épisode de l'insurrection djihadiste au Burkina Faso De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L’attaque d'Inata est un épisode de l'insurrection djihadiste au Burkina Faso survenu le à Inata, dans l'ouest de la province du Soum. Elle a fait plusieurs dizaines de morts parmi les membres de la gendarmerie burkinabè.
Date | |
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Lieu | Inata |
Issue | Victoire des djihadistes |
Burkina Faso | Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans Ansarul Islam |
100 à 150 hommes[1] | 300 hommes[2] |
53 morts[3] 20 disparus[4] |
Inconnues |
Insurrection djihadiste au Burkina Faso
Batailles
Coordonnées | 14° 09′ 57,9″ nord, 1° 39′ 20,5″ ouest |
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En novembre 2021, Inata, dans la province du Soum, au nord du Burkina Faso, est la seule position encore tenue par le gouvernement burkinabé dans la région de Djibo[6]. Elle se situe alors dans la zone d'action du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), affilié à al-Qaïda, qui en avait chassé l'État islamique dans le Grand Sahara auparavant[6]. La région est tellement dangereuse que la garnison de Djibo refuse de relever les hommes d'Inata, sauf par hélicoptère[6].
Selon le journaliste Wassim Nasr, les conditions de vie des gendarmes à Inata sont déplorables[6]. La base militaire est assiégée par les djihadistes qui ciblent son ravitaillement, à tel point que les gendarmes n'ont plus de réserves de nourriture et sont contraints de chasser pour se nourrir[6].
Le 12 novembre, le commandant de la garnison alerte l'état-major : il déclare que « depuis deux semaines, le détachement s’alimente grâce à l’abattage des animaux » et réclame l'autorisation de quitter la position[7]. Les gendarmes censés prendre leur relève refusent quant à eux de monter au front sans un appui aérien et blindé, ce que le commandement militaire ne leur accorde pas[7].
RFI indique que selon des sources locales, le poste d'Inata est défendu par 100 à 150 gendarmes[1]. L'AFP évoque pour sa part environ 150 hommes[5] et Le Monde 120[4]. L'attaque est menée par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans[6],[8], ainsi que par des combattants d'Ansarul Islam, d'après des sources sécuritaires du journal Le Monde[7],[4].
Du côté des djihadistes, l'AFP fait état dans un premier temps, d'après une source sécuritaire, d'« un important nombre d'individus armés » circulant « à bord de plusieurs pick-up et motocyclettes »[5]. Quelques jours après l'attaque, elle évoque plus de 300 combattants à bord de pick-up et de motos, d'après plusieurs sources militaires[2].
Le , vers 05 heures 30, les djihadistes lancent l'attaque contre le détachement de la gendarmerie d'Inata, situé près d'une ancienne mine[9],[10],[6]. Les combats sont intenses, mais les gendarmes sont rapidement submergés par les assaillants[11]. Plusieurs d'entre-eux sont abattus en essayant de fuir[4],[12]. Les djihadistes incendient ensuite les bâtiments du camp, puis battent en retraite[4].
Le premier bilan, donné le lendemain de l'attaque, fait état d'au moins 20 morts, mais celui-ci est ensuite revu à la hausse à plusieurs reprises par le gouvernement burkinabé[10].
Le 17 novembre, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Ousséni Tamboura, déclare lors d'un conseil des ministres que le bilan de l'attaque est de 49 gendarmes et 4 civils tués, et que 46 gendarmes ont été retrouvés vivants[5],[13]. Le 22 novembre, le bilan du ministère de la Communication passe à 57 morts, dont 53 gendarmes[3]. Selon Le Monde, 20 militaires sont toujours portés disparus à la date du 8 décembre[4]. Il s'agit alors de l'attaque la plus meurtrière des forces de défense et de sécurité burkinabées depuis le début de l'insurrection djihadiste en 2015[7].
Une vidéo non officielle est diffusée par une unité se réclamant du GSIM : plusieurs dizaines de djihadistes sont vus en train de prendre part à l'attaque de la base militaire avec des mitrailleuses lourdes 14,5x2 imbriquées sur des pick-up[8].
Les djihadistes revendiquent la mort d'une soixantaine de gendarmes et la prise d'un important butin de guerre dont plus de 86 fusils d'assaut AKs, cinq RPG et plusieurs mitrailleuses légères[14]. La base militaire a été totalement détruite[14].
Le président du Burkina Faso Roch Marc Christian Kaboré décrète trois jours de deuil national à partir du mardi [1].
Le 16 novembre, des centaines de manifestants marchent dans plusieurs villes du pays pour protester contre l'incapacité du gouvernement à venir à bout des djihadistes[7]. Certains réclament la démission du président Kaboré[7]. Dans la nuit du 17 au 18 novembre, un convoi de l'armée française est également bloqué pendant plusieurs heures entre Bobo-Dioulasso et Ouagadougou[7].
Des sanctions sont également prises contre certains commandants militaires[13]. Le commandant du groupement des forces du secteur Nord, qui englobe les régions Centre-Nord, Nord et Sahel, et le commandant de la première région de gendarmerie, qui couvre les départements de Kaya, Ouahigouya et Dori, sont démis de leur fonction[13].
Le président Kaboré déclare à cette occasion : « Nous ne devons plus entendre parler des questions d'alimentation et des questions de primes dans notre armée »[13].
Mercredi 8 décembre 2021, Christophe Dabiré, Premier ministre, remet sa démission, entrainant celle de l'ensemble du gouvernement burkinabé[15]. Il est remplacé par Lassina Zerbo.
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