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film d'Andrzej Żuławski, sorti en 1975 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'Important c'est d'aimer est un film franco-italo-allemand réalisé par Andrzej Żuławski, sorti en 1975.
Réalisation | Andrzej Żuławski |
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Scénario |
Andrzej Żuławski Christopher Frank |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production |
Albina Productions S.a.r.l. Rizzoli Film TIT Filmproduktion GmbH |
Pays de production |
France Italie Allemagne de l'Ouest |
Genre | Drame, romance |
Durée | 109 minutes |
Sortie | 1975 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
L'histoire est tirée du roman La Nuit américaine de Christopher Frank publié le ; ce film n'a aucune relation avec le film de François Truffaut de 1973, sorti l'année suivant la parution du roman de Frank.
Le film est coproduit par la France, l'Italie et l'Allemagne de l'Ouest avec, dans les rôles principaux, Romy Schneider, Fabio Testi et Jacques Dutronc.
Klaus Kinski, Claude Dauphin et Roger Blin y tiennent des rôles secondaires importants.
En 1976, le film permit à Romy Schneider de recevoir le premier César de la meilleure actrice.
Le photographe Servais Mont rencontre la comédienne Nadine Chevalier sur le tournage d'un film pornographique sanguinolent qu'elle est contrainte d'accepter pour survivre. Après avoir pris quelques clichés de Nadine en plein désarroi, il finit par être expulsé par l'équipe technique du film. Servais travaille habituellement pour un certain Mazelli, un maître chanteur qui le force à prendre des photos sordides.
Servais rend ensuite visite à Nadine dans la maison qu'elle partage avec son mari Jacques auquel elle est profondément attachée. Passionné de cinéma, Jacques est une sorte de Pierrot farfelu et un peu triste qui se retranche dans son monde intérieur pour éviter d'avoir à affronter la réalité.
Servais tente alors de séduire Nadine, et une relation débute entre eux, sans que l'actrice ait envie de quitter son mari pour autant. Raymond Lapade, à qui Servais rend visite, propose au jeune photographe de rencontrer l'acteur excentrique Karl-Heinz Zimmer, afin que ce dernier puisse monter la pièce Richard III avec l'aide du metteur en scène Laurent Messala, et dans laquelle Nadine pourrait avoir un rôle important. Servais veut financer ce projet, et pour ce faire, il doit effectuer un nouveau travail pour Mazelli. Le jeune homme est alors contraint de prendre de nombreux clichés compromettants lors d'une orgie organisée par le maître chanteur, afin de gagner la somme d'argent nécessaire.
La pièce de théâtre finit par se monter et offre enfin à Nadine un rôle à sa mesure. Hélas, desservi par une mise en scène expressionniste et pleine d'outrances, le spectacle est finalement un échec. Nadine, qui a compris que Servais était à l'origine de son engagement, décide de s'offrir à lui pour le remercier, mais ce dernier la repousse. Dans un bistrot, Servais retrouve Zimmer qui lui offre amicalement un chèque avec une somme importante d'argent que le jeune homme préfère donner à son tour au couple Chevalier.
En pleine dépression, Jacques supporte de moins en moins sa vie. Il donne rendez-vous à Nadine dans un café, et lui reproche ce qu'il perçoit comme du mépris. Mais malgré les nombreuses marques d'amour que lui prodigue sa femme, Jacques décide de se suicider.
Nadine est atterrée par cette mort brutale, et tente d'obtenir un peu de soutien de Servais avant de lui dire que leur relation est terminée. Dégoûté, le jeune photographe ne supporte plus d'avoir à faire des clichés pornographiques dégradants pour Mazelli à qui il doit encore de l'argent, et préfère rompre ses relations avec le maître chanteur. Ce dernier décide de se venger en lui envoyant ses hommes de main pour lui infliger un violent passage à tabac qui le laisse en sang. Nadine retrouve alors Servais, blessé et mal en point. Touchée par la souffrance du jeune homme, elle lui exprime enfin son amour.
Le film a été tourné entre le 17 avril et le 20 juin 1974[10].
En mai 1974, la production de L'Important c'est d'aimer contacte Georges Delerue pour mettre en musique le premier film français d'Andrzej Żuławski[11]. Le compositeur était à l'époque très occupé par l'écriture de bandes originales destinées à la télévision[12], avant d'entamer l'élaboration de son conte lyrique en deux actes Médis et Alyssio[13] qu'il finalisa l'année suivante[14] ; mais après avoir vu la première scène du film, il accepte le projet avec enthousiasme[n 4].
Le thème principal consiste en un douloureux Largo pour cordes seules de facture post-wagnérienne[16], que le cinéaste a voulu « plaquer » sur les images de Romy Schneider[17] (suivant l'exemple de Jean-Luc Godard qui avait procédé de la même façon en utilisant de façon récurrente le célèbre thème de Camille sur les images de Brigitte Bardot pour son film Le Mépris)[n 5],[19].
Le thème de la Ballade Dérisoire plus grinçant et ironique[16], a posé plus de difficultés à Delerue d'après le témoignage du réalisateur qui désirait un style proche de celui de Nino Rota (Żuławski était à l'époque très influencé par le cinéma de Federico Fellini)[20]. On entend ce thème dans plusieurs scènes du film, entre autres pour souligner l'excentricité de certains personnages comme celui de Karl-Heinz Zimmer. Delerue a composé également le morceau Désespoir Et Violence pour un pupitre de cordes nerveuses soutenues par des percussions agressives, afin d'illustrer les scènes les plus violentes[21] du film (on peut l'entendre après que Servais ait déclenché une bagarre à la fin de la scène d'ouverture, puis au cours de l'orgie).
Pour l'impressionnant morceau Le Théâtre, Delerue expérimente une écriture atonale et résolument contemporaine, visiblement très inspirée par le style avant-gardiste de l'école polonaise des années 60[22] dont Krzysztof Penderecki (un musicien qu'il admirait[23]) était la figure de proue. Écrite pour les cordes au complet auxquelles le compositeur ajoute un orgue, un vibraphone et un clavecin, la partition utilise toutes sortes de techniques typiques de l'avant-garde comme des clusters, glissandi, passages aléatoires avec des « nuages » de pizzicati les plus aigus possibles[24], jeu « col legno battuto » derrière le chevalet[24] ou effets de percussions avec le talon de l'archet[24] que Penderecki avait utilisés dès 1959 pour sa célèbre composition Thrène à la mémoire des victimes d'Hiroshima[n 6].
D'autres morceaux n'ont jamais été édités sur disque à l'époque. Il a fallu attendre la version intégrale (sous la forme d'un CD paru en 2009 dans le coffret DVD numéroté de l'édition limitée du label Mondo Vision)[26] pour pouvoir entendre le lent crescendo de clusters très inquiétant que le musicien avait imaginé pour l'éprouvante scène du suicide de Jacques Chevalier. On y découvre aussi plusieurs pistes pour percussions seules, tout à fait étonnantes de la part de Delerue, et que l'on peut entendre dès l'ouverture du film, mais aussi vers la fin quand Servais se fait défigurer très violemment par les hommes de main de Mazelli.
Le compositeur, qui appréhendait beaucoup cette collaboration à cause de la réputation très difficile de Żuławski, s'est dit non seulement ravi du travail effectué avec lui[27] mais il a avoué qu'il s'était complètement immergé « dans son film » lors de l'écriture de la partition[28]. Interrogé par Jean-Pierre Bleys en 1986, Georges Delerue considérait L'important c'est d'aimer comme l'une de ses musiques les plus réussies[29].
La bande originale de L'important c'est d'aimer n'a pas fait l'objet d'un 45 tours à l'époque, sans doute faute de matériel suffisamment accrocheur, mais quatre titres figurent sur une anthologie sortie en 33 tours chez Barclay en 1976[30]. En 2004, Universal Music France a réédité les mêmes morceaux en rallongeant Désespoir et Violence et en rajoutant une version alternative inédite de la Ballade dérisoire[31]. C'est en 2009 que la version intégrale est enfin publiée[32], vendue dans un coffret DVD Mondo Vision en édition limitée à 2 000 copies numérotées[26],[n 7].
Liste des morceaux de l'anthologie Barclay de 1976 | |||||||||
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No | Titre | Durée | |||||||
1. | Ballade dérisoire | 1:35 | |||||||
2. | Désespoir et violence | 1:12 | |||||||
3. | Largo | 1:25 | |||||||
4. | Le théâtre | 2:07 | |||||||
6:19 |
Liste des morceaux du CD Mondo Vision de 2009 | |||||||||
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No | Titre | Durée | |||||||
1. | Overture (B-Movie Set)[n 8] | 1:46 | |||||||
2. | Violence[n 9] | 1:19 | |||||||
3. | Love Theme[n 10] | 1:31 | |||||||
4. | Cucaracha[n 11] | 0:26 | |||||||
5. | Despair[n 12] | 0:43 | |||||||
6. | The Agreement[n 13] | 0:22 | |||||||
7. | White Hotel (See-Saw Ballad Ver. 1)[n 14] | 1:46 | |||||||
8. | The Tragedy of Richard the Third[n 15] | 2:15 | |||||||
9. | Feeling Empty Inside[n 16] | 0:39 | |||||||
10. | Zimmer's Fight[n 17] | 1:31 | |||||||
11. | Father's Confessions (See-Saw Ballad Ver. 2)[n 18] | 1:45 | |||||||
12. | Suicide[n 19] | 1:03 | |||||||
13. | Despair & Violence Suite[n 20] | 2:25 | |||||||
14. | Payback[n 21] | 1:42 | |||||||
15. | Finale (Love Theme Suite)[n 22] | 2:21 | |||||||
21:34 |
Entre 1975 et 2012, L'important c'est d'aimer a été sélectionné huit fois dans diverses catégories et a obtenu trois récompenses[34],[35].
« Le distributeur de l’époque demanda à couper une partie de la scène du suicide de Jacques Dutronc, chose que je pouvais comprendre. Mais il commit un crime en coupant une des plus belles scènes de Romy, et c’est pour cela que la fin du film me paraîtra toujours abrupte. Après la mort de son mari, elle va voir les parents de Jacques, des gens extrêmement modestes qui vivent en banlieue. Elle essaie de s’expliquer, de s’excuser. Ils la rejettent complètement. Quand elle sort du petit pavillon de banlieue, le frère de Jacques, un peu demeuré, lui lance une pierre dans la nuque. Elle se touche le cou et, les mains rouges, s’éloigne sans rien dire vers le train. C’est une scène qu’elle joua de manière si touchante que même aujourd’hui j’en suis bouleversé. Le distributeur demanda à exciser cette scène. Je passai une des nuits les plus tristes de ma vie : devais-je l’envoyer valser ou accepter qu’on m’ampute d’un doigt. Finalement, considérant mon expérience du communisme, où des amis metteurs en scène avaient été jetés dans des hôpitaux psychiatriques, pour en sortir légumes, je me dis qu’amputer ce film qui me paraissait intéressant était un sacrifice auquel je pouvais consentir. »
— Dossier de presse du film lors de sa ressortie le 8 août 2012
« J’ai dû amputer le film d’une séquence essentielle parce qu’une dame mûre aux cheveux bleus s’était évanouie dans la salle. Romy, sublime, allait y voir les parents de Dutronc après le suicide de leur fils qui, la considérant comme responsable de sa mort, lui jetaient la pierre au sens propre du terme. Le sang coulait. J’ai toujours gardé l’espoir de réintégrer un jour cette scène dans le corps d’un film qui était, de toute façon, beaucoup plus ample et foisonnant. On y voyait Nadine/Romy tourner un polar de sixième zone, dans un garage. Je tiens Romy pour une véritable enfant de la balle. Son seul plaisir était d’y « aller ». Elle n’hésitait pas à se blesser. Sa mère, Magda Schneider, qui entretenait des liens douteux avec Goebbels, l’avait abîmée. Elle était la personne la plus malheureuse que je connaisse. Quand je demandais des jours de tournage supplémentaires à mes producteurs parce que mon actrice avait bu, ils acquiesçaient. Bien sûr, ils me menaient en bateau. »
— Sophie Grassin, « Andrzej Zulawski : « Mes films ne veulent pas mourir » », L'Obs, (lire en ligne)
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