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abbaye française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'abbaye Notre-Dame d'Acey, fondée en 1136, est une abbaye cistercienne située dans la vallée de l'Ognon, sur la commune de Vitreux, au nord du département du Jura, en Franche-Comté, à la limite de la Haute-Saône et du Doubs, entre Dole et Besançon. Elle est actuellement habitée par des moines cisterciens-trappistes, c'est le seul monastère cistercien encore occupé par une communauté monastique en Franche-Comté.
Diocèse | Diocèse de Saint-Claude |
---|---|
Numéro d'ordre (selon Janauschek) | XCVI (96)[1] |
Fondation | 1136 |
Dissolution | 1791-1872 |
Abbaye-mère |
Cherlieu (1136-1791) Aiguebelle (depuis 1872) |
Abbayes-filles |
Avant 1791 : Pilis (1184-1526) Depuis1872 : Igny Géronde |
Congrégation | Ordre cistercien |
Période ou style | Art roman / Art gothique |
Protection |
Inscrit MH (1952) Classé MH (1971) |
Abbaye importante au Moyen Âge, située en terre d'Empire, à la limite des duché et comté de Bourgogne, elle a eu une histoire marquée par les destructions des guerres mais aussi par la dégradation liée au régime de la commende. Vendue comme bien national en 1791, l'abbaye est redevenue un lieu monastique dans la deuxième moitié du XIXe siècle et ses bâtiments du XVIIIe siècle ont été relevés comme l'église du XIIe siècle.
La vallée de l'Ognon avait accueilli dès l'époque carolingienne à l'initiative du monastère de Condat (abbaye de Saint-Claude) et de saint Lupicin, un ermitage qui reçut plusieurs donations des seigneurs voisins avant de disparaître dans la période troublée des invasions normandes. À la fin du XIe siècle, l'abbaye de Baume-les-Messieurs s'en fit attribuer la possession qui fut confirmée par le pape Urbain II en 1090 et par l'archevêque de Besançon en 1111.
Un peu plus tard deux ermites, Constantin et Robert (un prêtre et son frère), s'installèrent dans les murs du premier prieuré et attirèrent peu à peu une communauté qui construisit une basilique consacrée par l'archevêque Anséric le . Le prélat confirma les donations et exemptions concernant cette implantation monastique puis donna en 1134 la mission à la proche abbaye de Cherlieu (aujourd'hui en Haute-Saône) d'y établir un monastère de l'ordre de Cîteaux alors que l'abbaye de Saint-Claude renonçait à ses droits. On retient 1136 comme année de la fondation de l'abbaye que Renaud III de Bourgogne, comte de Bourgogne, et d'autres seigneurs dotèrent richement en champs, prés, vignes, forêts et pêcheries sur l'Ognon : les moines édifièrent ainsi plusieurs fermes et granges sur un large territoire[3].
Le schisme qui opposa à partir de 1160 l'empereur Frédéric Barberousse (maître du comté de Bourgogne, actuelle Franche-Comté) et le pape Alexandre III eut des conséquences sur l'abbaye d'Acey comme tous les établissements clunisiens et cisterciens de la région, terre d'Empire, mais dont les ordres restaient fidèles au pape : les moines furent dispersés comme les biens de l'abbaye[4]. Il fallut procès et longues années avant que la situation ne se rétablisse : une bulle papale de 1182 confirma les possessions et droits particuliers de l'abbaye d'Acey et la réputation de l'abbaye devint grande : en témoigne la décision du pape Grégoire VII d'envoyer en 1186 un groupe de moines d'Acey entreprendre la restauration morale de l'abbaye de Pilis, en Hongrie.
Prospère mais mal gérée, l'abbaye dut se plier plusieurs fois, en 1316 et 1320, aux contrôles des commissaires du pape Jean XXII. Ce furent ensuite les guerres et les pillages qui ponctuèrent le XIVe siècle avec le conflit entre le duc de Bourgogne et les barons francs-comtois (le mot de « Franche-Comté » apparaît pour la première fois en 1366) comme Jean II de Chalon-Arlay, ou avec les exactions des Grandes compagnies et les épisodes de la guerre de Cent Ans. La paix se réinstalle avec la fusion du duché et du comté de Bourgogne (en 1384, par l'héritage de sa femme Marguerite III de Flandre, Philippe le Hardi devient duc-comte de Bourgogne) et la prospérité revient mais dès le XVe siècle l'abbaye d'Acey tombe en commende[5]. Les conflits reprennent à partir de 1469 sous le règne de Charles le Téméraire et en , les troupes du roi de France Louis XI ravagent la vallée de l'Ognon, rançonnent l'abbé et pillent l'abbaye. La précarité s'installe alors pour longtemps malgré les protections des puissants comme l'archiduchesse Marguerite en 1530 ou Charles Quint en 1545.
À la fin du siècle, en 1595, dans le contexte de la guerre contre l'Espagne, ce sont les armées d'Henri IV qui dévastent la région[6] et s'en prennent particulièrement aux églises et aux monastères catholiques : Acey n'échappe pas aux destructions et se remet à peine quand survient la Guerre de dix ans (1634-1644) : selon Rousset et son Dictionnaire des communes du Jura, l'abbaye ne comptait plus que six moines « qui s'enfuirent ou moururent de la peste ». La conquête de la Franche-Comté en 1668 paracheva la ruine de l'abbaye qui subit de plus un incendie en 1683 et vécut au ralenti dans la désolation.
Les malheurs du temps n'ont donc pas épargné Acey, mais l'incurie des abbés commendataires[7] a aussi une grande part dans la dégradation des bâtiments.qui conduisit à l'effondrement du clocher et de la voûte de l'église sur une longueur de 30 mètres en 1650, bien avant l'incendie semble-t-il accidentel de 1683.
Au XVIIIe siècle d'importantes ventes de bois permettent d'entreprendre la réparation partielle des bâtiments avec en particulier la reconstruction tronquée de la nef de l'église sur les plans de l'architecte Antoine-Louis Attiret dressés en 1756, et, vers 1720, la construction du quartier abbatial (dont le cloître) achevée en 1768.
Ce patrimoine amoindri qui conservait peu de chose de la période médiévale a été vendu comme bien national en 1791 puis acheté en 1829 par l'abbé Bardenet pour y installer un pensionnat de jeunes filles tenu par les Marianistes qui déménagea à Lons-le-Saunier en 1853. C'est la communauté bénédictine de Solesme qui acquiert alors l'abbaye et tente une implantation bénédictine qui échoue (on comptait « cinq religieux de chœur et six frères convers » en 1854, selon Rousset). Les trappistes lui succèdent en 1860 sans mieux réussir dans un premier temps : en 1863 les lieux sont de nouveau inoccupés[4].
La persévérance de l'évêque de Saint-Claude (Mgr Nogret, 1862-1880) qui souhaite, semble-t-il, rechristianiser la partie la moins religieuse de son diocèse[8] porte finalement ses fruits : un groupe venu de Notre-Dame des Dombes s’installe en , rejoint en 1873 par d'autres moines venus de l’abbaye Notre-Dame d'Aiguebelle. La restauration commence avec une petite communauté de moins de 30 religieux qui, dans le contexte de la IIIe République, refonde l'abbaye dans un esprit de combat, voulant retrouver la sainteté monastique des origines contre la modernité qui a abaissé l’Église et conduit à la Révolution[9]. Le monastère est remis en état sans chercher les racines médiévales trop dénaturées par l'histoire sauf pour l'église qui est refaite en 1909-1910 dans sa sobriété cistercienne et ouverte au culte en 1910. Le monastère retrouve son titre d'abbaye en 1938 et les réaménagements poursuivent comme avec la création de l'hostellerie monastique ou le remplacement, en 1994, des verrières de l'église par des œuvres de créateurs régionaux, le peintre Jean Ricardon et le maître verrier Pierre-Alain Parot.
En 2010, l'abbaye Notre-Dame d'Acey compte 24 moines cisterciens-trappistes[10] et reçoit des personnes désireuses d'accomplir une retraite religieuse[11]. L'église est seule ouverte au public qui peut assister aux offices. L'institution tire ses revenus de la location de ses terres agricoles (65 ha) dont l'exploitation directe a été abandonnée par les moines en 1990, et depuis 1962 (après des débuts tâtonnants en 1954) d'une usine de traitement des métaux par électrolyse qui emploie une quinzaine de salariés (en plus de cinq moines) et fait un chiffre d'affaires de 4 millions d'euros en 2011[12].
En 2023, le nombre de moines est tombé à treize, lors du décès accidentel de l'abbé Godefroy Raguenet de Saint Albin[4].
L'abbaye occupe un petit coteau à proximité de la rivière Ognon (rive gauche) dans un cadre de prés, de champs et de forêts. Les moines ont creusé un petit canal de dérivation qui alimentait l'abbaye, il comportait une écluse et alimentait un moulin et une huilerie, aujourd'hui disparus. Ils avaient également établi une tuilerie à proximité immédiate comme il y a aujourd'hui un atelier réputé d'électrolyse industrielle.
L'église abbatiale initiale « avait 209 pieds de longueur et 60 pieds de hauteur sous la clef de la voûte, et se composait d'une nef principale et de deux nefs collatérales, d'un transept carré au centre, renfermant dans chacun de ses bras deux chapelles, de deux chœurs pour les religieux, dits chœur d'été et chœur d'hiver, d'un sanctuaire, d'une sacristie renfermant le trésor et d'une autre renfermant les archives et -servant de salle des comptes » et contenait les tombeaux de nombreux seigneurs et donateurs (Rousset, Dict. des communes du Jura). La reconstruction au XVIIIe siècle a réduit les dimensions de l'édifice et l'église restaurée au début du XXe siècle a été classée monument historique par arrêté du [13]. La nef compte aujourd'hui huit travées avec collatéraux, chœur à chevet plat, croisillons ouvrant vers l'Est sur deux chapelles alignées à fond plat avec une Vierge à l'enfant à l'entrée du chœur et un pavement restauré.
L'ensemble de la construction est imposant avec des façades et des toitures à longs pans du XVIIIe siècle (inscription aux Monuments historiques par arrêté du )[13]. Elle comporte également le cloître et son jardin, la bibliothèque, la maison abbatiale, l’hôtellerie, mais aussi des bâtiments agricoles et industriels, ces derniers à l'aspect de hangar échappant à tout critère esthétique.
Notre-Dame d'Acey est fille des abbayes de Cherlieu puis d'Aiguebelle
Source : Gallia Christiana
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