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combat d’animaux consistant à faire s'affronter deux coqs domestiques préparés De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le combat de coqs est un type de combat d’animaux qui consiste à faire s'affronter deux coqs domestiques préparés aux combats sur une aire circulaire prévue à cet effet (appelée gallodrome dans le Nord de la France, gallodrome ou « pitt » aux Antilles et « rond » à la Réunion). Cette pratique ancienne est controversée en raison des souffrances et parfois des morts qu'elle entraîne, tant et si bien qu'elle est interdite dans de nombreux pays. Cette tradition reste néanmoins populaire dans différentes régions du globe (Asie du Sud-Est, Amérique Centrale et du Sud)[1].
Le combat de coqs est aussi vieux que la domestication du coq sauvage. Le coq sauvage Gallus gallus aurait été domestiqué en Asie pour ses qualités belliqueuses. Cela date de la sédentarisation des premiers agriculteurs dans ces régions. De l'Asie, la pratique s'est répandue en Europe grâce aux Phéniciens, aux Grecs et aux Romains[3]. Il eut beaucoup de succès en Grande-Bretagne, en Irlande, en Espagne, dans les Flandres. Il fut tellement populaire en Angleterre, notamment dans l'aristocratie, que Cromwell décida de l'interdire pour éviter les rassemblements des royalistes autour des « pits », arènes[3].
De l'Europe, il fut exporté aux États-Unis par les Anglais et Irlandais, au Brésil par les Portugais et dans le reste de l'Amérique latine par les Espagnols[4].
Aux États-Unis, il fut pratiqué par les premiers présidents et fut tellement populaire que l'aigle américain fut préféré de justesse au coq de combat comme symbole national[5]. Certains lui reprochaient de rappeler le colonisateur anglais puisque bon nombre de souches de coqs de combat provenaient d'Angleterre[5].
L'Afrique l'a moins connu, mis à part Madagascar où il fut amené 700 ans auparavant par les migrants venus d'Asie, puis par les commerçants arabes[6].
En Asie, il reste très pratiqué[7].
En France, la loi ne l'autorise que dans les localités où la tradition est ininterrompue, c'est-à-dire dans une vingtaine de gallodromes des départements du Nord et du Pas-de-Calais, et dans ceux de la Guadeloupe de la Martinique et de la Réunion (gallodromes appelés « pitt » dans les Antilles ou « rond » à la Réunion)[8].
La domestication du coq sauvage (Gallus gallus) est apparue dès que l'espèce humaine s'est sédentarisé en Asie. Cette domestication des volailles lui fournit des œufs et de la viande. Mais surtout cela lui permit de s'identifier à cet animal qui lui ressemblait tellement[9]. Comme lui, il est bipède[9]. Il a un dimorphisme sexuel bien marqué[9]. En Inde, « les ethnographes soulignent le rapport d'intimité constant entre le coq et le coqueuleur, parfois comparé à une sorte de fusion identitaire entre l'animal et le mâle humain[10] ».
Il apprécie les céréales tout en étant omnivore. Il défend sa famille contre les prédateurs. Et finalement, il combat avec les semblables de son sexe pour s'approprier un territoire et une ou des femelles. En organisant des combats de coqs, les premiers agriculteurs trouvaient un moyen de réguler les conflits entre eux par l'intermédiaire de leurs coqs[11].
L'agriculture avait permis à l'espèce humaine d'avoir une abondance de nourriture mais aussi lui imposait de vivre nombreux sur un espace réduit. Les conflits virils à l'intérieur de la communauté pouvaient présenter un danger. Il fallait orienter, sublimer cette agressivité sans qu'elle nuise à la communauté. Les hommes d'une communauté ne pouvaient s’entre-tuer. Une solution était un sport ritualisé, telle que la lutte[11], une autre solution est le combat de coqs qui permet aux propriétaires de s'affronter sans risques pour eux, quels que soient leur force physique et/ou leur âge[9].
Dans plusieurs régions du monde, telle Bali, le combat de coq n'est pas tant considéré comme un spectacle que comme un sport à dimension sociale et religieuse[9].
À Bali, les combats de coqs, appelés tetadjen ou sabungan en balinais[12], sont pratiqués depuis extrêmement longtemps. L'anthropologue Clifford Geertz explique dans son ouvrage The Interpretation of Cultures que, chez les Balinais, ce n'est qu'en apparence que les coqs se battent, et que, derrière cela, ce sont les hommes qui s'affrontent[13]. Il y explique notamment la place importante des combats de coqs dans la société balinaise.
La pratique du combat de coqs, devenue marginale en Occident, subsiste dans certains pays d'Asie du Sud-Est, d’Amérique latine. En 2008, 27 pays autorisent ou tolèrent l'organisation de combats de coqs[14]. C'est notamment le cas aux Philippines, en Espagne (seulement en Andalousie et aux Canaries), au Mexique, au Pérou, en Haïti, en République dominicaine, à Cuba, à Madagascar, en Malaisie, au Viêt Nam[15] et en France, où cette pratique est autorisée dans certaines localités des régions où elle perdure traditionnellement[8] : les Hauts-de-France, La Réunion, la Guyane, les Antilles françaises et la Polynésie française.
Elle consiste à mettre, dans une sorte de ring circulaire, deux coqs dont les ergots sont coupés et remplacés par des ergots en corne (plus longs et affûtés) ou en acier[16]. Les deux coqs sont présentés face à face et se battent, des paris sont pris sur le vainqueur[17],[18].
Le combat de coq est une pratique diversifiée. Les règles et le profil des coqs varient d'une région à l'autre. Il existe néanmoins trois grands types de combat de coqs :
Les races de coqs les plus utilisées en Europe sont le combattant du Nord (4 à 6 kg)[20], le combattant anglais ancien (2,2 à 3 kg) et le combattant anglais moderne (3 à 4 kg) [21], plus rarement le chanteur des montagnes ou Alberfeld d'origine allemande[22]. L'Asie offre une grande variété de races de coqs de combats[23].
Les coqs ont une tendance naturelle à se battre. À la fin du XVIIIe siècle, dans son traité d'histoire naturelle, Leclerc de Buffon rapporte plusieurs traditions de combats de coqs et d'autres oiseaux (cailles[24]) fondés sur les combats fréquents, naturels et « terribles » entre les oiseaux polygames pour les faveurs des femelles. Il cite notamment le coq de bruyère[25], la capture par les Indiens de gallinacés sauvages distincts de ceux d'élevages spécialement pour ces combats[26], et la « fureur des combats de coqs[27] » et des paris à Sumatra[28]. Tous se fondent sur l'aptitude naturelle des gallinacés à se battre :
« Les hommes, qui tirent parti de tout, pour leur amusement, ont bien su mettre en œuvre cette antipathie invincible que la Nature a établi entre un coq et un coq ; ils ont cultivé cette haine avec tant d'art que les combats de deux oiseaux de basse-cour sont devenus des spectacles dignes d'intéresser des peuples, même des peuples polis [...] »
— Leclerc de Buffon Du Coq [29]
Malgré un comportement naturel attesté, le travail des éleveurs ou coqueleurs est de sélectionner les souches (ou races) les plus combatives[30], voire de les croiser avec des faisans[31] et d'écarter ceux qui ne sont pas les plus aptes au combat[30]. Les œufs sont sélectionnés en fin d'hiver, et font 55 grammes[30]. Génération après génération, le coqueleur conserve les poussins mâles et 2 à trois femelles de la couvée, de façon à pouvoir forcer l'accouplement entre les meilleurs individus[32].
Les coqs ont un poids allant de 1 kg à 6 kg. Les coqs de combat sont classés en différentes catégories de poids pour les combats[33].
Après éclosion, les poussins mâles sont séparés plus ou moins tôt. Vers 5 mois, les animaux commencent à devenir dangereux et sont séparés de la volière commune. Certaines poules jugées moins robustes sont destinées à l'alimentation, les autres réservées à la ponte. Vers 10 mois, les mâles sont isolés jusqu'à ce qu'ils soient prêts au combat[30]. Chaque jeune coq est isolé et placé dans un enclos séparé. Selon les coutumes locales, le coq sera sans poule, avec une poule ou avec un petit groupe de poules. Leur régime alimentaire est très éloigné de celui des animaux de basse-cour[30].
Quinze jours avant ses premiers combats l'alimentation du coq est changée[30]. Dès lors, pour Marie Cegarra, le soin apporté à l'alimentation de l’animal constitue un point essentiel de son alimentation. Le coq est alors considéré comme un athlète et « mérite de ce fait que lui soit appliquée la diététique du sportif[30] ».
Les coqs de combat sélectionnés sont entraînés pour développer leur combativité et endurance. La préparation physique commence par de la course et des exercices de musculation, et est suivie par des combats d'entraînement avec les ergots protégés pour éviter les blessures. Le premier combat d'entraînement commence en général vers 8 mois; il a pour but de savoir si le sujet est assez combatif pour poursuivre une carrière complète. Le deuxième se fera à 10 mois et puis tous les quinze jours jusqu'au premier combat officiel. La durée de ces combats de préparation augmentera progressivement, passant de 5 minutes à une trentaine de minutes[19],[34].
La tradition des combats de coqs est l'objet de controverses à travers le monde, en raison notamment des mutilations ou de la mort des animaux dont les ergots sont parfois remplacés par une lame ou une pointe en métal[35]. Outre les souffrances infligées aux coqs de combat, les pratiques d'élevage de ces coqs sont régulièrement dénoncées comme contre nature. Ainsi, l'isolement modifie chez l'animal la notion d'espace vital individuel et lui fait perdre ses capacités de communication ritualisée. La violation de cet espace et le changement d'environnement (dimensions réduites du « parc » où il se bat, lumières, bruits de la foule) lors des combats plongent les coqs dans un état de stress. Cela provoque une forte sécrétion de corticostérone qui rend les coqs particulièrement intolérants à leurs congénères. Se sentant menacés, ils attaquent.[réf. nécessaire]
Un coq qui fonce aveuglément sur ses congénères, et même sur sa propre image reflétée dans un miroir, est un coq perturbé. Certes, les coqs domestiques ou sauvages se battent entre eux mais uniquement dans le cadre de rituels sociaux qui ne vont pas jusqu'à la mort d'un des combattants.[réf. nécessaire]
L'utilisation de moyens biochimiques (injection d'hormones mâles, etc.) est aussi dénoncée[36].
La majorité des pays occidentaux condamnent la pratique des combats de coqs.
Les combats de coqs y sont interdits. Les contrevenants sont accusés de sévices inutiles aux animaux[37],[38].
Les combats de coqs sont interdits dans les 50 États (la Louisiane fut le dernier État à l’interdire en août 2008)[39]. Une loi signée en décembre 2018 et qui est entrée en vigueur en décembre 2019, interdit les combats de coqs dans les 5 Territoires des États-Unis habités : Samoa américaines, Îles Mariannes du Nord, Guam, Porto Rico et Îles Vierges des États-Unis[40],[41].
L'article 521-1 du Code pénal[8] interdit les combats de coqs sur l'ensemble du territoire sauf dans les localités où une tradition locale ininterrompue peut être établie (certaines localités des Hauts-de-France, de la Polynésie, de la Guadeloupe, de la Martinique et de la Réunion) comme le retour de combats de coqs, en 2023, à Saint-Martin-lez-Tatinghem dans le département du Pas-de-Calais[43], mais toute nouvelle ouverture de gallodrome y est interdite, ce que confirme en juillet 2015, le Conseil constitutionnel, conformément à l'esprit de la loi de 1964 qui vise la disparition progressive du combat de coqs[44],[45],[46].
Malgré la législation, des combats illégaux de coqs se déroulent régulièrement en France[47],[48].
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