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ancienne centrale nucléaire en cours de démantèlement en Bretagne De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le site nucléaire de Brennilis héberge l'ancienne centrale nucléaire des Monts d'Arrée équipée du réacteur nucléaire EL4 (eau lourde no 4), un réacteur à eau lourde refroidi au gaz carbonique qui fonctionnait à l'uranium non enrichi. Il est situé sur les communes de Loqueffret et Brennilis dans le Finistère, dans les monts d'Arrée à environ 25 km de Carhaix-Plouguer, à 25 km au sud de Morlaix et 60 km de Brest.
Pays | |
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Département | |
Canton | |
Communauté de communes | |
Coordonnées | |
Opérateur | |
Construction |
1962 |
Mise en service |
1967 |
Mise à l’arrêt définitif |
1985 |
Statut |
désaffecté - en cours de démantèlement |
Fournisseurs | |
---|---|
Type | |
Réacteurs actifs |
0 |
Puissance nominale |
70 MWe |
Production totale |
6,32 TWh[1] |
---|
Source froide | |
---|---|
Coût |
démantèlement : 850 millions d'euro [2] |
Mise en service en 1967, cette centrale expérimentale est arrêtée en 1985, la France abandonnant cette filière au profit d'une technologie jugée plus stable, plus industrielle et plus rentable : le réacteur à eau pressurisée. C'est la première centrale nucléaire de France où est entrepris une procédure de démantèlement (en cours depuis 1985 et prévue jusqu'en 2040, soit 55 ans). Le chantier est spécifiquement référencé comme l'installation nucléaire de base no 162.
En 1962, le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) entame la construction du réacteur nucléaire expérimental EL4, prototype industriel de production d'électricité fonctionnant à l'uranium faiblement enrichi, modéré à l'eau lourde et refroidi au gaz carbonique (filière HWGCR), d'une puissance de 250 mégawatts thermiques[4]. Le choix du site dans cette région bretonne vise à la faire sortir du désert économique[5].
En décembre 1966, le réacteur est mis en service, l'alternateur — d'une puissance de 75 mégawatts électriques — est couplé au réseau en juillet 1967[6]. Le refroidissement est assuré par une source froide : la rivière Éllez. L'électricité est distribuée par deux lignes de haute tension qui alimentent une partie du Finistère, fournissant l'équivalent de 4 % de la consommation actuelle de la Bretagne[5].
En 1971, les choix gouvernementaux portant sur la filière à eau pressurisée mettent fin au caractère expérimental du réacteur de la centrale de Brennilis.
De 1967 à 1985, la centrale est exploitée conjointement par Électricité de France (EDF) et le CEA, elle produit 6,235 TWh pendant 106 000 heures de fonctionnement (soit environ douze ans). Pendant son fonctionnement, la centrale emploie jusqu'à deux cents salariés[7].
Le , deux explosions endommagent la prise d'eau d'une turbine et détruisent un poste téléphonique. De nombreuses vitres sont également brisées. L'attentat fut revendiqué par le FLB.
Les deux explosifs étaient placés :
Le [8], ce sont deux pylônes électriques à l'entrée de la centrale qui sont détruits par le FLB–ARB. L'électricité ne pouvant plus être évacuée, la centrale doit s'arrêter. C'est la première fois qu'un groupe terroriste réussit à perturber le fonctionnement d'une centrale nucléaire.
En 1985, le réacteur est arrêté définitivement et EDF en prépare la phase de démantèlement.
La première phase du démantèlement est lancée en 1985 :
Le confinement des déchets dans l’enceinte du réacteur et la transformation du site en mausolée n'est pas envisageable « compte tenu de la nature du sol et de la présence d’une nappe phréatique qui affleure en certains endroits »[9].
En 1995 se tient une première enquête publique en vue du « démantèlement partiel » (phase 2). Sous la pression d'une campagne réclamant « le retour à l'herbe » par Jean-Yves Cozan, responsable du Parc naturel régional d'Armorique, le décret de 1996[10] prévoit que l’exploitant soumettrait au ministre chargé de l’environnement la réalisation d'une étude de faisabilité de démantèlement complet avant fin 1999.
La centrale de Brennilis est supposée être la première centrale nucléaire à subir un « démantèlement total » en France et devait être la vitrine du savoir-faire d'EDF en ce domaine[11]. En 1995, Christian Frémont, alors préfet du Finistère rappelait qu'« EDF et le CEA, les grandes entreprises et l'ensemble des intervenants ont déclaré leur intention de faire de cette opération une vitrine ».
La phase 2 démarre en 1997 :
Dans la nuit du 12 au , une montée de la nappe phréatique provoque une inondation dans la station de traitement des effluents. En , la centrale connaît un départ de feu dans un joint inter-bâtiment.
Le , la centrale connaît un départ de feu dans le bâtiment réacteur[12]. Cet événement n’a pas de conséquence sur la radioprotection du personnel, ni sur l’environnement[13] et est classé au niveau 1 de l’échelle internationale des événements nucléaires.
En 2005, la phase 2 étant pratiquement terminée, il reste à réaliser les travaux de la phase 3, dans l'enceinte du réacteur :
Cette phase 3 engendre un nouveau type de déchets radioactifs, faiblement ou moyennement actifs, mais à très grande durée de vie (dits FMA vie longue). Le stockage de ces déchets doit être temporairement assuré par l'Installation de conditionnement et d'entreposage de déchets activés (ICEDA), installation EDF en exploitation dans la centrale nucléaire du Bugey depuis l'automne 2020[14], en attendant l'ouverture du site de stockage définitif décidé dans le cadre de la loi relative aux recherches sur la gestion des déchets radioactifs dite loi « Bataille ».
La solution un temps préconisée d'attendre la baisse de la radioactivité résiduelle de la cuve et des internes du réacteur pendant encore au moins 40 ans est abandonnée au profit d'un démantèlement faisant largement appel à des moyens téléopérés (bras et engins robotisés pilotés à distance), permettant les travaux en zone contaminée ou irradiée. Ce changement de stratégie est dicté par quelques principes de « bon sens » et selon les préconisations de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) : profiter des connaissances des anciens ayant exploité la centrale, utiliser des moyens téléopérés et, en particulier pour Brennilis, mettre en œuvre le projet d'« un retour à l'herbe ». En 2006, Dominique de Villepin signe un décret[15] pour qu'EDF réalise le « démantèlement total » (phase 3) de la centrale à fin de Mise à l’arrêt définitif (MAD) et démantèlement complet de l’INB no 162.
Cette stratégie cependant mise à mal par l'annulation du décret, à la suite d'un recours des associations anti-nucléaires invoquant la non-transposition en droit français d'une[Laquelle ?] directive de l'Union européenne et demandant la mise à disposition du public de l'étude d'impact[16],[17].
Le , une décision de l’ASN précise les conditions d’application des dispositions du décret 96-978 du auxquelles l’INB no 162 est à nouveau soumise[9].
Le , une étude menée par des laboratoires de l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (ACRO) conclut : « On exclut la possibilité que l’actinium 227, élément très radio-toxique, provienne de la centrale EDF. Il s’agit d’un phénomène naturel »[18].
Le , EDF renouvelle sa demande d’autorisation de mise à l’arrêt définitif et de démantèlement de la centrale, avec des travaux échelonnés sur 15 ans[9], ce qui doit entamer l'étape réglementaire de déclassement de l'INB (procédure de 1 à 3 ans), avec enquête publique (prévue par les articles R.123-1 à R.123-23 du code de l'environnement).
En février 2009, l'entreprise privée, ONET Technologies, également chargée de deux autres démantèlements de sites nucléaires en France est retenue[19]. Le coût du démantèlement complet, opération déjà réalisée et à venir, est estimé par la Cour des comptes, à 482 millions d'euros en valeur 2002[20].
Une enquête publique a lieu à l'automne 2009, via une réunion publique le et via un registre d'enquête mis à disposition dans dix-sept lieux d’enquête, ou en rencontrant un commissaire enquêteur. Un dossier est disponible sur le site Internet de la préfecture du Finistère et le rapport préliminaire de sûreté est consultable à la préfecture et en sous-préfecture de Châteaulin.
Les observations recueillies sont au nombre de 104 :
Les interventions favorables mettent en avant :
Les oppositions se fondent sur :
Le , EDF envoie à la commission d'enquête son mémoire en réponse[27] ;
En , le rapport d'enquête[9] (25 pages) est publié[28]. La commission d'enquête conclut qu'elle ne peut qu’émettre, « à l’unanimité, un avis défavorable au projet, présenté par EDF, de mise à l'arrêt définitif et de démantèlement complet de l'installation d'entreposage de matériels de la centrale nucléaire des Monts d'Arrée ». Elle demande que la CLI dispose des moyens financiers nécessaires pour mener sa mission d’information de la population et faire procéder à des expertises contradictoires, mais propose néanmoins l'achèvement de la phase 2 du démantèlement dans les plus brefs délais et qu'EDF soit autorisée à :
La commission introduit sa conclusion et ses arguments par ces mots : « En ce qui concerne le Site des Monts d’Arrée, personne ne défend la solution du « confinement sûr » sur place, sous forme de mausolée ou de sarcophage et la commission d’enquête estime également qu’elle n’est pas envisageable[29] » après avoir précisé[30] que « EDF, malgré la demande de la commission d’enquête, n’a pas souhaité répondre aux recommandations ou réserves émises par la CLI et la CLE ». « La commission d’enquête n’a aucune garantie que ces réserves et recommandations seront effectivement prises en compte par EDF ». En particulier sur les 1 900 pages du dossier, la commission note qu'une seule page[31] est consacrée à la justification du projet, et que cette page « se borne à indiquer qu’EDF, qui avait fait le choix du démantèlement différé en 1997, a changé de stratégie au début des années 2000 et met en avant les avantages du démantèlement immédiat en minimisant ses inconvénients ».
Le décret du autorise EDF à reprendre les opérations de démantèlement sur les parties suivantes[32],[33] :
Ces opérations doivent être réalisées dans les cinq ans. Le décret du prévoit aussi qu'EDF dépose une demande d'autorisation de démantèlement total de la centrale avant le .
En , l'ASN rend un avis de non-recevabilité du dossier d’autorisation de démantèlement complet[34].
En , EDF annonce avoir terminé les travaux d’assainissement des sols situés sous le radier de la station de traitement des effluents[35].
L'achèvement du démantèlement complet est soumis à la disponibilité d'un site de stockage de déchets à vie longue, ainsi qu'à son autorisation administrative par l'ASN. D'après EDF en 2017, une fois les autorisations réglementaires obtenues, le chantier devrait durer dix-sept ans[36]. Il consistera en la réalisation des étapes suivantes :
Si le décret est obtenu en 2022, les travaux se termineraient à l'horizon 2040[37].
Le , EDF présente à la Commission locale d'information du Finistère une actualisation du scénario et du financement du démantèlement complet de la centrale. La fin des opérations est prévue vers 2040. Le coût du démantèlement complet de la centrale est évalué à 850 millions d'euros[38]. Une enquête publique est organisée du au , qui, d'après Le Monde, mobilise peu les riverains[39].
Le décret autorisant la dernière phase du démantèlement de la centrale de Brennilis (du réacteur lui-même) est publié au Journal officiel le . Ces travaux devraient commencer début 2024 et durer 17 ans, soit jusqu'en 2041[40].
En , la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) réalise des prélèvements de mousses aquatiques à proximité de la centrale, à l'arrière de la station de traitements des effluents et indique y trouver plusieurs éléments radioactifs provenant de la centrale et notamment une concentration anormalement élevée d'actinium 227[41].
En , une étude menée par l'Association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest et le Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement du CEA (LSCE) conclut à l'origine naturelle des éléments radioactifs : « des travaux [d'étude] entrepris depuis trois ans, il ressort que l’origine de ce phénomène est naturelle, conséquence de la géologie locale particulière. »[42],[43]. Cependant, EDF reconnaît que le plutonium vient bien de l'activité de la centrale[44].
En 2021, le directeur du site de la centrale reconnaît une pollution résiduelle des nappes phréatiques et notamment par du tritium à la suite de l'« incident Sulzer » survenu en 1988 dû à une fuite au niveau du bâtiment de traitement des effluents, mais cette contamination résiduelle est inférieure aux seuils réglementaires[45].
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