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démantèlement d'un bâtiment De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Dans le domaine du BTP et des déchets, la déconstruction désigne (par rapport à la démolition) une destruction sélective et réfléchie d'éléments bâtis, en vue d'en recycler ou réutiliser tout ou partie des matériaux.
Selon la définition du Larousse en 2004, l'objectif de la déconstruction est de « valoriser les déchets et de réduire les mises à la décharge ». Avec le déchet qui tend à devenir ressource, dans la perspective d'une économie plus circulaire, on observe un glissement (parfois plus sémantique que réel ? s'interrogent certains auteurs[1]) de la filière démolition vers celle de la déconstruction.
La déconstruction nécessite un travail plus méticuleux que la démolition. Elle est faite par des entreprises et un personnel plus spécialisés, et disposant d'outils et d'engins permettant le démontage.
Dans un monde où les ressources naturelles (matériaux, énergies fossiles, eau propre, sable, foncier) se raréfient, la déconstruction devient un enjeu de soutenabilité[2]. La déconstruction produit des matériaux porteurs de sens ou d'Histoire, utilisables en décoration d'intérieur ou extérieure. L'âge des matériaux et le processus même de déconstruction (ou les conditions de stockage, par exemple en cas d'exposition à la pluie ou à la boue) peuvent cependant les avoir fragilisés, salis ou structurellement endommagés[3].
Dans le futur, le BIM pourra faciliter la déconstruction[4],[5],[6].
Dans les années 2000, les progrès croisés de l'informatique (qui ont conduit au BIM) et des concepts et modèles de l'économie circulaire font envisager la possibilité de nouvelles approches « construction–reconstruction » (Built-to-rebuild), passant théoriquement par une déconstruction et une réutilisation quasi totale des composants du bâti[7], mais l'arrivée d'applications de l'impression 3D dans la construction vient à nouveau complexifier la donne.
Autrefois, divers éléments de construction tels que portes, fenêtres et charpentes (construites avec tenons et mortaises et maintenues par des chevilles de bois, sans clous) et parfois les pierres de taille, tuiles, etc., pouvaient être assez facilement déconstruits et réutilisés. Depuis l'antiquité au début du XXe siècle, la récupération de pierres et d'autres éléments de construction était courante et elle persiste dans les pays en développement[8]. Il a même existé des voleurs de pierre, qui ont par exemple démonté de nombreuses pierres de gradins de théâtres antiques[9].
L'apparition des techniques modernes d'assemblage avec colles, clous, vis, mousses expansives, etc., ainsi que la généralisation du béton armé et l'utilisation de ciments très adhésifs ont rendu la déconstruction avec réutilisation directe pour un même usage plus difficile[10].
En 2014, un colloque consacré à l'histoire de la construction en France, a fait le point sur cette notion et ses évolutions récentes[11].
Sous la contrainte de l'évolution combinée des marchés et des normes, depuis les années 1970, les boules d'acier autrefois utilisées pour la démolition sont remplacés par des engins de déconstruction. Certains ont été adaptés au travail en intérieur de bâtiment[12].
Sémantique : dans les années 2010, le mot « déconstruction » tend à remplacer le terme « démolition ». Cette évolution a toutefois surtout concerné la communication commerciale et institutionnelle[11]. Une étude française de 2010 a montré que pour les années 2000-2010 le mot « déconstruction » a surtout été employé par des collectivités ou des entreprises communiquant avec le public. Le mot « démolition » restait dominant dans les entreprises elles-mêmes ; la presse quotidienne parlait d'abord de « démolition/démolir » (79 % des cas) puis de « destruction/détruire » (18 % des cas) avant d'employer les termes « déconstruction/déconstruire » ; 3 % des cas). Le mot « déconstruction » était plus présent (dans 14 % du lexique de la démolition) quand il concernait le logement social[1]. La « déconstruction » tend à concerner les chantiers les plus techniques, « pointus » et correspondrait selon Anne-Françoise Garçon (2002), « à un anoblissement de la démolition ». Pour décrire une prise en compte encore plus poussée de l'environnement, on parle parfois de déconstruction HQE, par exemple pour la déconstruction de l'ancien hôpital de Douai[13].
Dans certains cas (en technique routière par exemple, sous réserve de quelques dosages chimiques [ex. : sulfates solubles] et analyses géotechniques préalables[14]), le processus de déconstruction-reconstruction peut être quasi immédiat. Mais de manière générale une phase de pré-traitement et de stockage (voire de conditionnement) est nécessaire. L'Ademe estime en 2017 que les centres de pré-traitement sont amenés à se développer pour permettre la production de ressources secondaires (ou « matières premières de recyclage ») à partir de déchets (y compris déchets/ressources issus de la déconstruction).
En France, un projet DEMOCLES vise collaborativement (en s'appuyant sur des chantiers-test) à intégrer toute la chaîne des acteurs (de la maîtrise d'ouvrage aux industriels utilisant la matière recyclée) ; il a déjà permis (2016)[15],[16] de :
La déconstruction présente des enjeux environnementaux et économiques (verdissement[18] du secteur de la construction qui est le second consommateur de foncier derrière l'agriculture et la sylviculture, et le premier consommateur de minéraux et métaux, et l'une des premières sources d'émission de gaz à effet de serre), tout en produisant une bonne moitié des déchets produits sur la planète[19].
Les enjeux sont aussi sanitaires (la déconstruction vise aussi à mieux isoler et gérer le plomb, l'amiante et les bois traités par des pesticides, tout en émettant moins de poussière) et éthiques (écoconception[20], lutte contre le gaspillage et contre les effets de l'obsolescence programmée…).
La déconstruction sous-tend un travail de diagnostic puis de démantèlement manuel beaucoup plus minutieux et donc plus lent. Cette « lenteur » est souvent peu compatible avec les délais brefs imposés par les propriétaires ou le souci de rentabiliser le temps des démolisseurs. Les matériaux récupérés (bois notamment) ont souvent été traités, peints, salis ou endommagés durant leur vie dans le bâtiment, puis par le démontage[3]. Leur nettoyage et préparation à une réutilisation a également un coût souvent plus élevé que celui du sciage, rabotage et polissage d'un bois neuf[11].
De tous temps, les bâtiments en ruine ou abandonnés ont fait l'objet de pillage de matériaux, démontrant qu'ils ont une certaine valeur. La déconstruction ne sera toutefois commercialement rentable, dans un cadre légal, qu'avec — en aval — des filières viables de valorisation des objets et matériaux récupérés. Ceci implique des urbanistes, architectes, décorateurs d'intérieurs et artisans, collectivités ou propriétaires privés sensibilisés au réusage, ainsi qu'une demande ou au moins une acceptation du public.
D'autres enjeux sont donc :
La réutilisation des portes et fenêtres et de leurs huisseries a aussi été découragée d'une part par le fait que ces éléments ne répondaient plus aux exigences contemporaines de qualité d'isolation thermique et sonore, ou de fiabilité des serrures, et d'autre part que leurs formats ne correspondent souvent plus aux standards de la construction industrielle. Enfin le travail de démontage, décapage et rénovation des peintures, joints, vernis, etc., et de remontage, leur absence de garantie constructeur, etc., les rendent économiquement moins rentables ou moins attrayantes. Il existe au Japon une tradition ancienne de montage très solide (par emboitements complexes) de poutre et menuiserie sans clous ni chevilles dont pourraient s'inspirer les ossatures bois modernes, qui seraient alors démontables et réutilisables en fin de vie du bâtiment[26].
Il existe aussi des enjeux indirects pour la Recherche, via des retours d'expérience conduites à l'occasion du processus de déconstruction.
À titre d'exemple :
Le processus de « dépollution, curage, déconstruction/abattage » commence par un diagnostic préalable (ou « audit »[28]) ; c'est le moment de l'identification des risques et — s'il s'agit de déconstruire un bâtiment — de préparation du « curage » du bâtiment.
L'audit s'appuie sur les archives, les témoignages et documents techniques disponibles. Il doit notamment identifier ce qui est caché et/ou dangereux dans le bâtiment (structures métalliques, ossature bois, réseaux électriques, d'eau et de gaz, cuves enterrées, anciens puits, etc.[29]).
Dans certains cas (fondation ou parties basses sous le niveau de la nappe ou risques de migration de polluants), un système de pompage, voire une barrière étanche ou une jupe d'étanchéité périphériques, doit être installé à l'occasion du chantier, comme pour la déconstruction de l'ancienne Tour EDF-GDF à Issy-les-Moulineaux[30].
Gestion des déchets de chantiers
Cette étape doit avoir été préparée par une planification[31].
La déconstruction peut concerner un quartier, un bâtiment commercial, une usine, une centrale nucléaire, voire un engin complexe et de grande taille (sous-marin, navire pour lesquels on parle néanmoins plutôt de démantèlement[32]).
Une déconstruction peut être totale ou partielle (et dans ce dernier cas faire partie d'un processus de réhabilitation, qui peut éventuellement réutiliser (pour un même usage ou non) une partie des matériaux déconstruits.
Des problèmes particuliers peuvent se poser dans certains contextes, par exemple liés à :
Depuis les années 1970, alors que l'obsolescence (programmée ou non) progressait, de même que la démographie mondiale ; pour réduire la prolifération des déchets et ses impacts environnementaux, dans le monde entier des lois et règlements ont commencé à imposer une part de recyclage et/ou réutilisation de matériaux issus des démolitions.
Dans le droit, la déconstruction relève généralement principalement des dispositions cadrant la démolition. Les règles se font plus précises en termes de gestion des déchets, de sécurisation des chantiers et de protection des personnels, au-delà parfois des dispositions classiques (personnel formé et équipé d'EPI ; bouchons d'oreille, lunettes ou écran facial contre les projections, masque anti-poussière, bottes de sécurité, gilets « haute visibilité » ; extincteurs et matériels de premiers secours opérationnels et disponibles, etc.). Ces dispositions concernent notamment un tri plus poussé des déchets, leur transport (et traçabilité le cas échéant) notamment pour les déchets dangereux (amiante, plomb, restes d'hydrocarbures, etc.).
En France, la législation a lentement évolué via son entrée « déchets », avec par exemple la prise en compte progressive du plomb et de l'amiante, et en évoluant progressivement vers un tri obligatoire des gravats issus de démolition[38]. À partir des années 2000, l'obligation de tri et recyclage de certains déchets de démolition progresse (déchets inertes, non dangereux assimilés à des déchets ménagers et dangereux), en cohérence avec la directive-cadre 2008/98/CE. Puis la Loi de transition énergétique intègre une disposition européenne voulant qu'avant 2020, 70 % des déchets du bâtiment soient valorisés (réutilisés, recyclés ou valorisés énergétiquement)[39], y compris pour le déchet-bois désormais soumis à la responsabilité des producteurs ou détenteurs de déchets (qui doivent donc mettre en place un tri des déchets à la source et une collecte séparée).
Dans le cas d'activités dangereuses (dans le domaine industriel, militaire et/ou nucléaire par exemple), les opérateurs doivent maintenant inclure un volet « déconstruction » dans leur déclaration ou demande d'autorisation de cessation d'activité et parfois provisionner les sommes nécessaires[40]. Entre 2016 et 2018, les plans départementaux de gestion des déchets (et le « plan départemental de gestion des déchets du BTP ») seront remplacés par les PRPGD (Plan régional de prévention et de gestion des déchets) qui insistent sur la prévention des déchets, dans une perspective d'économie circulaire et d'une économie bas-carbone. Le Grenelle de l'environnement a fixé des objectifs d'économie de ressources, de réduction de consommation d'énergie, d'émissions de CO2, l'optimisation des transports et la limitation de mise en décharge.
Les poussières de démolition contiennent beaucoup de silice (en cas de meulage notamment), or ce minéral est depuis 2002 classé cancérogène par le CIRC. Un arrêté du 26 octobre 2020[41], a modifié la valeur limite d'exposition professionnelle (VLEP) pour la silice cristalline alvéolaire : elle passe de 0,3 mg/m³ à 0,1 mg/m³. Les démolisseurs doivent utiliser des équipements de protection individuelle adaptés à cette norme (masque et systèmes de ventilation..)
Aux États-Unis, la Nuclear Regulatory Commission autorise la vente de centrales nucléaires en fin de vie à des entreprises spécialisées dans leur démantèlement, qui se financent sur les fonds dédiés à la déconstruction. Ainsi, la société américaine Holtec a racheté en 2019 la centrale d'Oyster Creek (New Jersey) à Exelon et celle de Pilgrim (Massachusetts) à Entergy, avec qui elle négocie également le rachat des trois réacteurs d'Indian Point, à soixante kilomètres au nord de New York. Energy Solutions a racheté les centrales de Zion (Illinois) et La Crosse (Wisconsin), puis en 2019 le réacteur numéro deux de Three Mile Island (Pennsylvanie), théâtre en 1979 du plus grave accident nucléaire aux États-Unis. NorthStar a racheté en 2019 à Entergy la centrale de Vermont Yankee, en partenariat avec le français Orano, pour mille dollars, en récupérant environ cinq cents millions de dollars du fonds de démantèlement[42].
Les tonnages en jeu et les effets en termes d'empreinte carbone, d'empreinte eau et d'empreinte écologique sont a priori considérables.
Dans le monde en 2015, l'industrie de la construction était responsable de la production d'au moins la moitié des déchets solides produits[19] et d'une part importante des déchets gazeux (via les énergies fossiles utilisées pour produire le ciment, les briques/tuiles et le plâtre essentiellement).
En France en 2007, le BTP produisait près de 250 millions de t/an de déchets, provenant à 85 % des travaux publics (plus de 215 Mt/an) devant le bâtiment (38 Mt/an)[43]. Dans ce bilan la démolition générait 65 % de tonnages, devant la réhabilitation (28 %) et la construction (7 %)[43]. La démolition produit surtout des déchets réputés inertes (93,6 % du poids total des déchets) alors que les « déchets dangereux » et/ou « non inertes et non-dangereux » ne comptent respectivement que 0,6 % et 5,8 % du poids total (constituant toutefois des volumes et tonnages très significatifs)[43].
La réincorporation de MPR (matière première recyclée) par le BTP reste modeste par rapport au potentiel : d'après les bilans du recyclage régulièrement publiés par l'Ademe, et selon le Bilan National du Recyclage (BNR) 2005-2014 publié en 2017[44]. Les granulats issus de la démolition/déconstruction sont quantitativement les ressources les plus recyclées.
Allonger la durée de vie d'un grand immeuble urbain en béton (en le réhabilitant le cas échéant) peut induire des économies d'énergie plus importantes que le reconstruire en valorisant au mieux les matériaux de déconstruction[10].
Si on n'internalise pas dans les analyses économiques les coûts environnementaux de tout le cycle de vie des matériaux et de la construction, la déconstruction apparait beaucoup plus coûteuse que la démolition : 17 à 25 % de plus au début des années 2000 dans le contexte socioéconomique du Massachusetts (selon une analyse comparative publiée en 2005[45]), avec dans ce cas comme facteurs de coût, par ordre décroissant d'importance :
Dans les pays émergents où la main-d'œuvre est moins chère, la récupération apparait bien plus rentable.
Quand on internalise les économies faites en termes d'empreinte carbone, d'empreinte eau et d'empreinte énergétique et écologique, la récupération apparait plus rentable. Et si les constructions étaient écoconçues pour être facilement démontable, l'opération deviendrait alors très rentable.
D'autres freins que les coûts directs, et notamment des freins réglementaires (éléments récupérés non normés) et sociopsychologiques existent aussi (la déconstruction/réutilisation a une image parfois négative, peut-être parce qu'associée à celle des bidonvilles).
Dans le cadre d'une économie se voulant plus circulaire et moins insoutenable, la déconstruction semble amenée à se systématiser voire à devenir obligatoire. Cependant des progrès sont encore à faire pour passer de cette théorie à la pratique[46]. La déconstruction accompagnera peut-être aussi une évolution vers l'« architecture réversible »[47] qui rendrait la destruction de bâtiments moins rapidement et moins souvent nécessaires, au profit d'une économie de ressources.
L'impression 3D de bâtiments entiers et d'infrastructures de type routes, ponts, rails de sécurité, murs anti-bruit, etc., semble devoir se développer[48], ce qui réinterroge les possibilités futures de déconstruction[49]. Les premiers bâtiments imprimés en 3D poseront probablement problème en fin de vie, car ils ne semblent pas avoir intégré la facilitation de leur future déconstruction (avec récupération des matériaux et des composants). La « théorie des enveloppes multiples » pourrait leur être associée ; les interfaces entre enveloppes doivent alors devenir des « points de déconstruction », tout en tenant compte que ces « couches » sont aussi « temporelles » (car plus ou moins longévives)[50]). Craven, Okraglik et Eilenberg attirent l'attention sur le fait qu'une impossibilité de séparer les enveloppes et couches d'un bâtiment pourra entraîner une défaillance du bâtiment entier dès lors que la première couche ne remplira plus son rôle[51], impliquant un remplacement total du bâtiment, ce qui « défie tous les principes de la soutenabilité écologique»[52].
Des études de risques et de danger spécifiques sont faites pour l'industrie nucléaire, avec en France une série de démantèlements inaugurés par celui du site de Brennilis, dont les retours d'expérience permettront d'affiner les cahiers des charges des futurs chantiers[53].
Certains matériaux (briques, tuiles, poutres et éléments de planchers ou d'ossature bois[54]) présentent un potentiel de valorisation comme « ressources secondaires »[55]. Ils sont néanmoins peu réutilisés car souvent endommagés (par le temps d'une part ; puis par les techniques actuelles de démolition : foudroyage par explosion, basculement ou grignotage mécanique, moins dommageables que l'antique boule d'acier et que l'explosif depuis les années 2000/2010[11], mais qui dégradent quand même de nombreux matériaux tels que par exemple les planchers et boiseries trop rapidement arrachées). Valoriser les gravats difficiles à trier ou les déchets de plâtre (autre que sous forme de plaques)[56] reste difficile.
L'importance cruciale de l'écoconception fait consensus, mais de nombreuses études pointent aussi les rôles et responsabilités de la chaine des professionnels : de la conception (urbanistes, architectes, architectes paysagistes, architectes d'intérieurs) aux artisans en passant par les fabricants et négociants de matériaux et de mobilier, de planchers, huisseries, etc.[57],[58],[59].
À l'Université technique d'Eindhoven, de Vries et al. en 2016 proposent de nouveaux indicateurs de la soutenabilité de la construction, qui incluent notamment un degré de « déconstructibilité »[60].
On cherche aussi à améliorer l'efficience et la sécurité[61] des futurs chantiers de déconstruction.
La robotique (imprimantes 3D géantes y compris) est entrée dans le domaine du terrassement[62],[63] et de la construction et du préfabriqué[64].
Dans les années 2000, des chercheurs annoncent aussi des déconstructions robotisées sobres en énergie, non-dangereuses et automatisées[65] et mises en œuvre par des « robots de démolition », spécialisés[65] ; « Abbruchroboter » en allemand[66]). Des robots sont marginalement utilisés dans les environnements hostiles (en zone de conflits, de danger, d'accident nucléaire) et des machines télécommandées de démolition sont disponibles sur le marché[67] (y compris des modèles simples, en location pour des particuliers)[68].
Théoriquement, le robot permet un démantèlement plus précis avec moins de déchets, et il peut améliorer le tri des déchet ; il peut être programmés pour découper et désassembler avec une grande précision et une plus grande sécurité, surtout pour des tâches dangereuses (démontage en hauteur, manipulation de matériaux lourds, travail sur sol fragile, etc.) ou complexes (ex : démontage couche par couche d'un élément multicouche)[69].) ; il est apte aux tâches répétitive et précise, et peut travailler dans le noir ou avec peu de lumière, sous l'eau, etc.[70]. Il pourrait par exemple permettre de récupérer des morceaux de murs entiers[71]. Il peut aussi modifier des ouvertures ou des constructions avec un démontage automatisé d'éléments multicouches de plancher, de mur intérieur, de toiture, de façade (y compris en présence de mousses expansées à récupérer pour un recyclage efficace qui implique une pureté des matériaux récupérés, pour une réutilisation directe (panneau isolant...)[69].
Dans les faits le robot est couteux, et il est exposé à des conditions météorologiques et de chantier difficiles, à des charges lourdes, des virations, l'empoussièrement, des chocs et à des matériaux durs qui impliquent des actionneurs robustes et hautement fiables. Ceci fait que les machines de construction/démolition sont encore presque toujours porteuses d'outils simples (marteau hydraulique par exemple) et contrôlées (directement ou à distance) par des humains[70]. Les robots de démotion sont aussi limités par les capacités de leurs capteurs (en atmosphère empoussiérée par exemple) et de l'intelligence artificielle[70],[72] ; mais ces deux facteurs pourraient d'évoluer rapidement, notamment avec la diffusion de la 5G [73]. La recherche porte aussi sur les processus agile permettant à un tel robot de s'adapter à l'environnement changeant et détructuré des lieux en (dé)construction[69].
Les impacts socio-environnementaux sont aussi à prendre en compte[70]
Ces usages sont encore des usages de niche ; ils utilisent des outils sont dangereux, et les coupes génèrent des gaz et nanoparticules toxiques.
Quelques entreprises disposent de laser ou fibre laser suffisamment énergétiques et portables pour découper des éléments construits, béton y compris (ex. : la société « Cutting Edge Demolition » aux Etats-Unis, « Lasertec » en Allemagne, en Italie ou bientôt la start-up française « Laser Demolition »)[74].
Le laser permet de viser les points de faiblesse des structures, avec bien plus de précision que la démolition robotisée, et avec moins de déchets en fin de chantier. Il permet aussi de découper certaines pièces avec précision pour un réusage à la demande. Une étude japonaise publiée dans la revue Applied Sciences intitulée « Using a High-Power Fibre Laser to Cut Concrete » (« Utilisation d'un laser à fibre de haute puissance pour découper du béton ») a porté sur l'utilisation d'un laser à fibre portable pour découper du béton montrant que les lasers CO2 et à fibre sont globalement comparables des bétons d'une épaisseur de 20 cmm et pour divers types de densité de bétons[75]. Le bruit et la poussière sont évités, mais la silice et les métaux vaporisés dans l'air ne doivent pas être inhalés.
La découpe au plasma utilise un jet de gaz ionisé par un arc électrique d'environ 18 000 °C pour fondre et expulser le matériau (métal en général) de la coupe.
La R&D porte aussi sur la déconstruction des murs et autres éléments de béton armé (ponts notamment[17]), et sur les effets des modalités de broyage du béton armé[76] ; dans ce cas, la déconstruction tirerait profit de bâtiments construits avec des éléments préfabriqués réutilisables. De tels éléments doivent avoir été éco-conçus pour être plus facilement désassemblés[77].
À ce jour, le béton est essentiellement recyclé sous forme de gravât broyé en agrégats[78],[10] : la manière de concasser le béton de démolition influe sur les capacités de lixiviation des futurs agrégats qui vont alors plus ou moins facilement relarguer le calcium, les sulfates, les carbonates, le potassium, l'aluminium et la silice qu'ils contiennent[76], or un nombre croissant de bétons incorporent des cendres volantes pouvant contenir des contaminants métalliques.
Les prospectivistes et assureurs s'attendent à une augmentation des catastrophes naturelles d'origine climatique ou liées à des constructions en zone à risque. Ceci invite à anticiper les besoins de démolition/reconstruction à la suite de telles crises (thème qui doit être en France pris en compte par les PRPGD)[79]. Diverses études ont porté sur le cas particulier de la déconstruction post-catastrophe (après une guerre, un séisme, un tsunami, un accident nucléaire comme celui de Fukushima[80], etc.)[81],[82].
Enfin une solution intermédiaire est en cours de test avec une architecture réversible pouvant plus facilement être convertie pour un autre usage (un bâtiment réversible pouvant passer d'usages de bureaux, vers un usage tertiaire, d'enseignement ou d'habitation et inversement)[83].
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