Calcio florentin
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Le calcio florentin (appelé calcio in costume, calcio in livrea ou calcio storico fiorentino en italien) est un sport collectif florentin de la Renaissance. Disparu au cours du XVIIIe siècle, il fut relancé à Florence dans les années 1930. Une compétition opposant quatre quartiers de la ville se déroule désormais chaque année à la mi-juin sur la piazza Santa Croce. Inspiré de jeu de balle ancien et de lutte romaine, le calcio florentin voit s'affronter deux équipes de 27 joueurs qui cherchent à marquer le plus de buts à l'adversaire. La quasi-absence de règles fait qu'il est souvent considéré comme le jeu collectif le plus violent au monde[1].
Les sports utilisant des ballons sphériques de taille variable sont très anciens, remontant aux civilisations antiques de la péninsule italienne avant l'Empire romain. En Grèce antique, ils auraient aussi joué à un jeu appelé sferomachia ; on sait que les légionnaires de l’Empire romain jouaient à l'harpastum (« déchirer avec force »). L’harpastum était joué sur des terrains sablonneux avec deux équipes en nombre égal de joueurs et il devait se tenir selon des règles très précises. En raison du caractère agressif et « viril » du jeu, fait de luttes serrées pour la possession du ballon, l’harpastum devint un jeu très aimé des légionnaires, qui le répandirent à tous les coins de l'Empire, dont à Florence, où il se développera davantage et où il est encore pratiqué de nos jours.
Ce n'est qu'au début du Moyen Âge que le calcio fiorentino s'est vraiment répandu dans toute la jeunesse florentine, qui le pratiqua à tous les coins de rue de leur ville. Avec le temps, et surtout pour des raisons d'ordre public, le jeu devint plus organisé. En 1580, Giovanni Bardi en a rédigé le règlement. On commença à y jouer dans les places les plus importantes de la ville. Les joueurs (giocatori ou calcianti) étaient pour la plupart des nobles, dont des futurs papes, âgés de dix-huit à quarante-cinq ans des quartiers de Santo Spirito, Santa Croce, Santa Maria Novella et San Giovanni. Ils portaient des livrées fastueuses, qui sont à l'origine des noms utilisés en italien, calcio in livrea et calcio in costume. Ils s'affrontaient dans des matches de cinquante ou soixante minutes devant une foule bruyante et dans une ambiance musicale, le jeu étant une tradition surtout carnavalesque. Les matches se finissaient généralement par une bagarre générale.
La popularité du jeu se maintient pendant tout le XVIe siècle, mais le siècle suivant sera marqué par un déclin de l'attrait pour le calcio fiorentino. Le dernier match dont on a connaissance se joua en janvier 1739 sur la piazza Santa Croce. Il fallut attendre deux siècles avant que le jeu ne redevienne populaire à Florence.
De nombreux matches sont restés célèbres, soit pour leur contexte historique, soit en raison des faits ayant eu lieu durant leur déroulement, soit à cause de personnalités illustres qui y ont participé.
Le match le plus célèbre est sans doute celui joué le 17 février 1530, lors du siège de Florence[2]. Les Florentins, profitant du pillage de Rome effectué par les forces armées impériales en 1527, chassèrent les Médicis de leur ville et proclamèrent la création de la République florentine. Cela ne plut pas au pape Clément VII, qui demanda une intervention à l'empereur, qui assiégea donc la ville à partir de l'été 1529.
Les Florentins, quoique affaiblis par le manque de nourriture provoqué par le siège de leur ville, ne renoncèrent pas aux festivités de Carnaval ; ils organisèrent un match sur la piazza Santa Croce qui, du fait de sa position, était bien visible par les troupes ennemies, campées sur les collines aux alentours. Pour se moquer davantage d'eux, des musiciens jouèrent sur le toit de l'église Santa Croce, de façon à donner aux soldats une idée plus claire du déroulement du jeu. Un boulet fut tiré par les soldats, mais il rata son but, tombant loin de l'église sans faire de dégâts, sous les huées de la foule.
On ne sait pas qui gagna cette partie, probablement parce qu'elle est restée dans la mémoire collective des Florentins en tant qu'effort collectif contre l'ennemi et non un vrai match. Malgré le courage démontré par les Florentins, la ville fut contrainte de céder face au siège et de se rendre au pouvoir des Médicis.
D'autres matches célèbres :
Si la plupart des matchs se déroulaient de manière anonyme dans les rues florentines, de jeunes représentants mis en avant par les nobles furent méticuleusement préparés ; ainsi de nombreux joueurs illustres ou qui le devinrent peu après disputèrent des matchs :
S'il est vrai qu'il n'y a pas eu de match de calcio florentin pendant deux siècles, le jeu resta dans la mémoire collective des habitants de la ville.
C'est depuis ces dernières années qu'on y rejoue, quoique loin des grandes places et sans le faste médiéval, forgeant ainsi l'esprit moderne du calcio ancien (lo spirito moderno del calcio antico).
Le premier match organisé du XXe siècle se déroula en mai 1930 pour les 400 ans du siège de Florence, sur l'initiative d'Alessandro Pavolini[1], personnalité fasciste de la ville. Pendant cette décennie des matches se jouèrent entre les équipes des quatre quartiers historiques de Florence (it) : les Bianchi (« les blancs ») de Santo Spirito, les Azzurri (« les bleus ») de Santa Croce, les Rossi (« les rouges ») de Santa Maria Novella, et les Verdi (« les verts ») de San Giovanni. Le sport est depuis de plus en plus populaire dans cette ville.
De nos jours, il existe un grand tournoi annuel, le Torneo dei Quattro Quartieri (Tournoi des quatre quartiers), composé de trois grands matches (deux éliminatoires et la finale) se déroulant à partir du 14 juin, la finale se disputant lors de la fête du saint patron de la ville. S'affrontent 54 joueurs en costume médiéval sur la piazza Santa Croce, au centre de la ville, recouverte de sable, devant quelque 6 000 spectateurs payants[1].
Les règles du jeu, comme pour tout jeu aussi ancien, ont beaucoup changé à travers les siècles. En 1580, Giovanni Bardi a rédigé le règlement qui compte 33 chapitres (Capitoli), et constitue encore aujourd'hui la base des règles du jeu moderne. Pour ce travail, il a été défini par l'historien Giulio Dati dans il Licurgo di sì fatta pugna[3].
Le but du jeu est de mettre le plus de buts (caccia)[1].
Les matches durent cinquante minutes et se disputent sur un terrain rectangulaire sablonneux. Une ligne blanche divise le terrain en deux moitiés identiques, des cages sont placées aux deux extrémités, sur toute la largeur du terrain[1] .
Ce sport est un mélange de football, de rugby et de lutte. Deux équipes de vingt-sept joueurs s’affrontent en tentant de mettre le ballon rond dans les filets adverses. Peu importe la manière dont laquelle la balle atterrit dans les cages, presque tous les coups sont permis. Les seules interdictions sont pratiquement les « 2 contre 1[1] » (un joueur ne peut être attaqué que par un seul joueur adverse) et les attaques par derrière (un joueur ne peut en attaquer un autre que frontalement)[1] .
Les vingt-sept joueurs, ou calcianti, se répartissent dans les rôles suivants :
Au centre du terrain se trouvent le capitano (capitaine) et l'alfiere, qui interviennent en cas de bagarre.
Le match est surveillé par le giudice arbitro (arbitre), aidé de ses segnalinee (arbitres de touche) et du giudice commissario, hors terrain. Il y a aussi, en autorité suprême, le maestro di campo, qui surveille le déroulement du jeu et rétablit l'ordre en cas de problème majeur ou tricherie.
Le match commence avec le lancement du ballon sur la ligne centrale de la part du pallaio. Dès ce moment, les joueurs des deux équipes essayeront de prendre possession de la balle et de l'envoyer dans le but de l'équipe adverse, marquant ainsi une caccia (but). Il est important de bien viser le tir, parce que si le ballon rebondit sur un poteau ou vole au-dessus ou d'un côté, un demi-point est donné à l'équipe adverse. À chaque but, les équipes changent de côté de terrain. Le vainqueur sera l'équipe qui aura marqué le plus de buts à la fin des 50 minutes du jeu.
Le prix des vainqueurs est un veau blanc de race chianina, donné au son des hymnes de victoire joués par des musiciens.
N'importe quel espace ouvert peut être utilisé comme terrain de jeu pour les matches improvisés.
Pendant le Moyen Âge, la popularité du jeu était telle qu'on le jouait à tous les coins de rue. Pour garantir la sécurité des habitants de la ville, les nobles fixèrent des lignes de pierres qui interdirent le déroulement du jeu aux lieux où il se jouait le plus souvent.
Les lieux préférés pour le jouer devinrent vite les grandes places de la ville toscane : la piazza Santo Spirito, la piazza Santa Maria Novella, le Prato (le grand pré à côté de la porte homonyme), et la piazza Santa Croce, cette dernière devenant depuis 1530 le terrain le plus prestigieux. Aujourd'hui on y déroule le Torneo dei Quattro Quartieri.
En hiver il se joua aussi sur l'Arno gelé.
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