Les classements des vins de Saint-Émilion proposent une hiérarchie des vins de l'appellation saint-émilion-grand-cru, permettant de rajouter sur l'étiquette les mentions «grand cru classé» ou «premier grand cru classé»[1]. Il s'agit d'un classement des crus de saint-émilion-grand-cru et non de ceux de l'appellation saint-émilion qui n'a pas de classement officiel. Différence notable, contrairement au classement de 1855 (classement ne concernant que des vins de la rive gauche de la Garonne), il est révisable tous les dix ans.
Le premier classement a été effectué en 1955, à la suite d'une décision prise en 1954 par le Syndicat viticole des vins de Saint-Émilion[2] (appelé désormais le Conseil des vins de Saint-Émilion)[3]. Depuis sa création, ce classement décennal a été revu six fois: en 1959, 1969, 1986 (les dix ans n'ont pas été respectés), 1996, 2006, et 2012. En septembre 2022, un nouveau classement est rendu public.
À la suite d'un imbroglio judiciaire très dense, qui faisait suite au classement de 2006, le règlement du classement a été modifié, et il se déroule désormais sous l'autorité de l'INAO. C'est sous cette autorité que le classement de 2012 a été établi, qui consacre 82 propriétés, après dix mois de travail la Commission de classement, sous l’égide de l'INAO, du ministère de l’Agriculture et de la direction générale de la Consommation.
En 1955, un total de 75 châteaux ont été classés, dont onze en premiers grands crus et 64 en grands crus[4].
En 2006, un total de 61 châteaux ont été classés, dont quinze premiers grands crus et 46 grands crus[8]; deux montées en premier grand cru classé B, six entrées en grand cru classé.
Le classement de 2006 est devenu un véritable imbroglio judiciaire[9] puisque, tout d'abord suspendu par le tribunal administratif de Bordeaux le [10] avant d'être rétabli par le Conseil d'État en novembre de la même année[11], un recours en annulation déposé par huit propriétés déclassées lors de cette dernière révision du classement[12] a provoqué l'annulation formelle du classement le par le tribunal administratif de Bordeaux[13], annulation qui a conduit le Sénat, une semaine plus tard, à rétablir de fait par un amendement[14] le classement de 1996 en autorisant les exploitations en ayant bénéficié de 1996 à 2006 à en utiliser la mention sur les étiquettes des millésimes allant de 2006 à 2009[15].
L'annulation prononcée par le tribunal administratif de Bordeaux a été ensuite confirmée par la cour administrative d'appel de Bordeaux le 12 mars 2009[16] puis par le Conseil d'État le 23 décembre 2011[17].
Toutefois, après deux tentatives mises en échec par le Conseil constitutionnel en décembre 2008 et février 2009, le Parlement, par une loi du , a complété l'initiative prise par le Sénat en 2008, en étendant la durée de vie du classement de 1996 jusqu'en 2011 et en autorisant l'utilisation des mentions «grand cru classé» (châteaux Bellefont-Belcier, Destieux, Fleur Cardinale, Grand Corbin, Grand Corbin-Despagne et Monbousquet) et «premier grand cru classé» (châteaux Pavie-Macquin et Troplong-Mondot) pour les huit propriétés promues par le classement annulé de 2006 et non comprises dans le classement de 1996 remis en vigueur[18].
À la suite de ces incidents, une nouvelle procédure de classement avait été mise en place pour la récolte de 2012[19], plaçant l'ensemble de la procédure sous l'autorité de l'INAO. Ce nouveau classement a été rendu public le par l'INAO[20] et est entré en vigueur en novembre de la même année au moment de sa publication au Journal officiel[21]. En 2013, le classement établi en 2012 fait l'objet de plusieurs demandes d'annulation, en raison d'erreurs et de non-respect de la réglementation. La même année, trois viticulteurs déchus de ce classement portent plainte contre X pour prise illégale d'intérêts, considérant que les lauréats de ce classement sont juges et partie car participant à la désignation des membres et du président de la commission de classement, Hubert de Boüard, propriétaire du Château Angélus[22].
En 2012, 82 châteaux ont été classés, dont 18 premiers grands crus classés et 64 grands crus classés, avec deux montées en premier grand cru classé A, quatre entrées en premier grand cru classé B et neuf entrées en grand cru classé[23]. Ce dernier classement a été proposé provisoirement par l'INAO en date du et a fait l'objet d'une validation définitive et est entré en vigueur au moment de sa publication au Journal officiel[21].
Premiers grands crus classés A
On appelle couramment les premiers grand crus classés A les vins qui sont, dans le classement officiel, situés dans la partie premiers grands crus classés et qui ont reçu la «distinction A»[21].
On appelle couramment les «premiers grand crus classés B» les vins qui sont, dans le classement officiel, situés dans la partie premiers grands crus classés et qui n'ayant pas reçu la «distinction A» sont considérés comme B (même si aucune distinction B n'existe officiellement).
Château Tertre Daugay, renommé en 2011 en château Quintus
Château la Tour Figeac
Château Villemaurine
Château Yon Figeac
Clos des Jacobins
Clos la Madeleine
Clos de l'Oratoire
Clos Saint-Martin
Couvent des Jacobins
Le , l'INAO publie la liste des 85 châteaux classés, dont 14 premiers grands crus et 71 grands crus[24]; ce classement est valable pour les récoltes 2022 à 2031 incluses[25].
Le règlement du classement a été publié par l'arrêté du ; pour candidater au classement de l'appellation saint-émilion-grand-cru, un total de 144 propriétaires ont déposé un dossier auprès de l'INAO de mars à juin 2021[26]. En juin 2021, les propriétaires de Château Ausone et de Château Cheval Blanc annoncent dans un communiqué qu'ils ne candidatent pas, critiquant les critères d'évaluation fixés par la commission de classement. Le , le Château Angélus se retire de la procédure, puis en juin 2022 le Château La Gaffelière fait de même[27].
Trois propriétaires ont attaqué l'INAO en justice pour avoir rejeté leur candidature: Château Croix de Labrie, Château Tour Saint-Christophe et Château Rocheyron. Si les deux premiers ont gagné leur procédure auprès du tribunal administratif de Bordeaux en décembre 2021, le troisième a été débouté en février 2022[28].
Béatrice Massenet et Emmanuelle Ponsan-Dantin (photogr.Guillaume de Laubier), L'esprit des vins: crus classés de Saint-Émilion, Paris, La Martinière, , 255p. (ISBN978-2-7324-4035-4).
Éric Bernardin (ill.Pierre Le Hong), Crus classés de Saint-Émilion, Bordeaux, Sud Ouest, , 205p. (ISBN978-2-8177-0308-4).