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Au cours des XIIe et XIIIe siècles, le terme occitan « descort » (querelle, discorde[1] ou désaccord, mésentente[2]) est utilisé en poésie lyrique pour faire référence à un poème dont la structure de versification va de cinq à dix strophes ou couplets dont la longueur, la métrique et la mélodie sont variables[2],[3].
Type |
Forme poétique (en) |
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Il fut apporté par les troubadours en Italie (discordio), dans la péninsule ibérique et en Allemagne. Si certains auteurs ne distinguent pas « lai » et descort, d'autres voient une différence substantielle entre les deux formes : « les rimes dans le lai changent souvent plus fréquemment que dans le descort ; de là cette conséquence que la division en strophes est plus nette que dans la plupart des lais. Enfin une particularité habituelle dans le lai, et exigée par les récents théoriciens, est que la dernière strophe reproduise la forme de la première ; dans le descort il n'en est jamais ainsi : au contraire on trouve souvent à la fin de la pièce une tornade qui répond, quant à la forme, au dernier couplet (p. VI)[4] ».
Le descort est habituellement rédigé en vers et en strophe de longueurs différentes. Dans le lai, le propre de la versification est de faire correspondre tous les couplets entre eux. Le descort, lui, désaccorde la rime, la métrique, la mélodie entre les couplets. « Chaque couplet, a donc, dans un descort régulier, sa structure et sa mélodie propres (p. 329)[5]. Toutefois, les couplets, qui sont généralement très longs et formés de vers très courts, se répartissent en groupes et, en dépit du principe général de « désaccord », des correspondances, métriques et musicales, s'établissent de couplet à couplet, entre ces groupes. (p. 329)[5].
Il peut arriver à l'occasion que des langues différentes se rencontrent au sein d'un même descort, on peut citer à titre d'exemple : Cerverí de Girona qui composa un poème de 8 vers en 6 langues (Cobla en sis lengatges), Raimbaut de Vaqueiras pour ses œuvres Eras quan vey verdeyar et Contrasto con la dama genovese[6].
Les spécialistes ne s'entendent pas à savoir à quel moment a été écrit le premier descort. Selon plusieurs auteurs dont Raynouard, renommé pour sa connaissance de l'ancien provençal, le premier descort Quan foill'e flors reverdezis dont il ne reste que deux versets[7] aurait été composé par Garin d'Apchier (p. 225)[8]. Cela placerait donc le début du descort autour de l'an 1200. Toutefois, selon Alfred Jeanroy, spécialiste de la poésie des troubadours, on en retrouverait de plus anciens témoignages dans les œuvres de Pons de Capduoill et Peire Raimon de Tolosa. Selon Appel, les plus premières traces remonteraient chez les auteurs provençaux aux années 1180-90 ; précisément à la même période le descort apparaît chez les trouvères Gautier de Dargies et Colin Muset (p. XI)[4].
Le contenu du descort est vraiment typique de la chanson courtoise[7]. Assez souvent le descort n'était pas séparé en couplet ; mais quand il l'était, il pouvait être chanté (p. 225)[8]. « C'est un ouvrage fort varié… qui doit traiter d'amour et de louange[9]. »
Selon Alfred Jeanroy, « ce qui faisait la valeur du descort, c'était évidemment la mélodie ; les paroles, dès l'origine avaient été l'accessoire, puisqu'elles étaient adaptées à une mélodie préexistante, c'est ainsi, on le sait, qu'était née la séquence latine, dont le descort n'est, comme on l'a récemment démontré, que le décalque: c'est le seul genre pour lequel une origine liturgique soit nettement assurée (p. 330)[5]. La mélodie des descorts semble avoir été gaie et enlevée « … contrastant avec le texte, formé de plaintes et adjurations pathétiques : cette nouvelle forme de « désaccord » était sans doute intentionnelle (p. 330)[5] ».
À cause de sa structure inhabituelle pour un poème ou une chanson (longs couplets, versets et rimes irrégulières, en des langues différentes, etc.), le descort permettait à son créateur, via le déséquilibre d'écriture" d'exprimer un dilemme sur l'amour intérieur et celui de la dame qui donne naissance à ce sentiment, ou rendre un état d'âme triste, une malheureuse passion[7].
Il reste encore aujourd'hui plusieurs descorts qui auraient écrits par des auteurs médiocres ou peu connus à l'exception de deux descorts, dont un est l'œuvre du célèbre poète Raimbaut de Vaqueiras et l'autre de Borneil (Guiraut de Bornelh) (p. 330)[5].
Raimbaut de Vaqueiras a écrit un descort en quatre langues : ancien occitan, italien, gascon, français et galicien-portugais, en changeant de langue à chaque strophe. La discordance vient de l'utilisation de cinq langues et non pas des couplets qui ont des structures identiques (p. 329)[5].
Le texte de ce poème est ainsi constitué : la première et la quatrième strophes sont en occitan ; la deuxième en italien ; la troisième en ancien français ; ; la cinquième en galaïco-portugais et la sixième alterne les cinq langues tous les deux vers.
Le texte de Eras quan vey verdeyar cité ci-dessous ainsi que sa traduction proviennent de Choix de poésie originales des troubadours, de M. Raynouard. (p. 226 à 229)[8]:
« Eras quan vey verdeyar |
Maintenant quand je vois reverdir |
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