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médecin, ingénieur et physicien français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Jules Adolphe Georges Weiss, né le à Bischwiller (Bas-Rhin) et mort le à Strasbourg, est un médecin, ingénieur et physicien français. En 1919, il est l'organisateur et le premier doyen de la nouvelle faculté de médecine de Strasbourg suivant le retour de l'Alsace-Moselle à la France, après la Grande Guerre.
Naissance |
Bischwiller |
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Décès |
Strasbourg |
Nationalité | Française |
Formation | École polytechnique et École des Ponts ParisTech |
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Profession | Médecin, ingénieur, physicien et professeur d'université (d) |
Employeur | Faculté de médecine de Paris et université de Strasbourg |
Distinctions | Commandeur de la Légion d'honneur et prix La Caze de l'Académie des sciences |
Membre de | Académie nationale de médecine |
D'une famille originaire de La Petite-Pierre[1], il est fils de notaire[2]. Il demeure à Strasbourg et assiste aux bombardements[3] de la guerre franco-allemande de 1870 alors qu'il est âgé d'une dizaine d'années. Choisissant l'exil comme de très nombreux alsaciens, la famille s'installe à Nancy[4] lors de l'annexion de l'Alsace-Moselle au Reich. Après une scolarité « médiocre »[5], il y passe son baccalauréat en 1878 et fréquente le lycée Condorcet avant d'être reçu à l'École polytechnique[6] en 1879. Il en sort dans un bon rang et intègre l'École des ponts et chaussées pour en sortir ingénieur du corps des ponts et chaussées, licencié ès sciences physiques en 1884. Il est d'abord affecté à la construction de la ligne ferroviaire de Montauban à Brive achevée en 1889[7].
Préparateur à la faculté de médecine de Paris, sa rencontre avec Charles-Marie Gariel est déterminante et le pousse à entreprendre des études de médecine à l'âge de 30 ans ! De façon exceptionnelle, menant de front deux voies d'études, il est docteur en médecine en 1889 et agrégé de physique médicale en 1890. Le de cette même année, il se marie à Louise Courtois de Viçose (1868-1954), fille[8] d'un banquier protestant de Toulouse. Du point de vue de sa carrière scientifique débutante, il s'attache, pour commencer, à l'étude de l'électrophysiologie. Il est alors sous-directeur de l'Institut Marey depuis sa création en 1898[9],[10] avant d'en être un des administrateurs. Il participe à l'Exposition universelle de 1900 occupant un poste de secrétaire pour cette manifestation internationale. Il tient cette même fonction de secrétaire à la Société française de physique[11] en 1900, tout en étant membre titulaire (1896-1930), trésorier (1900-1908) puis vice-président (1909) de la Société de biologie[12],[13]. Il est élu titulaire de la chaire de physique médicale à la faculté de médecine de Paris de 1911 à 1919. Jules Amar (1879-1935)[14] y sera prépérateur sous sa direction. Il est l'un des principaux organisateurs du Congrès international d’Éducation Physique à Paris en 1913[15].
En 1914, il s'engage volontairement à la Manufacture d'armes de Puteaux pour participer à l'élaboration du canon de 155 mm Filloux. Son fils aîné Édouard[17], étudiant en médecine et engagé volontaire, sous-lieutenant au 57e bataillon de chasseurs à pied, meurt à Arras le [18].
Lors du retour à la paix, le président Raymond Poincaré, qui est natif de Lorraine, veille personnellement au renouveau de l'université revenue dans la giron national. Dès le , il nomme Georges Weiss « administrateur provisoire » de la nouvelle faculté de médecine de Strasbourg sur la proposition du professeur Édouard Quénu qui a refusé le poste. Le but est de recréer une université nationale de premier plan. L'Assemblée nationale repousse l'idée d'une « faculté bilingue », exigeant un enseignement dans la seule langue française[19]. Il préside alors à la refondation et à la réorganisation de la nouvelle institution : cela constituera la tâche majeure de sa vie. Il disposera de nombreux moyens et jouira d'une grande latitude pour mener à bien cette mission.
Parmi les rares candidats locaux, il recrute alors de prestigieux professeurs « Français de l'intérieur » et étrangers (pour un nombre de chaires volontairement réduit) comme Pautrier, Bouin (avec ses élèves Benoît, Courrier, Aron), Ancel, Masson, Borrel, Nicloux, Barré, Ambard, Chavigny, Duverger, Bellocq, Bard, Sencert et plus tard Fred Vlès, Leriche… La faculté bénéficie de dons privés des frères André et Édouard Michelin et surtout de John Davison Rockefeller[20]. Le premier cours en français y sera donné le par le professeur Robert Debré, spécialement dépêché de Paris. Georges Weiss sera élu (après avoir été nommé) premier doyen de la faculté réorganisée pendant dix années, plus précisément du quinze au premier , date de sa retraite. Durant ce long mandat, il mène sa mission couronnée de succès avec « fermeté » et de manière « paternaliste » (selon les mots du Pr Pautrier), attentif aux requêtes de chacun. De multiples laboratoires et instituts de la Faculté formeront des chercheurs et cliniciens de renom.
« Le , les troupes françaises, conduites par le général Gouraud, faisaient leur entrée à Strasbourg. Enfant, je fus témoin de cet événement historique qui se déroula dans un enthousiasme indescriptible.
La renaissance de l'université française de Strasbourg fut un des premiers soucis du gouvernement. Raymond Poincaré, président de la République, était Lorrain et se préoccupa personnellement du renouveau et du rayonnement de l'Université dont Charléty fut le premier recteur. Le , un an après la libération de la ville, Poincaré inaugura avec une grande solennité, au milieu d'un concours de professeurs français et étrangers, l'université de Strasbourg redevenue française. Elle comportait sept Facultés: lettres, sciences, droit, médecine, pharmacie et, particularité unique dans les Universités françaises, une Faculté de théologie catholique et une faculté de théologie protestante. La loi de séparation de l'Église et de l'État, votée en 1905, alors que l'Alsace-Lorraine était sous domination allemande, ne s'appliquait pas aux trois départements recouvrés qui vivent encore aujourd'hui sous le régime du Concordat.
Georges Weiss fut le premier doyen de la Faculté de médecine. Alsacien d'origine, ami personnel de Poincaré, il était professeur de physique médicale à la Faculté de Paris. Weiss eut la charge de recréer la Faculté de médecine française; il le fit avec autorité et clairvoyance; l'éclat que connut la faculté de Strasbourg entre les deux guerres doit beaucoup à Weiss. D'une part, il sut attirer et faire nommer à Strasbourg des patrons de grandes notoriété: Bard, venu de Genève, cardiologue de réputation internationale; Bouin et Ancel de Nancy, créateurs de l'endocrinologie; Borel, élève de Pasteur, à qui fut confié la chaire de bactériologie; Masson, un des grands maîtres de l'anatomie pathologique; Leriche, appelé de Lyon en 1924 comme professeur de clinique chirurgicale; d'autre part, il fit appel, avec un grand discernement, à de jeunes médecins encore inconnus, mais dont il pressentait à juste titre la valeur: c'est ainsi que furent nommés Barré en neurologie, Pautrier en dermatologie, Duverger en ophtalmologie, qui contribuèrent à illustrer l'école de Strasbourg; enfin, en politicien avisé, il comprit qu'il convenait de ne pas écarter les médecins alsaciens de cette Faculté renaissante; il fit nommer professeurs des praticiens alsaciens de notoriété régionale, Stolz en chirurgie, Pfersdorff en psychiatrie, Forster en anatomie[21]. »
« En 1918, la Faculté de médecine redevient française. Le doyen Georges Weiss, doté de pouvoirs exceptionnels a toute liberté pour le recrutement des professeurs; il sait tirer parti des côtés favorables de l’université allemande en les combinant avec les avantages de l'université française. Le corps professoral qu'il réunit en 1919 est composé de maîtres réputés. Certains avaient été recrutés sur place parmi des maîtres alsaciens, auxquels le titulariat était inaccessible avant 1914. Ne rappelons ici que quelques noms qui ont dépassé la renommée locale: Forster (anatomie), Léon Blum (interniste de physiopathologiste), Pfersdorff (psychiatrie), Schickelé (gynécologue et obstétricien). Un nombre égal de maîtres viennent d'institutions françaises fort différentes. Sans vouloir faire de palmarès, nous ne pouvons, faute de place, citer que quelques noms illustres: Borrel, dernier élève direct de Pasteur et inventeur de la théorie virale du cancer; Masson, histopathologiste mondialement réputé; Nicloux, illustre biochimiste; Ambard, physiopathologiste dont une constante porte le nom en éponyme; Leriche, protagoniste de la pathologie tissulaire et de la chirurgie fonctionnelle; Pautrier, dermatologiste, créateur d'un foyer florissant d'enseignement dermatologique; Bouin et Ancel, venant de la Faculté de médecine de Nancy, dont les laboratoires à Strasbourg allaient devenir des centres mondialement réputés de l'endocrinologie sexuelle expérimentale et aussi une pépinière de biologistes qui allaient illustrer la recherche et l'enseignement à Strasbourg et à Paris et dont nous ne rappelons que certains nom: Max Aron, Courrier, Benoit, Étienne Wolff. Combien d'autres que nous aurions voulu citer avec des sentiments de fidèle reconnaissance[22] ! »
À la fin de sa vie, partageant son temps entre sa propriété de Mittelbergheim et Strasbourg, Georges Weiss retrouve sa passion première dans un petit laboratoire de la faculté aménagé par Maurice Nicloux, pour des recherches sur les échanges gazeux chez les batraciens et les abeilles. Malade depuis le mois de , il meurt à Strasbourg le . Il est enterré avec simplicité, selon ses dernières volontés, dans le cimetière de Barr.
La « loi d'excitation électrique des nerfs » (ou loi fondamentale de l'électrostimulation)[23] émise en 1901 porte le nom de loi de Weiss[24] en son hommage. Grâce à un procédé très ingénieux, il constate qu'il existe une relation linéaire entre la quantité d’électricité nécessaire, au-delà d'un certain seuil, pour obtenir une stimulation neuromusculaire et la durée de la stimulation. Cette loi sera reprise et modifiée par Louis Lapicque.
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« Rendons hommage en passant au génie expérimental de Weiss, qui sans oscilloscope ni électronique, réussit à produire avec une extrême précision ces courants très brefs au moyen d'un circuit électrique ouvert et fermé par le passage d'une balle de fusil de vitesse connue au travers de papiers conducteurs placés à différentes distances les uns des autres. De ces expériences, Weiss trouva qu'il existe une relation linéaire entre la quantité de charge nécessaire pour atteindre le seuil de stimulation et la durée d'application du courant[25]. »
Il est élu membre titulaire de l'Académie nationale de médecine le [26]; il en sera le secrétaire annuel de 1919 à 1911 et assure les fonctions de directeur du Bulletin de l'Académie nationale de médecine. Il est fait commandeur de la Légion d'honneur le .
Une toile figurant le doyen Weiss en tenue d'apparat universitaire, signée par le peintre suédois Nils Forsberg junior (1870-1961), est accrochée à la place d'honneur de la Salle des Actes de la Faculté de médecine de Strasbourg.
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