Goma
ville de la République démocratique du Congo, chef lieu de la province du Nord-Kivu De Wikipédia, l'encyclopédie libre
ville de la République démocratique du Congo, chef lieu de la province du Nord-Kivu De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Goma est une ville de l'Est de la république démocratique du Congo, située sur la rive nord du lac Kivu et à 1 500 m d'altitude dans la vallée du Rift, elle est le chef-lieu de la province du Nord-Kivu. La ville est bâtie sur d'anciennes coulées de lave issues de la chaîne volcanique de Virunga, et principalement sur celles du volcan Nyiragongo, situé à 14 km au nord, qui la domine à près de 2 000 m.
Goma | |||
Goma et le lac Kivu en 2015. | |||
Administration | |||
---|---|---|---|
Pays | République démocratique du Congo | ||
Communes | Goma, Karisimbi | ||
Province | Nord-Kivu | ||
Députés de la ville | 4 | ||
Maire | François Kabeya | ||
Démographie | |||
Gentilé | Gomatracien, Gomatracienne | ||
Population | 782 000 hab. (2024[1]) | ||
Densité | 17 378 hab./km2 | ||
Géographie | |||
Coordonnées | 1° 41′ 36″ sud, 29° 14′ 43″ est | ||
Superficie | 4 500 ha = 45 km2 | ||
Divers | |||
Langue nationale | swahili | ||
Langue officielle | français | ||
Localisation | |||
Géolocalisation sur la carte : République démocratique du Congo
Géolocalisation sur la carte : République démocratique du Congo
| |||
modifier |
En 1894, l’explorateur Gustav Adolf von Götzen suivait les traces d’un missionnaire en provenance de la côte orientale d’Afrique. Pendant qu’il se rendait au Rwanda, il découvre un petit village de pécheurs appelés Ngoma, ce qui signifie tam-tam en swahili ; par déformation il écrivit Goma. Ngoma devint un poste belge en face de celui de Rubavu (au Rwanda) habité par les Allemands.
Au début, la cohabitation entre ces deux postes n’était pas facile. À un certain moment, les chefs coutumiers du Rwanda, en complicité avec les Allemands, attaquent les Belges de Goma. Ces derniers se réfugient à Bukavu et laissent les envahisseurs occuper la ville. Après des négociations, les Allemands se replient vers le Rwanda et les Belges reprennent leur position initiale comme poste colonial. La ville s'est ainsi développée à partir de 1910, lorsque la Belgique y a établi un centre administratif[2], et la venue massive des Nande pour des fins économiques. Les colonisateurs venaient d’installer le chef lieu du district Belge à Rutshuru où vivait l’administrateur colonial. Le chef-lieu passe de Rutshuru à Goma.
En 1923, le Mwami Kahembe Ier Buunda Paul, en froid avec le Chef Kibinda Cya Nyamurara de Byahi, fit appel au guerrier Ruhararamanzi et le nomma Chef de Groupement de Byahi. Le Chef Ruhararamanzi établit son quartier général à Mugunga, nom qui dérive de son ancêtre Mugunga.
La Ville de Goma a été créee par le Mwami Kahembe Ier Buunda Paul, roi de Bukumu, dont faisait partie la ville de Goma encore sous forme de sous-chefferie de Byahi, sous l'autorité du Chef Ruhararamanzi délegué par le Mwami. L'actuelle ville de Goma occupe toute le Territoire qui constituait l'ancienne sous-chefferie de Byahi en Chefferie de Bukumu jusqu'en 1988.
À ce moment-là, Goma reste un poste de transaction lacustre avec Bukavu qui était une ville minière. Plus tard, des villes comme Rutshuru, Masisi, Kalehe et Gisenyi déverseront leurs populations dans Goma, qui sont à la recherche d'un emploi auprès des colonisateurs. C’est en cette période que vit le jour le quartier Birere (un bidonville de Goma) autour des entrepôts, bureaux et habitations des colons. Le nom Birere (littéralement « feuilles de bananier ») vient du fait qu’à l’époque, les gens y construisaient en feuilles de bananiers.
En 1988, Goma sera érigée en ville, le détachant ainsi définitivement de l'autorité du Mwami de Bukumu. 10 ans après, en 1998, la direction de la Commune de Goma, l'une de deux communes qui constituent la ville de Goma sera confiée à l'ancien Chef de Groupement Kiroko Gakuba Fiston, qui la dirigera jusqu'à son remplacement en 2005.
La ville fut la base arrière de l'opération Turquoise organisée en 1994 à la fin du génocide des Tutsi au Rwanda. La ville et ses environs abriteront dans des camps environ 650 000 réfugiés hutus, de 1994 jusqu'à la chute du Zaïre, dont certains supposés anciens génocidaires. Selon des ONG, l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo procède à des massacres dans les camps entre 1996 et 1997[3].
De 1998 à 2002-2003, la ville, sous contrôle du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) pro-rwandais, échappe au contrôle du gouvernement congolais.
De nombreux viols, massacres et crimes de guerre y ont été perpétrés entre 1996 et 2006 par les troupes des généraux rebelles de la RCD, essentiellement sous les généraux Nkundabatware et Mutebusi.
En 2002, le Nyiragongo, volcan situé à environ 14 km au nord, entre en éruption, et une coulée de lave atteint le centre de la ville[4]. La lave n'a pas atteint le lac Kivu fort heureusement, car ce lac est un lac méromictique et un changement brutal de chaleur aurait des conséquences graves, soit possiblement une éruption limnique. Toutefois, la ville est à ce moment en grande partie détruite par la coulée de lave en provenance du Nyiragongo. De nombreux bâtiments du centre-ville ainsi que l'aéroport de Goma sont touchés. Environ 1 250 000 habitants de la ville ont dû fuir et plusieurs centaines de personnes sont mortes[4] ; tandis que de nombreux réfugiés restés sans abri avaient construit des abris d'urgence en bordure des champs de lave.
Débordant de populations fuyant les violences, Goma compte en 2012 plus de 400 000 habitants. Ceux qui ne peuvent pas trouver d'abri remplissent les camps de réfugiés, où l'ONU et les ONG se débattent pour leur fournir nourriture, eau et combustible. Le 22 mai 2021, une grande partie de la population de la ville de Goma avait fui vers Sake, en territoire de Masisi, Rutshuru, et le Rwanda voisin lors de l'éruption du mont Nyiragongo en 2021[4].
En , la répression par les Forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC) d'une manifestation interdite contre la présence de la Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en république démocratique du Congo (Monusco), les forces déployées par la Communauté d'Afrique de l'Est dans le Nord-Kivu et l'état de siège dans la région fait au moins 56 morts[5],[6]. La manifestation est organisée par Ephraïm Mutumishi Bisimwa, le chef d'une secte appelée « Wazalendo » (« Patriotes » en kiswahili) ou « Agano la uwezo wa neno » (qui se traduit par « foi naturelle judaïque messianique » ou « Foi naturelle judaïque et messianique vers les nations »)[7]. Plus de 150 manifestants sont arrêtés et le temple de la secte est incendié par les FARDC[8],[9],[10]. Parmi les personnes arrêtées, 140 sont jugées devant un tribunal militaire pour association de malfaiteurs et participation à un mouvement insurrectionnel[7]. Plusieurs militaires de la Garde républicaine (en) sont aussi jugés dans un autre procès pour crime contre l'humanité devant un tribunal militaire[11]. Au terme de ce procès en , le commandant de la Garde républicaine dans le Nord-Kivu, le colonel Mike Mikombe, est condamné à mort pour meurtre. Trois autres membres de la Garde républicaine sont condamnés à 10 ans de prison chacun[12].
Début 2024, la ville est menacée par les attaques de la rébellion du M23. Jean-Pierre Bemba, vice premier ministre, assure que l'État protégera la ville, mais la population reste inquiète[13].
La ville doit son nom au volcan éteint autour duquel elle s'est installée, le mont Goma, qui lui-même doit son nom au mot swahili « ngoma » qui signifie « tambour », dénomination due à sa forme et, peut-être, à la résonance particulière des lieux. Le cratère du mont Goma, envahi par les eaux du lac Kivu avec lequel il communique, abrite le port de la ville fréquenté quasi exclusivement par la navette de fret et passagers entre Goma et Bukavu, chef lieu du Sud-Kivu.
Ville frontalière, elle côtoie Gisenyi, à l'est, petite ville rwandaise aux plages de mica blanc scintillantes.
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Température minimale moyenne (°C) | 14,4 | 15 | 12,2 | 15 | 14,4 | 13,9 | 12,8 | 14,4 | 13,9 | 13,9 | 13,9 | 14,4 | 14,03 |
Température maximale moyenne (°C) | 26,1 | 25,6 | 25,6 | 25 | 25 | 25 | 25,6 | 26,1 | 25,6 | 26,1 | 25 | 25,6 | 25,5 |
Précipitations (mm) | 117 | 71 | 102 | 155 | 142 | 51 | 20 | 66 | 140 | 157 | 124 | 112 | 1 257 |
La ville est constituée de deux communes urbaines, divisées en quartiers administratifs :
En 2024, quatre pays sont représentés à Goma : par le consulat général du Kenya, les consulats de Belgique et de l'Ouganda, le bureau de l'ambassade de France[16].
Les activités théâtrales étaient très développées dans la ville au cours de la décennie 1970 avec des troupes de théâtre bien organisées comme : AMIKI avec Kembo et Mazingi, CLB avec Tshiaba, Kainos et Robert De Souza, NGOMA avec Mpozayo Jean-Paul, etc. Les spectacles se déroulaient dans la salle du Ciné Palace en ville. L'Institut de Goma organisait aussi une troupe scolaire sous l'impulsion du préfet d'alors Lumaya Ombwel avec des élèves acteurs talentueux comme Robert De Souza dit Kablan ou Gilima alias Detty et Mwamba alias Ringo.
La ville est reliée par le transport aérien via l’aéroport international de Goma. Avec un réseau routier en plein développement avec des artères principales bien asphaltées et secondaires construites en pavés fait en pierres taillées, la Ville possède également plusieurs taxis bus et voiture pour le transport en commun.
Elle est reliée à la ville de Bukavu par le port lacustre Bisengimana et aux autres villes de la province (Butembo et Beni) par la route Nationale numéro deux.
La ville de Goma compte plusieurs universités et instituts supérieurs dont l'Institut supérieur d'informatique et de gestion fondé en 1992, l’université libre des Pays des Grands Lacs fondée en 1991, l’université de Goma fondée en 1993 et l'Institut des techniques et travaux du Congo (ISTTC) fondé en 2012.
Parmi les lieux de culte, il y a principalement des églises et des temples chrétiens : diocèse de Goma (Église catholique), Église kimbanguiste, Communauté baptiste du Congo (Alliance baptiste mondiale), Communauté baptiste au centre de l'Afrique (Alliance baptiste mondiale), Assemblées de Dieu, province de l'Église anglicane du Congo (Communion anglicane), Communauté presbytérienne au Congo (Communion mondiale d'Églises réformées) [17], Assemblée chrétienne[18]. Il y a aussi des mosquées musulmanes.
Selon Assumani Hamada, chercheur spécialisé dans les questions environnementales, la pollution croissante de l'eau du lac Kivu, causé par les déchets et les emballages expose la population de Goma à des « risques sanitaires majeurs, tels que les maladies hydriques », et menace la biodiversité, en particulier l'existence du Sambaza, un poisson prisé de la population, dont l'espèce endémique à la région pourrait disparaître si aucune action n'est prise[19], alors qu'il est aussi victime de pratiques de pêche inappropriées[20].
Selon le professeur Kennedy Kihangi, la destruction et l'exploitation de la faune et de la flore pour des fins de guerre est un crime international.
« On ne peut pas se servir de l’environnement pour faire du mal à la partie adverse. Eh bien, cette attitude est condamnable. C’est ainsi qu'en 1998, avec le Statut de Rome instituant la Cour pénale internationale ce statut de Rome en son article 08 pose déjà une bonne orientation et dit que la destruction de l’environnement, le fait de diriger des attaques intentionnellement contre l’environnement et causé des dommages à l’environnement, des dommages à caractère durable et étendu, cela constitue un crime de guerre. Et si c’est réprimé comme crime de guerre par la CPI, les auteurs sont poursuivables devant la CPI »
— Kennedy Kihangi
Il met en exergue que, malgré la protection de l'environnement par des instruments juridiques nationaux et internationaux, les crimes environnementaux commis par les belligérants en RDC, n'ont été pris en considération par la justice de RDC, ni les juridictions internationales[21].
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.