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Manga par Riyoko Ikeda sur la Révolution française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La Rose de Versailles (ベルサイユのばら, Berusaiyu no bara ) est un shōjo manga écrit et dessiné par Riyoko Ikeda entre 1972 et 1973 et pré-publié dans le magazine Shūkan Margaret de Shūeisha. L'autrice dessine par la suite des histoires supplémentaires où l'on retrouve les personnages du manga avant, pendant ou après les évènements de l'histoire principale. Ces histoires sont pré-publiées dans le magazine Margaret entre 2013 et 2018.
Type | Shōjo |
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Genres | Fiction historique, drame, romance |
Auteur | Riyoko Ikeda |
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Éditeur | (ja) Shūeisha |
(fr) Kana | |
Prépublication | Margaret |
Sortie initiale | – |
Volumes | 14 |
Il s'agit d'une fiction historique située lors des années qui précèdent et lors des évènements de la Révolution française. L'histoire du manga reprend les personnages et les faits historiques, auxquels sont mêlés des personnages de fiction. On y suit la vie de la reine de France Marie-Antoinette d'Autriche ainsi que celle d'Oscar François de Jarjayes, une femme travestie membre de la Garde royale.
Le manga est le premier grand succès commercial du shōjo manga et participe ainsi à la reconnaissance du genre auprès du public et des critiques. Il est à ce titre devenu un classique du genre et a une grande influence sur son évolution. De nombreux produits dérivés et adaptations du manga voient ainsi le jour ; l'adaptation par la Revue Takarazuka est celle qui remporte le plus grand succès commercial.
À la suite de la publication initiale, l'autrice dessinera des œuvres complémentaires à La Rose de Versailles, avec un hors-série, une suite et une parodie.
L'action se situe en France, avant et pendant la Révolution française. Le personnage principal de l'histoire est la jeune et étourdie reine de France, Marie-Antoinette, mais plus tard, l'histoire se recentre sur une femme du nom d'Oscar François de Jarjayes. Le père d'Oscar, le général de Jarjayes, désespéré de ne pas avoir de fils (il a six filles), décide d'élever la plus jeune comme un homme. Il la forme aux arts de l'escrime et de l'équitation. Oscar s'exerce souvent avec son meilleur ami et (techniquement) serviteur, André Grandier. André est le petit-fils de sa nourrice et, de ce fait, ils ont passé la plupart de leur temps ensemble dans une amitié harmonieuse qui, vers la fin de l'histoire, se change en amour.
Oscar est le commandant de la Garde royale et responsable de la sécurité de Marie-Antoinette, ainsi que du reste de la famille royale. L'histoire tourne autour de la prise de conscience grandissante d'Oscar sur la manière dont la France est gouvernée, et sur le sort des pauvres. Un autre point important de l'histoire est l'amour entre Marie Antoinette et le comte suédois Axel de Fersen. Leur relation fait l'objet de rumeurs à travers toute la France, ce qui met en danger la réputation de la Reine et qui conduit Oscar à demander au comte de quitter le pays.
Le comte rejoint alors la guerre d'indépendance des États-Unis, ce qui attriste grandement Marie-Antoinette. La reine commence à dépenser de l'argent en bijoux et vêtements coûteux, assiste à des bals tous les soirs dans le but de se détourner de la nostalgie des moments passés avec le seul homme qu'elle ait jamais aimé. Cette situation pèse encore plus sur les contribuables français et la France s'enlise dans la pauvreté.
Surviennent ensuite l'affaire du collier de la reine et l'apparition de la comtesse de Polignac, qui aggravent le ressentiment des Français envers leur souveraine. Tandis qu'Oscar, ne pouvant plus fermer les yeux sur la souffrance du peuple, quitte la Garde royale et intègre le régiment des Gardes françaises. C'est alors que la Révolution gronde dans les rues de Paris.
Le , c'est la prise de la Bastille : la foule se révolte mais manque de stratégie, à l'avantage de l'armée, et devient une cible facile pour les tirs de canons. Toutefois, Oscar et le régiment des Gardes françaises qu'elle commande arrivent alors pour aider les insurgés à mieux s'organiser. Oscar est tuée dans la bataille alors que la Bastille tombe finalement, frappant symboliquement la monarchie française. Une fois la Bastille prise, les révolutionnaires font irruption dans le Palais à la recherche de Marie-Antoinette et de sa famille. Un grand nombre de soldats sont tués et la famille royale est faite prisonnière. Un long procès commence alors pour Louis XVI et Marie-Antoinette, les deux sont finalement déclarés coupables et guillotinés.
L'histoire de La Rose de Versailles est présentée comme le destin croisé de trois personnages : Marie-Antoinette, Oscar de Jarjayes et Axel de Fersen[1]. Les deux femmes Marie-Antoinette et Oscar se partagent tour à tour le rôle de la protagoniste de l'histoire tandis que de Fersen est l'objet de l'affection des deux femmes. À ces trois personnages s'ajoutent deux autres personnages, André et Rosalie, qui servent de point d'identification pour le lectorat lors de certains chapitres[2].
Née en 1947 Riyoko Ikeda grandit dans le Japon des années 1960 qui voit la naissance de la Nouvelle gauche. Ce mouvement politique, notamment inspiré par la Révolution française, galvanise la jeunesse japonaise et affecte l'ensemble de l'industrie du manga. Notamment Ikeda, après avoir intégré l'université en 1966, rejoint immédiatement les mouvements étudiants[6] et intègre finalement la branche jeunesse du Parti communiste japonais[7].
Si lors des années 1960 le shōjo manga reste un genre globalement enfantin où donc le sujet politique reste tabou, les choses changent à partir du début des années 1970 où de jeunes autrices commencent à faire bouger les codes et poussent le shōjo dans le monde de l'adolescence[8], soutenues par le lectorat qui n'hésite pas à protester contre la guerre du Viêt Nam dans le courrier des lecteurs[9]. Ikeda qui a commencé sa carrière en 1967, dessine alors deux types de manga : d'une part des histoires romantiques typiques pour le shōjo manga de l'époque, et d'autre part des mangas plus engagés socialement et politiquement, en abordant les thématiques de la pauvreté, des maladies causées par la bombe A ou encore la discrimination envers la population burakumin[6].
Alors que le mouvement de la Nouvelle gauche s'essouffle, Ikeda choisit de dessiner un manga sur la révolution et les mouvements populaires au travers du thème de la Révolution française[9]. Inspirée par la biographie Marie-Antoinette de Stefan Zweig et après deux années de recherches et préparations[10], Ikeda propose en 1972 à ses éditeurs de Shūeisha de publier une « biographie sur Marie-Antoinette »[11]. Malgré une forte opposition initiale de Shūeisha face à un manga historique[12], le premier épisode est pré-publié le dans le magazine hebdomadaire Shūkan Margaret.
Ikeda fait de Marie-Antoinette son personnage principal et la portait à l'image de l'héroïne typique des shōjo manga de l'époque : pleine de vie et un peu idiote, elle est à la recherche de l'amour de sa vie qui se matérialisera avec le personnage d'Axel de Fersen, et sa rivalité avec Madame du Barry ressemble à la rivalité entre deux écolières. Le personnage d'Oscar n'est alors qu'un personnage secondaire particulièrement charismatique. Le tout se passe dans un environnement exotique marqué par un style rococo qui se marie très bien avec le shōjo manga[13].
Le succès auprès du lectorat est immédiat et notamment le personnage d'Oscar devient très populaire. Le choix initial de faire du capitaine de la garde royale une femme travestie vient du fait qu'Ikeda ne se sentait pas suffisamment en confiance pour dépeindre un homme militaire de façon convaincante. Ce personnage féminin fort et charismatique parle particulièrement au lectorat féminin du shōjo manga. Oscar possède en outre deux problématiques qui la rend beaucoup plus complexe et intéressante que Marie-Antoinette : d'une part elle est partagée entre sa profonde amitié pour Marie-Antoinette et sa réalisation qu'elle sert un pouvoir corrompu qui fait souffrir le peuple, et d'autre part sa recherche d'un partenaire amoureux qui serait un égal et qui respecterait à la fois sa féminité et sa masculinité. Elle devient alors naturellement le personnage principal du manga[14].
Avec Oscar comme personnage principal, Ikeda peut investir librement les champs politique, social et sexuel et le ton du manga devient particulièrement sérieux[14], dramatisant la doctrine du réalisme social (en) prônée par le Parti communiste japonais[3]. Ce changement de tonalité contraste alors avec le ton léger initial[14]. Mais dans le chapitre pré-publié le Ikeda fait mourir Oscar ainsi que son compagnon d'arme et de cœur, André, et Marie-Antoinette reprend son rôle de personnage principal. Elle est depuis devenue un personnage grave qui fait face stoïquement à la Révolution française. Si Marie-Antoinette est désormais un personnage féminin fort, le lectorat lui préfère toujours Oscar. Le l'éditorial de Shūeisha publie une colonne dans Shūkan Margaret pour indiquer qu'ils sont inondés de lettres qui demandent à l'autrice de ressusciter Oscar et André[4].
Ikeda qui jusqu'alors s'était appuyée sur son lectorat pour développer ses idées encore inhabituelles dans le shōjo manga, se voit désormais contrainte de conclure rapidement l'histoire comme elle ne souhaite pas dévier de sa trajectoire. Aussi le dernier et 82e[5] chapitre est publié le et présente comme épilogue l'exécution brutale de Marie-Antoinette, puis la mort sanglante quelques années plus tard de Fersen. Cette fin achève de choquer son lectorat et de contraster avec la tonalité du début du manga, mais achève aussi la transition du shōjo manga vers des tonalités plus adolescentes[15].
En 2013 Shūeisha célèbre les 50 ans du magazine Margaret — depuis devenu bimensuel. L'éditeur invite Ikeda à écrire une tribune : la mangaka, qui contrainte en 1973 de terminer rapidement le manga n'avait pas pu dessiner toutes les histoires qu'elle voulait, demande à Shūeisha si elle ne pourrait pas écrire des chapitres supplémentaires[16]. La requête est acceptée et la pré-publication d'histoires additionnelles à La Rose de Versailles débute le 20 avril 2013 dans Margaret[17].
Le premier chapitre, sur l'enfance d'André, est une reprise d'une histoire qu'Ikeda avait rédigé pour l'adaptation théâtrale du manga par la revue Takarazuka[16]. La mangaka continue ainsi de publier des histoires supplémentaires pendant près de 5 ans. Dans le dernier chapitre, publié le , la mangaka connecte l'univers de La Rose de Versailles à celui du manga Poe no ichizoku de Moto Hagio. Ikeda étant fan du manga, elle a demandé à Hagio la permission de connecter les deux univers[18].
La Rose de Versailles est l'une des principales œuvres qui permettent l'établissement de la « grammaire visuelle du shōjo manga » au début des années 1970, encore balbutiante lors des années 1960, et de sa migration d'un « genre pour enfant » vers un « genre pour adolescente »[19].
Sur le plan visuel le manga est caractérisé par une absence de décors, il s'agit d'une caractéristique visuelle du shōjo qui est particulièrement marquée ici : les décors n'apparaissent en général qu'au début de la scène, ils sont ensuite absents ou partiellement effacés — une fois posé, l'espace n'a plus besoin d'être resitué. Cette absence de décors est à la fois un choix d'économie de moyens, mais aussi esthétique : sans décors les cases et surtout les personnages peuvent se chevaucher, se superposer. Le déplacement des personnages dans l'espace est alors représenté par des changements d'angularité qui suggèrent l'existence de l'espace. Le chevauchement des personnages et le changement d'angularité sert aussi à exprimer l'état mental du personnage, tel que la confusion[20], et permet aussi l'exploration de son intériorité, en superposant plusieurs narrations — une représentant l'instant physique présent, et les autres qui représentent le monde mental subjectif, tels que des souvenirs[21].
Toutefois le manga diverge de la norme visuelle du shōjo par certains éléments, notamment son usage important d'un narrateur, discursif, au présent de narration et extérieur au récit. Ce qui pour l'académicienne Anne McKnight, n'est pas sans rappeler le style d'écriture du biographe Stefan Zweig[1].
Le manga opère une importante transformation de tonalité au fil de l'évolution du récit. Il débute sur un ton léger, frivole, mais devient de plus en plus grave, en abordant les problématiques sociales de la population française de l'époque. En outre les morts des personnages principaux, parfois brutales ou violentes, sont définitives, ce qui est un paradigme encore nouveau dans le shōjo de l'époque, où il était commun de faire revenir d'entre les morts des personnages à l'aide de pirouettes scénaristiques[4].
Les histoires d'amour d'Oscar marquent aussi un important changement de paradigme. Jusqu'à présent le shōjo mettait en scène deux principaux types d'histoire d'amour, d'une part l'homoérotique esu entre deux personnages féminins[11] — généralement perçu comme un refus de grandir — et d'autre part la relation hétérosexuelle fortement inégalitaire entre une jeune fille passive et un prince charmant[22].
Ainsi la première prétendante pour Oscar est le personnage Rosalie, ce qui fait écho au esu, avec Oscar dans le rôle de la grande sœur et Rosalie dans le rôle de la petite sœur, mais Oscar finit par rejeter Rosalie[23]. Lui succèdent ensuite deux personnages qui prennent le rôle de prince charmant, de Fersen et de Girodelle, mais de Fersen rejette Oscar car il ne la voit que comme un homme malgré ses efforts pour se féminiser, et de Girodelle est rejeté par Oscar car il ne la voit que comme une femme, ce que ne peut accepter Oscar[23].
Finalement Oscar entre en relation hétérosexuelle avec André, mais cette relation est égalitaire : Oscar est une femme masculine, quand André est un homme qui est féminisé — les techniques visuelles suggèrent qu'il sert de point d'identification pour les lectrices — ce qui les place sur un pied d'égalité. En outre les deux personnages sont visuellement semblables et fait ainsi un écho au genre encore naissant du boys' love[24].
Il est à noter qu'Ikeda a en outre suivit l'avis de son lectorat pour choisir le partenaire final d'Oscar, l'autrice n'avait initialement pas conçu André comme un partenaire potentiel pour Oscar[25].
Pour l'aspect historique du manga Ikeda s'est principalement basée sur la biographie Marie-Antoinette rédigée par le biographe Stefan Zweig. Ainsi les principaux éléments de la vie de la reine sont retranscrits tels que narrés dans la biographie : sa relation proche avec sa mère Marie-Thérèse d'Autriche, son mariage sans amour avec Louis XVI, sa rivalité avec madame du Barry, son amitié pour la comtesse de Polignac, l'affaire du collier de la reine ou encore son amour pour le comte de Fersen[11]. De même la reine est représentée comme une femme normale et médiocre et l'œuvre met en avant la relation amoureuse entre la reine et le comte de Fersen, deux notions importantes dans la biographie par Zweig[26]. Si la chronologie des évènements est ainsi respectée dans les grandes lignes, certains détails sont changés pour servir l'histoire, comme par exemple l'absence du comte de Fersen lors de l'affaire du collier dans le manga[27].
Les plus grands écarts avec l'histoire proviennent des personnages fictionnels, notamment Oscar, son compagnon André et l'ensemble de la famille de Jarjayes sont inventés, seul le père de la famille est inspiré par le personnage historique François Augustin Regnier de Jarjayes. De même la relation filiale entre Rosalie et la comtesse de Polignac est une invention de l'autrice, et plusieurs personnages secondaires sont eux aussi fictionnels, comme Charlotte de Polignac, Alain de Soissons ou le comte de Girodelle. Enfin le personnage Bernard Châtelet est inspiré du personnage historique Camille Desmoulins[5].
Il existe aussi des anomalies visuelles, certaines volontaires et d'autres accidentelles. Ainsi l'uniforme du régiment des Gardes françaises est en fait celui utilisé par la Garde royale, et l'uniforme porté par Oscar date de l'époque napoléonienne au début du XIXe siècle[5].
La lecture qui est faite des évènements de la Révolution française reflète les idées de gauche féministe de l'autrice, incarnée dans le manga par Oscar[28],[16]. La narration suit en outre les codes du réalisme social (en) en montrant la chute de la cour et l'émergence du peuple[3]. L'autrice parle ainsi de plusieurs problèmes comme la conscience de classe, l'inégalité de classe entre les femmes, le mariage entre égaux, le devoir du citoyen et la condition matérielle du travail[3]. Le scénario illustre aussi comment les droits naissent d'une révolte spontanée, anti-impériale et populaire[29].
Dans le Japon d'après-guerre les mouvements féministes sont globalement partagés entre d'un côté le consumérisme qui permet aux femmes de s'approprier une subjectivité qui leur est traditionnellement reniée par la société japonaise, de l'autre la conscience socialiste, incarnée par la Nouvelle gauche, qui rejette le consumérisme[30]. Riyoko Ikeda est elle aussi partagée entre ces deux pôles, étant à la fois membre du Parti communiste d'une part, et autrice de manga — un média de masse — d'autre part. Ikeda ainsi que beaucoup d'autres femmes des mouvements socialistes se retrouvent ainsi marginalisées. Mais cette ambivalence prend fin en février 1972 avec l'affaire du chalet Asama où la police découvre que peu avant l'incident, l'armée rouge unifiée avait opéré une grande purge parmi ses membres, dont la plupart des femmes car suspectées de consumérisme[31].
Le carnage dans les rangs de l'armée rouge unifiée retire la crédibilité au mouvement de la Nouvelle gauche et à ses idéaux révolutionnaires. Les féministes socialistes, dont Ikeda, investissent alors plus ouvertement le consumérisme comme moyen de libération féminine[31] : la mangaka portrait la Révolution française dans La Rose de Versailles comme une « révolution intérieure des femmes japonaises »[32], inspirée par la deuxième vague féministe[28].
La figure de la reine Marie-Antoinette plaisait à la mangaka : par ses réticences à accepter ce qu'on lui imposait, un mariage sans amour ainsi que le protocole et l'étiquette de Versailles, et la haine qu'elle a suscitée tant à la cour qu'auprès de la population, fait d'elle un modèle d'insubordination contre le patriarcat aux yeux de l'autrice[33]. Mais le personnage reste limité à cause de sa maternité imposée. L'abolition de l'obligation sociale à devenir mère est en effet l'une des principales revendications du féminisme japonais de l'époque[34].
La seconde protagoniste, Oscar, de par son physique androgyne et sa recherche d'un égal comme partenaire amoureux est plus radicale, et fait écho à l'idéal asexué établi dans la culture shōjo par des autrices comme Nobuko Yoshiya au début du XXe siècle[35]. À cet égard la scène de sexe entre Oscar et André est particulièrement notable : les deux personnages se traitent comme des égaux, ils ont une apparence androgyne et seule la partie supérieure de leur corps est montrée, les seins d'Oscar ne sont pas visibles[35]. L'académicienne Yukari Fujimoto considère qu'il existe dans le shōjo manga un avant et un après cette scène de sexe : l'homoérotisme et le sexe « stérile » deviennent alors des idéaux[32].
La publication de La Rose de Versailles provoque chez les adolescentes japonaises ce que l'on appelle le « beru bara boom »[36] : la popularité du manga est très importante auprès des jeunes filles du début des années 1970 et les pousse à s'intéresser à la culture française et fait du château de Versailles, un important lieu touristique pour les japonais[37]. Le phénomène est suffisamment important pour que le gouvernement français honore Riyoko Ikeda des insignes de chevalier de l'ordre national de la Légion d'honneur en 2009[38].
Le succès initial du manga est entretenu dans les décennies qui suivent par l'adaptation théâtrale de l'œuvre par la revue Takarazuka dont la première représentation a lieu en 1974 : le succès de cette adaptation fait connaître l'œuvre originale et son autrice auprès du grand public[39]. En 2014 la pièce a ainsi été jouée environs 2 100 fois pour une audience estimée à plus de 5 000 000 de spectateurs[40].
Avec le succès de l'adaptation théâtrale, de nombreuses autres adaptations voient alors le jour que ce soit au cinéma, à la télévision, en feuilletons radio. À cela s'ajoute les nombreux produits dérivés, foires et autres expositions. Le phénomène atteindra jusqu'à la Croix-Rouge japonaise qui en 1975 utilise le manga pour ses campagnes de collecte de fonds[39].
Rioyko Ikeda a dessiné trois œuvres directement liées à La Rose de Versailles :
De nombreuses adaptations du manga ont vu le jour, suit une liste des principales adaptations :
En , à l'occasion du 50e anniversaire de la sortie du manga, une nouvelle adaptation en film d'animation est annoncée[49]. Le , jour commémorant la prise de la Bastille, des visuels des décors sont publiés, et la sortie du film est annoncée pour l'année . Il sera réalisé par Ai Yoshimura, l'animation sera produite par le studio MAPPA, avec les voix de Miyuki Sawashiro dans le rôle d'Oscar, et d'Aya Hirano dans celui de Marie-Antoinette[50].
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