Le consumérisme est un mode de vie qui encourage l'achat de biens et de services en nombre toujours plus grand. Le terme est parfois employé pour critiquer les excès et les conséquences néfastes de ce mode de vie.
Serge Latouche, L'âge des limites (2012)
A l'issue des guerres de religion, le libéralisme s'est imposé en Europe de l'Ouest comme "empire du moindre mal", ouvrant la voie à une nouvelle illimitation, celle de l'économie. L'impérialisme de l'économie abolit, en effet, les frontières entre morale, politique et économie. L'emprise quasi totalitaire du consumérisme s'accomode assez bien du chaos politique sous l'oeil des caméras de vidéo-surveillance. Nous assistons à l'écroulement du projet européen, au déclin de l'empire américain et probablement à une certaine démondialisation.
Le point d'ancrage anthropologique de la société de croissance, c'est donc l'addiction de ses membres à la consommation. Sans elle, la pulsion accumulatrice des capitalistes ne disposerait que d'un champ très limité. Le phénomène consumériste s'explique par la colonisation de l'imaginaire des masses. Il s'agit en particulier, grâce à la publicité, de persuader en permanence les gens de dépenser non seulement l'argent qu'ils ont, mais surtout celui qu'ils n'ont pas pour acheter des choses dont ils n'ont pas besoin. La consommation forcenée est ainsi devenue une nécessité absolue, pour éviter la catastrophe de la crise et du chômage.
L'humain est un drôle d'animal: au «Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme» de la nature, il substitue le «Tout s'achète, tout s'accumule et rien ne disparaît» du consumérisme.
D'une main, il épuise les ressources de la Terre pour les consommer, de l'autre il empile les déchets de cette consommation, qui déstabilise la planète. Le procédé est linéaire et insupportable à long terme.
De nos jours, les gens dépensent de grosses sommes en vacances à l'étranger parce que ce sont des vrais croyants, adeptes des mythes du consumérisme romantique.
Boris Vian, Chansons "possibles" et "impossibles", 1956
pour séduire le cher ange
on lui glisse à l'oreille
Ah! Gudule
Viens m'embrasser
Et je te donnerai
Un frigidaire
Un joli scoutaire
Un atomixère
Et du Dunlopillo
Une cuisinière
Avec un four en verre
Des tas de couverts
Et des pelles à gâteaux
Complainte du progrès, les arts ménagers, Boris Vian, Boris Vian, album Chansons "possibles" et "impossibles"(1956chez Philips).
Alain Souchon C'est déjà ça, 1993
Oh la la la vie en rose
Le rose qu'on nous propose
D'avoir les quantités d'choses
Qui donnent envie d'autre chose
Aïe, on nous fait croire
Que le bonheur c'est d'avoir
D'en avoir plein nos armoires
Dérisions de nous dérisoires
Foule sentimentale, Alain Souchon, Alain Souchon, album C'est déjà ça(1993chez Virgin).
Hiromasa Yonebayashi
Question: Quelle est selon vous la pertinence du film (Arrietty: Le Petit Monde des Chapardeurs) vis-à-vis de la société moderne?
Hiromasa Yonebayashi: En faisant contraster le consumérisme de masse de l'époque moderne avec le style de vie frugal des Chapardeurs, qui ne prennent que ce dont ils ont besoin, nous espérons que le public pensera à son propre mode de vie après avoir regardé le film.
(en)Q: What relevance do you think the story has to modern society?
A: By contrasting the modern day’s mass consumerism with the frugal lifestyle of the Borrowers, who only take what’s needed, we hope the audience would think about their own way of life after watching the film.
(en)«Interview: Hiromasa Yonebayashi director of Arrietty», Propos recueillis par Sarah Ward, Trespass Magazine, 11 janvier 2012 (lire en ligne)
Jean-Luc Mélenchon
On a réussi une grande avancée en séparant les Églises de l’État dans la loi de 1905, mais il manque à séparer le commerce de la République. [.] L'obscurantisme fondamental de notre époque est le consumérisme.