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sculpteur belge De Wikipédia, l'encyclopédie libre
John Edmond Cluysenaar, né à Uccle (Bruxelles) le et mort à Noville-sur-Mehaigne (Namur) le , est un sculpteur, peintre, dessinateur et aquarelliste belge.
John Cluysenaar est le fils d'André Cluysenaar, peintre portraitiste, le petit-fils d'Alfred Cluysenaar, peintre d'histoire et l'arrière petit-fils de Jean-Pierre Cluysenaar, architecte et d'Alice Gordon. Il est le jumeau de Ada (Dolly) Cluysenaar. Son parrain est Jacques de Lalaing[1], peintre, sculpteur ami de son père. Adolescent, la Première Guerre mondiale l'emmène avec sa famille en Angleterre[photos 1], à Londres où, sa mère écossaise a plusieurs relations. Au cours de ces années de guerre, les relations sentimentales de ses parents se dégradent et ses parents décident de divorcer. Sa sœur reste avec sa mère. Lui, doit se débrouiller[2]. En 1917, John Cluysenaar décide de s'engager comme volontaire. Il sera démobilisé en 1919[photos 2]. À vingt ans, il se retrouve seul à Londres et sans ressource. Il rencontre par hasard des personnes souhaitant ériger un mémorial au savant anglais Richard Glazebrook. Sa modeste proposition financière est acceptée et malgré son inexpérience, le bas-relief qu'il exécute donnera satisfaction au comité et est installé à Teddington. Fort de ce succès, le jeune homme rentre en Belgique et s'installe à Uccle[3]. Il réalise quelques sculptures dont, en 1920, un médaillon représentant le profil de Suzanne Lenglen, et, en 1922, il s'installe au 685 chaussée d'Alsemberg, puis en 1924, s'installe au 93 Groeselenberg. Cette même année, il est récompensé du prix Godecharle[photos 3] ainsi que d'un second prix de Rome[4]. Grâce au prix Godecharle, en 1925, il séjourne à Paris et Londres. En 1926 — le 2 janvier —, John Cluysenaar[photos 4] épouse à Londres Marie-Louise Rôze, fille du compositeur et chef d'orchestre Raymond Rôze et de la soprano Louise Miles[5]et petite-fille de la cantatrice française Marie Rôze.
En 1926 également, il fait un voyage d'étude à Rome. À Uccle, il produit des sculptures dans l'esprit d'Auguste Rodin, Jean-Baptiste Carpeaux ou Rik Wouters. Il expose à plusieurs reprises en Belgique et en Angleterre. Au début des années 1930, il se sépare de Marie-Louise Rôze[photos 5].
Le , il épouse à Dordrecht Sybil Fitzgerald Hewat[photos 6]. De cette union naîtra une fille, Anne (en) en 1936. En 1939, le , son père meurt. John, organise une exposition rétrospective à la Petite Galerie, 3, avenue Louise à Bruxelles en mai 1939 à la suite de son décès. C'est à cette époque qu'il décide de ne plus sculpter et de se consacrer exclusivement à la peinture. Cette même année, la petite famille s'installe en Angleterre, tout d'abord à Chelsea, ensuite à la Diamond farm à Stour Provost dans le Dorset (). La guerre les y surprend. John Cluysenaar retrouve en Angleterre des compatriotes réfugiés, décidés à continuer la guerre. Parmi eux, un ancien ami, Victor de Laveleye[photos 7]. Ils s'installent à Gregory's Oschard à Barton-Saint-David dans le Somerset. Ensuite, ils iront en Écosse, à Douglas Castle et au 9 High street à Kirkcudbright (), ensuite retour en Angleterre, à Weir Croft à Henley on Thames (), puis à The Manor farm Girtford dans le Bedfordshire (), puis à nouveau à Gregory's Oschard à Barton-Saint-David[6],[7],[8],[photos 8] (1944 - ) et à Cherry Trees () et Bridge cottage () à Henley-on-Thames. Durant cette période il exposera à quelques reprises à Londres dont à la galerie Reid-Lefèvre (en compagnie de Ben Nicholson). Au début des années 1950, ils vivront quelques années en Irlande au Bridge cottage à Oughterard dans le comté de Galway () entre autres. Leur fille Anne, suit sa scolarité à Athlone et en 1953 s'inscrit au Trinity College à Dublin. Vers 1953, John et Sybil décident de rentrer en Belgique et se réinstallent à Uccle, d'abord au 93 Groeselenberg, ensuite au 11 avenue de l'Échevinage. En 1955, ils font un court séjour sur la côte d'Azur à Saint-Jean Cap-Ferrat. Fin des années 1950, le couple vit des moments difficiles. En 1958, John fait la connaissance de Jacqueline Collier (1929-2019). Sybil Cluysenaar Fitzgerald Hewat décède en 1965. L'année suivante, John Cluysenaar épouse Jacqueline Collier. En 1968, ils décident de s'installer à Noville-sur-Mehaigne un petit village situé à la limite des provinces du Brabant wallon et de Namur. John Cluysenaar y poursuit ses recherches picturales suivant deux axes : une abstraction lyrique et l'interprétation du visage humain. « Bien qu'évoquant un sentiment tragique, ces visages (...) obéissent d'abord à un jeu très inventif de pictogrammes expressifs posés en aplats vivement colorés »[9]. Il décède à Noville-sur-Mehaigne le .
John Cluysenaar, fils du peintre André Cluysenaar, a dès son plus jeune âge, vu son père travailler. C’est tout naturellement, par imitation, que le petit John se met à dessiner. Adolescent solitaire, il passe beaucoup de temps à remplir des carnets de dessin. Il exécute également quelques planchettes, paysages et vues. Rapidement, ses dons sont constatés par son père.
En 1919, démobilisé et sans emploi, il a l’opportunité de proposer un premier relief pour un monument à installer à Londres en hommage au physicien, Richard Tetley Clazebrook[10] (installé tout d’abord dans le hall d’entrée du bâtiment administratif du Laboratoire national de physique, puis transféré dans la salle de conférence du Bushy House). On remarque dans cette œuvre, une importance de la ligne délimitant le relief du profil du savant. Cette primauté de la ligne, héritage des années de pratique du dessin se retrouve également dans le médaillon de Suzanne Lenglen de 1920. On la remarque également dans le monument funéraire du violoniste et professeur au conservatoire royal de Bruxelles, Alexandre Cornélis situé au cimetière d’Ixelles.
Ce n’est que par la suite que John Cluysenaar entreprendra de se libérer du relief et appréhendera la sculpture en ronde bosse. Le jeune sculpteur étudie et apprend vite. En1924, il décroche le prestigieux prix Godecharle dont la bourse lui permet pendant deux ans de faire des voyages d’étude en France, Angleterre et Italie. C’est au cours de la seconde moitié des années 1920 que le sculpteur taille la pierre et façonne la glaise dans l’esprit de Jean-Baptiste Carpeaux, Auguste Rodin ou plus près de lui Rik Wouters.
La décennie suivante le verra réaliser plus d’œuvres publiques. Ce seront des bustes de personnalités politiques, de la société civile ou du monde culturel. Par exemple, en 1935, il réalise, à la suite de la commande de Félicien Leuridant, secrétaire des Amis du Prince de Ligne, une représentation en pieds du Prince de Ligne dans le parc d’Egmont à Bruxelles, à l’occasion du bicentenaire de sa naissance. Il participe également aux sculptures qui ornent l’entrée principale de l’exposition universelle de Bruxelles de 1935 en y présentant une des figures ailées monumentales. L’état belge lui achète plusieurs œuvres.
Fin des années 1930, John Cluysenaar décide de cesser de sculpter, précisant que le plus important est la ligne. Soulignons qu’à cette même époque, son père, peintre, décède (1939) et que cette décision coïncide également avec son départ pour l’Angleterre.
Durant la période de la seconde guerre mondiale, John Cluysenaar s’exprime principalement dans des aquarelles et des dessins. Il peint peu d’huiles sur toile. Sans doute le contexte de la guerre, les multiples déménagements participent au choix de modes d’expression nécessitant un matériel plus léger. Ces aquarelles sont exécutées dans un style expressionniste, fort coloré et lumineux. Ce sont pour la plupart des scènes d’intérieur. Durant ces années, il expose à Londres avec Ben Nicholson, entre autres, qui l’influence. Il réalise quelques œuvres géométrico-figuratives. Mais John Cluysenaar ne rejoindra pas le groupe d’artistes qui se rassemble à Saint Ives dans les Cornouailles.
L’après guerre, le voit poursuivre ses recherches picturales. L’esprit du temps le mène vers l’abstraction. Il réalise des toiles selon la technique du « all over ». On a souvent trouvé une inspiration de sa production d’œuvres abstraites dans le travail de Mark Tobey. L’artiste américain résida à Londres de 1935 à 1939. John Cluysenaar arrive à Londres en 1939. Il y a fort peu de chance qu’il ait vu des toiles de Tobey, sans doute des reproductions. Dans les œuvres de cette époque, il y a également une influence de la technique du « dripping » de Jackson Pollock. Mais la curiosité artistique de Cluysenaar le pousse vers des recherches d’autres voies de l’abstraction lyrique jusqu’à la fin des années 1960. Au début de la décennie suivante, petit à petit, il introduit dans ses tableaux abstraits des formes qui évoquent la figure humaine. «Vers 1970,il recompose la figure humaine dans des rythmes géométriques réticulaires aux couleurs vives, couvrant la surface de réseaux entrelacés qui évoquent l'art brut »[11].
Ce retour vers une certaine figuration se poursuit tout au long des années suivantes. Ses recherches picturales l’orientent à vouloir exprimer de manière personnelle le visage de l’humain. Non pas des portraits, mais la forme du visage. Il cherche à « démolir la forme représentative ». Sans jamais y parvenir, il se consacre à cette démarche dans la solitude de son atelier du village de Noville-sur-Mehaigne. Denise Lelarge précise à ce propos, en 1985, « Les visages sont comme des vitraux laissant passer la lumière de l'âme ». Quotidiennement, il en étudie les différentes possibilités plastiques, chromatiques fruit de son imagination, et ce jusqu’à la fin de sa vie, en 1986.
Jacqueline Cluysenaar Collier décide en 1987 de créer la "Fondation John Cluysenaar", ayant pour missions de perpétuer l’œuvre de Cluysenaar et de soutenir de jeunes artistes. Sa collection a été offerte en 2010 à des institutions culturelles et musées. Les sculptures et peintures de Cluysenaar sont conservées dans des collections privées et publiques. Parmi ces dernières, relevons les Musées des Beaux-Arts de Bruxelles, d'Anvers, d'Ixelles, de Liège, de La Louvière, de Mons, d'Ostende et de Tournai, le Famenne & Art Museum (Marche-en-Famenne), la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Province du Brabant wallon et la Fondation pour l'Art belge contemporain[12].
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