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Le bataillon de choc est une unité d'élite de l'Armée française formée en à Staoueli en Algérie. Entraîné au parachutisme et aux méthodes commandos, son but est d'apporter un soutien aux organisations de la résistance française en vue de renforcer leur action. Tous les chasseurs sont volontaires et réunis autour d'une même doctrine rappelant leurs origines diverses. Elle est « puissance de la légion, légèreté du chasseur, chic du cavalier ».
1er bataillon parachutiste de choc | |
Insigne du 1er BPC | |
Création | 1943 |
---|---|
Dissolution | 1963 |
Pays | France |
Branche | Armée de terre |
Type | Bataillon de parachutistes interarmes |
Rôle | Services Spéciaux |
Fait partie de | 11e demi-brigade parachutiste de choc |
Garnison | Calvi |
Surnom | "1er choc" |
Devise | "En pointe, toujours" |
Inscriptions sur l’emblème |
Corse 1943 Île d'Elbe 1944 Cap Nègre - Toulon 1944 Haute-Alsace 1944-1945 Indochine 1947-1948 1951-1954 AFN 1952-1962 |
Fourragères | Aux couleurs du ruban de la croix de guerre 1914-1918 avec une olive aux couleurs du ruban de la croix de guerre 1939-1945 Fourragère aux couleurs du ruban de la croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs |
Décorations | Croix de guerre 1939-1945 trois palmes Croix de guerre des TOE deux palmes |
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L'unité est tour à tour engagée en France et en Allemagne pendant le second conflit mondial puis en Indochine et en Algérie avant d'être dissoute à la fin de l'année 1963.
En 1943, le chef de bataillon Gambiez persuade l'état-major de la nécessité de créer une unité spéciale « susceptibles d'apporter le moment venu une aide puissante aux éléments implantés clandestinement dans la zone des opérations de débarquement ». Il rejoint les vues de la direction des services spéciaux qui décide la création à Staoueli, à compter du , du bataillon d'assaut qui prendra par la suite le nom de bataillon de choc.
Ancien chef de section de cette célèbre unité, l'écrivain Raymond Muelle[alpha 1] en a raconté l'aventure durant le second conflit mondial dans son livre Le 1er bataillon de choc paru en 1977 aux éditions Presses de la cité[alpha 2]. Il résume ainsi la destination et l'utilisation de l'unité dans le premier paragraphe de son introduction :
« Né des services spéciaux, destiné aux services spéciaux, le « bataillon de choc » n'a que rarement été utilisé selon sa vocation[1]. »
Dans l'esprit de Gambiez, les « choc » devaient en effet être parachutés ou infiltrés dans le dispositif ennemi, capables de durer en climat d'insécurité, de détruire, paralyser et harceler l'adversaire.
Ils devaient être l'équivalent pour la France du SAS britannique, des commandos allemands de Skorzeny, des unités de Chindits en Birmanie, et il reçoit à cet effet une instruction de commando parachutiste. Mais hormis quelques actions spéciales en Italie et en territoire occupé accomplies par des isolés ou par une section, il fut essentiellement utilisé comme élément précurseur des grandes opérations de la 1re armée et participa à des combats frontaux classiques. Selon Raymond Muelle, il était suspecté de « giraudisme » aux yeux du BCRA de Londres, ce qui lui aurait en partie valu de ne pas être parfaitement utilisé en territoire occupé selon sa vocation et ses capacités.
Quoi qu'il en soit, ce fut une glorieuse unité à qui le général de Lattre de Tassigny décerna en 1946 une citation éloquente :
« Arme nouvelle, forgée pour des exploits nouveaux, le bataillon donna au premier appel sa mesure de perfection[alpha 3]. »
Le baptême du feu de l'unité a lieu à la fin de l'été 1943 lors de l'opération Vésuve[alpha 4] de la libération de la Corse. Celle-ci débute le par le débarquement dans le port d'Ajaccio, à partir du sous-marin Casabianca, d'un élément précurseur de 109 chasseurs de la 3e compagnie du capitaine Manjot qui reçoit la reddition de la garnison. Le reste du bataillon est acheminé dès le lendemain, par les contre-torpilleurs Le Fantasque et Le Terrible.
Après quelques jours dans la région d'Ajaccio, les hommes de Gambiez interviennent dans l'ensemble de l’île jusqu'au , date à laquelle ils atteignent Bastia[alpha 5]. Le bataillon s'installe dès lors dans la citadelle de Calvi et, le , s'étoffe d'une 4e compagnie formée à partir de volontaires corses dont l'emblème portera la tête de Maure[5].
Après quelques interventions de type commando en Italie, le bataillon est engagé dans sa totalité du 17 au lors de l'opération Brassard relative à la conquête de l'île d'Elbe. Trois heures avant l'assaut général mené par la 9e DIC, le 2e groupe de tabors marocains et les commandos d'Afrique, des détachements sont débarqués afin de neutraliser les batteries côtières allemandes disséminées à la périphérie de l'île. Le gros du bataillon doit intervenir au sud tandis que 80 hommes seront chargés de la partie nord et notamment des batteries d'Enfola[6],[alpha 6].
La section du sous-lieutenant Corley, désignée pour intervenir dans le Vercors est finalement parachutée dans la Drôme, en 2 sticks les et , près de Dieulefit[alpha 7]. Les trente hommes subissent des pertes lors du saut et l'aspirant Muelle prend la tête de la section.
Après quelques combats et accrochages entre Montélimar et Grenoble, la section qui est affectée à une compagnie FFI (16e compagnie du 1er bataillon de l'Armée secrète Drôme-Sud) reçoit l'ordre d'attaquer Le Pont-de-Claix qui ouvre la porte de Grenoble. Le , les chasseurs de Muelle livrent des combats acharnés, investissent le village mais doivent battre en retraite faute de soutien et à la suite de l'arrivée d'une colonne de renfort allemande. Finalement, la section du choc traverse Pont-de-Claix et entre dans Grenoble en élément précurseur le lendemain, le . La section ne rejoint le bataillon que pour la prise de Dijon le .
Entre-temps, Gambiez a quitté l'unité pour former les commandos de France et le gros du bataillon a débarqué le dans le golfe de Saint-Tropez à Sainte-Maxime. Avec à leur tête le capitaine Hériard-Dubreuil, le bataillon de choc est engagé du 21 au dans les combats pour Toulon au côté du 3e RTA du colonel Linares. L'unité est notamment engagée au hameau de Dardennes, à la poudrière (4e cie) et en centre ville (1re et 2e cie)[alpha 8]. Le mont Faron est quant à lui investi sans combat par la 3e compagnie[alpha 9].
Après les combats de Toulon, le bataillon remonte vers le nord par la vallée du Rhône, dépasse Lyon et se retrouve à Dijon qu'il libère le associé au 2e RSAR et à un peloton de Tank Destroyer[alpha 10].
À la fin du mois de l'unité se rapproche de Belfort et, après l'engagement séparé des compagnies à Ronchamp et Fresse, combat à Miellin puis Château-Lambert[alpha 11].
Le , l'unité est renforcée par l'un des commandos lourds en provenance des commandos de France. Le 25, le capitaine Lefort en prend le commandement.
Début novembre, le bataillon est au côté de son frère d'armes les commandos de France dans les combats meurtriers du Haut du Tôt au sud de Gérardmer[alpha 12] puis rejoint la région de Belfort afin de participer à la libération de la ville. Le 20, les compagnies sont d'abord engagées à Cravanche, puis au Coudray et à Essert et entrent dans Belfort qui sera définitivement libérée le 25[alpha 13].
Entre le et le , les chocs engagent une succession de combats en Haute-Alsace entre Belfort et Mulhouse : Lamadeleine, Étueffont, Rougemont-le-Château, Masevaux, Bourbach-le-Haut, col du Hundsruck, Willer-sur-Thur, Bitschwiller. Alors qu'il forme depuis le le 1er groupement de choc avec les commandos de France devenus à cette occasion le 3e bataillon de choc, le bataillon est à nouveau impliqué dans des combats éprouvants en Alsace dans le cadre de la réduction de la poche de Colmar. Il s'agit des combats pour Jebsheim et Durrenentzen et des opérations de nettoyage ou d'occupation autour de Colmar. À l'issue de ces derniers combats l'unité est très éprouvée et certaines sections ont perdu la moitié de leur effectif[alpha 14].
Après une période de repos à Soultzmatt, le bataillon traverse le Rhin à Gemersheim le avant de poursuivre son épopée à travers l'Allemagne, puis l'Autriche. La plupart du temps accompagnée par les chars, l'unité progresse rapidement et livre de nombreux combats notamment à Karlsruhe, Pforzheim, Dobel et Reutlingen. Le Danube est atteint le à la hauteur de Sigmaringen, puis le lac de Constance et enfin le dernier combat le à Hintergasse[alpha 15].
Lors du second conflit mondial le « 1er choc » a été particulièrement éprouvé. Entre et , les pertes enregistrées sont de 205 tués, 535 blessés et 42 disparus pour un effectif de 700 hommes à peine[alpha 16].
À l'issue de la capitulation de l'Allemagne, le bataillon prend ses cantonnements dans la région de Ravensbourg qu'il quittera fin 1945 pour rejoindre le camp de La Pallu près de Bordeaux et former, avec les commandos d'Afrique, le 1er bataillon du 1er RICAP.
Note : créées en juin 1943 en Algérie, les formations dites de choc, aptes à mener des actions de guérilla ou de commandos et chargées d’apporter leur aide aux organisations de résistance en France, sont regroupées début 1945 en trois groupements de bataillons de choc ou groupements de choc comportant deux bataillons chacun :
Les premiers éléments du choc arrivent en Indochine au sein des deux bataillons parachutistes SAS dont la première appellation est en réalité bataillon de choc SAS d'Extrême-Orient. Les deux unités, qui sont mises sur pied à Mont-de-Marsan respectivement en et , débarquent à Saïgon les 23 et pour le 1er bataillon (248 hommes) et le pour le 2d (530 hommes).
Intégrées au sein de la demi-brigade SAS du lieutenant-colonel Pâris de Bollardière les unités interviennent au Laos, au Cambodge, en Cochinchine et au Tonkin jusqu'en pour les derniers éléments du 1er BCCP (le 1er bataillon colonial de commandos parachutistes est le nom de l'unité qui regroupe les derniers éléments des deux bataillons SAS). Les parachutistes SAS qui rejoignent la métropole le auront perdu 250 des leurs en Indochine.
La demi-brigade de marche parachutiste (DBMP), formée à partir des éléments de la 25e DAP, arrive en Indochine au début de 1947. Avec ses trois bataillons (I, III/1er RCP et le 1er bataillon parachutiste de choc), aux ordres du lieutenant-colonel Sauvagnac, elle constitue le premier renfort sérieux depuis le début de la guerre au Tonkin.
Les compagnies sont d'abord utilisées sur la périphérie de la capitale, Hanoï, à des tâches de « pacification et de colonisation » qui leur permettent de s'acclimater[12]. Ainsi que l'écrit le rédacteur du journal de marche du « choc » :
Le , le bataillon, amputé de sa 4e compagnie qui rejoindra l'unité le , embarque à Alger pour l'Extrême-Orient et arrive à Saïgon le puis à Haïphong le 24.
Après des opérations dans la périphérie d'Hanoï, l'unité est ensuite engagée dans de grandes opérations au Tonkin : opération Papillon en avril, opération "Léa" du 7 au , puis "Ceinture" du au .
De janvier à le bataillon est transféré en Cochinchine où il intervient en tant que troupe d'intervention. Le il retrouve le Tonkin où il interviendra jusqu'à son rapatriement initialement prévu début juillet, puis début août, et qui aura finalement lieu début septembre.
Le bataillon embarque à Haïphong le sur l'Abbeville et, après une escale de 10 jours à Saïgon, rejoint Marseille le . Il cantonne alors à Tarbes jusqu'en , puis à Montauban au quartier Doumerc.
Durant ces deux ans passés en Extrême-orient, le bataillon aura enregistré un total de 59 tués ou disparus et 138 blessés[alpha 17]
Les « choc » seront à nouveau présents au sein du GCMA dont l'une des principales missions est de mettre en place et d'organiser des maquis et des opérations commando en zone vietminh.
Employé en Tunisie puis au Maroc.
En Algérie, comme l'écrit Raymond Muelle : « Le bataillon de choc, rattaché au célèbre « choc » étroitement lié au service "action" du SDECE retrouvera sa vocation première. Né des services spéciaux. Il est revenu au service de spéciaux. »
Le bataillon enclenche la première phase de l'Opération Résurrection, étape du coup d'État du 13 mai 1958, consistant à s'emparer du pouvoir militaire et civil dans l'île de Corse.
Les dernières garnisons du 1er BPC de 1957 à 1963 sont Calvi et Corte.
L'idée de sauter en équipes de chuteurs opérationnels a été lancée par le 1er BPC[15]. Sautant en chute libre de nuit, ces combattants d'élite doivent se regrouper en l'air malgré leur équipement de combat qui pèse une vingtaine de kilos, atterrir discrètement pour renseigner et détruire avec efficacité. Cette spécialité a été reprise après la guerre d'Algérie par le 13e RDP au sein du 5e escadron et est aujourd'hui un passage obligatoire pour devenir commando dans les GCP.
En pointe, toujours !
Cette devise est une reprise de celle du 30e bataillon de chasseurs à pied, dont provenaient plusieurs des premiers volontaires à rejoindre l'unité.
L’insigne du 1er BPC reprend celui du bataillon de choc conçu en par le chef de bataillon Gambiez[16] : rondache d’or à fond grenu, une carte de France tiercée en bande d’azur foncé, de blanc et de gueules, brochée d’un parachute à coupole et suspentes d’argent, sur brochée d’une épée basse du même posée en barre.
Les traditions du 1er BPC ont été reprises par le centre national d'entraînement commando (CNEC) basé à Mont-Louis.
Les chasseurs du bataillon de choc sont instruits au parachutisme par les Américains à Staoueli. À l'issue de la formation ils reçoivent, suivant le cas, un brevet de l'infanterie de l'air, le seul brevet officiel français, ou un brevet américain. Le brevet de parachutisme militaire métallique que nous connaissons actuellement fait son apparition à la fin 1946.
Le bataillon de choc, à sa création, est une formation hors plan, c'est-à-dire qu’il n’est pas compris sur les tableaux d’effectifs et de dotation américaine. Il sera donc équipé et armé avec les stocks anglais destinés à la résistance, avec les surplus américains et par les dépôts français. L’état major mettra cependant tout en œuvre pour satisfaire les besoins du bataillon.
La tenue de base du chasseur reste donc l'équipement américain qui sera remplacé au fur et à mesure de son usure par des équipements de prise ou récupéré grâce à l'ingéniosité des hommes.
À la fin du second conflit mondial, les hommes des TAP sont équipés comme toutes les autres unités d'un blouson et d'un pantalon en drap ou en toile de couleur marron (modèles 1944 et 1945 puis modifié 1946) inspirés des battledress britanniques. En pratique, la version en drap sera principalement utilisée pour les défilés et en tenue de sortie.
Lorsque le choc rejoint l'Indochine au début de l'année 1947, les problèmes d'intendance ne sont toujours pas résolus et l'équipement des hommes dépend toujours des approvisionnements américains. Les chasseurs perçoivent ainsi des treillis et combinaisons US Herringbon twill (HBT) d'abord de couleur unie verte ou beige puis bariolée type jungle. Leur chaussures sont des brodequins américains de type Rangers avec jambière attenantes serrées par deux boucles et le casque en dotation est le casque US M1.
L'armement individuel des fantassins se compose principalement du pistolets mitrailleurs MAS 38, parfois de mitraillettes Thompson, du poignard US et de grenades de diverses provenances[17],[18].
En , le fond du badge d'épaule était vert bouteille et les lettres couleur jonquille.
De 1943 à 1945, les chasseurs du bataillon choc ne portent aucun losange de bras. Il faut attendre l'Indochine et l'année 1947 pour voir apparaître des fabrications locales sur fond bleu (Cf. modèle no 1 avec grade de caporal-chef). Lors du changement d'appellation du 12e BPC en , et en attendant les livraisons du nouveau modèle (modèle no 2 de type 19445, bleu roi), les insignes du 12 sont transformés par suppression du chiffre 2. Enfin, en 1958 et jusqu'à la dissolution de l'unité en 1963, les chasseurs du 1er BPC porteront le 3e modèle à fond noir.
Le fanion du bataillon est décoré de la croix de guerre 1939-1945 avec trois palmes et de la croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs avec deux palmes pour ses 5 citations à l'ordre de l'Armée, obtenues lors de la Seconde Guerre mondiale et la guerre d'Indochine :
Il porte, cousues en lettres d'or dans ses plis, les inscriptions suivantes[19],[20] :
Sa cravate est ornée de la fourragère aux couleurs du ruban de la Croix de guerre 1914-1918 avec une olive aux couleurs du ruban de la croix de guerre 1939-1945 et de la fourragère aux couleurs du ruban de la croix de guerre des TOE; remise par le général Chanson le à Saïgon. La garde au drapeau était alors confiée à l'adjudant-chef Lesage ainsi qu'aux adjudants Auriol et Joyeux.
À la cote 820 du Ballon de Servance, une plaque commémorative représentant l'insigne du bataillon et sa devise rappelle les combats d' au cours desquels le lieutenant Eugène Durieux, Claude Bouisseau, Louis Brecourt, Georges Schlumberger et François Delpon de Vissec ont trouvé la mort.
La marche du bataillon de choc (l'Adieu du bataillon de choc) a été écrite en 1943 à Barrettali en Corse, juste après la libération de l'île, sur une musique due à Mme Altieri. Elle illustre bien le nouvel état d'esprit des combattants français. Les préoccupations ludiques du soldat d'avant-guerre ont disparu pour faire place à la froide détermination de celui qui veut vaincre et qui l'affirme[21].
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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