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ancien État 1511 à 1920 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le khanat de Khiva (en Ouzbek: Xiva xonligi) appelé aussi État de Khwarezm (ou Khorezm), est le plus ancien des trois khanats ouzbeks qui existèrent entre 1512 et 1920 au sud de la mer d'Aral. Ayant à l'origine sa capitale à Ourguentch (aujourd'hui Kounia-Ourguentch, au Turkménistan), le Khorezm déplace sa capitale à Khiva, petite forteresse de l'époque, à cause du changement brutal du cours de l'Amou-Daria (Oxus) en 1598 qui a été fatal à l'ancienne capitale. Pendant plusieurs siècles, Khiva devient un des foyers culturels du monde islamique, avant de devenir un protectorat de l'Empire russe en 1873.
1511–1920
Statut | Monarchie absolue |
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Capitale | Khiva |
Langue(s) | Ouzbek, Turkmène, Kazakh, Persan |
Religion | Islam sunnite |
Monnaie | Khwarazmi tenga (en) |
12 août 1873 | Conquête par la Russie |
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La ville se construit avec un Itchan Kala (forteresse) et un quartier périphérique (Dichan Kala). Elle est détruite par Gengis Khan en 1220. Elle renaît de ses cendres pour être occupée cent-cinquante ans plus tard par les troupes de Tamerlan. Elle connaît par la suite une période de prospérité, étant sur l'itinéraire des caravanes vers la mer Caspienne, si bien qu'au XVIe siècle, elle est une des plus riches du Khorezm, avec son marché aux esclaves, l'un des plus importants d'Asie centrale[1].
C'est en 1512 qu'une nouvelle dynastie ouzbèke se détache des Chaybanides et forme un khanat indépendant[2]. La capitale est d'abord Ourguentch (autrefois Gourgandj). Lorsque l'Amou-Daria détourne son cours en 1598, la capitale est transférée à Khiva qui n'était qu'une petite forteresse, mais avait une histoire millénaire, fondée par Shem, fils de Noé, d'après la légende que rappelle l'historien du XVIIIe siècle, Kouchmoukhammad[1]. L'Amou-Daria qui traverse le khanat se déverse dans la mer d'Aral et permet ainsi une voie maritime vers la Russie européenne. Khiva, en fait, était une étape commerçante, grâce à son puits, du temps de l'empire des Samanides.
Le nouveau khanat devient un grand lieu spirituel du sunnisme d'Asie centrale, après le difficile transfert de capitale.
Le nom véritable de cette contrée est depuis les temps anciens le Khorezm. Le khanat est fondé par une dynastie ouzbèke qui s'en empare en 1511 sous la conduite des sultans Ilbars et Balbars, descendants de Yadgar Khan. Ils appartiennent à une branche des Tchinguizides, descendants d'un khan de la Horde d'or, Arabchah (Arab Chah ibn-Pilad), ce qui explique le nom de cette dynastie. Arabchah était le descendant à la neuvième génération de Chayban, petit-fils de Gengis Khan et cinquième fils de Djoutchi. Après l'invasion catastrophique des troupes de Tamerlan, seule la partie méridionale de la contrée était capable de se relever.
Les Arabchahides étaient depuis toujours en lutte contre la branche des Chaybanides qui s'étaient emparés de la Transoxiane. Ils conservaient les traditions de la steppe et partageaient leurs territoires par succession des fils, du frère aîné au frère cadet, qui avaient le titre de sultans. Le khan était l'aîné des hommes de la famille et choisi par un conseil des sultans.
Au XVIe siècle, le khanat comprenait, outre le Khorezm, des oasis du nord du Khorassan et dominait les tribus turcomanes du désert du Karakoum. La monnaie utilisée jusqu'au XVIIIe siècle était celle du khanat chaybanide de Boukhara, ce qui entraînait une certaine rivalité. Les khans et sultans de la région étaient dépendants du soutien militaire des ouzbèkes, aussi se servaient-ils des guerriers des dynastes turcomanes pour assurer leur autorité. Ainsi le rôle politique des Turcomans ne fait que croître de siècle en siècle.
Les Arabchahides, rivaux des Chaybanides de Boukhara, s'allient souvent aux Séfévides de Perse, mais cela n'empêche pas à trois reprises l'occupation du khanat de Khiva par les Chaybanides en 1538, 1593 et 1595-1598. À la fin du XVIe siècle, après une série de guerres internes qui voient la défaite des Arabchahides, le système de succession du pouvoir entre les sultans est aboli et peu après la Perse s'empare des terres du khanat au Khorassan.
Le règne du khan Adoulgazi (1643-1663) et de son fils et successeur Anoucha Khan profitent d'une certaine stabilité politique et d'une économie plus florissante, ce qui permet la construction de nombre d'édifices[3], et la mise en place d'un vaste système d'irrigation. Ce dernier profite surtout aux aristocrates turcomans qui se partagent ces nouvelles terres agricoles, au détriment des ouzbèkes. Toutefois le khanat n'est pas assez riche, ce qui motive les razzias de pillage que les khans infligent périodiquement aux États voisins. En fait, jusqu'au milieu du XIXe siècle, le khanat de Khiva est, selon les historiens, un État essentiellement « prédateur ».
La dynastie des Arabchahides s'éteint au tiers du XVIIIe siècle avec le dernier khan Chergazi Khan qui règne de 1714 à 1728 et défait l'expédition militaire du prince Bekovitch-Tcherkasski. Le pouvoir des aristocrates à cette époque atteint une sorte d'apogée; ils avaient le titre d'« atalyk » ou d'« inak ». Deux dynasties ouzbèkes en particulier luttent pour conquérir le trône du khanat: les Koungrates et les Manguytes. Cela aboutit à la séparation du delta de l'Amou-Daria. Les Ouzbeks du delta choisissent comme khans des Tchinguizides qui sont des marionnettes politiques entre leurs mains. Le chaos règne en Khorezm pendant le XVIIIe siècle et finalement les troupes du chah de Perse, Nâdir Châh envahissent la région en 1740, jusqu'en 1747.
Les Koungrates sortent vainqueurs de la rivalité avec les Manguytes, mais la lutte entre les Ouzbeks du delta et les troupes de Khiva, à laquelle prennent part aussi les turcomans, mène le Khorezm à l'anarchie, surtout lorsqu'en 1767 la forteresse de Khiva est prise par la maison turcomane des Yomut. En 1770, l'inak ouzbek Mouhammad Amin (uz) (1730-1790) défait les Yomutes et s'empare du pouvoir, le khan n'ayant plus qu'un pouvoir nominal. Il fonde ainsi une nouvelle dynastie koungrate. Mais il faut encore une dizaine d'années pour asseoir son autorité sur les autres aristocrates.
Le petit-fils de Mouhammad Amin, Eltouzar (1760-1806), est choisi en 1804[3] comme khan par le conseil et les Tchinguizides sont donc définitivement écartés. Son frère cadet, Mohammed Rahim Khan Ier, lui succède. Il parvient à unifier la contrée avec sa victoire contre les Ouzbeks du delta en 1811. Il soumet les Karakalpaks (au nord-ouest du delta de l'Amou-Daria) et entreprend avec plus ou moins de succès des tentatives de soumission d'aristocrates turkmènes au sud, et kazakhes au nord.
La dynastie des Koungrates parvient à former un État centralisé avec des gouverneurs de province soumis à l'autorité du khan. Les khans améliorent le système d'irrigation et font creuser de nouveaux canaux. Les Ouzbeks se sédentarisent grâce à la construction de nouvelles bourgades. De plus, Mohammed Rahim Khan fait battre sa propre monnaie. Cependant en tant qu'État « prédateur » pauvre, des razzias annuelles pillent les ressources de l'émirat de Boukhara, du Khorassan persan et des territoires turcomans ou kazakhs. À son crédit, de nouvelles madrassas sont construites, faisant du khanat un haut-lieu de la littérature turcophone d'Asie centrale et du sunnisme oriental. Le chroniqueur officiel de la cour des khans, Agakhi (1809-1874), a rapporté l'histoire du khanat jusqu'en 1872.
En 1855, le khanat subit les assauts des Tekkés turkmènes (ou turcomanes), notamment près de Serakhs dans le Khorassan[4], où le khan Mohammed Amin trouve la mort dans la bataille. Ses successeurs Saïd Mohammed Khan et Mohammed Rahim Khan II doivent redresser la situation et se défendre des aristocrates rebelles. Mais au fil des années, c'est avec la Russie que la tension augmente.
La première tentative de soumission du Khorezm par la Russie a lieu en 1717 avec la petite expédition du prince Bekovitch-Tcherkasski (en) (?-1717), sous le prétexte du retour des esclaves russes nombreux à Khiva[5]. En fait, il s'agissait surtout, outre de « régler » ce problème, de stabiliser les frontières méridionales de l'Empire. Cette expédition se termine par une catastrophe pour les Russes: presque tous sont tués. L'expédition laisse un souvenir durable empreint de méfiance de part et d'autre tout au long du XVIIIe siècle et du XIXe siècle.
La tension augmente avec l'expansion impériale russe en Asie centrale, notamment dans les steppes kazakhes. Cela a pour effet également l'expansion du commerce et l'augmentation du nombre de caravanes commerçant entre les villes du sud de l'Empire et des territoires nouvellement acquis du Turkestan russe, ainsi que des petits khanats et émirats indépendants. Cet afflux de marchandises provoque aussi la convoitise des mercenaires à la solde du khanat de Khiva qui attaquent régulièrement les caravanes de produits russes. Le prétexte est donc trouvé pour une confrontation, d'autant plus que les Britanniques s'intéressent de plus près à la région (ils ont dépêché des envoyés diplomatiques depuis les années 1840) dans le cadre du Grand Jeu.
L'expédition militaire russe du printemps 1873 est dirigée par le général von Kaufmann, gouverneur-général du Turkestan, avec douze à treize mille hommes partis fin février début de leurs régiments d'Orenbourg, de Tachkent, de Krasnovodsk et de Manguychlak. Ils ont avec eux cinquante-six canons, quatre mille six-cents chevaux et vingt mille chameaux. Après des combats devant Khiva les 27 et , la ville tombe le et le khan Mohammed Rahim II capitule. Le traité de paix est signé le au village de Guendeman. Le khanat devient protectorat russe et il perd ses terres de la rive droite de l'Amou-Daria au profit de l'Empire russe. L'esclavage est immédiatement aboli.
La perte de son indépendance ne change que peu la vie politique intérieure du khanat. Celui-ci sert de base aux Russes pour se défendre des assauts turkmènes. L'éloignement de l'oasis et l'étendue des déserts n'en font pas une région accueillante. C'est plutôt Tachkent qui bénéficie du développement économique de la fin du XIXe siècle.
Asfandiar Khan règne toujours de manière absolue de 1910 à 1918. La révolution de Février suscite un espoir de réformes politiques et administratives vite déçu et la révolution d'Octobre provoque la fin du système de protectorat. Le khanat de Khiva retrouve son indépendance, mais s'enfonce aussi dans le chaos. Un aristocrate turkmène, Djounaïd Khan, s'empare du pouvoir, Asfandiar Khan est assassiné et une rébellion communiste éclate en .
Début , Djounaïd Khan est défait par l'Armée rouge et le jeune khan s'enfuit.
Le , la république soviétique populaire du Khorezm est proclamée et intégrée au sein de la république socialiste fédérative soviétique de Russie. À l'automne 1924, dans le cadre des réaménagements de frontière des territoires d'Asie centrale, la jeune république khorézmienne disparaît, partagée entre la RSS d'Ouzbékistan, la RSS de Turkménie et l'oblast autonome de Karakalpakstan.
En 1804 (en fait dès 1763), le pouvoir passe aux Koungrates.
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