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conjecture en théorie des nombres liée aux nombres premiers De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La conjecture de Goldbach est l'assertion mathématique qui s’énonce comme suit :
Tout nombre entier pair supérieur à 3 peut s’écrire comme une somme de deux nombres premiers.
Formulée en 1742 par Christian Goldbach, c’est l’un des plus vieux problèmes non résolus de la théorie des nombres et des mathématiques. Il partage avec l'hypothèse de Riemann et la conjecture des nombres premiers jumeaux le numéro 8 des problèmes de Hilbert, énoncés par celui-ci en 1900.
La figure ci-contre montre les solutions de l’équation 2N = p + q représentées par des ronds, où 2N est un nombre pair entre 4 et 50, et p et q sont deux nombres premiers : les nombres 2N sont représentés par les lignes horizontales et les nombres premiers p et q sont représentés par les lignes inclinées rouges et bleues. La conjecture de Goldbach correspond au fait qu’aussi loin qu’on prolonge la figure vers le bas, toute ligne horizontale grise contiendra au moins un rond :
4 | = | 2 + 2 | (1 solution) | |||
6 | = | 3 + 3 | (1 solution) | |||
8 | = | 3 + 5 | (1 solution) | |||
10 | = | 3 + 7 | = 5 + 5 | (2 solutions) | ||
12 | = | 5 + 7 | (1 solution) | |||
14 | = | 3 + 11 | = 7 + 7 | (2 solutions) | ||
50 | = | 19 + 31 | = 13 + 37 | = 7 + 43 | = 3 + 47 | (4 solutions) |
La conjecture de Goldbach est un cas particulier d’une conjecture liée à l’hypothèse H de Schinzel.
Le , le mathématicien prussien Christian Goldbach écrit au mathématicien suisse Leonhard Euler une lettre à la fin de laquelle il propose la conjecture suivante :
Tout nombre strictement supérieur à 2 peut être écrit comme une somme de trois nombres premiers.
(Goldbach admettait 1 comme nombre premier ; la conjecture moderne exclut 1, et remplace donc[1] 2 par 5.)
Dans sa réponse datée du , Euler rappelle à Goldbach que cet énoncé découle d'un énoncé antérieur[2] que Goldbach lui avait déjà communiqué :
Tout nombre pair peut être écrit comme somme de deux nombres premiers.
(Comme précédemment, « nombre » est à prendre au sens « entier strictement supérieur à 0 » et la conjecture moderne remplace[1] 0 par 2.)
Selon une version plus faible de la conjecture, tout nombre impair supérieur ou égal à 9 est somme de trois nombres premiers impairs.
La majorité des mathématiciens pense que la conjecture de Goldbach est vraie, en se basant surtout sur des considérations statistiques axées sur la répartition des nombres premiers : plus le nombre est grand, plus il y a de manières disponibles pour le représenter sous forme de somme de deux ou trois autres nombres, et la plus « compatible » devient celle pour laquelle au moins une de ces représentations est constituée entièrement de nombres premiers.
Une version très grossière de l'argument probabiliste heuristique (pour la forme forte de la conjecture de Goldbach) est la suivante. Le théorème des nombres premiers affirme qu'un entier m sélectionné aléatoirement d'une manière brute possède chance d'être premier. Ainsi, si n est un grand entier pair et m, un nombre compris entre 3 et n/2, alors on peut s'attendre à ce que la probabilité que m et n – m soient tous deux premiers soit égale à . Cet argument heuristique n'est pas rigoureux pour de nombreuses raisons ; par exemple, on suppose que les événements que m et n – m soient premiers sont statistiquement indépendants l'un de l'autre. Si l'on poursuit quand même ce raisonnement heuristique, on peut estimer que le nombre total de manières d'écrire un grand nombre entier pair n comme la somme de deux nombres premiers impairs vaut environ
Puisque cette quantité tend vers l'infini lorsque n augmente, on peut s'attendre à ce que tout entier pair suffisamment grand non seulement possède au moins une représentation sous forme de somme de deux nombres premiers, mais en fait en possède beaucoup.
L'argument heuristique ci-dessus est en fait quelque peu imprécis, car il ignore certaines corrélations entre les probabilités que m et n – m soient premiers. Par exemple, si m est impair alors n – m aussi, et si m est pair alors n – m aussi, or les nombres premiers sont tous impairs à part 2. De même, si n est divisible par 3 et si m est déjà un nombre premier distinct de 3, alors n – m est aussi premier avec 3 donc sa probabilité d'être premier est légèrement supérieure à celle d'un entier quelconque. En poursuivant ce type d'analyse avec plus de soin, Hardy et Littlewood conjecturèrent en 1923 (c'est une partie de la célèbre conjecture des n-uplets premiers de Hardy-Littlewood) que pour tout c ≥ 2, le nombre de représentations d'un grand entier n sous la forme de somme de c premiers avec devrait être équivalent à où le produit porte sur tous les nombres premiers p, et est le nombre de solutions de l’équation en arithmétique modulaire, soumise aux contraintes . Cette formule asymptotique a été démontrée pour c ≥ 3 à partir du travail de Vinogradov, mais est encore à l'état de conjecture pour c = 2. Dans ce dernier cas, l'expression ci-dessus est nulle lorsque n est impair, et lorsque n est pair elle se simplifie en où est la constante des nombres premiers jumeaux Cette formule asymptotique est quelquefois appelée conjecture étendue de Goldbach. La conjecture forte de Goldbach est en fait très similaire à celle des nombres premiers jumeaux, et les deux conjectures sont présumées de difficultés comparables.
Dans le cadre de recherches en vue de démontrer la conjecture de Goldbach, plusieurs théoriciens des nombres ont abouti à des théorèmes plus faibles que la conjecture. Le tableau suivant présente quelques étapes significatives de ces recherches. La mention f indique les théorèmes en rapport avec la conjecture faible de Goldbach, « tout nombre impair supérieur ou égal à 9 est somme de trois nombres premiers impairs. » :
Année | Auteurs | Théorème | Détails | |
---|---|---|---|---|
1920 | Viggo Brun | Tout entier pair assez grand est somme de deux entiers composés chacun de 9 facteurs premiers au plus. | ||
1923 | Hardy et Littlewood | f | En supposant vraie une certaine généralisation de l'hypothèse de Riemann, tout nombre impair assez grand est somme de trois nombres premiers[3]. | |
1924 | Hans Rademacher | Tout entier pair assez grand est somme de deux entiers composés chacun de 7 facteurs premiers au plus. | ||
1931 | Lev Schnirelmann | Tout entier > 1 est somme de 20 nombres premiers au plus. | ||
1937 | Ivan Vinogradov | f | Tout entier impair assez grand est somme de trois nombres premiers. Corollaire : Tout entier pair assez grand est somme de quatre nombres premiers. | |
1937 | Nikolai Chudakov (en)[4] | Presque tout entier pair est somme de deux nombres premiers[5]. | ||
1938 | Johannes van der Corput[6] | |||
1938 | Theodor Estermann[7] | |||
1947 | Alfréd Rényi | Il existe une constante K telle que tout entier pair est somme d’un nombre premier et d’un nombre ayant au plus K facteurs premiers. | ||
1951 | Yuri Linnik | Il existe une constante K telle que tout entier pair assez grand est somme de deux nombres premiers et d’au plus K puissances de 2. | ||
1966 | Chen Jingrun | Tout entier pair assez grand est somme d’un nombre premier et d’un nombre ayant au plus deux facteurs premiers. | ||
1975 | Hugh Montgomery et Robert Charles Vaughan | La plupart des entiers pairs sont la somme de deux nombres premiers[8]. | ||
1995 | Olivier Ramaré | Tout entier pair est somme de six nombres premiers au plus. Corollaire : Tout entier impair est somme de sept nombres premiers au plus. | [lire en ligne][9] | |
1997 | Jean-Marc Deshouillers, Gove Effinger, Herman te Riele et Dimitri Zinoviev | f | L'hypothèse de Riemann généralisée implique la conjecture faible de Goldbach. | [lire en ligne][PDF][10] |
2002 | Roger Heath-Brown et Jan-Christoph Schlage-Puchta | Le résultat de Linnik (1951) vaut avec K = 13. | ||
2012 | Terence Tao | f | Tout entier impair > 1 est somme de cinq nombres premiers au plus. Corollaire : résultat d’Olivier Ramaré, 1995. | Article détaillé (preuve en cours de vérification) |
2013 | Harald Helfgott | f | Tout entier impair > 5 est somme de trois nombres premiers. Corollaire : résultat de Terence Tao, 2012. | Exposé au CIM 2014[11]. |
En 2014, les vérifications numériques publiées conduisent aux conclusions suivantes :
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