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île du Finistère, France De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le château du Taureau est situé sur la commune de Plouezoc'h, en baie de Morlaix dans le Finistère. C'est un fort construit, entre 1690 et 1745, sur un îlot rocheux en pleine mer. Peu importe le coefficient de marées, il n’est jamais accessible à pied. Il est ouvert au public depuis juin 2006 et accueille chaque année plus de 20 000 visiteurs. Il a été classé monument historique par arrêté du [1].
Type |
Fort en mer |
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Destination actuelle |
Lieu de visite |
Architecte |
Vauban - Garangeau - Frézier |
Construction |
Construction du premier fort XVIe siècle - Restauration et agrandissement aux XVIIe et XVIIIe siècles |
Ouverture | Juin 2006. Ouvert au public chaque année d'avril à septembre au gré des marées. |
Hauteur |
14 m de haut x 61m de long x 21m de large |
Propriétaire |
Propriété de l'Etat. Gestion par la CCIMBO Morlaix via une délégation de service public |
Gestionnaire | |
Patrimonialité |
Pays |
France |
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Subdivision administrative | |
Commune | |
Adresse | |
Emplacement | |
Baigné par |
Coordonnées |
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En 1520, à la suite de l'échec de la rencontre du Camp du Drap d'Or, les relations entre les royaumes de France et d'Angleterre se dégradent et débouchent sur un rapprochement de cette dernière avec l'Espagne de Charles Quint. Ainsi, en 1522, une flotte anglaise attaque Cherbourg puis se dirige vers Morlaix où elle arrive début juillet. Le jour de l'attaque est choisi en fonction de la foire de Guingamp. Ainsi, tous les notables et surtout les soldats sont absents, laissant la ville sans défense. Une flotte de 60 navires s'approche de la côte et débarque plusieurs centaines d'hommes déguisés en marchands pour ne pas éveiller la curiosité. La nuit venue, ils se dirigent vers la ville où ils ne rencontrent aucune résistance. Dans le même temps, les navires remontent la rivière afin de débarquer directement des hommes dans la ville. Toutefois, ils sont bloqués par des arbres abattus dans le lit de la rivière. Ayant pris la ville, les Anglais se livrent au pillage, incendient les maisons et massacrent les habitants qui n'ont pu fuir. Le lendemain, prévenus par les habitants en fuite, les soldats de Guy XVI de Laval arrivent sur les lieux afin d'en chasser l'ennemi. Ce dernier, ayant découvert des victuailles et de nombreux fûts de vins, avait fêté la victoire toute la nuit et dormait, la plupart des soldats étant enivrés. Les Français massacrent tous les Anglais qu'ils trouvent, ces derniers offrant peu de résistance du fait des libations de la nuit précédente[2].
À la suite de cet évènement, il est décidé de construire un fort en baie de Morlaix. Toutefois, pour construire ce type de bâtiment sur la côte, il faut une autorisation du roi accordée par François Ier sur intervention du duc d'Étampes en 1542. Mais aucun financement royal n'est prévu. Le fort doit être construit sur les deniers des Morlaisiens qui seront remboursés plus tard, lorsque les finances du royaume le permettront. À titre de compensation, le Roi leur octroie le privilège de nommer le gouverneur du fort ainsi que sa garnison tout en assurant son équipement et son traitement[3]. Ce privilège se révèle fort coûteux, ainsi, en 1620, le budget alloué à la gestion du fort est de 18 000 livres[4].
Le choix de l'emplacement se porte sur un îlot rocheux, dépendant du village de Plouezoc'h, nommé « Taureau » qui contrôle l'accès à la ville et oblige les navires à emprunter la seule passe possible, à l'ouest, à portée de canon.
Les bourgeois de la ville entreprennent la construction de la forteresse. Elle se compose d'une tour d'artillerie - la Tour Française peut-être due à l'architecte de la Renaissance Philibert de l'Orme, et de canonnières situées au ras de l'eau et d'une enceinte haute de 6,5 mètres[5].
En 1544 est nommé son premier commandant, Jean de Kermellec qui dispose d'une garnison forte de 23 soldats, un trompette, un canonnier ainsi qu'un aumônier ; à partir de 1564 les Morlaisiens prirent l'habitude de nommer gouverneur pour un an le syndic de la ville sortant de charge : par exemple en 1576, Maurice Balavenne[Note 1] est nommé gouverneur du château du Taureau. Pendant les guerres de religion, en 1590, le rocher de Primel fut fortifié par Guillaume du Plessis, seigneur de Kerangoff[Note 2] (gouverneur de 1594 à 1604), qui possédait aussi le château du Taureau, ce qui lui permettait de bloquer à son profit la rade de Morlaix et de rançonner ou piller les bateaux, amis comme ennemis[6]. Cependant, ce premier fort avait été construit dans la précipitation et les assauts répétés de la mer détruisent la Tour Française en 1609. Cette dernière est reconstruite en 1614[7].
Dans son projet du , Vauban décrit le fort primitif comme « extraordinairement petit, bas, peu contenant, et très mal assorti ». La découverte d'un soubassement de colonne en granit et du dallage en schiste du logement du gouverneur lors d'un sondage archéologique entrepris en 2001 pendant les travaux de restauration a permis de déterminer le niveau de la cour du fort primitif à environ cinquante centimètres de profondeur[8].
Le la ville de Morlaix est informée que le roi Louis XIV, en raison du mauvais état des finances de la ville et de la négligence des officiers du Taureau dans la répression de la contrebande[9], reprend le fort aux Morlaisiens et l'intègre dans le système de défense du royaume[10].
Vauban, ingénieur-architecte visite le château en [8] et le trouve en fort mauvais état. Dans un rapport daté du , Vauban fait une description du fort primitif avant de donner son projet pour la reconstruction ; c'est ce projet général et ces idées qui seront utilisés jusqu'à l'achèvement du château en 1745. « Faire tout de pierre de taille. Choisir ces pierres des meilleures de l'Isle Calot qui tiennent bien leur arête, les tailler très proprement sur les faces » ordonne Vauban en 1689. La tour Française, même si elle est en bon état au niveau de sa maçonnerie, fait l'objet des bons soins de l'ingénieur. La tour d'artillerie devant assurer la défense du fort pendant sa reconstruction. Vauban propose de changer les deux planchers et leurs corbeaux de pierres de taille pour les ancrer dans le vieux mur, de réparer toutes les embrasures de la tour et de les doter de sabords.
Du reste de l'édifice, il veut construire un nouveau fort de « bonne et solide maçonnerie à chaux et sable ». Son profil « doit être fort et robuste, tant à raison des coups de mer dont il sera terriblement battu que de la grande hauteur qu'il est nécessaire de lui donner tant pour le rendre inaccessible aux entreprises de basse mer, que pour lui donner fleuron supérieur à celle de tous les vaisseaux qui passeront près ». La tour Française dominera l'ensemble du nouveau fort. Les quatre casemates à canons de l'ancien fort seront « déménagées », une nouvelle batterie basse voûtée de « pierres ardoisines » remplacera l'ancienne. Les basses embrasures sont destinées, selon les propres termes de Vauban, « contre le dehors à tenir du mousquet ».
Les travaux du nouveau fort du Taureau approuvés par Vauban commencent au printemps 1689[8].
Ce sont les ingénieurs Garangeau et Frézier qui mènent la reconstruction à son terme.
Garangeau meurt en 1741 à l'âge de quatre-vingt-quatorze ans, avant d'avoir pu terminer le château du Taureau – la dernière phase des travaux commence en 1741 et s'achève en 1745. La réalisation des plans d'achèvement du fort est donc confiée à Frézier, ingénieur architecte du Roi qui collabore déjà, depuis 1717, au chantier. Le château fut totalement achevé en 1745. Si économie et fonctionnalité semblèrent toujours guider l'évolution des travaux, en réalité il y eut toujours décalage entre les divers besoins et les possibilités réelles de l'édifice : le fort est jugé trop exigu !
Forteresse, garnison, octroi, cet édifice fut aussi une bastille à partir de 1720 tout en restant un bâtiment de défense côtière, où étaient emprisonnés des gentilshommes bretons à la demande de leur propre famille. Au XVIIIe siècle, un certain Tapin de Cuillé, écrivain fourbe et menteur, y passera 20 ans, sur simple lettre de cachet. En raison de sa structure, seul un maximum de 10 prisonniers pouvaient y être enfermés[15]. La Chalotais y fut enfermé en 1765, et les députés crêtois (Duquesnoy, Romme, Goujon, Soubrany et Bourbotte) en 1795[16].
En 1902, Prosper Hémon publie une brochure sur Sébastien du Trévou[17], un lieutenant de vaisseau, commandant de la corvette Le Papillon en 1787 et 1788. Les démêlés du comte du Trévou avec son équipage le firent enfermer au château de Taureau[18] d’où il voulut s’évader. Son corps fut retrouvé fracassé sur les rochers de Plougasnou[19],[20].
Les derniers députés crêtois (montagnards) y sont enfermés en 1795[21].
Pendant trois siècles, le château du Taureau est un acteur de l'histoire de Bretagne et de France à l'instar du château d'If (rade de Marseille), de Saint-Malo, la cité-corsaire et de l'arsenal de Brest.
Le fort du Taureau continue à l'occasion à servir de prison : des communards, tel Louis Auguste Blanqui, y sont relégués. Il est enfermé au fort du Taureau le à la veille du début de la Commune. Blanqui occupe une pièce voûtée appelée « salle de discipline ». C'est là qu'il rédige L'Éternité par les astres, un essai philosophique sur l'univers et la condition humaine.
Les progrès de l'artillerie rendent obsolètes de nombreuses fortifications. Désormais, c'est sous le roc que les hommes se protègent en attendant l'usage du béton armé. Le fort du Taureau cesse de remplir son rôle militaire en 1878 et est déclassé en 1883. En 1889, le fanal s'éteint définitivement. Au cours de la dernière période de tension politique avec l'Angleterre (affaire de Fachoda), le département de la Marine procède à l'installation de quatre canons à tir rapide sur la terrasse du fort, afin que le château serve de centre de dépôt et de ravitaillement pour les torpilleurs.
En 1544, la première garnison comptait un peu moins de 30 hommes. Ce nombre varia au fil des époques et surtout des besoins. Ainsi, en 1593, il y avait 38 hommes, en 1702, 45. Le point culminant fut atteint en 1811 avec un effectif de 150 soldats. De plus, la garnison était renforcée par la présence de chiens dont le nombre maximum connu était de 6[22].
Concernant les pièces d'artillerie, le maximum fut atteint en 1778 avec 23 pièces. Sous Napoléon Ier, ce nombre est de 14[23].
En 1845, un fanal (de couleur blanche puis rouge)[24] est installé sur la guérite en pierre du nord du fort. Quatre des onze casemates (no 2, 4, 6 et 10) sont armées par des canons de 30 livres modèle 1840 sur affût de fer modifié. La batterie basse est conçue pour tirer vers la passe de 200 mètres de largeur à bout portant… La batterie haute est constituée de neuf obusiers de 22 cm modèle 1827 sur affût de fer. D'un calibre de 221 mm, les obus pèsent un peu moins de 26 kg. Des travaux ont été réalisés pour cette nouvelle artillerie…
L'ancienne cuisine du XVIIIe siècle abrite un poste de télégraphie tandis que le magasin aux vivres du bâtiment devient la cuisine dotée d'un fourneau. Des latrines occupent la casemate no 1.
En 1905, un crâne et quelques ossements humains sont découverts dans les sous-sols du château du Taureau, aucune suite ne sera donnée ; en effet, l'édifice intéresse avant tout par sa situation. L'édifice, toujours propriété de l'État est classé au titre des Monuments Historiques le , c'est l'un des tout premiers forts à être protégé en Bretagne[25].
De 1930 à 1937, le fort est loué à Mélanie Levêque de Vilmorin, veuve du grainetier, qui en fait sa résidence secondaire[26].
Durant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands installent une pièce de défense contre avions sur la terrasse de la tour française[27].
De 1960 à 1982, une école de voile ainsi qu'un centre nautique s'y installent[28].
« Après le départ de l'école de voile en 1980, le château du Taureau est laissé à l'abandon. Le monument historique, livré aux furies de la mer, se dégrade rapidement, à la grande inquiétude de la population, attachée à ce symbole de la baie de Morlaix. Pour sauver le château de la ruine, une première association de promotion en créée en 1988. Elle regroupe les communes de Plouezoc'h, Carantec, Morlaix, Plougasnou, et l'Île de Batz... En 1994, une nouvelle impulsion est donnée au projet par le maire de Plouezoc'h, Romain Guillou, qui favorise la constitution d'une seconde association élargie, regroupant aujourd'hui les communes de Plougasnou, Carantec, Plouezoc'h, Morlaix, l'Île de Batz, Roscoff, Saint-Martin-des-Champs, Henvic et Locquénolé. S'y associent de nouveaux partenaires comme l'État et la Chambre de commerce et d'industrie de Morlaix. L'association "Château du Taureau-Baie de Morlaix" vient de naître[29]. »
Afin de contribuer à la médiatisation du projet et de sensibiliser davantage tous les acteurs de la restauration, une chanson est créée par les poètes et compositeurs Martine et Serge Rives. Un vidéo-clip est également tourné sur les lieux[30],[31].
Le chantier de restauration du château démarre le ; la cale prévue par Vauban en 1689 est réalisée. La restauration du fort maritime s'achève après six ans de travaux. Il retrouve ainsi sa splendeur primitive et la Chambre de commerce et d'industrie de Morlaix, après avoir conduit une importante recherche historique sur le château, a fait le choix d'une orientation muséographique portant sur la vie quotidienne au Taureau au XVIIIe siècle.