lors de l'émission, à charge pour lui de le faire parvenir au bénéficiaire, lequel devra le présenter au paiement dans un bureau de poste, l'autre du type « carte », qui ne quitte pas le service et dont l'acheminement incombe à l'administration.
Bien sûr, des variantes, naquirent de l'évolution des besoins de la clientèle et des services nouveaux qui en résultèrent mais il ne s'agit que de variantes aux deux grandes catégories existantes :
Enfin, depuis la fin des années 1970, les mandats optiques et les titres universels de paiement -TUP, dont les caractéristiques essentielles se traduisent globalement par une simplification générale des méthodes d'exploitation et par une amélioration très sensible de la rentabilité du service des mandats.
Le code civil , au des dispositions de l' article 1984, définit le mandat « comme un acte par lequel une personne donne à une autre personne le pouvoir de faire quelque chose pour le mandant et en son nom ». Au regard des services dépendant du ministère des P.T.T., le mandat postal est considéré comme un ordre de payer et est appelé « mandat » tout titre émis ou payé par un bureau de poste pour l'exécution du transfert de fonds.
Pour chaque mandat émis, l'Administration postale perçoit en numéraire, sur l'expéditeur, un droit de commission. Ce droit est définitivement acquis à l'Administration postale, même en cas de remboursement immédiat d'un titre régulièrement émis.
La responsabilité pécuniaire de l'Administration postale est engagée pour le montant intégral des sommes versées aux guichets des bureaux pour être converties en mandats jusqu'au moment où ces sommes ont été régulièrement payées au bénéficiaire ou aux mandataires de ceux-ci. À cause de cette responsabilité et de la nature du travail effectué, l'Administration postale :
Est prescrit, au profit de l'Administration postale, le montant des mandats émis en France dont le paiement ou le remboursement n'a pas été réclamé par les ayants droit dans le délai de deux ans à partir du jour du versement des fonds.
La prescription des mandats originaires de l'étranger varie avec le pays d'origine.
La responsabilité de l'Administration postale en matière de mandat l'oblige à se soumettre à deux principes :
Ces principes généraux sont décrits dans la littérature professionnelle[4].
L’administration postale passe un contrat avec l'expéditeur du mandat. Elle doit donner au titre un caractère authentique et unique qui permette, sans ambiguïté, de connaître le sort réservé aux mandats émis.
Chaque mandat comporte donc obligatoirement :
D'autres éléments figurent sur le titre mais ils ne présentent pas au regard de l'Administration postale la même signification. Par exemple, le nom et l'adresse de l'expéditeur sont facultatifs. Un récépissé comporte dans le détail des sommes versées et est délivré à l'expéditeur.
Chaque mandat émis et décrit (numéro, montant et les droits de commission) sur un document comptable qui est l'état d'émission.
C'est une pièce justificative de la comptabilité des services émetteurs (bureaux, centres de chèques, organismes autorisés). Il permet en outre aux services chargés de la vérification (centre de contrôle des mandats, centres de lecture optique) de redresser les erreurs éventuelles.
Le service émetteur doit être en mesure de donner suite à toute réclamation concernant un titre qu'il a émis. C'est pourquoi il est établi un registre comportant les principales caractéristiques des mandats (date d'émission, numéro, montant, destinataire).Il est en général composé par la partie inférieure du mandat, complétée par l'expéditeur. Les services importants microfilms les titres.
Il faut distinguer :
Les processus d'émission et tout ce qui a trait au remboursement, à la perte de mandats, se trouvent amplement couverts par les ouvrages « techniques » édités par les PTT (puis La Poste)[5].
Depuis mars 1994 sont mis en place les mandats TFT (transfert de fonds télématique).
Ces mandats sont gérés par l’intermédiaire de l’informatique dans le but de dématérialiser les mandats du régime intérieur. Il s’agit aussi de réduire le nombre de catégories de mandat. Cela a abouti à une réduction des coûts d’exploitation tout en assurant une meilleure sécurité.
Les tarifs à jour ne se trouvent plus sur le site de La Poste mais sur le site de La Banque postale[6] depuis le la création de la Banque Postale au 1 er janvier 2006 et le transfert de toutes les activités financières des services postaux à cette banque publique le .
En mars 1994, se généralise le service des versements sur comptes chèques postaux (de tiers) appelés mandats « compte » testés sur 3 sites pilote depuis 1993 : Strasbourg, Lille et Chalons sur Marne .Les versements d’espèces sur son propre compte chèque postal se font toujours sur formule spéciale SF35 et sont soumis aux mêmes règles que les autres opérations financières en temps réel , avec les terminaux CHEOPS . Pour le mandat compte Tiers, il existe un imprimé spécifique et il y a à payer un droit de commission .
Il faut rappeler que jusqu’à mi 2005 (année à vérifier), si le centre gestionnaire de son CCP n’était pas celui auquel était relié le bureau de poste de dépôt, alors le crédit n’avait lieu qu’en J+1 sauf à payer une taxe d’urgence (50 francs). Cette distinction n’a plus lieu d’être, tous les bureaux postaux sont connectés à tous les centres financiers de La Banque Postale et l'apport d'argent se fait instantanément.
Les deux types de Mandat Cash - ordinaire et urgent - avaient été mis en place en 1995 et ont été supprimés depuis par les services postaux au cours de l'année 2017.
Il est à noter que le service du mandat Cash ordinaire a cessé d'être fourni à la clientèle postale le .
Le paiement pouvait intervenir juste après une transmission téléphonique, donc un moyen de paiement très rapide, ce qui devait pousser à la circonspection lors de paiement de biens et services, car il n'y avait pas de vérification d'adresse ; une telle procédure pouvait favoriser certaines fraudes.
Le service des mandats Cash urgents a cessé d'être proposé à la clientèle des bureaux postaux le .
Ce mandat n'est que partiellement informatisé.
Le Mandat Ordinaire International permet de transférer des espèces jusqu'à 3 500 € ou la somme équivalente en monnaie locale. A sa création, il était proposé pour le transfert d'argent vers 150 pays. Toutefois, la liste des pays destinataires est maintenant réduite et concerne uniquement les 48 pays suivants, appartenant à l'Union postale universelle : Albanie, Algérie, Allemagne, Arménie, Autriche, Biélorussie, Bosnie Herzégovine, Brésil, Bulgarie, Canada, Cap-Vert, Chine, Chypre, Colombie, Corée du Sud, Croatie, Danemark, Égypte, Espagne Grèce, Hongrie, Île Maurice, Irlande, Israël, Italie, Japon, Laos, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Madagascar, Malte, Maroc, Pérou, Pologne, Portugal, Roumanie, Rwanda, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Suisse, Tchéquie, Thaïlande, Tunisie, Turquie, Vatican, Vietnam.
Le paiement s'effectue au guichet d'un bureau de poste ou par réception d'un chèque. Ces paiements sont toujours en monnaie du pays de destination.
Le Mandat de Versement sur Compte permet de transférer des espèces sur un compte bancaire à l’étranger.
Le Mandat de versement sur compte permet de transférer des fonds remis en espèces sur un compte à l’étranger, établi dans une liste limitée de pays réputé " sûr " . Il donne la possibilité d'envoyer les fonds directement sur le compte du bénéficiaire et fonctionne avec 26 pays, membres réguliers de l'Union postale universelle : Algérie, Allemagne, Autriche, Belgique, Chypre, Espagne, Estonie, Finlande, Grèce, Irlande, Italie, Japon, Liechtenstein, Luxembourg, Lettonie, Lituanie, Malte, Maroc, Pays-Bas, Portugal, Sénégal, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Suisse, Tunisie. Il existe un montant maximum pour un mandat : 8 000 € ou son équivalent .
Ce mandat doit être payé en 30 jours maximum (sinon il doit être procédé au remboursement du titre) et il fonctionne uniquement avec les 33 pays ou les 2 territoires français d'outre-mer suivants :
Son montant maximum est de 3 500 € ou moins, selon le pays de réception et la réglementation postale en vigueur.
Il est à noter depuis , la Poste française a bloqué les mandats à destination du Gabon en raison du fait que la Postebank gabonaise ayant de trop nombreux arriérés de paiement.
Comme d'autres services de transfert d'argent tels que Western Union, les mandats postaux peuvent être détournés à des fins malveillantes. Des escrocs se servaient notamment du Mandat Cash Urgent pour se faire payer des véhicules[7], ou des cautions d'appartement [8].
De telles escroqueries ont fait passer les Mandats Cash Urgent comme des moyens de paiement alors qu'ils sont normalement destinés à être uniquement un moyen de transférer de l'argent à une personne de confiance.
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