La proximité de ce courant avec les Douze Apôtres fait encore débat chez les spécialistes, tout comme ses liens avec un judaïsme « orthodoxe » ou plutôt « hétérodoxe », ainsi que le lieu où il se serait établi, encore que la majorité des chercheurs penchent pour l'Asie Mineure, probablement la région d'Éphèse.
En rédigeant des écrits fondamentaux et bien distincts des évangiles synoptiques, ce groupe aurait alors joué un rôle significatif dans la formation de la « Grande Église » et dans les définitions de la christologie.
Pour la majorité d'entre eux, dont l'historien américain Bart D. Ehrman, la totalité de ce corpus johannique est due à un collectif d'auteurs spécifique[2],[3]. De même, pour le théologien allemand Udo Schnelle, les recherches des deux biblistesWilhelm Bousset[4] et Wilhelm Heitmüller[5] suffisent à démontrer l’existence de cette «école johannique»[6].
Les spécialistes situent généralement cette communauté à Éphèse (Asie mineure), ou parfois à Damas (Syrie), vers 90-110[7],[8].
D'autres chercheurs considèrent toutefois que l'Apocalypse n'a pas la même origine que le reste du corpus johannique: elle serait l'œuvre d'un auteur distinct, peut-être Jean de Patmos, qui l'aurait écrite vers l'année 95, avec d'éventuelles interpolations de textes datant du début des années 60, sous le règne de Néron[9]. Udo Schnelle, notamment, estime que l'Apocalypse présente de trop grandes différences de style et de structure avec le reste du corpus pour provenir de la même communauté[10].
Sur la question de l’enchaînement des écrits johanniques, en excluant l'Apocalypse, Udo Schnelle distingue deux modèles possibles[11]: le «modèle classique», avec la séquence: Évangile selon Jean → Première épître de Jean → Deuxième épître de Jean → Troisième épître de Jean; et le « modèle alternatif », avec la séquence: Deuxième épître de Jean → Troisième épître de Jean → Première épître de Jean → Évangile selon Jean. Dans ce «modèle alternatif», l'ordre correspondrait au développement de la théologie johannique[12].
Dans l'évangile johannique, Raymond E. Brown discerne quatre phases de développement: les récits issus de l'apôtre Jean, l’édition partielle par ses disciples, la synthèse par le rédacteur et les ajouts d'un éditeur final[13]. En outre, le chapitre 21 montre qu'un narrateur s'exprime à la première personne du pluriel («nous»), comme la voix d'une communauté qui reprend le témoignage d'un personnage appelé le «disciple bien-aimé»[13].
Ouvrages
Yves Marie Blanchard, Les Écrits johanniques: une communauté témoigne de sa foi, Cahiers Évangile n° 138, éditions du Cerf,
Oscar Cullmann, Le Milieu johannique: sa place dans le judaïsme tardif, dans le cercle des disciples de Jésus et dans le christianisme primitif, Labor et Fides, 1976
Bart D. Ehrman, The New Testament: A Historical Introduction to the Early Christian Writings, New York/Oxford, 2004 (ISBN0-19-515462-2)
Claudio Moreschini, Enrico Norelli, Histoire de la littérature chrétienne ancienne grecque et latine, Labor et Fides, 2000
Udo Schnelle, Antidoketische Christologie im Johannesevangelium. Eine Untersuchung zur Stellung des vierten Evangeliums in der johanneischen Schule (FRLANT 144), Göttingen, 1987 (ISBN3-525-53823-5)
Yves Simoens, sj, Croire pour aimer. Les trois lettres de Jean. Une traduction, une interprétation, éditions Facultés jésuites de Paris, 2011
Yves Simoens, sj, Apocalypse de Jean, Apocalypse de Jésus-Christ. Une traduction. Une interprétation, éditions Facultés jésuites de Paris, 2 vol., 2014 (ISBN978-2-84847-017-7)
Yves Simoens, sj, Évangile selon Jean, éditions Facultés jésuites de Paris, 2016
Yves Simoens, sj, Croire en Jésus selon Jean. Redécouvrir la foi de l'Évangile, éditions Salvator, 2021
Georg Strecker(de), Die Anfänge der Johanneischen Schule, New Testament Studies, vol. 32, 1986, p. 31-47
Jens-Wilhelm Taeger(de), Johannesapokalypse und johanneischer Kreis. Versuch einer traditionsgeschichtlichen Ortsbestimmung am Paradigma der Lebenswasser-Thematik, Walter De Gruyter, New York/Berlin, 1989 (ISBN3-11-011359-7)
Jean Zumstein, La Communauté johannique et son histoire: La trajectoire de l'évangile de Jean aux deux premiers siècles, Labor et Fides, 1990
Jens-Wilhelm Taeger(de), Johannesapokalypse und johanneischer Kreis. Versuch einer traditionsgeschichtlichen Ortsbestimmung am Paradigma der Lebenswasser-Thematik, Walter De Gruyter, New York/Berlin, 1989.
Wilhelm Bousset, Jüdisch-christlicher Schulbetrieb in Alexandria und Rom. Literarische Untersuchungen zu Philo und Clemens von Alexandria, Justin und Irenäus, Vandenhoeck & Ruprecht, Göttingen, 1915 (ND Olms, Hildesheim/Zürich/New York, 2004), p. 316.
Udo Schnelle, Antidoketische Christologie im Johannesevangelium. Eine Untersuchung zur Stellung des vierten Evangeliums in der johanneischen Schule, Vandenhoeck & Ruprecht, Göttingen, 1987 (ISBN3-525-53823-5), p. 53.
Udo Schnelle, Das Evangelium nach Johannes. Theologischer Handkommentar zum Neuen Testament 5. Aufl., Evangelische Verlagsanstalt, Leipzig, 2016 (ISBN978-3-374-04317-0), p. 2.
Udo Schnelle, Das Evangelium nach Johannes. Theologischer Handkommentar zum Neuen Testament, 5. Aufl., Evangelische Verlagsanstalt, Leipzig, 2016 (ISBN978-3-374-04317-0), p. 9.