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courant de pensée qui vise la suppression des prisons De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'abolitionnisme est un courant de pensée et des mobilisations politiques qui visent la suppression de l'esclavage. Par extension, on utilise le terme pour tous mouvements qui cherchent la suppression d'une institution ou d'une loi. On parle par exemple de l'abolition de la peine de mort, de la torture, du travail, des privilèges, de la police, etc. Cet article concerne les théories politiques, mouvements ou organisations qui prônent l'abolition des prisons, qui entrent dans le cadre plus large de l'abolitionnisme pénal, qui prône l'abolition du système pénal (prisons, police, tribunaux).
Les abolitionnistes indiquent que la peine d'incarcération échoue à régler les problèmes de délinquance et de criminalité à cause de plusieurs facteurs :
Certains abolitionnistes disent qu’au contraire la prison et le système pénal fonctionnent très bien, estimant que les critiques adressées à ce dernier font justement partie des objectifs officieux de ce dernier. Ainsi, selon l'organisation Secours Rouge, "Plutôt que de dire que la police fonctionne mal, il faut au contraire dire qu’elle fonctionne très bien au regard de ce qui est attendu d’elle : protéger l’État, le système capitaliste, le racisme structurel et le patriarcat[5]."
Les sociologues Loïc Wacquant et Thomas Mathiesen firent remarquer dans leurs théories que la prison est génératrice de troubles mentaux graves, les criminels ayant du pouvoir (argent ou pouvoir) vont moins en prison que les autres (injustice) et que les mineurs incarcérés peuvent y côtoyer la grande délinquance.
En 1887, Pierre Kropotkine critique la relativité de la notion de « justice »[6] ainsi que le système carcéral et les prisons dans lesquelles il a passé plusieurs années en France et en Russie, affirmant : « On ne peut pas améliorer les prisons »[7] : « lieu privilégié de l'éducation au crime […] les réformes véritables sont impossibles [car] le système est mauvais des fondations jusqu'au toit »[8].
C'est dans les années 1970 que nait l'abolitionnisme pénal, marquées notamment par la publication du livre Politics of Abolition[9] du criminologue Thomas Mathiesen, et qui influence durablement les mobilisations pour l'abolition de la prison. Parmi les auteurs et militants majeurs en faveur de l'abolition de la prison, on compte Angela Davis aux États-Unis, Louk Hulsman aux Pays-Bas, Jacques Lesage de La Haye, Catherine Baker ou Thierry Lodé en France.
Une partie du mouvement abolitionniste appuie sa critique sur une vision révolutionnaire. Selon la conception marxiste ou libertaire, la prison défendrait les intérêts économiques et politiques des classes supérieures. La critique du système carcéral est aussi en tension avec une criminalisation des violences faites aux femmes, créant des débats entre courants féministes[10].
En France, de nombreux collectifs se positionnent en faveur de l'abolition de la prison depuis le milieu des années 1970. Certains animent des émissions de radio et publient des journaux (comme L'Envolée). Le GENEPI, une organisation abolitionniste et féministe se dissout en août 2021[11] et est l'objet d'une polémique médiatique [12].
L'abolitionnisme pénal est un mouvement bien plus vivace dans la communauté académique en Amérique du Nord qu'en France au XXIe siècle[10].
Aux États-Unis, la principale organisation abolitionniste est Critical Resistance, cofondée par Angela Davis.
Depuis 1983, l’International Conference on Penal Abolition réunit tous les ans ou tous les deux ans des abolitionnistes du monde entier[13]. La dernière conférence s'est tenue à Londres en 2018[14].
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