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français et anglais comme langues officielles du Canada De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le bilinguisme officiel au Canada est à la fois une réalité linguistique et une politique publique fédérale consacrant l'anglais et le français comme langues officielles du Canada. Encadré à l'échelle fédérale par la Loi sur les langues officielles, le bilinguisme d'État vise à placer les deux langues sur un pied d'égalité dans les institutions fédérales.
Le taux de maîtrise des deux langues chez un même individu étant plutôt bas (17,9 % en 2016[1]), le bilinguisme officiel est un moyen pour garantir l'épanouissement des minorités francophones et anglophones dans les régions unilingues du pays. Même si la majorité des provinces et territoires du Canada ont une langue qui prédomine fortement sur une autre, un réel bilinguisme est pratiqué dans la population au sein d'une « ceinture bilingue », à la rencontre du Québec, de prédominance francophone, et des provinces anglophones voisines.
Depuis la Conquête, plusieurs textes ont été adoptés afin de garantir aux francophones le droit d'utiliser le français dans des contextes officiels mais l'anglais est resté largement prépondérant. À la seconde moitié du XXe siècle, une politique de bilinguisme est mise en place. En 1969, la Loi sur les langues officielles[2] fait du français et de l'anglais les deux langues officielles du gouvernement fédéral. Cette disposition est confirmée par la Loi constitutionnelle de 1982 qui déclare « Le français et l'anglais sont les langues officielles du Canada ; ils ont un statut et des droits et privilèges égaux quant à leur usage dans les institutions du Parlement et du gouvernement du Canada[3]. »
Ainsi, la politique de bilinguisme du gouvernement fédéral comprend :
Au niveau provincial, seul le Nouveau-Brunswick est officiellement bilingue en vertu de la Constitution. Le Québec est officiellement unilingue francophone depuis 1974 mais fournit des services en anglais à la minorité anglophone. Le Québec et le Manitoba ont l'obligation constitutionnelle d'adopter leurs lois dans les deux langues. Les sept autres provinces sont anglophones mais ont adopté des mesures pour offrir certains services en français à la minorité francophone[évasif]. C'est notamment le cas de l'Ontario depuis 1989.
Le français et l'anglais sont langues officielles dans les trois territoires. De plus, l'inuktitut est officiel au Nunavut et neuf langues autochtones sont officielles dans les Territoires-du-Nord-Ouest.
Avec chaque année de nombreux nouveaux immigrants, la part de la langue française a diminué au cours de l'histoire. Ainsi, en 1860, 63 % de la population du Canada était francophone, contre 25 % d'anglophones. Les anglophones devinrent majoritaires vers 1895. De nos jours[Quand ?], les francophones constituent environ 23 % de la population.
Le gouvernement du Nouveau-Brunswick subit de nouvelles poursuites devant les tribunaux pour non-respect des droits linguistiques des Francophones. Des chefs de file acadiens estiment que la réforme de l’éducation au niveau des collèges universitaires et des universités au Nouveau-Brunswick porte atteinte à l’intégrité linguistique de l’Université de Moncton, ainsi qu’aux dispositions constitutionnelles relatives à l’éducation au Nouveau-Brunswick.
Le Rapport de la commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, Livre I, Chapitre I, Paragraphes 237 et 238 disent :
« La République sud-africaine n'applique sous aucune forme, pour sa population blanche, le principe de territorialité. Elle a plutôt adopté, conformément à la garantie constitutionnelle, le principe de personnalité : tout citoyen emploie sa propre langue dans ses rapports avec les autorités officielles. À l'école, chaque enfant reçoit l'enseignement dans sa propre langue ; s'il y a trop peu d'élèves pour former une classe, il aura un maître bilingue dont il pourra recevoir des explications dans sa propre langue.
« Le principe de personnalité était nécessaire en Afrique du Sud puisque les deux communautés s'entremêlaient dans tout le pays et qu'elles étaient presque d'égale importance ; de plus, il était applicable grâce au niveau élevé du bilinguisme a l'intérieur et à l'extérieur de la fonction publique. C'est là une situation dont nous ne connaissons pas d'équivalent ailleurs et qui a inspiré une conception originale du régime d'égalité linguistique. »[17]
Selon Statistique Canada, « Entre 2006 et 2011, le nombre de personnes ayant déclaré pouvoir soutenir une conversation dans les deux langues officielles du Canada s'est accru de près de 350 000 personnes, atteignant 5,8 millions. Le taux de bilinguisme est passé de 17,4 % en 2006 à 17,5 % en 2011. »[18]
Le droit d'utiliser les deux langues officielles varie considérablement dans les législatures et cours de justice au Canada au sein des différents gouvernements (fédéral, provinciaux et territoriaux)[19]. Les droits linguistiques au niveau des lois fédérales sont constants à l'échelle du Canada, mais les provinces et territoires possèdent des politiques linguistiques propres.
Trois provinces (le Manitoba, le Nouveau-Brunswick et le Québec) possèdent des garanties constitutionnelles pour le bilinguisme et les droits linguistiques. Trois autres (l'Alberta, l'Ontario et la Saskatchewan) ont des dispositions légales relatives au bilinguisme dans le système juridique, de même que chacun des trois territoires (Territoires du Nord-Ouest, Nunavut et Yukon). Finalement, quatre provinces (la Colombie-Britannique, Terre-Neuve-et-Labrador, la Nouvelle-Écosse et l'Île-du-Prince-Édouard) sont entièrement unilingues anglais.
Juridiction | Langue(s) officielle(s) | Droit d'utiliser le français et l'anglais au parlement | Lois écrites en français et en anglais | Droit d'utiliser le français et l'anglais à la cour | |
---|---|---|---|---|---|
niveau fédéral Canada | Anglais, français | Oui[20],[21],[22] | Oui[20],[23],[24] | Oui[20],[25],[26] | |
Alberta | Anglais | Oui[27] | Non, seulement l'anglais[28] | Oui, mais seulement à l'oral, pas à l'écrit[29] | |
Colombie-Britannique | Aucune (de facto l'anglais) | Non, seulement l'anglais[30] | Non, seulement l'anglais[30] | Non, seulement l'anglais[31] | |
Île-du-Prince-Édouard | Anglais | Non, seulement l'anglais[30] | Non, seulement l'anglais[30],[32] | Non, seulement l'anglais[30] | |
Manitoba | Anglais | Oui[33] | Oui[33] | Oui[33] | |
Nouveau-Brunswick | Anglais, français | Oui[34],[35] | Oui[36],[37] | Oui[38],[39] | |
Nouvelle-Écosse | Anglais | Non, seulement l'anglais[30] | Non, seulement l'anglais[30],[40] | Non, seulement l'anglais[30] | |
Ontario | Anglais | Oui[41] | Oui[42] | Oui[43] | |
Québec | Français | Oui[20] | Oui[20],[44] | Oui[20],[44] | |
Saskatchewan | Anglais | Oui[45] | Oui, mais les lois uniquement en anglais sont permises[46] | Oui[47] | |
Terre-Neuve-et-Labrador | Aucune (de facto l'anglais) | Non, seulement l'anglais[30] | Non, seulement l'anglais[30] | Non, seulement l'anglais[30] | |
Territoires du Nord-Ouest | Anglais, français et 9 langues autochtones | Oui[48] | Oui[49] | Oui[50] | |
Nunavut | Anglais, français, langues inuites | Oui[51] | Oui[52] | Oui[53] | |
Yukon | Anglais, français | Oui[54] | Oui[55] | Oui[56] |
Dans Do you speak English? Les avantages du bilinguisme au Canada, publié par le Conseil canadien sur l’apprentissage, la page 6 dit :
« Même si la plupart des enfants suivent des cours de français ou d’anglais langue seconde à l’école, cela ne signifie pas pour autant qu’ils atteignent un degré de bilinguisme fonctionnel. Par exemple, la Commission sur le français langue seconde du Nouveau-Brunswick a récemment fait savoir que moins de 1 % des élèves inscrits à un programme en français de base en 1994 ont atteint l’objectif provincial minimal en 2007. En outre, moins de 10 % des élèves inscrits à un programme d’immersion en français en 1995 ont atteint l’objectif provincial en 2007. »[57]
Il arrive que les chefs des partis fédéraux maîtrisent mal les deux langues officielles[58].
Le rapport de la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, Livre I, Introduction générale, paragraphe 29, mentionne qu'il est difficiel d'imposer aux citoyens de parler deux langues, s'ils sont unilingues :
« Un pays bilingue n'est pas un pays dont tous les habitants doivent nécessairement parler deux langues ; c'est un pays dont les principales institutions, tant publiques que privées, doivent dispenser leurs services dans les deux langues, à des citoyens qui peuvent fort bien, dans l'immense majorité, être des unilingues. »[59].
Page 40 de L’amélioration de l’enseignement de l’anglais, langue seconde, au primaire : un équilibre à trouver, publié par le Conseil supérieur de l’éducation du Québec en août 2014, dit :
« La difficulté de recruter des enseignantes et des enseignants qui adhèrent à la pédagogie préconisée par le programme est amplifiée dans certaines régions par le manque d’enseignants qualifiés en langue seconde. Les auteurs se demandent également si tous ceux qui enseignent dans des programmes intensifs reçoivent la formation appropriée. Dans des projets pilotes évalués, les enseignants qui s’étaient engagés dans le programme d’enseignement intensif du français, langue seconde, adhéraient au modèle proposé, avaient reçu une formation précise et bénéficiaient d’un soutien pédagogique particulier (Germain et Netten, 2009)[60]. »
Sur la page 36 du rapport du comité permanent des langues officielles de la Chambre des Communes du Canada, intitulé Les programmes d’enseignement du français langue seconde au Canada : état des lieux, et publié par la Chambre des Communes du Canada en 2014, on lit le texte suivant de 2012 par le Comité du Peel District School Board :
« Le comité a découvert que même si les directeurs peinent à embaucher des professeurs qualifiés pour enseigner dans un programme d'immersion française, les qualifications ne suffisent pas à elles seules à assurer la qualité du programme.
Le comité d'examen a entendu dire à maintes reprises, de la part de divers intervenants, qu’il arrive que certains enseignants, même s’ils possèdent les qualifications requises sur papier, ne parlent pas couramment français. En outre, le comité a appris que des enseignants qualifiés et maîtrisant bien la langue française décident parfois d’abandonner le programme d'immersion en français pour enseigner dans le programme d’anglais. Il a entendu dire que même s'il est très ardu pour les directeurs de trouver des professeurs pour enseigner dans le programme d'immersion en français aux termes d’un contrat de durée indéterminée, il est encore plus difficile d'y parvenir pour les affectations occasionnelles à long terme[61]. »
Jean Delisle dit dans " Cinquante ans d’interprétation parlementaire " : « L’interprétation est un bon baromètre de l’activité gouvernementale. Dans les années 1960, décennie que l’interprète Ronald Després considère comme l’« âge d’or de l’interprétation simultanée », les semaines de 80 heures n’étaient pas rares. Marguerite Ouimet a confié qu’elle passait plus de temps en cabine que chez elle, comme beaucoup de ses collègues d’ailleurs. À partir du milieu des années 1970, le technicien Jean-Pierre Dulude, dont l’exceptionnelle compétence faisait l’unanimité dans le milieu, a supervisé l’installation d’une soixantaine de cabines d’interprétation sur la colline du Parlement, dans les ministères et dans des édifices fédéraux un peu partout au pays. Il veillait scrupuleusement à ce que ces cabines respectent en tous points les exigences des normes nationales. »[62]
Le même article continue :
« Sans les interprètes, la Chambre ne peut pas siéger. D’ailleurs, il est arrivé que les travaux aient dû être ajournés en raison de difficultés techniques. »
Un rapport du Groupe de travail consultatif sur les services de traduction parlementaire du Comité permanent de la régie interne, des budgets et de l'administration révéla le 15 mars 2018 :
« De nombreux répondants ont signalé que les incohérences et le contrôle de la qualité constituent les principaux problèmes des services de traduction. La qualité du service varie grandement d'un traducteur à l'autre et les traductions comportent souvent des erreurs même quand on demande une seconde révision. Certains répondants ont indiqué que les versions anglaise et française des rapports de comités n'expriment souvent pas la même chose et que dans certains cas la traduction est tout simplement erronée. Réviser les documents pour garantir que la traduction est exacte demande beaucoup de temps de la part des sénateurs et du personnel. D'autres répondants ont raconté que de longs textes traduits par plus d'une personne sont souvent incohérents et difficile à lire car un même style n'a pas été maintenu. Les recommandations formulées portent sur la nécessite d’embaucher des traducteurs spécialisés pour faciliter la traduction des rapports de comités sur des questions techniques, le besoin de réviser adéquatement les traductions avant de les livrer et la nécessité de mettre en place un mécanisme de rétroaction pour aviser le Bureau de la traduction quand des erreurs sont décelées.
« Des problèmes ont aussi été soulevés au sujet de la qualité de l'interprétation. Des sénateurs disent avoir entendu des traductions littérales qui ne transmettaient pas le sens véritable des propos prononcés. D'autres répondants ont indiqué que des expressions régionales n'avaient pas été bien rendues. Plusieurs répondants ont demandé s'il serait possible que les mêmes interprètes couvrent les délibérations du Senat et de comités donnés pour assurer la continuité. On a également parlé de la nécessité de moderniser l'équipement technologique du Senat, car les appareils dans certaines salles de comités ne fonctionnent pas correctement. Des greffiers de comités ont signalé qu'il pourrait y avoir des gains d'efficience s'ils disposaient d'une façon plus moderne d'envoyer des documents aux interprètes. »
Selon un rapportage de SRC du 17 février 2017 intitulé Des problèmes d’ouïe préoccupants chez des interprètes du fédéral :
« Radio-Canada a appris que le quart des interprètes du Bureau de la traduction ont connu des problèmes de santé pouvant aller jusqu'à une perte d'audition. Les appareils d'interprétation utilisés au Parlement ainsi qu'au sein des ministères fédéraux contrôlent mal le son, au point de causer des chocs acoustiques et des acouphènes. »[63]
Selon le rapport Official Language Policies of the Canadian Provinces: Costs and Benefits in 2006, publié par l'Institut Fraser en 2012, les gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux ont dépensé à peu près 2,4 milliards de dollars canadien en 2006 pour remplir les obligations de la charte canadienne des droits et libertés envers les minorités linguistiques officielles anglaises au Québec et françaises dans les autres provinces[64].
Dans Do you speak English? Les avantages du bilinguisme au Canada, publié par le Conseil canadien sur l’apprentissage, la page 4 dit :
« L’avantage du bilinguisme semble s’étendre également au revenu personnel. Selon le recensement de 2001, le revenu médian des personnes parlant les deux langues officielles (24 974 $) était de près de 10 % supérieur à celui des unilingues anglophones (22 987 $) et de 40 % supérieur à celui des unilingues francophones (17 659 $). Des écarts semblables ont également été constatés concernant, entre autres, le niveau d’instruction et l’expérience de travail. »[57]
Les dispositions linguistiques de la Charte canadienne des droits et libertés, de la Loi sur les langues officielles, de la Loi sur l’emballage et l’étiquetage des produits de consommation[65], de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés[66] et d’autres lois exigent une plus grande demande d’anglophones et de francophones qu’un marché linguistique plus libre exigerait. Ceci, combiné avec l’anglais et le français étant plus difficiles à apprendre que certaines langues en raison de leurs particularités orthographiques (spécialement pour les sourds, dyslexiques et sourds-dyslexiques), grammaticales et lexicales, accentue l’écart de richesse entre les communautés linguistiques officielles et officieuses sourdes, autochtones et autres en limitant l’offre du marché et en bloquant l’accès aux emplois au sein du Gouvernement du Canada et dans toute industrie sous réglementation fédérale allant des industries de l’emballage et de l’étiquetage jusqu’aux nominations à la Cour suprême du Canada pour les communautés linguistiques non officielles. Perry Bellegarde et Romeo Saganash ont abordé cette préoccupation en ce qui concerne les peuples autochtones[67]. La Loi sur l'équité en matière d'emploi[68] tente d’aborder ce symptôme.
Dans un article d’Hélène Buzzetti paru dans Le Devoir du 9 novembre 2017, Romeo Saganash dit : « Le bilinguisme dans la conception de la fonction publique exclut le fait que tu parles anglais et mohawk. Ce n’est pas considéré comme du bilinguisme. C’est ça, mon problème. C’est juste anglais et français. Si le fonctionnaire au ministère du Transport parle l’anglais et le cri et un peu d’innu […], pourquoi on l’exclut de cette possibilité d’avoir un salaire plus élevé alors que la personne qui parle anglais et français a un salaire plus élevé que les autres ? »[69]
Le mandat de la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le multiculturalisme était de « faire enquête et rapport sur l’état présent du bilinguisme et du biculturalisme, et de recommander les mesures à prendre pour que la Confédération canadienne se développe d’après le principe de l’égalité entre les deux peuples qui l’ont fondée, compte tenu de l’apport des autres groupes ethniques à l’enrichissement culturel du Canada, ainsi que les mesures à prendre pour sauvegarder cet apport. » [70]
Ce même rapport clarifie le statut des peuples autochtones du Canada relatif aux « deux peuples fondateurs » dans son Livre I, Introduction générale, paragraphe 21 : « Signalons dès à présent que la Commission n'étudiera pas la question des Indiens et des Esquimaux. De fait, son mandat ne contient aucune référence aux populations indigènes du Canada. S'il fait état de deux peuples fondateurs, c'est-à-dire les Canadiens d'origines britannique et française qui ont fondé la Confédération, et des autres groupes ethniques, il ne mentionne ni les Esquimaux ni les Indiens. Ceux-ci ne sont pas visés par la partie du mandat qui porte sur les peuples fondateurs. Il aurait donc fallu les inclure dans les autres groupes ethniques. Or il est évident que l'expression « autres groupes ethniques » désigne les hommes de diverses origines qui sont arrivés au Canada pendant ou après la fondation de l’État canadien actuel, et qu'elle ne rejoint pas les premiers occupants de notre pays. »[71]
Le Chapitre I, paragraphe 19 dit :
« Néanmoins, comme nous l'avons déjà souligné, il existe bel et bien une culture britannique et une culture française. Bien sur, on ne constate pas entre elles de différences aussi grandes que si on les comparait à l'une des nombreuses civilisations d'Asie ou d’Afrique. Au Canada, les anglophones et les francophones ont sensiblement les mêmes coutumes, pour ce qui est du vêtement, des maisons et des outils. Ils se ressemblent beaucoup par leur comportement en société; les deux groupes professent des religions communes et participent au même patrimoine de connaissances. Ils ont aussi en commun, à des degrés divers, le mode de vie nord-américain. En revanche, les cultures anglaise et française se distinguent par nombre d'aspects importants, dont les modes de vie et de pensée. »[71]Le Livre II, Chapitre V.E.1, paragraphe 325 indique que la politique du gouvernement relatif aux peuples autochtones était d’« intégrer aussi complètement que possible ces élèves aux systèmes provinciaux existants. » [72]
Ghislain Picard entre autres considère la notion de « deux peuples fondateurs » comme un discours « dépassé »[73].
Réagissant à la sélection de Mary Simon comme la prochaine gouverneure générale bilingue en anglais et en inuktitut en juillet 2021, Stéphanie Chouinard, politologue au Collège militaire royal du Canada, dit que le gouvernement Trudeau a mis les organismes et les communautés francophones dans une « situation impossible » :
« Actuellement au Canada, évidemment personne ne veut être contre la réconciliation. Les communautés francophones en tant que minorité comprennent probablement plus que la majorité, au Canada, l’importance d’une plus grande reconnaissance des communautés et des langues autochtones au pays, » souligne-t-elle. « Mais ça ne veut pas dire pour autant que les luttes durement gagnées, comme celle de reconnaître la nécessité d’avoir des représentants du gouvernement canadien qui sont "bilingues" disparaissent du jour au lendemain. »[74]
Les Canadiens anglais et français du Nord-Ouest Pacifique ont parfois utilisé le chinook (également appelé Chinuk Wawa) pour interagir non seulement avec les populations autochtones, mais encore entre eux jusqu'à au moins 1900, après quoi la grippe de 1918, la Première Guerre mondiale et les pensionnats autochtones. Certains Canadiens anglais et français se sont tournés vers l'espéranto depuis au moins 1901 au Québec lorsque A. P. Beauchemin a fondé le groupe d'espéranto La Lumo (publié de 1902 à 1904 et lu par 1 710 lecteurs).
L'espéranto et le chinook (peut-être alimenté en partie par le faible taux de réussite dans l'enseignement des langues secondes officielles dans les écoles publiques du Canada, la croyance croissante en la nécessité de la réconciliation avec les communautés officieuses sourdes, autochtones et autres, la facilité d'apprentissage comparative de ces langues et le déclin relatif de l'anglais dans une économie mondiale de plus en plus internationale) ont connu une renaissance depuis les années 2000, entraînant la publication d'un livre d'auto-apprentissage pour le chinuk en espéranto en 2018[82].
Les gens ont utilisé l'application mobile Amikumu pour se créer des réseaux en espéranto depuis le 22 avril 2017 et dans d'autres langues depuis le LangFest à Montréal le 25 août 2017. Depuis, elle s'est répandue dans 130 pays parlant 525 langues[83].
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